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Le jeu de la drague électorale à Mayotte

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À Mayotte comme dans les autres départements, les campagnes politiques sont des périodes riches en événements. Mais loin des meetings classiques que l’on peut voir en métropole, les candidats de Mayotte frôlent « la drague électorale ». Zoom sur ces éléments de campagne.

« On va faire un vrai voulé aujourd’hui », lance Nadjib*, un carton de 8.5 à la main. Il est 11h, une dizaine de jeunes garçons sont installés à leur spot, dans les rues de M’gombani. Au-delà d’un carton de bières, on leur a posé de la viande et des cuisses de poulet. Le seul repas de la journée pour plusieurs d’entre eux. « Ceux qui veulent se faire élire nous posent ça le matin, c’est comme ça ici, et avec ça ils arrivent à avoir plein de jeunes derrière eux », soupire Rayan*, en ouvrant la première canette. Mais ce matin, parmi ces jeunes, seuls trois sont majeurs, et l’un d’entre eux a déjà prévu de ne pas voter. « À chaque fois qu’il y a les élections on les voit, mais dès que c’est fini, il n’y a plus personne », explique Nadjib, c’est d’ailleurs pour ça que lui ne votera pas. Le schéma se répète élection après élection et pourtant, rien ne change pour eux. « Ils disent tous qu’ils vont nous aider quand ils seront élus et pourtant, on galère toujours. » Comme ces jeunes, des dizaines et des dizaines de groupes se font approcher par des candidats qui espèrent obtenir le maximum de voix sur l’île. Un combat qui semble perdu d’avance chez certains, mais peut être le début d’une volonté d’engagement pour d’autres. Un engagement qui reste superficiel, ne se basant pas sur des idées, mais sur celui qui aura le plus donné. À manger, une voiture, de la peinture pour la maison, la drague électorale s’habille différemment pour s’adapter aux besoins des votants.

« Meeting ou concert ? »

Quelques heures après le lancement du fameux voulé, le groupe de jeunes voit l’installation d’un podium devant la MJC de M’gombani. Des chaises par dizaines y sont aussi installées. Barrières, décorations en masse, les jeunes rient à gorge déployée. « Meeting ou concert aujourd’hui ? », demande Amir*, comme si toute cette campagne n’était qu’un jeu à leurs yeux. « Dimanche dernier, ils avaient même ramené Walter, comme si ceux qui écoutent Vibes sont ceux qui votent », se désespère Nadjib. Toutefois, le groupe comprend cette façon de faire. « Ma mère, si un candidat lui donne quelque chose, elle votera pour lui. La politique ça l’intéresse pas mais elle se dira qu’il mérite, comme il lui a donné », soutient Ahmed*, qui, du haut de ses 18 ans, s’apprête à voter pour la toute première fois. S’il a choisi son candidat, il ne dira pas qui est l’heureux élu. « Ce n’est pas ceux qui nous donnent des bières en tout cas. » Il commence par sourire puis se désole de la situation. « Là ils font des meetings, on dirait des soirées, on ne sait même pas ce qu’ils vont faire pour nous après. Ils sont juste contents parce qu’il y a du monde. » Le jeune homme déplore cette situation qu’il voit depuis des années. « À 13 ans j’étais déjà bourré avec les bières des élus, pourtant aujourd’hui je ne vote pas pour eux », conclut-il, visiblement excédé par le phénomène.

 

L’amour par porte-à-porte

 

La drague électorale ne s’arrête pas là. Mayotte étant une petite île où « tout le monde se connaît », les candidats prennent le temps de faire du porte-à-porte pour se présenter aux familles. Mais loin de présenter leur programme lors de ces tournées, ils viennent se présenter en tant que personne. « Il y en a un qui est venu chez ma mère hier et elle était presque honorée de le recevoir et je suis sûr qu’elle va voter pour lui », craint Rayan, conscient que ce n’est pas comme ça que les conditions de vie vont s’améliorer pour les habitants du territoire. Ce porte-à-porte est d’autant plus important pour les candidats cette année, puisqu’ils ont dû faire face à des restrictions en termes de meeting, au vu de la situation sanitaire. Toutefois, le fond des programmes ne semble pas avoir été plus creusé que les années précédentes, comme si l’ensemble des Mahorais votent plus pour un candidat… que pour ses idées.

* Les prénoms ont été modifiés.

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