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1898 : la variole à Mayotte décime 2.300 personne

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Année noire à Mayotte en 1898 : si l’île est régulièrement touchée par l’affection en ce XIXème siècle, la variole y fait cette année-là 2.300 victimes. Pour venir à bout de l’épidémie, il aura fallu une campagne de vaccination et l’établissement d’un lazaret sur l’îlot Mbouzi. Un îlot qui a par ailleurs également aussi servi de léproserie. Plongée dans un bout d’histoire de la santé à Mayotte.

De par la proximité de zones endémiques comme Zanzibar et la côte ouest de Madagascar, avec lesquelles sont entretenus de nombreux échanges commerciaux, l’archipel des Comores est, au XIXème siècle, régulièrement touché par la variole. Anjouan est ainsi atteinte en 1867, en 1869-1870, en 1897 et en 1901 ; Grande-Comore l’est en 1890 et en 1892-1893 ; Mohéli en 1890 ; et Mayotte en 1875, 1886, et surtout 1898. Cette année-là, l’épidémie de variole consécutive au passage d’un cyclone fait 2.300 victimes sur une population d’environ 12.000 habitants, soit près d’un quart de la population.

Il faut dire que, s’il existe bien un lazaret sur l’îlot M’bouzi pour mettre en quarantaine les personnes porteuses du virus, et ainsi prévenir au mieux les contaminations venues de l’extérieur, il est dans les faits très difficile de contrôler tous les navires entrant et leurs équipages : les boutres peuvent en effet accoster sur d’autres côtes, non contrôlées. Une difficulté de contrôle qui s’ajoute à une immunisation à la maladie insuffisante de la population jusqu’au XXème siècle, due à des tournées de vaccination incomplète, faute de personnel et de vaccin en quantité suffisante puisqu’acheminé depuis Madagascar, l’Indochine, et la métropole et supportant mal la chaleur. Conséquence évidente : des épidémies de varioles à répétition.

Présent à Mayotte en 1897, un an avant la grande épidémie, le docteur Neiret observe ainsi : “J’ai vacciné à Dzaoudzi dans les premiers jours de septembre. Je me suis servi de vaccine de Saigon arrivé quelques jours avant : il m’a donné d’assez bons résultats (40 % de succès). J’ai revacciné ensuite de bras à bras, mais comme j’étais en course le jour où le vaccin aurait dû être recueilli, j’ai vacciné un jour trop tard, et je n’ai eu que des résultats insignifiants (10 %)”.

Autre problématique, enfin : les difficultés de communication dans l’île et la méfiance de la population d’alors à l’égard de ces campagnes. À ce titre, le docteur Blin, en poste à Mayotte, note ainsi : “Bien que les réfractaires à la vaccination soient encore nombreux, je ne désespère pas néanmoins de les convertir ; aussi, afin de ne pas décourager les habitants par des séances inutiles, vais-je continuer la vaccination du reste de l’île en n’employant que du vaccin sur l’efficacité duquel je serai fixé par quelques expériences préalablement faites à l’hôpital. Les pérégrinations sur la Grande-Terre seront longues et pénibles, mais la population totale de Mayotte une fois mise à l’abri des atteintes de la variole, ce sera la sécurité presque absolue pour plusieurs années, durant lesquelles le Chef du service de santé n’aura qu’à vacciner les enfants et les nouveaux venus dans la colonie.”

Quand les îlots Mbouzi et Mtsamboro accueillaient des lépreux

Aure fait méconnu : si l’îlot Mbouzi a longtemps fait partie intégrante du système de santé à Mayotte en accueillant un lazaret pour la mise en quarantaine des voyageurs arrivant sur l’île, il a aussi été une léproserie pour accueillir les lépreux, et ainsi préserver le reste de la population d’un risque de contamination. Un mal alors nécessaire. Présente en Europe et en Asie depuis des millénaires, la lèpre est en effet alors considérée comme “la maladie la plus grave et la plus repoussante qui frappe les populations intertropicales.” La contamination étant favorisée par des contacts étroits avec des

lépreux, l’isolement des malades est la solution la plus répandue, même si, selon les régions, le suivi n’est pas facile. Dans un rapport politique daté de 1947, on apprend ainsi qu’à Mayotte, “les lépreux ne sont pas considérés comme dangereux. De ce fait, il est assez difficile de les dépister, car les habitants des villages les cachent assez facilement. Dans ce domaine encore, il ne s’agit que d’éducation. Rien ne l’indique mieux que l’étonnement et la crainte des notables amenés un jour à l’île des lépreux de Bouzi (sic), quand ils ont pris conscience, devant tous ces malheureux rassemblés, des ravages que pouvait exercer cette maladie”.

Auparavant, ceux-ci sont internés sur l’îlot de Mtsamboro. Lors d’une visite au début du XXème siècle, un médecin militaire, Alexandre Kermorgant, en compte 64. Il décrit : “Au point de vue de l’isolement, l’emplacement a été bien choisi, car les communications ne sont pas toujours faciles. À part la crique, où les lépreux ont bâti leurs demeures, les côtes de l’île sont à pic, rendant toute escalade et toutes fuites impossibles.” Un autre témoignage d’époque permet de mieux comprendre que les malades étaient laissés là, quasiment à leur sort, malgré la visite régulière de médecins. “Nous n’en pûmes compter qu’une vingtaine [de malades], car les autres, les plus gravement atteints, avaient été relégués par leurs camarades eux-mêmes à l’autre extrémité de l’île. La colonie est sous les ordres d’un chef, chargé de transmettre ses doléances à l’administration. Elle a à sa disposition un certain nombre de pirogues, au moyen desquelles les lépreux vont pêcher le poisson, qui, avec le riz, qu’envoie de loin en loin Dzaoudzi, constitue la nourriture commune. Un puits leur fournit une eau rare et saumâtre. Les lésions observées ressortissaient à la lèpre mutilante et plus rarement à la lèpre tuberculeuse. Des plaies, pansées avec des linges sordides, creusaient les chairs atrophiées des membres. Les femmes étaient assez nombreuses, mais nous n’avons pas remarqué d’enfants.”

Si l’éloignement est un temps jugé idéal, il complique toutefois le suivi des malades. Est-ce la raison pour laquelle la léproserie est ensuite établie sur l’îlot Mbouzi ? Quoi qu’il en soit, des lazarets y sont construits ou rénovés. En 1936, l’administration y installe une colonie de lépreux, qui atteindra 150 personnes entre 1940 et 1950. Le groupe vit en autarcie, cultive du manioc, des bananes, et des oranges, élève un troupeau de chèvres, et cultive du tabac qu’il revend lors des visites médicales afin d’acheter d’autres vivres. Trois villages apparaissent ainsi sur l’îlot : “Les Mahorais se trouvaient derrière, sous les arbres, les Grands Comoriens à l’Ouest et les Anjouanais à l’Est. Ces derniers avaient construit une trentaine de bangas, pour une population estimée à une quarantaine de personnes”, commentaient le botaniste et chercheur, Vincent Boullet lors d’une conférence donnée en 2019.

Des faits historiques et des solutions qui, heureusement, ne sont plus d’actualités aujourd’hui. De quoi, néanmoins, se rappeler de l’importance d’endiguer les épidémies, et celle de s’accommoder d’un confinement qui, finalement, n’apparait pas si dramatique à vivre au regard de l’Histoire.

 

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