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Discrimination et racisme, la triste réalité des Mahorais à La Réunion

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La communauté mahoraise est très présente sur l’île de La Réunion et son quotidien n’est pas tout rose. Les conflits entre Réunionnais et Mahorais sont bien réels, et les relations entre les deux communautés sont électriques. Bon nombre de Mahorais qui ont habité sur l’île ou qui y sont encore tiennent le même discours : ils ne sont pas les bienvenus chez nos voisins.

Amina Lihadji Djoumoi a quitté Mayotte, son île natale, alors qu’elle n’avait que 15 ans. Comme beaucoup de personnes de sa génération, ses parents l’ont envoyée à La Réunion afin qu’elle ait une meilleure scolarité. Presque 30 ans plus tard, Amina, n’est jamais rentrée définitivement chez elle. Elle passera toute sa vie d’adulte sur cette île qu’elle considère également comme chez elle. Elle y a eu ses enfants, y travaille et a tout fait pour s’intégrer… Mais la mère de famille est consciente que cela ne suffit pas. “On dit souvent que les Mahorais ne sont pas intégrés, alors que la plupart des gens de ma génération le sont parfaitement. Et malgré, cela il y a encore beaucoup de racisme contre nous. Tous les jours, quand je passe devant un bar, je me fais insulter”, dénonce-t-elle. Dans sa famille, Amina n’est pas la seule à subir de telles agressions. Sa fille a dû démissionner de son travail à La Poste car elle ne supportait plus la pression quotidienne. “C’est une jeune femme moderne, elle ne porte même pas le foulard et pourtant, elle se faisait insulter tous les jours parce qu’elle est Mahoraise. Elle me disait qu’il y avait trop de racistes”, affirme la mère.

La vidéo de la collégienne qui se fait agresser par un groupe de jeunes filles identifiées comme des Mahoraises n’a fait qu’empirer les choses. Conséquence : toute la communauté a été pointée du doigt. “Cet événement a été une occasion pour les Réunionnais de pouvoir exprimer toute la haine qu’ils ont envers les Mahorais”, selon Annabelle, une Mahoraise qui a vécu quelques années sur l’île où elle dit ne plus vouloir y retourner. Elle y a passé deux ans, lors de ses études supérieures, et en garde de terribles souvenirs… “C’était une mauvaise expérience pour moi. On ne m’a jamais agressée personnellement parce que physiquement je ressemble à une Réunionnaise, mais je ne peux pas supporter leur mentalité”, fait-elle savoir. Annabelle aurait assisté à des scènes qui l’ont choquée et qu’elle n’arrive toujours pas à comprendre. “À plusieurs reprises, des Réunionnais insultaient des Mahorais devant moi. Ça a été le cas par exemple avec la mère de mon ancien compagnon, ou même dans la rue.” La jeune femme a particulièrement mal vécu ses années à La Réunion car elle était également rejetée par les Mahorais qui la croyaient Réunionnaise. “C’était la double peine pour moi, et j’étais seule. Les étudiants mahorais ne voulaient pas me parler. J’ai dû montrer ma pièce d’identité pour qu’ils me fassent un peu plus confiance”, raconte-t-elle.

 

Les origines du malaise

 

Ce conflit entre Mahorais et Réunionnais n’est pas récent, et Amina Lihadji Djoumoi qui est également porte-parole du collectif Ré-MaA (Résistance Réunion/Mayotte en Action) explique cela par l’afflux de Mahorais qui se rendent chez nos voisins pour bénéficier des minima sociaux. “Ils disent que nous venons pour la CAF et autres avantages sociaux. Oui c’est vrai, parce qu’on n’a pas droit à tout cela chez nous. Mais ce n’est pas une raison pour nous traiter comme ils le font. On n’est pas des immigrés, on est aussi Français”, clame-t-elle. Le comportement des Mahorais serait également source de conflit. Ces derniers commettraient des délits, et ne respecteraient pas l’île dans laquelle ils sont accueillis. Baliverne, assure la porte-parole du collectif. “Tout ça, ce sont des faux débats parce que dans toutes les communautés, il y a des brebis galeuses et des gens bien élevés, y compris chez les Créoles.
Selon Annabelle, le fait que les Mahorais ne s’adaptent pas à la culture réunionnaise joue également en leur défaveur. “Je voyais dans le bus, dans les rues, des femmes habillées avec un salouva et leur msindzano. Elles étaient les seules à être habillées de la sorte, donc forcément, tout le monde les regardaient mal. On a beau dire que c’est la France, mais on n’est pas chez nous là-bas.” Les conditions dans lesquelles vivent les Mahorais à La Réunion font étrangement penser à ce qu’il se passe à Mayotte. “Là-bas, les Mahorais se comportent comme les Comoriens d’ici”, constate Annabelle. Un point de vue partagé par Amina Lihadji Djoumoi. “Il est vrai qu’il y a des familles mahoraises qui laissent leurs enfants traîner dans les rues comme les Comoriens à Mayotte. Tout cela parce qu’elles vivent dans des situations précaires, dans des petits appartements qui ne sont pas adaptés à leurs familles nombreuses.” Malgré tout, Amina n’a pas l’intention de rentrer à Mayotte. “J’y retournerai si j’en ai réellement envie, pas parce que certains racistes me poussent à le faire !”, soutient-elle.

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