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À Mayotte, les secouristes crient au secours

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Le viol est un mal invisible, et à Mayotte on profite de cette invisibilité pour ne pas en parler. Dans une société où le sexe est tabou, les victimes d’agressions sexuelles sont trop souvent réduites au silence. Cependant, les langues commencent à se délier, et les victimes veulent désormais se faire entendre malgré les nombreuses barrières qu’elles doivent franchir.

Pauvreté : La dichotomie mahoraise

Le chiffre est l’un des plus parlants pour décrire la situation de Mayotte. Régulièrement employé, il va désormais changer. La part de la population vivant sous le seuil de pauvreté national passe en effet de 84% à 77%. Une baisse qui ne doit pas masquer une autre réalité : les inégalités de vie se sont creusées.

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C’est un ras-le-bol qui a poussé les demandeurs d’asile africains à manifester ce lundi 20 juillet devant la mairie de Mamoudzou. Ils réclament de meilleures conditions de vie et une meilleure prise en charge de la part des associations et de l’État, mais les moyens mis à disposition à Mayotte ne sont pas suffisants. 

Alors qu’un torrent de violence s’abat sur l’îe, les secouristes sont dans l’incapacité de ve-nir en aide à la population par peur des hostilités. Témoin malheureux de l’attaque perpé-trée à Combani envers les agents du SMUR, les pompiers et la gendarmerie, Nourddine Mkadara, nous plonge au coeur de cette nuit cauchemardesque qui hante désormais le corps médical mahorais. Du haut de ces 7 années d’expériences au SMUR (service mobile d’urgence et de réanimation) du centre hospitalier de Mayotte, l’ambulancier polyvalent de 40 ans nous livre les détails de l’intervention qui a failli lui coûter la vie.

Flash Info : Dans quelles conditions ont eu lieu l’agression ?

Nourddine Mkadara : C’était dans la nuit du samedi au dimanche 2 août, j’étais de garde. L’appel est déclenché à 1h du matin au sujet d’une agression à l’encontre de trois hommes dans le restau-rant « les artistes » à Combani. D’après les témoins, le passage à tabac résulte d’une pénurie de sandwich. Notre escouade, composée d’un médecin, d’une infirmière, et moi en tant que chauffeur, partait alors immédiatement à leur rescousse. Une fois sur place, les lieux étaient vides à cette heure tardive de la nuit, aucun danger n’était donc à présager. Dès lors, deux dames nous indi-quent l’emplacement des victimes. Avant que nous intervenions, j’ai souhaité faire une vérification des lieux afin de prévenir mes collègues en cas de danger. J’ai été le plus à même à le faire puisque j’habite le village.

Sur la scène du drame, c’était un bain de sang. Deux hommes ensanglantés, le premier assis sur une chaise, le second inconscient au sol et un autre avec des blessures mineures qui a pu rentrer chez lui. C’est à ce moment que je donne le feu vert à mon équipe pour initier les premiers soins. Cinq minutes plus tard, les gendarmes et deux VSAV (véhicule de secours et d’assistances aux victimes) arrivent. Logiquement, ils devaient être sur les lieux bien avant nous qui venions de Ma-moudzou puisque la caserne est à Kahani. Mais les pompiers avaient la consigne stricte de ne pas intervenir sans la brigade de la gendarmerie de Sada.

Il faut savoir que nous sommes des urgentistes non habilités à transporter des patients car notre véhicule est un 4X4 uniquement équipé du matériel médical. Une fois les blessés stabilisés, la prise en charge par les pompiers est enclenchée. Prêt à intervenir en cas de pépin, nous escor-tons les VSAV jusqu’au CHM.

À peine la première ambulance prête à partir, un bruit retentit. Des projectiles sont lancés en notre direction. Les assaillants, à visage découvert dans le premier acte, reviennent cette fois-ci cagou-lés, armés de pierres, de bâtons et de parpaings. Une dizaine de jeunes, âgé entre 12 et 15 ans. Ils saccagent le véhicule du SMUR et le second VSAV, le matériel médical détruit à même le sol. Le chauffeur est allé se réfugier au RSMA (régiment du service militaire adapté). Je suis resté im-puissant face à cette scène d’horreur. Gendarmes, pompiers et soignants, tous étions encerclés tout en étant caillassés. C’est à l’arrivée des renforts de la police municipale que les délinquants se sont enfuis. Bilan : le véhicule du SMUR est hors d’usage, idem pour celui de la gendarmerie.

FI : Quelle a été votre réaction à la suite de cet incident ?

N. M. : Le lendemain de l’incident, une réunion d’urgence s’est organisée entre le personnel soi-gnant, médecins, infirmiers, ambulanciers et l’équipe du SMUR. La direction en a été informée. Nous avons abordé la question des conditions de travail et l’absence de communication de la di-rectrice du CHM, Catherine Barbezieux.

J’ai demandé personnellement à la rencontrer, elle qui est restée muette vis-à-vis de ce drame alors même que les médias en parlent. Je souhaite pouvoir lui partager ces souvenirs horribles qui m’empêchent de dormir, qui sont les causes de mes cauchemars, de mon traumatisme. Et je ne suis pas le seul dans ce cas. Sollicitée depuis la réunion du 3 août jusqu’à présent, elle n’a tou-jours pas daigné nous recevoir.

FI : Quelles sont vos revendications à l’heure actuelle ?

N. M. : Dans un premier temps, il y a un sévère manque de moyen. Les de 4×4 du SMUR sont hors d’usage, nous avons un vieux minibus qui a été équipé de manière à pouvoir continuer à ai-der les Mahorais. Cependant, étant donné la qualité des routes dans l’ensemble de l’île, il y a des zones inaccessibles dans lesquelles il est impossible d’intervenir. Donc nous voulons déjà les moyens d’être opérationnels. Ensuite, nous avons demandé à ce qu’il y ait les forces de l’ordre lors de chaque intervention afin de travailler en toute sérénité car il est inconcevable de se faire agres-ser dans l’exercice de notre fonction. C’est malheureux parce que dans ce métier, le temps sauve des vies. Dorénavant, il va falloir attendre que la zone soit sécurisée pour agir.

FI : Comment est l’atmosphère au sein du personnel hospitalier ?

N. M. : Sincèrement ? La peur règne ! Dès qu’un appel est dirigé vers nous, le premier réflexe est de s’informer sur le lieu. Tout le territoire représentant un risque, nous prenons notre courage à deux mains et nous lançons les gyrophares. Cependant, quand l’intervention fait suite à une agres-sion, nous faisons volte-face. Les sonneries du téléphone provoquent désormais une panique to-tale dans nos rangs. Malgré tout, nous sommes obligés de faire notre boulot, car les gens ont be-soin de notre aide. Il est hors de question d’abandonner la population. Des vies sont en jeu.

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