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Mayotte n’est pas épargnée par la guerre mondiale des masques

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Entre la lutte sans merci qui se joue sur le marché des protections en ces temps de pandémie, et les priorités du secteur médical, les entreprises privées et services de proximité sur l’île aux parfums, bataillent sans relâche pour obtenir leurs commandes de masques.

“Far west”, “jungle”, “loi du plus fort”… Les expressions pour qualifier la situation ubuesque qui agite le marché mondial des masques ne manquent pas, chez les commanditaires et chez les médias qui s’en font le relais. Épisode révélateur de cette pagaille généralisée : le rachat, par un intermédiaire américain, d’une commande faite par le président de la région Provence Alpes Côte d’Azur, il y a une semaine. Directement sur le tarmac en Chine, et en cash qui plus est ! Pas de doute, la situation est inédite. Détournement de palettes, vente au plus offrant, depuis, les accusations vont donc bon train entre puissances étatiques, parfois même alliées. Et dans le 101ème département, institutions publiques et entreprises privées ne sont pas épargnées par cette guerre des masques. “Ce qui bloque, c’est la pénurie mondiale, toutes les entreprises se ruent sur les mêmes fournisseurs, et nous ne faisons pas exception”, souligne Frédéric Guillem, le directeur régional de Vinci à Mayotte.

Au risque de souffler sur les braises, l’accalmie n’est malheureusement pas pour tout de suite. Au contraire, le combat est devenu encore plus féroce ces derniers jours, alors que l’Union européenne a assoupli la réglementation pour les achats vitaux, le matériel médical ou les médicaments. Depuis, tout le monde vient toquer aux mêmes portes, de Vinci au conseil départemental de Mayotte en passant par l’Allemagne et les États-Unis. Comment expliquer la ruée vers ce nouvel or, blanc ou bleu ? La propagation du virus, qui touche désormais 180 pays bien sûr. La délocalisation d’une partie importante de la production des protections sanitaires en Chine, depuis les vingt dernières années, est sans doute, aussi, un facteur aggravant dans cette situation de pénurie. Le gouvernement en a d’ailleurs conscience et c’est pourquoi de vieilles usines françaises à l’arrêt pourraient reprendre du service. Mais même avec la fin de la réquisition des masques d’importation, décidée par décret du 20 mars, pas sûr que cela ne suffise pour réapprovisionner tout le monde. Les fournisseurs habituels de Mayotte, Symbiose médical et Mahonet, entreprises de matériel professionnel, médical ou d’hygiène, sont d’ailleurs toujours à sec.

Des entreprises en attente de leurs commandes

Or certains secteurs à Mayotte, qui tournent encore malgré le confinement, s’en trouvent particulièrement handicapés. Et c’est notamment le cas pour les sociétés de construction, dont certaines, comme Vinci ou IBS, ont d’ailleurs fait un don de masques au CHM au début de l’épidémie. Et se retrouvent donc désormais sur la paille… “On traite le sujet au cas par cas avec les maîtres d’ouvrage, certains travaux peuvent continuer en appliquant les gestes barrières, mais il faut reconnaître que tout est très ralenti sur le bâtiment”, constate Frédéric Guillem. D’autant plus qu’après le bras de fer engagé entre les fédérations professionnelles et les ministères de la Santé et du Travail, un guide des bonnes pratiques a été publié le 3 avril et oblige désormais les entreprises de BTP à fournir leurs employés en matériel de protection. “Nous sommes en train de nous organiser pour faire venir par fret aérien des masques et d’ici la semaine prochaine, cela devrait nous permettre de reprendre très progressivement notre activité”, explique Julian Champiat, le président de la Fédération Mahoraise de Travaux Publics (FMBTP). En tout, il évalue à près de 150.000 masques FFP2 la commande passée pour l’ensemble du secteur. Un achat qui a été rendu possible d’après lui car “deux grosses entreprises dans notre fédération bénéficient de moyens logistiques et de réseaux”. Et du côté de Vinci, on nous confirme en effet avoir pu passer commande, avec Colas, de “60.000 masques chacun”.

Reste qu’entre la commande et la livraison, il y parfois un monde, ces temps-ci, comme nous l’avons expliqué plus haut. Et même si les stocks sont disponibles en métropole, encore faut-il pouvoir les acheminer jusqu’au 101e département. “Nous attendons la livraison par un vol Air France vers la Réunion, puis en fret militaire jusqu’à Mayotte, mais nous n’avons aucune visibilité”. Car c’est encore la préfecture qui gère l’acheminement des stocks de marchandises vers Mayotte, et le dispatch du matériel de protection en fonction des priorités.

Certains en profitent

“Nous avons énormément de mal à charger nos produits dans les soutes, car ils sont classés priorité 2”, décrit ainsi Fahridine Mlanao, le directeur d’exploitation de Sodifram. La priorité numéro 1 étant naturellement le CHM et toutes les activités médicales. Résultat, les enseignes de distribution elles aussi risquent de manquer de masques, même si certaines, comme la Sodifram, ont accepté l’alternative en tissu mise en avant par l’ARS. Grâce à ces masques cousus localement, et à raison de deux par personne, l’entreprise assure une protection minimale à 70 % de ses salariés. Mais la Sodifram reste complètement engagée dans la bataille d’approvisionnement qui se joue au niveau mondial. Et pour cause : l’une de ses commandes de masques, passées au début de la crise, lui est, elle aussi, passée sous le nez. “Cannibalisée par la Chine et les États-Unis”, fait valoir le directeur. Il doit savoir d’ici le 20 avril si cette commande de 5.000 masques sera remboursée, ou pourra lui être livrée. Mais “nous ne sommes pas à l’abri d’un coût supplémentaire”, peste-t-il. Le prix payé il y a quinze jours risque en effet fort d’être éloigné des réalités du marché, aujourd’hui sous tension…

Certains profitent d’ailleurs de la situation, comme l’a montré une enquête de la Cellule investigation de Radio France. La radio publique d’informations a pu retrouver quatre “nouveaux acteurs” du marché de l’équipement médical, qui proposent à prix d’or — 2 dollars l’unité — des masques chirurgicaux qui en valaient vingt fois moins il y a quelques semaines. Et d’après cette enquête, hôpitaux, cliniques, régions sont tous la cible de ces propositions commerciales parfois étranges. À Mayotte, Cécile Hammerer, la directrice des services à la mairie de Chirongui confirme d’ailleurs elle aussi recevoir régulièrement des emails douteux. “Dans certains, on nous offre 30 % de réduction si nous payons tout de suite”, décrit-elle. “Mais je vous avoue que, vu la situation de certains en métropole, la plupart de ces offres finissent dans ma corbeille…” Plutôt que de se faire avoir, la mairie a donc pour l’instant choisi d’économiser le plus possible les 400 masques qu’elle a reçus de l’ARS pour ses agents de proximité. Gratuits, ceux-là.

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