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Fondation de France : “C’est une situation inédite, c’est toute la population qui est vulnérable”

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Sur les 6,2 millions d’euros engagés par la Fondation de France auprès des associations mahoraises, 1,3 million d’euros l’a été pour de l’aide alimentaire et de l’eau. Photo d’archives

La Fondation de France connaît un nombre important de dons pour venir en aide à Mayotte après le cyclone Chido avec 42,7 millions d’euros récoltés. Trois mois après, si 65 projets ont pu voir le jour grâce aux premiers fonds engagés, les asssociations notamment qui font de l’aide alimentaire peinent comme les particuliers à s’approvisionner. Le point avec Karine Meaux, la responsable du département urgences de la Fondation.

Flash Infos : Où en est la campagne de dons actuellement ? Et combien de temps va-t-elle durer ?

Karine Meaux : Actuellement, on a collecté 42,7 millions d’euros. Quand on ouvre une campagne de collecte de dons après une catastrophe naturelle telle que celle-ci, on laisse la collecte ouverte pendant plusieurs années. Elle le sera au moins deux ou trois ans, le temps de de financer des projets liés à l’impact de Chido. En maintenant la collecte ouverte, on permet à des donateurs de continuer à donner. Et du côté des entreprises, elles organisent des collectes en leur sein et très souvent elles doublent les montants par rapport à ce que donnent leurs salariés. Tout ça peut prendre un peu de temps.

F.I. : Comment la somme récoltée se traduit sur le terrain ?

K.M. : Je rappelle que nous sommes un organisme privé philanthropique, on récolte de l’argent privé. Sur les 42,7 millions d’euros, seuls 600.000 euros viennent de collectivités locales. On redistribue ensuite à des organismes privés à but non lucratif, le plus souvent des associations. On ne finance pas les pouvoirs publics, les collectivités locales et les entreprises privées. On a reçu à ce jour à peu près 500 demandes, c’est beaucoup. Nous, trois salariés et une quinzaine de bénévoles, regardons si ce sont bien des demandes d’associations et liées à l’impact de Chido, parce qu’on n’est pas là pour assurer le fonctionnement de toutes les associations mahoraises, je le rappelle.

F.I. : Quels types de projets sont particulièrement ciblés ?

K.M. : 65 projets ont été validés pour 6,2 millions d’euros. On continue de valider par des comités chaque semaine les nouveaux projets. On regarde les dossiers, on pose des questions complémentaires. On a vu, par exemple, des associations demander des montants bien supérieurs à ce qu’elles avaient l’habitude de gérer. Le domaine qui a mobilisé le plus de fonds est celui de la santé et de la santé mentale avec 1,7 million d’euros. On s’y implique très vite pour éviter les épidémies et tous les risques sanitaires liés à la gestion des déchets. Le deuxième est l’alimentation et l’eau, un problème qui existait déjà à Mayotte et qui s’est nettement amplifié, trois mois après le passage du cyclone. Après, il y a les questions telles que la relance économique et l’agriculture. On ne finance pas des entrepreneurs à but lucratif. En revanche, on travaille avec des associations, comme Initiative Mayotte qui va aider les petites entreprises à redémarrer leur activité. On soutient aussi des associations de producteurs dans le domaine agricole. Les autres domaines sont l’éducation, le soutien à la jeunesse, les questions d’habitat et d’environnement, et un dernier volet sur le numérique et la culture.

F.I. : Les supermarchés font face à une pénurie de plusieurs produits en cette période de Ramadan. Est-ce que vous aussi êtes confrontés à des problèmes de logistique ?

K.M. : En tant que financeur, notre logistique est de transférer l’argent vers les associations. Mais effectivement, on a reçu énormément de demandes d’associations de de métropole qui voulaient envoyer des conteneurs. C’est très beau cet élan de solidarité envers les populations, mais ce qui est envoyé a besoin d’être très ajusté aux besoins. Pour alimenter une île comme Mayotte, il y a besoin du secteur privé lucratif dont c’est le métier et d’un cadrage des autorités.Ça ne relève pas de la philanthropie à proprement parler de nourrir toute une population etde s’assurer qu’il y a à manger dans les magasins.On fait ce qu’on peut, c’est le deuxième poste en termes de financement. Il y a 1,3 million d’euros d’engagés pour des associations qui nous demandent de l’argent pour pouvoir soit faire des paniers repas soit distribuer des repas touts faits. Et effectivement, il y a un vrai problème d’approvisionnement même localement.

F.I. : Justement, les associations vous font-elles part de ces difficultés ?

K.M. : Je suis venue deux fois depuis le cyclone et à un moment, j’ai accompagné d’une de ces assos toute une journée. On est allés ensemble chez un semi-grossiste et celui-ci nous disait : “cette semaine, j’ai du thon, du maïs et de la macédoine de légumes. Par contre, je n’ai plus de lait en poudre pour les bébés, revenez la semaine prochaine”. Nous, ce qu’on peut faire, c’est financer les associations pour qu’elles aillent acheter ces produits au détail ou en gros pour les plus vénérables.

F.I. : Vous rappeliez dans votre bilan que 6,2 millions étaient engagés sur le 42,7 millions à trois mois de la catastrophe. Est-ce un rythme habituel ?

K.M. : C’est un plus rapide que d’habitude. En 2017, après le passage des trois cyclones dans les Antilles (N.D.L.R. Irma, José et Maria), on avait collecté 15,5 millions d’euros. Pour Chido, il y a une très forte solidarité des Français pour leurs concitoyens. Aux Antilles, on était allés plus vite sur les entreprises, mais on n’avait pas eu ce problème alimentaire qu’on a à Mayotte. On avait fait un peu d’aide sociale, mais là, on se retrouve face à une situation inédite. Finalement, c’est toute la population mahoraise qui est vulnérable, on ne peut pas dire qu’un quartier est plus vulnérable qu’un autre. Trois mois après, on a l’habitude que les magasins fonctionnent, qu’ils soient achalandés. Là, on finance des associations qui peinent à se fournir. C’est incroyable, on n’a jamais vu ça, y compris à l’étranger.

F.I. : Vous parliez du nombre d’associations. Est-ce que vous souhaitez en aider davantage ?

K.M. : On en a encore 350 ! Ce qui est vraiment intéressant, c’est qu’à Mayotte, on est en contact permanent avec les pouvoirs publics, tous les services de la préfecture de Mayotte. On l’est aussi avec le conseil départemental de Mayotte. Ils nous aident vachement pour nous indiquer quelles sont les associations qui ont le plus d’impact sur le territoire, qu’on doit regarder en premier lieu ou qui ont des capacités de gestion. Elles nous évitent aussi les demandes opportunistes qui existent toujours après des catastrophes.

F.I. : De quelle manière le contrôle se fait sur le terrain ?

K.M. : Il y a plusieurs leviers. D’abord, quand on finance une association, on ne lui donne jamais 100% l’argent d’un coup, seulement une partie de l’argent. Ensuite, elle va devoir nous envoyer des rapports, à la fois pour nous raconter ce qu’elle fait, rapports financiers à l’appui. Si on est satisfait de ces rapports, on envoie la tranche de financement suivante, et ainsi de suite. Ensuite, on va très régulièrement à Mayotte, rencontrer les associations et passer du temps avec elles pour s’assurer de ce qu’elles font vraiment. On a aussi une personne identifiée à Mayotte pour faire ça. Et puis, on fait auditer tous les projets. Alors d’habitude, on le fait au bout d’un an. Là, je pense qu’on va refaire une formule qu’on avait faite dans d’autres pays avec un auditeur permanent. Ça amène plus de pédagogie et permet de repérer si les associations ont besoin d’un coup de main, en matière de formation par exemple. On a très souvent des contrôles de la Cour des comptes, avec toujours des bons retours parce on veille à la fois à répondre aux besoins des populations et à la volonté des donateurs.

F.I. : Après trois mois, il y a une exaspération de la population qui trouve que la reconstruction comme l’aide ne vont pas assez vite ou ne profite qu’à une partie de la population. Est-ce que vous entendez ces critiques ?

K.M. : Malheureusement, ce sont des critiques qu’on entend assez systématiquement après les catastrophes. Je vais prendre l’exemple du séisme de 2023 au Maroc (N.D.L.R. le 8 septembre 2023, le bilan était de presque 3.000 morts). Les populations disaient qu’elles n’avaient pas vu les autorités avant une semaine, on a eu les mêmes remarques à Mayotte.  Mais la reconstruction, c’est rarement avant un an, parce qu’il y a des enjeux de foncier, de droit de propriété. Il y a tout un tas d’enjeux quand on parle de reconstruction et d’habitat. Par contre, ce qu’on peut déjà faire et qu’on commence à Mayotte, c’est du conseil aux habitants qui commencent à réparer leur logement par eux-mêmes. Il faut qu’ils fassent attention à respecter certaines règles de sécurité pour se protéger et surtout reconstruire mieux. Il y a toujours avec les cyclones des problématiques de tôles qui ont été mal fixées sur les charpentes, de charpentes mal fixées sur les maçonneries. Il faut rappeler aux artisans et aux habitants les règles de base de l’antisismique et de l’anticyclonique. Pour la réparation plus professionnelle, voire la reconstruction, on attend vraiment la mise en place de l’établissement public pour la refondation de Mayotte pour fixer des règles sur là où on reconstruit et là où on ne reconstruit pas. A Saint-Martin, après l’ouragan Irma, par exemple, il y avait beaucoup de débats par rapport au trait de côte et au risque de submersion marine. A Mayotte, on peut avoir des problèmes sur les questions de glissement de terrain, etc, et bien entendu de bidonvilles. Il a celle des personnes en situation irrégulière. Peut-on avoir le droit de manger, boire ou d’avoir un toit sur la tête ou faut-il être simplement un être humain ? C’est avec derrière, sans naïveté, toute la complexité, parce que ce sont des millions et des millions d’euros, et tout le monde est un peu en besoin à Mayotte. Donc, c’est très compliqué d’établir des règles et des priorités. Donc, je pense que ça va prendre du temps.

La foire du mois de Ramadan à M’tsamboro jusqu’au 30 mars

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La foire du mois de Ramadan de M’tsamboro revient pour une troisième édition. Cette année, les villages de M’tsahara et de Hamjago bénéficieront aussi d’une partie de la foire pour permettre les festivités de l’Aïd. Photos Ville de M’tsamboro

Après le succès de la dernière édition et en préparation de l’Aïd El-Fitr, la foire du mois de Ramadan se tient pour la troisième fois à M’tsamboro. Commencée ce lundi, elle se poursuivra jusqu’au 30 mars.

« Cet événement a été créé pour soutenir les commerçants, qui, au départ, s’organisaient eux-mêmes dans le centre de M’tsamboro, et leur permettre une professionnalisation afin qu’ils puissent vivre de leur activité », explique Aliya Salim, responsable du pôle attractivité de la commune du nord de Mayotte. Pour cette troisième édition, la foire du mois de Ramadan est répartie au sein des trois villages, sur la place du mini marché à M’tsahara, les deux places publiques à Hamjago et sur l’avenue de la mairie à M’tsamboro.

Dans le contexte post-Chido, cette initiative permet aussi de soutenir l’économie locale. Certains commerçants étaient davantage occupés chez eux et n’ont pas eu le temps de voyager pour se ravitailler en produits. Certains d’entre eux ont dû vendre leurs stocks restants », précisent les organisateurs.

Ouverte de 7h à 21h, une soixantaine d’exposants seront heureux de vous accueillir pour les derniers jours de ce mois de Ramadan.

La question des conteneurs bloqués évoquée au Sénat ce mercredi

Répondant à une question du sénateur Saïd Omar Oili, ce mercredi, le gouvernement a exclu toute réquisition de conteneurs bloqués à Longoni.

Depuis plusieurs semaines, des conteneurs contenant des dons à l’attention de Mayotte restent bloqués au port de Longoni. Devant les frais exorbitants (souvent plusieurs milliers d’euros) demandés par les acteurs du port et les transporteurs, les associations qui ont fait des collectes se retrouvent dans l’incapacité de payer. Colis alimentaires, d’eau, de vêtements arrivés il y a un mois pourrissent donc sur les quais. Au Sénat, Saïd Omar Oili (photo) a remis le problème sur la table en interpellant le gouvernement, lors de la séance des questions, ce mercredi après-midi. “Dans l’immédiat, le préfet de Mayotte (François-Xavier Bieuville) a réuni toute la chaîne portuaire et logistique, mais aussi de la grande distribution pour fluidifier la sortie des conteneurs et l’achalandage des commerces. Le port fonctionne de manière continue de 6h30 à 15h, samedi et dimanche compris”, a répondu en lisant Patrick Mignola, le ministre délégué aux relations avec le parlement, affirmant “qu’on ne peut pas parler d’un blocage du port”. Selon ce représentant du gouvernent, c’est aux associations de faire le nécessaire pour payer les transitaires et la manutention du port.

“C’est consternant”, réagit Arnaud Guffet, qui est en contact avec plusieurs associations actuellement dans l’impasse. Il a tenté en vain d’alerter la préfecture de Mayotte et de demander des réquisitions avec l’aide de l’armée. Comme le service de la communication de la préfecture nous l’a signifié, la semaine dernière, le ministre interrogé ce mercredi a évoqué une solution “contre-productive car la réquisition s’inscrit dans un cadre juridique précis lié à des impératifs d’urgence et d’ordre public et reviendrait à interférer dans le flux logistique”. De plus, selon lui, les militaires sont accaparés par d’autres missions comme “la reconstitution du stock stratégique d’eau”.

300 colis Ramadan distribués à Mamoudzou samedi

Une deuxième phase de distribution de colis Ramadan (après Koungou ce vendredi) de la part du groupe IBS se poursuivra à Mamoudzou, ce samedi 22 mars, avec la présence de l’équipe de la police municipale. 300 kits alimentaires seront distribués dans le quartier Ambarazi à Cavani Sud à Mamoudzou. La distribution commencera à 9 h avec le représentant de la mairie.

Une aide de 1,36 million d’euros pour le Sidevam

L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a validé un financement pour quatre nouveaux projets situés à Mayotte, Marseille, Soissons et Agen. L’agence apportera ainsi une aide de 1,36 million d’euros au Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam) afin de gérer les déchets à la suite du passage du cyclone Chido, le 14 décembre 2024. Pour rappel, au lendemain de cet événement, on estimait 500.000 tonnes de déchets, soit l’équivalent de cinq ans de collecte annuelle.

En route pour les championnats de France

Plusieurs championnats d’académie permettant aux élèves des associations sportives des établissements de se qualifier aux championnats de France UNSS Sport partagé multi activités et Hip-hop 2025 ont lieu ce mercredi. Le championnat de Sport partagé multi activités se déroule au collège de Ouangani (boccia, tennis de table, course d’orientation, biathlon). Dix équipes de quatre élèves (deux élèves en situation de handicap, deux élèves valides) s’affronteront à partir de 10h. Une équipe sera qualifiée pour les championnats de France qui se dérouleront à Poitiers (Vienne) du 13 au 16 mai. Pour le hip-hop, le championnat se déroule au collège Kawéni 1, à Mamoudzou. Treize collèges et cinq lycées danseront pour qualifier trois équipes dans trois catégories différentes : collège établissement, collège excellence et lycée open aux championnats nationaux qui se dérouleront à Arnas (Rhône) du 19 au 22 mai.

Une semaine sous le signe des mathématiques

Dans le cadre de la Semaine des mathématiques, organisée au niveau national, le collège de Koungou organise diverses activités et plusieurs ateliers visant à montrer une autre facette des mathématiques plus vivante et concrète, mais aussi à montrer leur rôle dans le quotidien. Le thème national de l’année 2025, « Maths hors les murs », invite les enseignants et les élèves à repenser les espaces d’apprentissage et à faire sortir les mathématiques de la salle de classe. Un des temps forts de la semaine se déroulera ce mercredi à 8h autour d’ateliers interactifs et ludiques sur les mathématiques. Des ateliers préparés et animés par les élèves eux-mêmes.

Manuel Valls répond à Anchya Bamana sur le projet Waterships

Anchya Bamana a interpellé Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, pour apporter “une réponse à la crise de l’eau que connaît Mayotte”, la députée Rassemblement national de la deuxième circonscription de Mayotte lui a fait savoir qu’elle “apportait tout son soutien au projet de l’ONG Waterships”, à savoir un bateau-usine de dessalement pour alimenter le territoire en eau potable. En réponse dans une lettre datée du 5 mars, le ministre souligne que “votre initiative relative à un projet de bateau-usine est louable et traduit une volonté d’être force de proposition. […] Toute solution mérite d’être étudiée […] vous comprendrez que je suis particulièrement réceptif à votre alerte qui se fonde sur des constats que je partage”, écrit-il. “La problématique de l’eau fait l’objet d’une vigilance particulière. Les semaines prochaines doivent permettre d’identifier les solutions idoines et moyens adaptés, en réponse aux inquiétudes exprimées.”

Retenue d’Ourovéni, un nouveau pas franchi avec la vente des terrains

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Les premiers actes de cession pour la future retenue collinaire d’Ourovéni ont été signés par le président du syndicat Les Eaux de Mayotte, Ahamada Fahardine, et les propriétaires fonciers, ce mardi.

À Kawéni, au siège social du syndicat mixte Les Eaux de Mayotte (Lema), les premiers actes de cession pour la future retenue collinaire d’Ourovéni ont été signés, ce mardi. Pas moins de onze propriétaires fonciers sont concernés. Avec la vente de terrains, la troisième retenue pourrait voir sa première pierre posée dès cette année.

« Les négociations se sont effectuées de manière cordiale, le projet de la retenue collinaire d’Ourovéni est d’utilité publique. Les propriétaires ont bien compris l’enjeu pour l’intérêt de la population de Mayotte », annonce Faharadine Bourhani Saïd, vice-président chargé du foncier auprès du syndicat mixte Les Eaux de Mayotte (Lema). Ce mardi 18 mars, une cérémonie officielle de signature des actes de cession de terrains a eu lieu au sein du siège du syndicat à Kawéni. Comme celles de Combani et Dzoumogné, cette retenue collinaire aura pour fonction d’alimenter l’archipel mahorais pendant la saison sèche, quand les forages et captages sont moins performants.

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La retenue d’Ourovéni sera la troisième de Mayotte, après celles de Dzoumogné et Combani.

C’est en 2009 que le bureau de recherche géologique et minière (BRGM) repère le terrain sur un site d’une soixantaine d’hectares pour une capacité de stockage de trois millions de mètres-cube d’eau. Cette troisième retenue collinaire serait, en théorie, la plus grande de Mayotte, celle de Combani ne représentant que 25 hectares pour une production d’un million de mètres cubes. « Jusqu’alors, nous n’avions jamais réussi à avoir la maîtrise foncière. Tant qu’il n’y a pas de maîtrise foncière, il n’y a pas de projet », précise le vice-président. Et pour cause, pas moins de onze propriétaires sont titulaires de ce foncier réparti sur les communes de Tsingoni et Chiconi, dont la famille de Younoussa Bamana, l’ancien président du conseil général de Mayotte de 1977 à 2004.

Après de vaines tentatives, en 2020, l’Établissement public foncier et d’aménagement (Epfam) est conventionné par le syndicat pour tenter de négocier ces hectares nécessaires pour enrayer la crise actuelle de l’eau. « L’objectif a été de trouver un terrain d’entente avec les propriétaires. Ce n’est pas facile, les Mahorais ont un attachement avec leur foncier », explique Antoinette Kalisso, en charge de l’ingénierie de maîtrise foncière au sein de l’Epfam. Depuis plus de quatre ans, les différentes parties négocient. L’établissement public avait l’avantage de l’activation d’une déclaration d’utilité publique (DUP), un outil juridique qui permet l’expropriation légale pour un projet d’aménagement d’intérêt général, si aucun accord amiable n’était trouvé.

Une signature parfois amère

En présence d’un notaire, la signature des accords de cession sont restés confidentiels. La presse n’a pas été autorisée à assister aux discussions. À la sortie de cette signature, l’un des propriétaires a souhaité se confier de manière anonyme : « Ce n’est pas facile de céder son patrimoine, quand on a un terrain sur lequel on a passé son enfance, c’est une partie de notre identité que l’on cède ». Le propriétaire et sa fratrie possèdent une dizaine d’hectares sur ce site. Il craignait de se voir exproprier via le DUP. « La signature n’a pas été facile. J’ai beaucoup hésité. De même pour ce qui a été mis sur la table. À Mayotte, peu importe la classe sociale, c’est la coutume, chacun doit posséder un champ. Nous comprenons la nécessité de ce projet d’utilité publique, mais nous avons aussi signé pour éviter d’être démunis », raconte-t-il, la gorge nouée.

Tous les propriétaires fonciers devraient se succéder et signer les actes de cession jusqu’à la fin de l’année scolaire. Le syndicat des eau espère maintenant la première pierre de la retenue collinaire pour la rentrée 2025. Mais il faudra attendre un moment avant qu’elle alimente le réseau d’eau, les travaux devraient durer au minimum sept ans.

Rachadi Saindou en attente de la décision du Conseil constitutionnel

Rachadi Saindou conteste le caractère constitutionnel de la démission d’office de ses mandats de conseillers municipal et communautaire de Dembéni en juin 2024. Celle-ci a été appliquée par le préfet de Mayotte à la suite de la condamnation en première instance de l’ex-président de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema). Photo d’archives

Condamné par le tribunal correctionnel de Mamoudzou en juin 2024, Rachadi Saindou a perdu depuis ses mandats de conseillers municipal et communautaire, ainsi que son poste de président de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou. Ce mardi, ses avocats contestaient cette perte devant le Conseil constitutionnel en raison de l’appel de sa condamnation. La décision sera rendue publique le 28 mars.

En portant l’affaire devant le Conseil constitutionnel, Rachadi “Marius” Saindou espère que l’instance reviendra sur l’exécution provisoire de sa peine d’inéligibilité de quatre ans qui avait été prononcée, le mardi 25 juin 2024. L’an dernier, dans un procès aux côtés de Salime M’déré, celui qui était président de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou depuis 2020 avait été condamné pour prise illégale d’intérêts, détournement de fonds publics et favoritisme. Il avait été en revanche relaxé du fait de concussion. Deux ans de prison dont un an avec sursis et une amende de 50.000 euros accompagnaient l’inéligibilité. Le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, avait suivi la décision du juge en déclarant les deux hommes démissionnaires d’office. Seulement, en faisant appel le 26 juin 2024, les avocats considèrent que l’ex-conseiller municipal et communautaire de Dembéni ne devait pas perdre des mandats puisque sa condamnation n’est pas définitive. Deux articles du code électoral, L230 et L236, sont alors contestés devant le Conseil d’État, qui a transmis l’affaire au conseil constitutionnel.[Rachadi Saindou] soutient que ces dispositions, applicables au litige, sont entachées d’incompétence négative et méconnaissent les principes de légalité des délits et des peines et de séparation des pouvoirs ainsi que le droit à un recours effectif et le droit d’éligibilité”, est-il soutenu dans la question prioritaire de constitutionnalité qui a été enregistrée.

Ce mardi, le conseil présidé par Richard Ferrand a écouté les deux avocats de l’ancien élu mahorais, maîtres Myriam Goujon et Victor Margerin. Puis d’autres conseils, qui défendent d’ex-élus dans le même cas comme Hubert Falco (l’ex-maire de Toulon a été condamné en 2023, puis en appel en 2024, pour détournement de fonds publics), ont aussi eu le droit à la parole. Tous ont plaidé contre la décision préfectorale qu’ils jugent contraire à la présomption d’innocence. En face, l’avocat de l’association Anticor et le représentant de l’État se sont opposés aux demandes des avocats, le deuxième arguant que Rachadi Saindou garde “la possibilité de contester la décision en appel ou d’attaquer le préfet pour excès de pouvoir”.

En clôture d’audience, le président du Conseil constitutionnel a arrêté la date du 28 mars pour faire connaître sa décision, qui sera ensuite renvoyée au Conseil d’État.

Le court-métrage « Haraka Haraka » en compétition en Guadeloupe

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“Nous sommes heureux de vous annoncer qu’après un passage à Paris, Marseille, Mulhouse, Portland et Chicago, notre court métrage documentaire hybride mahorais  »Haraka Haraka” poursuit sa route des festivals”, se réjouit la production Fundi. Réalisé par Germain Carpentier et produit par Daniel Chebani, le film d’une durée de 25 minutes est en compétition au 29ème Femi (festival régional et international du cinéma de Guadeloupe), qui se déroule à Lamentin (Guadeloupe), du 22 au 28 mars. L’histoire de ce film, tourné à Mamoudzou pendant la Course de pneus 2023, raconte celle “d’un vieux pneu qui concourt à l’historique course de pneus de Mayotte où se croisent les destins de deux femmes sous un soleil de plomb”. Selon la production, ce court-métrage “fait le choix d’explorer au féminin, la légendaire course de pneus, à travers un projet unique et intemporel, dans un noir et blanc cinégénique”.

Département : les inscriptions à la formation en orthoptie ouvertes

Mise en place, il y a deux ans, la formation d’orthoptiste doit accueillir une nouvelle promotion à la rentrée de septembre. Pendant trois ans, les six élèves retenus alterneront entre cours théoriques dispensés par l’Université de Paris et stages pratiques pour ensuite exercer cette profession paramédicale qui consiste à détecter les troubles visuels moteurs, sensoriels et fonctionnels. Soutenus par le conseil départemental de Mayotte et L’Agence d’outre-mer pour la mobilité (Ladom), ils effectueront en alternance leur cursus en métropole et en outre-mer. Le soutien financier des trois partenaires précités permettra de couvrir l’intégralité des frais pédagogiques et d’offrir une rémunération mensuelle aux futurs étudiants. Les candidats, qui doivent être munis d’un baccalauréat, peuvent s’inscrire via la plateforme Parcoursup (dossier.parcoursup.fr/Candidat/authentification).

L’Iedom organise des ateliers pour la Semaine de l’éducation financière

Promue par l’OCDE, la Banque de France et l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (Iedom) participent à la treizième édition de la Semaine de l’éducation financière jusqu’au 22 mars. Cette année, le thème sera « Ne fais pas n’importe quoi pour tes finances, privilégie la vigilance ». L’objectif est de sensibiliser le public, en particulier les jeunes, aux risques liés aux arnaques financières, notamment sur les réseaux sociaux, et de leur fournir les clés pour développer leur esprit critique face aux conseils financiers et aux promesses de gains faciles. À cet effet, l’Iedom Mayotte met en place trois ateliers ludo-pédagogiques qui auront lieu à Miréréni, Combani et M’tsapéré, entre ce mardi 18 et le vendredi 21 mars.

La Ville de Mamoudzou remercie les participants de Mamoudzou by night

Estimée à environ 4.500 personnes, samedi, l’affluence du dernier événement a ravi la municipalité de Mamoudzou. Celle-ci adresse “un immense merci à toutes et à tous pour avoir fait de cet événement un moment de résilience, de partage et d’unité”. Créé l’an dernier pour lutter contre l’insécurité, Mamoudzou by night s’est déroulé sous la forme d’un trail nocturne et d’une marche dans les rues du chef-lieu. Il s’agissait ici du premier événement organisé à Mamoudzou en 2025 et depuis le passage du cyclone Chido.

“Au-delà de la performance sportive, c’est un véritable élan de solidarité et de fraternité qui s’est exprimé. Aucun incident n’a été signalé, preuve que le respect, la bienveillance et l’entraide restent au cœur de nos engagements collectifs. Merci à tous les bénévoles, aux associations locales et à nos partenaires qui ont contribué au succès de cette soirée placée sous le signe de la convivialité et du dépassement de soi”, ajoute la municipalité, qui compte bien réitérer l’événement l’année prochaine.

Un corps retrouvé à Doujani ce lundi matin

Dans le quartier Doujani 2, à M’tsapéré, en début de matinée, ce lundi, un corps a été retrouvé, confirme la police. Dans la même journée, deux personnes se sont présentées au commissariat de police de Mamoudzou. L’une d’elles a été placée en garde à vue, l’homicide pourrait trouver son origine dans une altercation entre les protagonistes. Concernant la victime, son corps a été hélitreuillé par l’hélicoptère de la gendarmerie de Mayotte.

« Ils avaient déjà découpé la tortue » : un braconnier interpellé par les agents de l’OFB

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Sur les plages de Charifou, dans la commune de Kani-Kéli, de nombreuses tortues sont victimes de braconnage. Photo d’archives.

Dans la nuit de samedi à dimanche, un individu a été interpellé par les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), pris en flagrant délit de braconnage. Les inspecteurs de l’environnement, alors en opération de surveillance à Charifou, ont appréhendé le suspect alors qu’il prenait la fuite.

« Les individus sont venus par la terre, ils avaient déjà découpé la tortue et commencé à partir avec les morceaux », raconte un des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) qui a participé à l’interpellation en flagrant délit d’un braconnier et à la saisie de 70 kilos de viande de tortue verte. Dans la nuit du 15 au 16 mars, des inspecteurs de l’environnement menaient une opération de surveillance discrète sur la plage Charifou 1, dans la commune de Kani-Kéli, après avoir été alertés d’un cas de braconnage quelques jours auparavant. Cette zone, un « des gros spots de braconnage », souligne l’agent, fait l’objet d’une surveillance régulière, d’autant plus que les plages de Charifou sont soumises à un arrêté de protection de biotope, faisant partie des principaux sites de ponte de cette espèce protégée. Il est par exemple interdit d’y aller entre 18h et 6h. « Mais [les braconniers] apprennent à éviter nos contrôles », indique-t-il.

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Les tortues marines de Mayotte sont des espèces protégées. Photo d’illustration.

Mais pas cette fois. L’équipe d’inspecteurs de l’environnement a réussi à appréhender un individu. « Ils étaient deux, il y en a un qui a pris la fuite et qui n’a pas été interpellé. Et un autre qui a interpellé, qui a pris la fuite, qu’on a réussi à attraper après quelques kilomètres de nage », relate l’agent de l’OFB. Le suspect a ensuite été remis à la police judiciaire de la gendarmerie nationale de M’zouazia, qui poursuit l’enquête. Dans un communiqué, la préfecture de Mayotte précise que l’individu appréhendé est « déjà connu des services de police et de gendarmerie pour des faits similaires ».

Trois ans de prison encourus

Il devrait comparaître mercredi devant le tribunal judiciaire de Mamoudzou. Il encourt une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison et 150.000 euros d’amende. L’agent de l’OFB ainsi que la préfecture rappellent que les consommateurs de viande de tortue encourent la même peine.

« Cette arrestation représente une avancée significative dans la lutte contre le braconnage, une menace majeure pour la biodiversité mahoraise », salue la préfecture. Selon le Réseau échouage mahorais des mammifères marins et tortues marines (Remmat), le braconnage est la principale cause de mortalité des tortues marines à Mayotte, environ 350 cas étant recensés par an en moyenne.

Trois mois après le cyclone Chido, le nombre de morts reste incertain

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Saidati Mohamed, habitante de Bandrajou, à Kawéni, a perdu son mari de 28 ans, le jour du cyclone Chido.

Selon les chiffres officiels, le bilan humain est de 40 morts et de 41 disparus. Mais des doutes persistent tant le cyclone Chido a balayé, le 14 décembre 2024, les bidonvilles où vivent une majorité de personnes en situation irrégulière. Or, ce public est inconnu et invisible de l’État, ce qui rend le travail de recensement des morts encore plus difficile.

La rentrée des classes était attendue pour tenter d’estimer le nombre de morts de Chido tandis qu’au lendemain de la catastrophe, des nombres très différents ont circulé. “Je pense qu’il y aura certainement plusieurs centaines de morts […] voire quelques milliers”, évoquait François-Xavier Bieuville, le préfet de Mayotte, le 15 décembre. L’hypothèse de 60.000 décès s’était aussi propagée. Aujourd’hui, le bilan officiel est de 40 décès et de 41 disparus. Depuis le mois de janvier, il n’a pas évolué. Dans les salles de classe, un mois et demi après le retour des élèves, les professeurs ne constatent pas d’hémorragie dans les effectifs. Un membre de la direction du lycée de Dembéni indique que des jeunes sont absents, “une partie pour lesquels nous sommes sans nouvelles, mais sans pouvoir faire un lien direct avec Chido”.

En revanche, Rayka Madani n’est pas revenue à l’école Kawéni 2 La Poste, le jour de la rentrée, le 27 janvier. La fillette de 10 ans est morte, le samedi 14 décembre, ensevelie sous la boue. Elle vivait dans une case en tôles sur les hauteurs de Mamoudzou dans la rue des 100-villas. Quand les rafales ont commencé à souffler, en danger, sa famille a décidé de partir se réfugier “dans une des cases SIM en bas de la route”, raconte sa grande sœur Faina*, 16 ans. Sur le chemin glissant pour s’y rendre, une coulée de boue s’abat sur la petite fille et sa mère qui se retrouvent coincées. Pendant une heure, la mère a essayé de la sauver en vain. “J’étais toute seule, je ne pouvais pas l’aider, j’ai essayé mais je n’ai pas réussi”, soupire-t-elle. Une fois le cyclone passé, les voisins sont venus les aider à s’extirper, mais Rayka Madani est déjà morte. Transportée au centre hospitalier de Mayotte, elle a été comptabilisée dans le bilan officiel.

Les bidonvilles, où habitait la jeune fille, ont été les plus meurtris par Chido. Faizi Ali, 28 ans, a perdu la vie dans celui de Bandrajou, un quartier de Kawéni. Avec sa famille, il était installé sur les hauteurs de la colline. Quand le temps s’est dégradé, le 14 décembre, il est parti mettre ses enfants à l’abri et devait revenir chercher sa femme, Saidati Mohamed, et son autre fils mais il n’en a pas eu le temps. “Il voulait venir nous récupérer, mais c’est à ce moment-là qu’une tôle lui a arraché le ventre”, retrace la mère de famille. “Quand le vent s’est calmé, je suis sortie. Là, quelqu’un est venu me voir et m’a appris la mort de mon mari.” Désormais, elle est seule pour s’occuper de ses deux enfants d’un et deux ans. Alors que sa case en tôle est “tombée sur elle” pendant l’événement climatique, elle n’a pour l’instant trouvé personne pour la reconstruire et doit habiter chez sa mère.

Des doutes sur les chiffres officiels

 

Arrivé à Mayotte d’Anjouan en 2013, Faiza Ali était en situation irrégulière et gagnait sa vie en réparant des voitures, en faisant de la maçonnerie, etc. Transporté à l’hôpital, il est également décompté dans les chiffres officiels. Les personnes sans-papiers – les plus nombreuses dans les bidonvilles – sont certainement les principales victimes du cyclone. Leurs décès ont-ils aussi été déclarés ? Martin*, un médecin à l’hôpital de Petite-Terre, qui travaillait le jour de Chido, en doute. Selon lui, celles-ci “n’ont pas besoin de demander un certificat de décès puisqu’elles n’existent pas pour la France, elles n’ont aucun intérêt à en demander un”. Par ailleurs, obtenir un nombre précis est difficile car dans les jours qui ont suivi le cyclone, à cause des débris et des arbres couchés sur la chaussée, beaucoup de routes étaient inaccessibles. “A Petite-Terre, les gens ne pouvaient pas venir à l’hôpital”, partage Caroline Fivet, une médecin qui a travaillé ce week-end-là sur le site de Pamandzi. Beaucoup étaient blessés et n’ont pas pu se faire soigner. Pour cette raison, la soignante est persuadée que certaines “sont mortes dans les heures après la catastrophe”.

Pour sa part, elle juge “ridicule” le nombre de morts officiels. Elle-même en rentrant du travail, le 14 décembre, vers 15 heures, en passant devant un cimetière de la rue des Badamiers, elle dit avoir observé “deux familles en train d’enterrer les corps”. Son collègue Martin considère également le bilan officiel sous-estimé. “Le samedi du cyclone, une quinzaine de familles sont venues aux urgences pour nous demander de venir dans leur quartier faire un constat de décès. Mais nous avions pour consigne de rester sur notre lieu de travail. Elles n’ont donc pas attendu avant d’enterrer les corps”, suppose-t-il.

A l’exception du chiffre de quarante morts, l’État ne donne pas d’information sur l’identité des victimes, leur lieu de vie et les circonstances du décès. Contactée, la préfecture de Mayotte n’a pas donné suite à nos sollicitations. Fin décembre, elle a lancé une mission de recherches des personnes disparues pour vérifier les rumeurs sur les disparitions. Depuis son lancement, le nombre de morts est resté identique. Enrichie par un amendement de la députée Dominique Voynet (ex-directrice de l’Agence régionale de santé de Mayotte), la loi d’urgence pour Mayotte promulguée le 25 février prévoit un mois après sa promulgation “un bilan exhaustif de la catastrophe, incluant le nombre de personnes décédées, disparues, blessées et amputées lors du passage du cyclone Chido”. Celui-ci devra être remis par le gouvernement au parlement.

*Les prénoms ont été modifiés

La préfecture réquisitionne la barge Georges Nahouda

Le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, a décidé par arrêté préfectoral de réquisitionner la barge Georges Nahouda de la société des transports maritimes afin d’appuyer les acteurs locaux en charge de la mobilité. « À la suite d’une inspection technique menée sur le navire, il a été conclu que cette barge pouvait être mise en exploitation dès ce lundi 17 mars au service de la population », indique la préfecture dans un communiqué. Elle rappelle que depuis le 7 janvier, deux barges sur cinq sont opérationnelles et que les travaux se poursuivent pour permettre un retour à une pleine capacité. Une quatrième barge « Biwi » de la société Colas va également être réquisitionnée dès sa remise en service.

« On a de quoi encore tourner peut-être un mois » : les entreprises en détresse trois mois après Chido

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Les locaux d’Inadcom ont été ravagés par le cyclone Chido, le 14 décembre. Photo : Inadcom.

Trois mois après le passage du cyclone Chido, les entreprises peinent à relancer leurs activités. Entre le manque de recettes dû à la perte des outils de production dans la tempête, l’approvisionnement ralenti et les versements tardifs des aides de l’État, nombreuses sont aux abois.

Dans la rue du Commerce, à Mamoudzou, plusieurs toits sont encore abîmés trois mois après Chido, comme le symbole d’une économie qui peine à se remettre de la tempête. Parmi les locaux toujours à ciel ouvert, ceux de l’agence de communication Inadcom. Le vent et la pluie ont balayé tout son matériel informatique et son mobilier le 14 décembre dernier, soit 120.000 euros de dégâts, selon Zamir Saïd Ali, co-fondateur de l’entreprise. « Il y en a pour entre quatre et cinq mois de travaux », indique-t-il, ajoutant que l’assurance n’a proposé que 30.000 euros de dédommagement. Une situation qui a conduit à mettre les 17 salariés d’Inadcom au chômage technique, étant pour l’heure sans outil de travail. La situation était déjà compliquée avant Chido, car plusieurs collectivités avec qui l’agence travaillait étaient en retard dans leurs paiements. Cela a entrainé un retard dans celui des cotisations par l’entreprise, qui est par conséquent inéligible à l’aide de 20% du chiffre d’affaires mensuel de 2022 mise en place par l’État au lendemain du cyclone. « On n’a que touché une partie du chômage partiel », note Zamir Saïd Ali, qui est très inquiet pour l’avenir de la société qu’il a co-fondée en 2017, jugeant cette aide insuffisante. « On va dans le mur. […] On a de quoi encore tourner peut-être un mois. »

C’est sur la plage d’Hamjago, à M’tsamboro, qu’Halifa Massoundi avait l’habitude de donner rendez-vous à ses clients pour les sorties en bateau qu’il organise avec sa société fondée en 2022, Rand O Palma. Mais Chido a renversé son semi-rigide, endommageant le moteur. « Mon assurance ne prend pas en charge les dégâts », regrette celui qui a lancé une cagnotte pour réunir les 10.500 euros nécessaires à la réparation de son bateau. N’ayant pour l’instant reçu que 1.500 euros d’aide de la part de l’État, il s’est résolu à reprendre son ancien métier de moniteur de plongée afin avoir assez d’apport pour emprunter auprès d’une banque. « J’espère qu’on pourra repartir d’ici fin avril », souhaite l’entrepreneur.

« L’activité reprend plus lentement que ce qu’on aurait imaginé »

Aucun secteur n’a été épargné, même pas celui de la construction. Farrah Hafidou, à la tête de l’entreprise d’assistance de maîtrise d’ouvrage Idephi, a également vu son activité freiner. « Les maîtres d’ouvrage n’ont pas repris tout de suite. Les chantiers ont ralenti », explique celle qui estime que plusieurs mois vont être nécessaires pour reprendre un rythme normal. Elle reste néanmoins confiante au regard du travail qu’il va falloir fournir pour reconstruire l’île.

« L’activité reprend plus lentement que ce qu’on aurait imaginé », confie de son côté la vice-présidente de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Mayotte Nadine Hafidou. Elle explique que 80% des entreprises ont été sinistrées par le cyclone et que beaucoup rencontrent des problèmes de trésorerie. Les compagnies étaient en effet déjà fragilisées avant Chido par les crises successives dues au Covid-19, à la sécheresse ou encore aux barrages en 2024. « On va crise sur crise sur crise. […] Dès qu’une entreprise commence à sortir la tête de l’eau, il y a un autre événement qui vient », constate Bibi Chanfi, conseillère départementale chargée du développement économique.

Des aides tardives de l’État

Si la perte des outils de production est le principal frein à la reprise de l’activité, l’approvisionnement ralenti pour faire venir le matériel de réparation et les marchandises à vendre joue également un rôle. « Le cyclone a aussi touché le port. […] Les conteneurs sortent, mais pas au rythme qu’on souhaiterait », décrit la conseillère départementale.

Les aides de l’État tardent, elles aussi, à arriver. « Pour tout ce qui est activité partielle, la quasi totalité des entreprises n’a pas été remboursée jusqu’à maintenant », affirme la vice-présidente de la CCI. Pour l’aide exceptionnelle de 20% du chiffre d’affaire, là aussi, les versements n’ont pas encore tous été fait. En attendant, les entreprises n’ont pas assez de trésorerie pour renouveler leurs outils de travail. Du côté du département, l’enveloppe annuelle prévue pour l’aide à l’investissement via un appel à projet s’est vue augmenter. De 3 millions d’euros, elle passe à 10 millions. De plus, toutes les entreprises touchées par Chido pourront prétendre à cette subvention, dans une limite de 50.000 euros, et non pas que les jeunes entreprises, comme prévu en temps normal. Mais il faut encore attendre que le budget soit voté par le conseil départemental à la fin du mois de mars pour que l’appel à projet soit lancé.

Les services de La Poste se poursuivent malgré la grève

Suite au mouvement de grève consécutif à l’appel des organisations syndicales Sud et CGT, qui touche La Poste à Mayotte, la direction de La Poste de l’île a mis en place un plan de continuité d’activité. Dix bureaux de poste sont actuellement ouverts (Kawéni, Koungou, M’tsapere, Passamaïnty , Dzaoudzi-Labattoir, Combani, Dzoumogné, Dembéni, Sada et Kani-Kéli), permettant aux mahorais d’accéder à l’offre complète de services postaux et bancaires ; aux horaires adaptés de 8H à 14H30. Toutes les agences communales sont ouvertes (Acoua, M’tsangamouji, Bandrélé, Chiconi, Pamandzi et Bouéni). Le Carré Entreprise de la plate-forme de distribution du courrier de Kaweni est ouvert. La distribution du courrier et des colis est assurée avec le personnel non-gréviste dans les zones accessibles.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes