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“J’ai vraiment cru ne pas avoir de vol”, un médecin raconte son périple ubuesque pour venir renforcer les équipes du centre hospitalier de Mayotte

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Jérémie Gallon, comme des dizaines de membres du corps médical a pris la décision de venir prêter main-forte au CHM. Mais comme des dizaines de ses confrères ou collègues, il a d’abord dû, avant de partir “au front” contre la crise sanitaire, affronter “ce que l’administration peut faire de pire”. Récit d’un voyage en absurdie.

“Si je n’avais pas fait des pieds et des mains pour arriver à Mayotte, je pense que la situation aurait pu durer encore longtemps.” Débarqué sur le territoire mercredi dernier, Jérémie Gallon, chirurgien urologue, est encore abasourdi par la bataille qu’il a dû mener pour mettre un pied dans le plus grand désir médical de France. Et raconte volontiers son périple, aussi ubuesque qu’alarmant en temps de crise sanitaire.

Alors que le confinement est déclaré par les autorités, le médecin de 30 ans officie dans un laboratoire qui ferme ses portes à l’annonce de la mesure. “Le CHM m’a contacté, car ils cherchaient quelqu’un pour remplacer le seul chirurgien urologue de l’hôpital en arrêt maladie”, explique-t-il. Jérémie se renseigne sur Mayotte et le CHM pour lever “les petites appréhensions que l’on a toujours sachant que la situation ici est très particulière”. Et décide de foncer. “J’ai pris un vol direct qui devait arriver samedi 28 mars au soir.” Et c’est la première déconvenue. “J’ai appris quelques heures avant que le vol était annulé, car les autorités avaient décidé de fermer l’espace aérien de Mayotte”, se souvient le médecin. Mais bien déterminé à prêter main-forte à un hôpital en tension, Jérémie contacte les agences régionales de santé de Paris et de La Réunion. Toutes deux lui conseillent de prendre un vol vers l’île Bourbon, d’où il pourrait sans doute plus facilement rejoindre celle aux parfums.

“On est dans ce que l’administration peut faire de pire”

Mais arrivé à La Réunion, rien ne se passe comme prévu. “J’ai essayé de me renseigner pour savoir comment me rendre à Mayotte, mais je me suis rapidement rendu compte que ça allait être compliqué. Toutes les personnes que j’avais au téléphone, qu’il s’agisse de l’ARS Mayotte ou de l’ARS Réunion me donnaient des informations totalement discordantes en se renvoyant la balle”, se souvient-il. Pas question de baisser les bras cependant. Pendant plusieurs jours, le chirurgien use de tous ses contacts, même le vice-président d’Air Austral mais rien n’y fait, il est bel et bien bloqué. “J’ai un ami médecin qui m’a accueilli là-bas et qui a lui-même un ami réanimateur qui se trouvait dans la même situation.” Si Jérémie concède que sa spécialité n’est pas la plus indispensable dans la crise sanitaire qui se joue — il est cependant le seul spécialiste dans sa branche —, il n’en est évidemment pas de même pour son confrère. Comme pour la majorité des 40 personnels médicaux dans la même situation qu’eux. “Vraiment, nous nous retrouvions dans ce que l’administration peut faire de pire, avec aucune info qui circule, aucune réponse à nos demandes. Jamais un retour, il fallait sans cesse que je harcèle les différentes autorités pour espérer avoir une réponse. Le CHM était au courant, mais ne pouvait rien faire, le problème était bel et bien au niveau des autorités et de la gestion administrative”, tempête encore le médecin. “À partir de 15h à l’ARS Mayotte, il n’y a plus personne au bout du fil. Ça m’a un peu étonné. En situation de crise, j’avoue que ça me semble un peu tôt”, lâche-t-il dans un rire un peu jaune avant de tempérer : “je ne dis pas qu’il y a personne derrière, mais c’est l’impression que ça donne et en tout cas, ils n’ont jamais su me répondre quand j’appelais dans la fenêtre de tir disponible, c’est-à-dire le matin”.

“Ici on manque de tout et on n’a aucune visibilité”

C’est finalement le soir, ce mardi 31 que Jérémie reçoit le coup de fil tant espéré. C’est l’agence régionale de santé de La Réunion. On lui explique qu’il partira le lendemain avec un vol militaire. À son bord, une dizaine de membres du corps médical. “J’ai vraiment cru ne jamais avoir de vol alors même que l’on est dans une période compliquée, avec un hôpital qui a beaucoup besoin de renforts”, explique le chirurgien, passé le sentiment de soulagement. D’autres se sont organisés autrement. À l’image de son ami médecin par ricochet. “Comme il est réanimateur, il a pu entrer en contact avec le service des Evasan. Du coup, il s’est débrouillé pour sauter dans un vol retour d’évacuation sanitaire.” C’est la débrouille, la bataille, un temps administratif qui s’oppose à l’urgence sanitaire. “Ça peut être très compliqué, il peut y avoir des opérations de prévues, etc. Mais pourtant, ici tout le monde semble trouver ça normal, les gens tiennent cette désorganisation pour acquise et donc normale, ça n’a pas l’air de les inquiéter plus que ça”, analyse le métropolitain venu prêter main-forte à un territoire où les besoins sanitaires sont immenses.

Heureusement, “depuis mon arrivée, les choses se passent plutôt bien”, se satisfait Jérémie. “L’hôpital, lui, est plutôt bien organisé. Il n’est pour l’heure pas submergé. Comme les spécialités manquent, on fait un peu de tout, on est polyvalents, c’est intéressant”, ajoute le médecin, sans que ses inquiétudes soient levées quant au rapport que le personnel soignant entretient avec les autorités de tutelle. “De leur côté, tout se fait de manière unilatérale, sans en informer les uns et les autres ni consulter le terrain. Alors, quand on voit la cacophonie qui règne pour faire venir des médecins, on peut se questionner sur l’acheminent du matériel”, lance le chirurgien. Avant d’asséner le coup final. “Mes confrères biologistes m’ont expliqué qu’ils n’avaient plus que de quoi faire 1.000 tests à défaut de réactif. Ils ne savent pas quelle politique mener, car ils ne savent pas quand et s’ils seront réapprovisionnés. Ici on manque de tout et on n’a aucune visibilité”. De quoi contracter une phobie administrative aiguë

 

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