« Le corps médical recommande aux femmes enceintes et allaitantes de ne pas pratiquer le jeûne, et le Coran le déconseille également en cas de risque pour la santé de la mère et de l’enfant », communique ce mardi, en ce premier jour de ramadan, le réseau périnatal de Mayotte (Répéma) sur son compte Facebook. Il expose ainsi les risques : déshydratation, carences alimentaires, accouchement prématuré, retard de croissance pour le fœtus, diminution du liquide amniotique, etc.
Le réseau conseille de bien s’hydrater, adopter un rythme de trois repas par jour, privilégier des aliments riches en vitamines et éviter ceux trop sucrés, se reposer et prendre le temps de manger. Pour plus d’informations, contactez le Répéma par tél. au 0269622815, ou bien allez sur son site internet (www.reseaux-sante-mayotte.fr/repema).
« Il faut endiguer les dérives spéculatives et l’envolée des prix », lit-on dans une publication sur le compte Facebook du préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, ce mardi. En plein début de mois de ramadan, le représentant de l’État appelle l’ensemble des opérateurs économiques à la modération dans la fixation des prix, notamment ceux de première nécessité, fortement consommés pendant ce mois. Il aurait chargé la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités d’y travailler avec les acteurs économiques.
L’an dernier, les prix étaient restés stables pendant la période du ramadan. Seuls quelques produits étaient devenus plus rares vers la fin du mois sacré.
C’était ce que voulait mettre en place le seul médecin légiste de l’île, Thierry Lahalle, après la levée des barrages : la possibilité de se faire prélever à d’autres endroits de l’île, après une agression. Depuis, c’est chose faite. Avec une infirmière, le directeur de l’unité médico-judiciaire (UMJ) basée à Mamoudzou, propose des consultations tous les mercredis au dispensaire de M’ramadoudou (commune de Chirongui), de 7 heures à 15 h, et le vendredi, à celui de Kahani (commune d’Ouangani), mêmes horaires.
« Les victimes de tout type d’agressions peuvent venir sur rendez-vous, sans rendez-vous, sur réquisition c’est-à-dire après avoir déposé plainte et même sans », détaille le professionnel. Le reste du temps, et même les jours où le médecin légiste n’est pas sur place, l’UMJ présente au centre hospitalier de Mamoudzou continue d’accueillir le public. Cette nouvelle présence sur le territoire permet de « si une jeune fille par exemple se fait violer mardi soir dans le sud, on peut demander à la garder au dispensaire et je peux aller la voir le lendemain. C’est mieux que de l’amener à Mamoudzou, mélangée à d’autres patients, aux urgences… »
Pour cela, Thierry Lahalle est en lien avec le seul psychologue, à Mamoudzou, avec lequel l’UMJ travaille, pour permettre d’assurer également des soins psychologiques. « On va voir si ce dispositif fonctionne mais l’idée c’est de le rendre pérenne », appuie le directeur, qui aimerait néanmoins pouvoir compter sur des collègues médecins légistes et d’autres psychologues. Les prélèvements réalisés servent de preuves en cas de poursuites judiciaires.
Le festival de l’image sous-marine (FISM) de Mayotte propose, pour la deuxième fois, un concours de photographies sous-marines : c’est le concours des clubs de Mayotte. La photo doit être prise lors d’une sortie plongée dans le lagon mahorais, avec l’un des clubs de l’île et sous réserve de remplir un bulletin d’inscription. Une récompense sera attribuée au photographe et au club de plongée. Fin des inscriptions, le 7 avril.
Avant le festival du 23 au 26 mai prochain, d’autres concours sont ouverts aux inscriptions ici, gratuitement, jusqu’au 14 avril : le concours de dessin Jack Passe, réservé aux jeunes sur l’univers de la barrière de corail ; le concours d’images fixes dont fait partie le concours des clubs de Mayotte évoqué plus haut, et le concours de films.
La 29ème édition du festival vous donnera rendez-vous place de la République, à Mamoudzou, pour d’autres festivités. Dans le but toujours de sensibiliser le public à la beauté et la richesse de l’environnement marin et de sa préservation.
La communauté d’agglomération du Grand nord de Mayotte recherche son nouveau directeur général de collectivité ou d’établissement public pour une prise de poste au siège, le 1er mai, à Bouyouni, village de Bandraboua. Pour davantage d’informations sur le descriptif de l’emploi, les missions et le profil recherché, ainsi que pour candidater, il faut se rendre sur emploi-territorial.fr.
Le paiement des factures d’eau doit reprendre pour le mois de mars.
Au 1er mars, la prise en charge des factures, comme la distribution généralisée des bouteilles d’eau, ont été arrêtées. Dans un courrier à Gabriel Attal, lePremier ministre, l’association des maires de Mayotte (AMM)a fait part de son souhait que la première mesure soit prolongée.
Celui-ci a délégué sa mission à la SMAE, qui a pu augmenter dernièrement sa production grâce aux travaux et à la faveur d’une météo idéale remplissant les rivières, les nappes phréatiques et les retenues collinaires (toutes les deux à 100% de leurs capacités aujourd’hui). Cependant, « je tiens à vous informer que malgré cette évolution positive, la population reste tout de même privée d’eau un jour sur deux et se trouve toujours dans l’obligation de se ravitailler en bouteilles d’eau car l’eau du robinet reste impropre à la consommation », assure l’association des maires de Mayotte (AMM), présidée par Madi MadiSouf. En réalité, les différents secteurs (hormis la zone industrielle de Kawéni qui ne connaît que des coupures nocturnes) sont passés à un rythme de deux jours d’eau sur trois. Des soucis de production aux usines de Bouyouni et Ourovéniont entraîné, il est vrai, de nombreuses coupures techniques sur le réseau, ces dernières semaines.
Des coupures jusqu’en 2025
Ce service qui n’est pas assuré complètement, et qui ne devrait pas l’être avant l’entrée en production de l’usine de dessalement d’Ironi Bé en 2025, nécessite de prolonger le paiement des factures par l’État, estiment les maires, et même si les prix des bouteilles d’eau demeurent gelés jusqu’au 15avril.« L’État qui s’était, par ailleurs, engagé à prolonger le dispositif de prise en charge en fonction de la situation et tant que l’eau ne reviendrait pas de façon courante et continue dans les robinets doit tenir sa parole et faire preuve de solidarité envers les Mahorais en continuant à prendre en charge les factures d’eau jusqu’à la fin effective des coupures et tours d’eau et au retour avéréde sa potabilité », est-il écrit dans le courrier.
« Au regard de la situation particulièrement difficile dans laquelle se trouvent les entreprises, l’arrêté du 8 mars 2024 prolonge et fait évoluer l’aide sur le mois de février 2024 », indique la préfecture de Mayotte ce mardi, concernant cette aide étatique mise en place avec la crise de l’eau.Le versement sera réalisé par la direction générale des finances publiques pour les entreprises ayant déjà perçu le premier versement de l’aide pour la période de septembre à novembre 2023. Sans besoin d’aucune démarche complémentaire.Le critère de prise en compte selon lequel les entreprises doivent avoir des dettes fiscales inférieures ou égales à un montant total de 1.500 euros est supprimé. « Au regard de la fragilisation financière que rencontrent les entreprises mahoraises », lit-on comme explication dans le communiqué de la préfecture.
Les entreprises concernées appartenant aux secteurs définis par l’arrêté du 25 octobre 2023 peuvent, dès ce 12 mars et jusqu’au 30 avril, déposer une demande d’aide pour la période de septembre à novembre, sur leur espace particulier numérique. « Les aides complémentaires leur seront versées automatiquement. »
Un jeu-concours pour recycler les bouteilles
L’organisme Citeo lance l’opération « NISI HifdahuiChisiwaYangu » pour récupérer un maximum de bouteilles en plastique à Mayotte, du lundi 18 mars au samedi 13 avril.Des bons d’achats d’une valeur de 150 euros à 300 euros à valoir en magasin sur des produits alimentaires, du petit électroménager et de la décoration viendront récompenser les meilleurs trieurs.
Pendant toute la durée de l’opération, un camion de collecte passera dans 24 villages, répartis sur toute l’île, pour collecter les bouteilles en plastique vides. Les Mahorais sont invités à apporter leurs bouteilles en plastique en quantité pour maximiser leur chance de gagner : chaque lot de vingt bouteilles apporté donne droit à un bon de participation au jeu. Retrouvez la carte interactive et les dates de passage aux 24 points de collectesur le site internet de l’opération (hifadhuichisiwa.zievent.yt).
Fly-Li devrait déployer ses ailes à l’aéroport Marcel-Henry dans le courant du mois d’avril.
La filiale réunionnaise d’une compagnie aérienne croate promet deux avions pour rejoindre La Réunion et Madagascar plus rapidement depuis Mayotte. Les contours de cette arrivée inattendue dans le ciel mahorais seront dévoilés au cours d’une conférence de presse au conseil départemental.
Fly-Li, une des deux filiales ultra-marines de la compagnie aérienne croate ETF Airways, devrait proposer, à partir du mois d’avril, des vols régionaux au départ de Mayotte. La concrétisation d’un an et demi de travail main dans la main avec le conseil départemental, souligne Ali Omar, troisième vice-président de la collectivité en charge des transports.
Les destinations en ligne de mire de la compagnie, qui dispose également d’une filiale aux Antilles nommée Fly-Wi, sont dans un premier temps Mayotte, La Réunion et Madagascar. Fly-Li, dont le siège est implanté à La Réunion, deviendrait donc un concurrent direct d’Air Austral entre Mayotte et La Réunion tout en empiétant sur les plantes bandes d’Ewa Air en ce qui concerne la liaison entre Mayotte et Majunga, à Madagascar. Aucune information n’a pour l’heure filtré au sujet des prix d’appel des places au départ de l’aéroport Marcel-Henry. Sur son site, Fly-Wi promet « le juste prix ».
Mayotte-Majunga en vingt minutes
Si son programme de vols n’a rien d’un grand changement, la compagnie aérienne croate promet un gain de temps certain. Pour cause, Fly-Li s’apprête à déployer deux Saab 2000, des avions à turbopropulseurs aussi rapides que des jets. « Il sera possible de rejoindre Majunga depuis Dzaoudzi en à peine plus de 20 minutes », illustre Ali Omar.
La compagnie annonce aussi de nouvelles filières dans l’import-export via l’exploitation en parallèle d’un autre avion, le Saab 340B, capable d’embarquer jusqu’à trois tonnes de fret et plus de 35m3 de volume. Des précisions au sujet de ce nouvel arrivant dans le ciel mahorais devraient être apportées prochainement par Samuel Vivares, président de Fly-Li et ancien directeur régional Caraïbes et Amérique de Corsair, au cours d’une conférence de presse au conseil départemental.
Un partenariat public-privé a été acté entre le département et ETF Airways. Le conseil départemental a proposé d’entrer au capital de la compagnie aérienne en prenant 52% des parts. L’institution fait montre de bonne volonté dans ce dossier. Rappelons que les négociations entre le conseil départemental et Ewa-air avaient fini par faire « pschitt » au début de l’année 2023.
Le « flop » de Fly-Wi aux Antilles-Guyane
Avant de se positionner sur l’océan Indien, ETF Airways avait tenté de jouer ses cartes aux Antilles et en Guyane, où les liaisons aériennes sont l’apanage d’Air Caraïbes (Groupe Dubreuil) et d’Air France. En septembre 2022, la compagnie aérienne annonçait qu’elle allait lancer avant la fin de l’année des vols « réguliers » dans la Caraïbe mais aussi entre la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane française. Mais les négociations avec la direction générale de l’aviation civile (DGAC), le gendarme de l’aérien, n’ont pas abouti. Fly-Wi est donc resté sur le tarmac. Il a fallu attendre plus d’un an pour qu’une autre compagnie aérienne, Sky High (basée en République dominicaine), bénéficie d’une autorisation exceptionnelle de la DGAC pour relier la Guyane depuis la Martinique et la Guadeloupe. Notons que, cette fois, ETF Airways a pris les devants. L’annonce du lancement des lignes dans l’océan Indien intervient après délivrance du certificat de transport aérien.
Air Austral pas encore tiré d’affaire
Air Austral, compagnie mère d’Ewa Air, a récemment dû revoir ses plans et esquisser des coupes dans ses budgets. Une baisse des salaires d’environ 10% (le double pour les plus gros revenus) et un gel du 13e mois font partie des propositions formulées par les investisseurs auprès des salariés. Objectif : économiser 24 millions d’euros, alors que la compagnie réunionnaise a déjà contracté 80 millions d’euros de prêts garantis par l’État et bénéficié de 45 millions d’euros d’apports en compte courant de la Région Réunion, son actionnaire principal. Selon le Journal de l’Île de La Réunion, les actionnaires privés et publics ont récemment décidé d’effectuer un nouvel apport financier de dix millions d’euros « pour donner de l’oxygène » à Air Austral. Des discussions vont donc s’engager avec les syndicats de salariés. Les dirigeants prévoient de sortir l’entreprise du rouge financier dès l’exercice 2024-2025,
Pour Nadine Levretto, Mayotte va devoir former sa jeunesse à moyen terme pour assurer les besoins de son développement économique.
Ambiance studieuse dans l’hémicycle Younoussa-Bamana au conseil départemental de Mayotte, ce mardi 12 mars. Élus locaux et consulaires, opérateurs économiques, cadres d’administratifs et des particuliers avaient répondu à l’invitation de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) pour la restitution du livre blanc des assises de l’Industrie à Mayotte (30 novembre et 1er décembre 2023). Une restitution assurée par Nadine Levratto, directrice de recherches au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et directrice du laboratoire Économix à l’université Paris-Nanterre.
Le financement de l’industrialisation de Mayotte se fera en partie par des aides économiques publiques.
Flash Info : Où en sommes-nous avec le projet de labellisation de Mayotte en territoire d’industrie ?
Nadine Levratto : Mayotte vient d’obtenir la labellisation « territoire d’industrie ». Pour faire simple, il s’agit d’un principe qui impose un binôme entreprises-collectivités locales. Le cas de votre île est un peu spécifique, en l’occurrence cinq intercommunalités qui ont choisi d’être représentées par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI). Cela signifie que le comité de sélection de la labellisation a considéré que le dossier mahorais était robuste, sachant qu’il y a toute une série de fiches actions formulées dans le cadre du dossier. Celles-ci portent sur différents secteurs dont l’énergie et l’agroalimentaire, qui sont viables localement puisque les ressources sont normalement nécessaires pour que le projet soit labellisé dans sa globalité. Maintenant, tout n’est pas fait, certains projets sont déjà mûrs tandis que d’autres sont encore à l’état d’idées. Il va falloir mobilier des ressources financières, humaines et productives pour mener à bien tous ces projets. Et j’espère que le livre blanc que nous sommes en train d’élaborer va contribuer à le faire.
F.I. : Comment pallier le manque de compétences locales dans un secteur aussi exigeant que l’industrie ?
N.L. : Chercher des compétences à l’extérieur est un palliatif à court terme, on manque de compétences et de main d’œuvre disponible pour des métiers dont on a besoin. Mais à moyen terme, il faut aussi former cette jeunesse mahoraise qui est très importante pour qu’elle puisse répondre aux besoins de développement du territoire. Cela passe par deux choses, d’abord la question des compétences de bases nécessaires pour s’adapter aux changements de métiers. On appelle cela les apprentissages fondamentaux. Et puis après les apprentissages de spécialités qui peuvent faire l’objet d’une formation initiale et aussi d’une en continu. Tout ce système de formation à multiples étages peut faire partie de l’affranchissement des entreprises locales à la main d’œuvre extérieure.
F.I : Quel est selon vous la meilleure manière de parvenir aux objectifs recherchés à travers ce livre blanc ?
N.L. : Je préconise que tout soit fait en même temps, car si on doit commencer par formaliser ce qui existe déjà et, après, une fois bien installée l’entreprise cherche à passer à une production plus écologique, ça va non seulement prendre du temps, mais finalement coûter plus cher avec plusieurs jeux d’adaptation à faire. La proposition que je fais est de tirer parti du fait que beaucoup de choses sont à construire pour les faire en suivant les règles d’une économie écologique en optimisant les flux de matières, en réduisant les consommations intermédiaires, en réalisant des économies d’eau et d’énergie de façon à ce que le coût de ces changements soit en partie absorbé par les économies qu’il permet de réaliser. Et puis après, il y a la responsabilité des acteurs publics (État, Département et collectivités locales) pour financer la transformation des entreprises au lieu de faire des financements qui parfois contribuent juste à la survie à l’identique de l’entreprise.
Je préconise la constitution d’un écosystème territorial. Il n’y a pas d’entité industrielle suffisamment grosse pour créer autour d’elle un réseau suffisant de sous-traitants, de co-traitants, dans un cadre de relations d’achats/ventes. À Mayotte, on est sur un territoire où de petites entreprises et des PME qui n’ont pour unique solution d’exister par la création de synergies, de complémentarités entre les entreprises existantes. Soit parce que justement l’un va fournir à l’autre les intrants dont il a besoin, et on va trouver un client pour assurer des débouchés, soit parce qu’on va se retrouver, à l’image d’un cluster, pour satisfaire ensemble une demande qui ne serait pas possible de servir pour une seule entreprise. Pour les petits territoires insulaires (ou pas), il faut renforcer les interrelations entre les entreprises au sein du territoire pour avoir un système productif plus cohérent, plus cohésif, et plus solidaire possible dans le but de se positionner sur des marchés en groupe plutôt que de se lancer dans des forces individuelles qui peuvent embarquer derrière d’autres entreprises. Là, il faut tisser des solidarités d’abord, d’où la notion d’écosystème productif pour ensuite pouvoir servir des marchés.
F.I. : Comment faire pour assurer un réel décollage d’une économie industrielle locale en ayant connaissance des handicaps propres à Mayotte ?
N.L. : Les handicaps listés sont structurels, on ne peut pas faire comme si l’étroitesse et l’insularité n’existent pas. Non seulement ça existe, mais c’est très prégnant, c’est très fort. Il y a là comme une conjonction astrale avec les assises, le fait qu’il y ait ce projet de reconquête industrielle à la fois au niveau national et européen et le livre blanc. Nous pouvons dire que les objectifs sont alignés, il y a une fenêtre de tir qui s’ouvre et qui finalement constitue une chance, il me semble qu’une telle convergence d’intérêts ne s’est présenté à aucun moment de l’histoire de Mayotte, le macro-européen, le portage local à travers le territoire d’industrie et le livre blanc qu’on est en train de faire pour peut-être essayer de saisir cette opportunité pour que dans dix ans, nous ne soyons pas là encore à dire que ça fait cinquante ans que rien de concret n’a bougé.
L’auteur des faits était absent à l’audience, ce mardi 12 mars. Le tribunal a décerné un mandat d’arrêt.
Âgé de 18 ans au moment des faits, un homme qui en a dix ans de plus aujourd’hui écope de cinq ans d’emprisonnement ferme dont un an avec sursis pour des faits de viols requalifiés en « agressions sexuelles » et commis entre 2013 et 2014 sur une jeune fille de cinq ans, dans la commune de Tsingoni. Il n’était pas présent à l’audience. Le tribunal de Mamoudzou a donc assorti cette décision d’un mandat d’arrêt.
« On juge des faits plus de dix ans après, des faits particulièrement graves et d’une complexité quasi nulle. Il ne s’est rien passé pendant neuf ans ! », gronde l’avocate en charge de la défense de la jeune fille, qui vit désormais en métropole. La voix de la robe noire résonne, mais demeurera sans écho. Tout le monde est d’accord pour dire que dix ans d’attente, c’est beaucoup trop long. La mère de famille qui a déposé plainte en janvier 2014 aurait probablement acquiescé. Elle n’a cependant pas fait le déplacement, tout comme l’auteur des faits, placé sous contrôle judiciaire après une année en détention provisoire.
Le jeune homme était jugé en son absence pour trois faits distincts commis sur la commune de Tsingoni. Outre des fellations, il avait imposé une pénétration à la jeune fille de 5 ans à l’époque. Les dix années d’instruction de l’affaire qui ont suivi auraient pu faire prendre « une tout autre direction » au dossier, assène encore l’avocate. Pour « viols sur mineur », Omar Chindra, qui avait quelques années plus tôt fait l’objet d’un signalement pour une autre agression sexuelle, encourait vingt ans de réclusion criminelle. Deux fois plus que ce qu’il risquait, ce mardi, à l’audience du tribunal correctionnel présidée par Virginie Benech.
Pour l’avocate des parties civiles, les trois faits reprochés au prévenu ne sont pourtant rien d’autres que des viols. « Le juge d’instruction le dit lui-même, c’est une correctionnalisation en opportunité ! ». Le tribunal a suivi de près les réquisitions du parquet, condamnant par défaut l’homme de 28 ans à cinq ans d’emprisonnement fermes dont un an avec sursis. Par ailleurs, il devra dédommager la jeune fille à hauteur de 20.000 euros au titre des dommages et intérêts. Il fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt.
La convention de partenariat entre l’État et le Département de Mayotte a été signée, ce lundi 11 mars, à Paris, entre Dominique Faure, ministre déléguée aux collectivités territoriales, Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, et Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental de Mayotte.
C’est un ministère qui suscite parfois des interrogations chez les Mahorais. Le Quai d’Orsay, siège des Affaires étrangères et européennes, a l’habitude de ménager la chèvre et le chou dans l’océan Indien, quitte à laisser Mayotte esseulée face aux revendications comoriennes. Cela devrait changer, espère le Département de Mayotte, qui vient de signer une convention à Paris, ce lundi.
Est-ce en raison de l’arrivée de Stéphane Séjourné, venu à Mayotte en 2023 en tant que patron du parti Renaissance (ex-La République en marche), qu’un avenir plus lumineux est entrevu pour l’archipel mahorais ? Celui qui est devenu ministre de l’Europe et des Affaires étrangères en janvier (avec la formation du premier gouvernement de Gabriel Attal) a reçu, ce lundi après-midi, le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, en marge des Assises de la diplomatie parlementaire et de la coopération décentralisée. Accompagné des conseillères Soihirat El Hadad (canton de Pamandzi) et Hélène Pollozec (Mamoudzou 3), ce dernier a décroché la signature d’une convention liant la collectivité à la diplomatie française, réalisant un vœu du comité interministériel des Outremer en juillet 2023, à savoir « associer les territoires ultramarins à la politique étrangère de la France » (mesure n°54). Le document signé a plusieurs volets. Il doit renforcer le dialogue entre les deux parties, avec la création « d’un comité d’intégration régionale de Mayotte », qui inclut aussi le ministère de l’Intérieur et des Outremer, ainsi que faciliter les échanges avec le corps diplomatique en poste dans la région sud-ouest de l’océan Indien.
Côté conseil départemental de Mayotte, on réalise ainsi un rêve en mettant en place le cadre stratégique de coopération d’action internationale, qui a vu le jour lors de la mandature précédente. Celui-ci avait deux objectifs, « promouvoir l’insertion du territoire dans son environnement régional » et « la reconnaissance internationale de l’île en tant que collectivité française et européenne ».Difficile de ne pas penser aux revendications territoriales venant régulièrement des Comores et qui plombent les relations diplomatiques dans la région. Le rapprochement avec le Quai d’Orsay est donc une aubaine pour Mayotte et Ben Issa Ousseni, qui y voit même un échange donnant-donnant. « Monsieur le ministre, nous sommes également convaincus que le réseau diplomatique aurait beaucoup à gagner à davantage s’appuyer sur Mayotte dans le cadre de ses interactions régionales. Les Mahorais sont au croisement de la culture française et de la culture swahéli, malgache et bantou. Nous développons des liens de coopération, des liens humains et économiques avec nos voisins malgaches, comoriens, tanzaniens, mozambicains et kenyans », fait valoir le président de la collectivité mahoraise.
Des ambassadeurs régionaux
Une deuxième convention doit permettre aux membres du conseil départemental de faire valoir les intérêts de Mayotte dans les officines diplomatiques de la région, tandis que trois représentants du Département prendront place respectivement à Maurice, Madagascar et au Mozambique. Pour ce dernier pays, par exemple, c’est le dramaturge et directeur de la bibliothèque départementale de Cavani, Alain Kamal Martial, qui est déjà nommé.
Un travail diplomatique régional devrait connaître son premier grand test, cette année. Le président du conseil départemental le rappelle d’ailleurs. Mayotte devrait accueillir la prochaine conférence de coopération régionale de l’océan Indien. « Je profite d’ailleurs pour vous remercier Monsieur le Ministre (N.D.L.R. le choix était fait avant la nomination de Stéphane Séjourné), avec vos services, de l’honneur que vous nous faites en organisant ce sommet de notre diplomatie à Mayotte ».Les canaux pour se parler étant officiellement ouverts, il faut désormais arriver à se comprendre.
En attendant les Nations unies ?
Ce n’est pas la première fois que le ministère des Affaires étrangères se montre plus enclin à aider Mayotte face aux revendications du pays voisin. Le 30 novembre 2023, Catherine Colonna, l’ancienne occupante du Quai d’Orsay, avait accepté l’idée d’une délégation mahoraise pour se rendre aux Nations unies.Dans une lettre envoyée aux élus mahorais, elle indiquait avoir demandé« à la Représentation permanente de la France auprès de l’Organisation des Nations unies à New York de vous apporter tout l’appui nécessaire à son organisation ». Régulièrement demandeur d’une telle initiative, le député mahorais Mansour Kamardine« s’en félicitait ».
L'aide exceptionnelle mise en place par l'Etat pour les entreprises mahoraises est prolongée.
« Au regard de la situation particulièrement difficile dans laquelle se trouvent les entreprises, l’arrêté du 8 mars 2024 prolonge et fait évoluer l’aide sur le mois de février 2024 », indique la préfecture de Mayotte ce mardi, concernant cette aide étatique mise en place avec la crise de l’eau.
Le versement sera réalisé par la direction générale des finances publiques pour les entreprises ayant déjà perçu le premier versement de l’aide pour la période de septembre à novembre 2023. Sans besoin d’aucune démarche complémentaire.
Le critère de prise en compte selon lequel les entreprises doivent avoir des dettes fiscales inférieures ou égales à un montant total de 1.500 euros est supprimé. « Au regard de la fragilisation financière que rencontrent les entreprises mahoraises », lit-on comme explication dans le communiqué de la préfecture.
Les entreprises concernées appartenant aux secteurs définis par l’arrêté du 25 octobre 2023 peuvent, dès ce 12 mars et jusqu’au 30 avril, déposer une demande d’aide pour la période de septembre à novembre, sur leur espace particulier numérique. « Les aides complémentaires leur seront versées automatiquement. »
Le réseau orange a été rétabli lundi, à 20 heures.
« Normalement tout est revenu à la normale. Le service est revenu lundi, à 20 heures », informe le service presse de l’opérateur Orange. Selon les explications apportées, les perturbations sur le réseau, sur les numéros courts, sont liées à une panne d’énergie. Celle-ci aurait entraîné des pannes successives des groupes électrogènes présents à Mayotte. « C’était exceptionnel mais on a solutionné le problème avec la mise en place d’un nouveau groupe électrogène », renseigne-t-il.
Lundi, une liste d’autres numéros avait été fournie afin de pouvoir pallier le problème et appeler les secours.
Une opération « massive de sécurité, conformément aux directives du préfet », François-Xavier-Bieuville, a eu lieu dimanche, à Iloni (commune de Dembéni), a communiqué la préfecture sur son compte Facebook. Ces opérations doivent avoir lieu chaque semaine afin de « sécuriser les quartiers », « identifier les délinquants » et « interpeller ». Pas de communication en revanche sur de possibles interpellations réalisées le jour-même.
Une panne est à l’origine de nombreuses perturbations téléphoniques ce lundi 11 mars, y compris sur les numéros d’urgence : 15 (police), 18 (pompiers) et 112 (urgences). Les différents services ont mis en ligne d’autres numéros de téléphone à composer : depuis un mobile SFR ou Only, le 06.39.69.41.78, et depuis un mobile Orange, le 06.39.55.70.44. Pour contacter le Samu, veuillez tenter ces numéros : 06.39.69.90.45, 06.39.68.21.01 ainsi que le 06.39.69.90.46.
Le réseau de transports scolaires, Halo’, géré par la société Transdev, a lancé, avec la rentrée des classes ce lundi, son concours Respect Halo’. À gagner pour les deux classes gagnantes, 1.500 euros. Une en catégorie collège, l’autre en catégorie lycée. Les inscriptions sont ouvertes du 11 mars au 8 avril, pour des groupes de minimum de six personnes ou en classe entière, et encadrés par un référent pédagogique. Le principe est de proposer une création sur le thème du respect et de la non-violence sur le réseau de bus, par le biais de la chanson, de la danse, des graffitis, un clip, un sketch etc. Les créations sont à déposer jusqu’au 24 mai. La remise des prix aura lieu le 25 juin. Les deux classes lauréates recevront les 1.500 euros pour un projet éducatif. Plus d’informations ici.
La Fédération Les Républicains de Mayotte prévoit de renouveler ses bureaux de section communale par un vote, le dimanche 14 avril. Ces nouveaux responsables auront « la charge de représenter nos valeurs, de défendre les intérêts de notre mouvement et décliner notre politique au niveau local », décrit le parti politique dans un communiqué de presse. Les postes de présidents, secrétaires et référents jeunes sont à pourvoir. Seuls les adhérents à jour de leur cotisation avant le 30 mars auront le droit de voter ou de se porter candidats. Plus de renseignements, par tél. au 06 39 69 76 32.
Et vous exposiez vos produits au palais de l’Elysée ? La Grande exposition du fabriqué en France revient cette année pour une mise à l’honneur de deux jours, à la fin du mois de juin. Entreprises, artisans, associations, producteurs et industriels engagés dans la fabrication française peuvent participer à cette quatrième édition. Les dossiers de candidature sont à déposer ici, jusqu’au 17 mars.
Une pré-sélection sera établie par les préfectures et un comité de sélection aura pour mission d’établir la liste des produits exposés. Ceux-ci « devront s’inscrire dans une démarche de production respectueuse de l’environnement, socialement innovante et utile au maintien d’un des savoir-faire régionaux et au développement économique local », lit-on sur le site internet de l’Elysée.
En 2023, plus de 9.000 visiteurs ont pu découvrir plus de 120 produits exposés, issus de tous les territoires français.
Ali Omar, le troisième vice-président du conseil départemental de Mayotte, en charge de l'administration générale, des transports, et de la transition écologique, a réceptionné ce lundi les travaux de la première phase du chantier de Dzaoudzi.
Un parking flambant neuf est désormais en service quai Issoufali à Dzaoudzi. Il permet un basculement des véhicules utilitaires et des taxis pour libérer les pourtours immédiats de la gare maritime et le démarrage de la deuxième phase du chantier démarré en octobre 2023. Malgré cinq semaines de mouvements sociaux sur l’île, l’entreprise Colas a été capable de respecter les délais de réalisation. Près de cent places de parking sont disponibles depuis ce lundi.
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Un total de cent places de parking sont désormais disponibles sur le front de mer de Dzaoudzi.
Une nouvelle gare maritime est programmée sur le quai Issoufali.
Ali Omar avait le sourire ce lundi matin. Flanqué de son principal collaborateur, Anli Maandhui, d’Ahmed Soilihi (chargé d’études ingénierie à la direction de l’aménagement au département), et de plusieurs journalistes, le troisième vice-président du conseil départemental de Mayotte, en charge de l’administration générale, des transports, et de la transition écologique est venu sur place, à Dzaoudzi, constater l’état d’avancement de ce chantier prévu pour durer un an et relever d’éventuelles observations. « Nous réceptionnons la première phase de ce chantier et sommes satisfaits de constater que les travaux sont menés à bien malgré la crise sociale et les difficultés que l’île a connu récemment », a déclaré l’élu du canton de Dzaoudzi-Labattoir.
Il a annoncé le démarrage immédiat de la seconde tranche des travaux et s’est dit content pour la population locale qui va pouvoir bénéficier d’un service public gratuit et d’un grand parking à la hauteur de ses attentes. Outre la physionomie des lieux, l’achèvement de ces premiers travaux permet en effet aux usagers de disposer de 70 places de parking pour les véhicules de tourisme et utilitaires et 30 places dédiés aux taxis-villes, dans un parfait ordonnancement, une maîtrise des écoulements d’eaux pluviales, un éclairage dernier cri et un système de sécurité inédit via un réseau de caméras de surveillance (sous gestion communale). « C’est cela l’avantage dont va pouvoir bénéficier aujourd’hui la population, le nouveau service est incontestablement de meilleure qualité que ce qui a existé avant. L’enrobé remplace une chaussée trouée partout et non éclairée », a renchéri Ali Omar.
Davantage de sécurité pour les usagers
Élément nouveau et remarquable dans ce nouveau dispositif en place quai Issoufali, une voie spécifique (depuis la route nationale) pour les véhicules devant emprunter les barges. En d’autres mots, c’est l’équivalent en véhicules du contenu de deux barges qui sont soustraits du trafic habituel sur la nationale, offrant ainsi davantage de sécurité aux usagers de la route en direction du quai Ballou et de la gare maritime. Dans la foulée, la deuxième phase du chantier a tout naturellement démarré dès réception des premiers travaux. Elle va porter sur une amélioration de l’ancien emplacement réservé aux taxis avec des équipements réservés au profit de la gendarmerie, de la CCI (Chambre de commerce et d’industrie), la DTM (direction des des transports maritimes, ex-STM). Il est également programmé un accès particulier pour les véhicules citernes de Total qui ravitaillent le réservoir de carburant à destination des plaisanciers, des barges et autres embarcations.
Une fois ces nouveaux travaux achevés, le chantier se poursuivra avec la réfection de l’embarcadère afin de sécuriser le stationnement des barges et des amphidromes. « Des emplacements sont prévus du côté de centre de formation maritime pour les bus, sachant qu’en parallèle, nous travaillons sur un grand projet à Foungoujou pour les lignes de bus interurbains. Cette phase 2 est à considérer comme provisoire, aux seules fins de favoriser la réalisation prochaine de ce grand projet d’une enveloppe budgétaire de quarante millions d’euros », a précisé le vice-président du Département.
« Éviter le stationnement ici »
Par ces travaux, la collectivité départementale ambitionne de décongestionner le trafic routier sur le Rocher de Dzaoudzi en incitant la population à recourir au maximum au transport collectif. À terme, Dzaoudzi ne sera plus traversable que par les véhicules en direction ou en provenance de la Grande-Terre via le quai Ballou. « Il est impératif d’éviter le stationnement ici, nous savons que le parc automobile de Mayotte augmente chaque année de 10%, ça fait beaucoup et nous n’avons pas les équipements suffisants étant donné que le transport collectif n’est pas encore en place. Je suis en charge de ce dossier et nous y travaillons activement, dans l’espoir de pouvoir le matérialiser dans un délai de trois ans. »
Ali Omar insiste sur la gratuité du stationnement sur ce nouveau parking de Dzaoudzi dont la gestion sera ultérieurement cédée à la commune. « Il appartiendra bien sûr à cette dernière de suivre l’esprit du Département en continuant à offrir un service gratuit à la population. » Il a évoqué les navettes gratuites (au profit des usagers des barges qui ne peuvent plus stationner leurs voitures sur place) mis en place par le Département en octobre 2023 au moment du démarrage des travaux, celles-ci ont vocation à cesser aussitôt que le chantier sera terminé.
Il a également souligné que l’enveloppe budgétaire de huit millions d’euros initialement affecté à ses travaux ne devrait pas (ou très peu) être dépassée.
Le quai Issoufali fermé pour six mois à partir de mai
D’un point de vue technique, l’ensemble de ces travaux prévus à Dzaoudzi portent sur un marché de réhabilitation des deux quais gérés par la DTM, Issoufali et Ballou. Pour se faire, les services du département ont dû réfléchir sur la manière d’accéder à ces infrastructures. Une voie d’accès spécifique aux barges a émergé de cette réflexion. Bien que mise en service également ce lundi matin, celle-ci n’est pas complètement achevée, la chaussée devant être rehaussée. Les longues files d’attente le long de la route nationale ont disparu, de même que les embouteillages, les conducteurs font la queue à l’intérieur du périmètre de ce nouveau parking. Autrefois soumis continuellement aux effets des marées, ce parking a vu son niveau rehaussé pour empêcher une détérioration rapidement. Des enrochements ont été apportés et un nouveau mur de rehaussement protège désormais le parking des effets des marées. La route d’accès aux barges sera prolongée dans un délai supérieur à un mois. Vers la fin du mois de mai, les travaux en cours quai Ballou devraient également s’achever pour permettre la réouverture de cet équipement à la circulation des personnes et des véhicules. Inversement, c’est le quai Issoufali qui sera, à son tour, complètement fermé pour six mois. Des interventions similaires à celles menées en ce moment quai Ballou y seront menées.
L’association l’Arche d’Hélios regroupe plusieurs chiens par cage lorsque cela est possible.
Face à la recrudescence des chiens errants à Mayotte, l’association l’Arche d’Hélios s’évertue à les sortir de la rue en les faisant adopter, notamment dans l’Hexagone. Alors que la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, a annoncé que des arrêtés seraient pris pour euthanasier ceux élevés par les délinquants, l’association affirme qu’elle peut offrir une alternative, si on lui en donne les moyens.
Jappements et miaulements se font entendre sur le parking de l’aéroport Marcel-Henry, à Pamandzi, ce jeudi. Ils sont cinq chiens et cinq chats prêts à prendre l’avion pour l’Hexagone. Alors qu’ils erraient il y a encore quelques temps dans la rue, l’association l’Arche d’Hélios les a recueillis et a organisé leur départ vers leurs familles d’adoption. « On les identifie, on les puce, on les soigne, on les stérilise et on les vaccine avant d’organiser leur voyage », liste la présidente de l’association, Sandrine Klein, qui attend les animaux à Paris avec les familles adoptantes. Chez elles, à Mayotte, il lui est déjà arrivé d’avoir plus de vingt chiens et chats chez elle, sauvés de la rue ou de l’abandon.
Généralement, les animaux sont envoyés chez des familles d’accueil ou adoptives dans l’Hexagone. Cette fois-ci, presque tous les animaux ont déjà été adoptés.
Pour ce départ, c’est Katya Julvez qui coordonne l’opération depuis Mayotte. « C’est une grosse organisation car on a des familles d’accueil qui viennent de Grande-Terre et d’autres de Petite-Terre », décrit-elle. Ce jeudi, un peu moins de dix familles d’accueil sont réunies pour dire au revoir aux animaux qu’elles ont accueilli chez elles, parfois depuis plusieurs semaines, voire mois.
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L’association a droit à cinq cages par avion. Chaque billet par cage coûte 200 euros.
La présidente de l’association l’Arche d’Hélios, Sandrine Klein, à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, à Paris, à l’arrivée des animaux partis la veille de Mayotte.
Coralie a accueilli vingt chiens et vingt chats depuis un an et demi.
Les chiens sont identifiés, vaccinés et stérilisés, s’ils sont en âge de l’être, avant leur départ.
Ils sont un peu moins de dix bénévoles à accompagner les animaux à l’aéroport.
« Des chiens coincés dans des barbelés »
De leur côté, Alex et Coralie en sont à vingt chiens et vingt chats accueillis depuis qu’ils sont arrivés à Mayotte, il y a un an et demi. « On en retrouve pendus à des grillages, d’autres coincés dans des barbelés », relate Alex. « Pour certains, je n’ai jamais vu un état de maigreur pareil, ça fait mal au cœur », décrit Coralie. L’organisme est également appelé par des personnes souhaitant se débarrasser d’animaux qu’ils ont recueillis un temps.
Depuis le 1er janvier 2024, la structure, créé en 2022, a procédé au sauvetage de 104 animaux, contre 30 sur la même période l’année dernière. « Cela montre que les gens ont compris qu’on était efficaces », affirme la présidente de l’association, dont le réseau compte une cinquantaine de familles d’accueil.
Et en effet, l’organisation est bien rodée. Les bénévoles à peine arrivés à l’aéroport, les animaux sont dispatchés dans les cages et regroupés selon leur caractère. « On n’a droit à cinq cages par avion, mais on peut mettre plusieurs animaux par cage », explique Katya Julvez. L’association y a tout intérêt : si jusqu’à la fin de l’année dernière le billet d’avion par cage était de 75 euros, il est récemment passé à 200 euros.
60.000 euros dépensés en 2023
Des coûts qui s’ajoutent à ceux déjà supporté par l’organisme pour les soins et l’accueil. « L’année dernière, les dépenses se sont élevées à 60.000 euros, dont la moitié en apport personnel de ma part », explique Sandrine Klein. Jusque-là, l’Arche d’Hélios ne perçoit que 5.000 euros de subvention par an pour les stérilisations. « Chaque commune doit normalement avoir une fourrière. Or, il n’y en a qu’une seule sur Mayotte. On fait donc le travail qui devrait être fait par ces dernières. Si chaque commune dans lesquelles nous récupérons des animaux nous aidait à hauteur de 5.000 euros, ce serait suffisant pour que nous ayons un local », détaille la présidente de la structure qui repose sur le temps et les dons des familles d’accueil.
De son côté, la présidente de l’Arche d’Hélios juge cette mesure « inadmissible ». « Au lieu d’aider les associations, on fait ça. Nous on arrive à placer tous les chiens qu’on recueille. Dernièrement, j’en ai eu deux qui ont été arrachés à des délinquants qui mènent maintenant une belle vie en métropole », dénonce celle qui aimerait pouvoir éduquer les jeunes à s’occuper et élever correctement des chiens dans un grand projet de centre dédié à l’accueil d’animaux. « On ne demande pas à ce qu’on nous paye tout, mais qu’on nous aide, ne serait-ce qu’à trouver un local. » Pour l’heure, après plusieurs vérifications, aucun arrêté préfectoral n’a encore été pris pour autoriser l’euthanasie des chiens errants utilisés comme armes par les délinquants.
Avant le grand départ, tous les passeports des animaux sont rassemblés. Pour Coralie et Alex il est temps de dire au revoir aux compagnons à quatre pattes qu’ils ont amenés jusqu’ici. Le vendredi matin, Sandrine Klein les attends à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, à Paris, avec des familles d’accueil et adoptives venues des quatre coins de France pour leur offrir une nouvelle vie, loin des rues de Mayotte.
Abchi Ben et Abel patrouillent quotidiennement au sein des quatre communes dans lesquelles la brigade de gendarmerie de Sada intervient. Certaines sont très éloignées les unes des autres. Il faut par exemple une quinzaine de minutes en voiture pour rejoindre le village de Combani depuis Sada.
Sécurité routière, patrouilles de proximité, interventions, prises de renseignement… Les missions des gendarmes départementaux sont nombreuses à Mayotte. Nous avons pu suivre pendant une matinée deux militaires affectés à la brigade de gendarmerie de Sada. Reportage.
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La sécurité routière fait partie des missions des militaires, fréquemment appelés pour des constatations sur les lieux des accidents.
Les gendarmes, aux côtés des sapeurs-pompiers, récupèrent la moto accidentée afin qu’elle soit embarquée par une dépanneuse.
Le portail de l’école maternelle du village Barakani, dans la commune de Ouangani, a été dégradé, vendredi dernier.
Il est un peu plus de 7h, ce vendredi matin, à la gendarmerie de Sada. Le major Franck Martinelli, commandant des 24 militaires affectés à la brigade locale, est en bout de table, dans le réfectoire. Le ton est amical et l’ambiance plutôt familiale au petit-déjeuner. A la tête de la brigade depuis décembre 2022, le commandant est fier de nous présenter les hommes et femmes chargés du maintien de l’ordre dans cette brigade qui rayonne sur quatre communes : Tsingoni, Ouangani, Chiconi et Sada, pour une superficie cumulée évaluée à 72 km2. Ce vendredi matin, nous embarquerons avec deux gendarmes locaux. Abdel, neuf ans de gendarmerie dans les jambes et un concours d’officier de police judiciaire passé avec succès il y a un an, et Abchi Ben, affecté à Mayotte après trois années en tant que gendarme mobile dans l’Île-de-France, nous emmènent sur une de leur patrouille de prévention quotidienne.
Pas de « train-train »
8h10. Le talkie-walkie d’Abdel grésille pour la deuxième fois. Alors que les deux gendarmes s’apprêtaient à partir en direction du village de Barakani, dans la commune de Ouangani, leur présence est sollicitée quelques kilomètres plus loin sur un accident de la route entre Miréréni et Vahibé. Il s’agirait d’un « choc frontal » entre un véhicule léger et un deux-roues, selon les premiers éléments communiqués. En parallèle à la sécurisation nécessaire des lieux sur cette route très fréquentée le matin, les deux gendarmes veulent arriver au plus vite sur place pour faire souffler le conducteur. Les accidents sont fréquents, et souvent imputables à la consommation d’alcool, dans le secteur. Mais, même pied au plancher, quinze longues minutes de trajet seront nécessaires pour rejoindre la scène, où le Smur (Structure mobile d’urgence et de réanimation) et les pompiers sont déjà présents.
Au beau milieu de la route, un homme gît au sol. Sur place, un témoin interpelle les gendarmes et raconte des brides de circonstances : la voiture impliquée aurait dévié de sa trajectoire et le pilote du deux-roues n’a pu l’éviter. Le jeune homme, en arrêt cardiaque dans un premier temps, s’en sortira : un pompier volontaire est parvenu à la réanimer avant l’arrivée des secours. L’écart qui a conduit à la collision n’est pas dû l’alcool, comme le révèlent les résultats de son éthylotest. Sous le choc, l’homme, qui se rendait au travail, fournit ses documents d’identité aux deux gendarmes. Après ces constatations et pendant une heure environ, les militaires et la police municipale de Tsingoni se chargeront de réguler la circulation afin de faciliter le départ des secours et l’arrivée de la dépanneuse pour emmener le scooter.
Une fois la voie dégagée, Abdel et Abchi Ben prennent la direction de Barakani afin de constater des dégradations sur le portail de l’école maternelle. Si l’établissement est équipé d’un dispositif de vidéosurveillance, le parvis et l’équipement sportif extérieur – un complexe presque neuf avec un terrain de basket et un autre de football – échappent aux caméras. Difficile de comprendre le sens des quelques mots et abréviations « graffés » en noir sur le portail. Abchi Ben demande à un jeune présent à proximité s’il a vu les auteurs. On n’en saura pas plus sur le modus operandi. L’œuvre illicite est prise en photo et le cap est mis sur la plage de Sohoa, à Chiconi, un autre « point sensible » où les gendarmes sont fréquemment appelés.
On passe de l’accident aux dégradations, puis à la patrouille plus classique. Il n’y a pas de « train-train ». C’est ce qui plaît à Abchi Ben. Le jeune gendarme affectionne ces patrouilles et le contact avec la population. Comme Abdel, sa maîtrise du shimaore et du shibushi lui permet d’échanger facilement avec les habitants et donc de prendre des renseignements utiles pour les enquêtes. Il faut dire que l’omerta fait parfois obstacle à la manifestation de la vérité. « Pendant un moment, j’ai beaucoup ressenti cette culture du silence à Miréréni », souligne-t-il. Depuis une dizaine d’années, un conflit perpétuel oppose les bandes de jeunes à des groupes du village voisin, Combani. L’unique motif rationnel qui permettrait d’expliquer les causes de ce divorce inter-villages repose sur des explications géographiques. Les habitants de Miréréni viennent dans leur grande majorité de l’île d’Anjouan, quand ceux de Combani sont originaires de Grande Comore. Dans leur discorde, les assaillants trouvent toutefois des projets communs : ils parviennent très souvent à créer un semblant d’union pour caillasser les gendarmes appelés pour les séparer.
« Il y a toujours un meneur »
Pour Abdel et Abchi Ben, ces bandes disposent d’une hiérarchie clairement établie. « Dans tous les villages où on est « emmerdé », il y a toujours un meneur », décrit le premier. En communiquant sur les réseaux via des groupes, l’adversaire se réarticule et fait même appel à des renforts pour mettre en difficulté les gendarmes. « Ils ont l’avantage du terrain et sont très mobiles », rajoute Abchi Ben. Dans les autres communes chapeautées par la brigade, la plupart des caillassage signalés prennent pour racine des motifs plus futiles les uns que les autres. « Ça peut partir d’un regard de travers dans une cour d’école », prend pour exemple Abdel. Récemment, des affrontements violents ont opposé des jeunes collégiens de Kahani à d’autres élèves de Ouangani.
Les enquêtes déclenchées après coup sont souvent semées d’embûches. Les gendarmes doivent par exemple composer avec le silence des témoins qui ont peur des représailles. « S’il y a une agression à Miréréni et que personne n’appelle la gendarmerie ou vient déposer plainte, on ne peut pas être au courant. Quand on passe sur place, des gens nous interpellent parfois, sans savoir que nous n’avons pas été informés », illustre Abdel. Pourtant, des boucliers juridiques existent. « Les gens peuvent, par exemple, témoigner anonymement, c’est-à-dire sans que leur identité soit dévoilée dans la procédure », souligne Abchi Ben.
Cette année, en plus des enquêtes autour des vols et des violences qui prennent lieu et place dans son rayon d’intervention, la brigade de gendarmerie de Sada va poursuivre la lutte contre « les complicités locales » de l’immigration irrégulière. « Toute une économie souterraine est mise en place », déplore Franck Martinelli.
Pour cela, l’arrivée prochaine d’une brigade de gendarmerie à Combani (tandis qu’une autre sera à Dzoumogné), prévue en mai, devrait permettre aux gendarmes affectés à Sada de se pencher davantage sur ces enquêtes plus complexes.