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Immigration | L’Assemblée nationale dans les bidonvilles et au CRA

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Discorde à la mairie de Mamoudzou

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Julien Kerdoncuf, sous-préfet à Mayotte en charge de la lutte contre l’immigration clandestine : “Nous n’avons pas constaté d’arrivées de kwassas liés au Covid”

Alors que l’épidémie de Covid-19 continue sa propagation à Mayotte et que le flou règne sur la situation sanitaire en Union des Comores, la LIC se poursuit, d’ailleurs amplifiée pour limiter l’impact que pourrait avoir l’importation de nouveaux cas sur le territoire. Pour autant, après une baisse, les arrivées de kwassas tendent à reprendre depuis quelques jours, sans qu’elles ne soient a priori imputables au Covid-19. Le point avec Julien Kerdoncuf, sous-préfet délégué à la lutte contre l’immigration clandestine. 

Elle ne ménage décidément pas ses efforts pour comprendre ce territoire hors normes. Après une visite lundi au centre hospitalier, entre les urgences et la maternité, la commission des lois de l’Assemblée nationale a assisté hier à une opération de lutte contre l’immigration clandestine et rencontré les étrangers retenus au sein du nouveau CRA. Mayotte Hebdo a pu les suivre. Reportage. 

Les Duster blancs, en enfilade, grimpent le chemin de terre étroit et escarpé qui mène sur les hauteurs du quartier de La Vigie, en Petite-Terre, hameau de quelque 9.000 âmes. Dans ces véhicules, fait plutôt familier, des agents de la police aux frontières, qui se rendent dans ce bidonville pour effectuer des contrôles d’identité mais aussi, fait plus marquant, une délégation de la commission des lois de l’Assemblée nationale, accompagnée par le sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, Julien Kerdoncuf.

En visite sur le territoire pour « mieux le connaître » et mieux appréhender ainsi les futurs « textes de lois ou politiques publiques » qui le concerneront, cette délégation mouille la chemise. En file indienne dans les ruelles étroites, sableuses, ravinées et souillées de déchets de ce bidonville immense, les membres de la délégation observent le travail du groupe d’appui opérationnel (GAO), « l’équivalent de la BAC pour l’immigration clandestine », selon le sous-préfet.

Mais alertés par le cortège peu discret des véhicules blancs reconnaissables, les étrangers en situation irrégulière ont déserté le quartier ce mardi. Pas décontenancés pour autant, les policiers interrogent les habitants et contrôlent l’identité de quelques résidents avant qu’une femme en salouva ne les interpelle pour leur indiquer l’endroit où vivent des clandestins présumés. Avançant à pas feutrés, communiquant par signes, dévalant les chemins pentus et poussant des portes en tôle, les agents du GAO suivent les instructions de la voisine. En vain toutefois. 

Délations de voisinage

« On a beaucoup de dénonciations », explique un policier. « Parfois, dès qu’on arrive en voiture, les gens viennent vers nous » pour donner des informations sur des étrangers présumés en situation irrégulière. D’autres, en revanche, aident les clandestins à s’enfuir, tels ces enfants, des « guetteurs naturels » qui crient « Moro, moro » (« Au feu », ndlr) pour prévenir de l’arrivée des forces de l’ordre, ajoute un autre agent du GAO.

« Les endroits sont difficiles d’accès (…), c’est assez dangereux » pour les 44 policiers du GAO, reconnaît Julien Kerdoncuf, le sous-préfet en charge de l’immigration clandestine. « Un de nos collègues a été blessé hier » lors d’une interpellation et alors qu’un individu se défendait, renchérit un policier.

Plus loin, les policiers se heurtent à un autre problème : une porte en tôle a été dressée là où auparavant les forces de l’ordre passaient. Délimitant désormais une parcelle privée, les policiers sont contraints pour des raisons juridiques de rebrousser chemin. 

Entre 50 et 60 interpellations par jour

Ce groupe d’appui opérationnel « plus efficace (sur la lutte contre l’immigration) que la police et la gendarmerie » interpelle chaque jour entre 20 et 35 individus parmi les 50 à 60 interpellations quotidiennes d’étrangers en situation irrégulière (par le GAO, la police et la gendarmerie), comptabilise Julien Kerdoncuf. 

Le sous-préfet a également détaillé les moyens alloués à la lutte contre l’immigration clandestine en mer : outre deux vedettes rapides munies de leurs zodiacs, quatre intercepteurs complètent la flotte, qui devrait accueillir en novembre prochain deux nouveaux navires. « Il y a trois types de kwassas », a encore décrit Julien Kerdoncuf : les « kwassas VIP », avec deux ou trois passagers, « plus chers et rapides », les « kwassas low cost » avec 30 à 40 personnes à bord, « de moins en moins courants » et les « kwassas médicaux ». « En mer, ce ne sont pas des opérations de lutte contre l’immigration clandestine mais de l’assistance », du secours en mer, explicite le sous-préfet. « Ce n’est que quand les passagers mettent le pied à terre qu’ils deviennent clandestins », souligne-t-il. Et contrairement aux idées reçues, les femmes enceintes à bord « sont rares (…) Elles rejoignent l’île puis font des enfants ici », plutôt. 

Une fois interpellés, les étrangers en situation irrégulière sont menés au « tri sanitaire » à l’hôpital de Dzaoudzi puis, s’ils n’y sont pas inaptes en raison de problèmes médicaux graves, placés en rétention. *

Ciel grillagé

En toute logique, la délégation s’est donc rendue au nouveau centre de rétention administrative de Pamandzi, ouvert en septembre 2015. Accueillis par Isabelle Bettioui, chef du CRA et commandant de police, les membres de la délégation ont découvert les lieux. Si les nouveaux locaux sont modernes et propres, le dénuement des salles collectives et leur absence de connexion rendant « extrêmement clos » les espaces, les filets de sécurité formant un plafond en extérieur et la rencontre avec les retenus a attristé certains membres de la délégation. 

Ils ont échangé avec hommes, femmes et enfants, calmes, discutant ou regardant la télévision dans des pièces nues à l’exception de tables, de chaises et de téléphones. Seule une salle de jeux muraux égaie quelque peu les intérieurs qui donnent sur de vastes cours herbeuses munies de bancs et surplombées de ce fameux filet de sécurité qui grillage le ciel. 

« La durée moyenne de séjour est de 0,7 jour ici contre 10 jours en national », explique Isabelle Bettioui, qui reconnaît de nombreuses spécificités au centre de rétention administrative qu’elle dirige.

Tout d’abord, le nombre de mineurs accueillis, bien plus important qu’en métropole, de l’ordre de 2 490 en 2017. Spécificité qui en amène une autre : le stock de lait maternisé, couches et biberons à disposition des familles – rappelons qu’au CRA, sur les 136 places, 40 sont allouées aux familles.

Pas de papiers d’identité

Autre originalité du CRA de Mayotte : le nombre d’identités déclaratives. Selon les chiffres d’Isabelle Bettioui, sur les 15.441 entrants en 2017, 15.429 n’ont présenté aucun document d’identité. 

Enfin, 98% des étrangers en situation irrégulière placés au CRA sont comoriens, a affirmé Isabelle Bettioui (1,5% sont malgaches, les 0,5% sont d’origines diverses, principalement des Africains des Grands lacs). Cette homogénéité de nationalité évite « les conflits communautaires, contrairement en métropole », se félicite Isabelle Bettioui. Avis appuyé par le directeur adjoint : les retenus sont « relativement calmes ici par rapport à la métropole, où ils ont fait des milliers de kilomètres, ont dépensé des milliers d’euros » pour finalement se faire refouler, estime-t-il. D’ailleurs, les deux chambres de mise à l’écart n’ont jamais été utilisées depuis qu’Isabelle Bettioui est arrivée sur l’île et deux fois seulement depuis 2015, selon un de ses collègues.

Après avoir écouté la version des autorités, les membres de la délégation ont rencontré les associations de défense des droits des étrangers le soir même pour se faire une idée globale des problématiques liées à l’immigration.

* Même si, depuis la crise diplomatique avec les Comores et les reconduites aux frontières officiellement suspendues, la préfecture distribue de nombreuses OQTF (obligations de quitter le territoire français). Ainsi, plus de 13 000 ont été délivrées depuis mi-mars.

 

Les chiffres des reconduites aux frontières

Mayotte totalise la moitié des reconduites aux frontières de France. En 2017, plus de 19 600 éloignements ont été effectués dont 3 800 volontaires. En moyenne, sur les 5 dernières années, l’île comptabilise 19 300 reconduites par an, avec des pics, comme en 2016 avec 22 700 éloignements (source : préfecture). 

 

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Mayotte Hebdo n°1086

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