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Yasmina Aouny prône un engagement de l’État à Mayotte

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Enseignante au malfamé lycée de Kahani et dirigeante du club de football de Mtsamboro, sa ville de cœur, Yasmina Aouny est aussi une romancière, auteure du livre « Les Chatouilleuses » récemment paru. Un pan de l’histoire mahoraise féminin et féministe, qui correspond parfaitement aux valeurs sociales de la candidate à la députation dans la 1ère circonscription de l’île. Investie par le MDM (Mouvement pour le développement de Mayotte) et la NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale), la nordiste axe son programme sur l’amélioration des conditions de vie de la population, sans néanmoins se voiler la face sur les questions d’immigration.

Flash Infos : Brièvement, pourquoi vous lancer dans la campagne des législatives ?

Yasmina Aouny : Servir le peuple est ma passion et ma vocation, selon moi. Et quels que soient les résultats de ces échéances, je continuerai de servir mon peuple.

FI : Dans l’imaginaire collectif, la gauche française défend une immigration non-régulée. Vous députée, au sein du groupe de la Nouvelle union populaire, que ferez-vous au sujet de la crise migratoire frappant Mayotte depuis plusieurs décennies ?

Y.A. : Il me semble important de commencer par comprendre ce qu’est cette crise. La France est une puissance mondiale, nous le voyons en ce moment avec des déblocages d’argent lorsqu’elle a un problème, et lorsqu’elle en a la volonté. Pourquoi une telle puissance, qui a le moyen de protéger les frontières, les a-t-elle laissées accessibles à l’immigration clandestine ? La question est là. Je pense qu’avec les technologies, comme les drones par exemple, nous avons largement les moyens de contrôler nos frontières, car ceux qui sont chargés de le faire ont peu de moyens. En tant que députée, je mettrai un point d’honneur à me battre pour qu’enfin, la France contrôle dignement nos frontières. Si vous laissez votre porte ouverte, puis que vous vous plaignez que n’importe qui y entre, est-ce de la faute de ceux qui entrent, ou est-ce de votre faute ? Une personne qui a faim, soif, qui souffre, et qui voit un abri, elle y entrera pour se protéger et manger à sa faim. Il y a beaucoup d’effets pervers de l’immigration clandestine. C’est un phénomène qui déstabilise complètement notre société. Mais dresser la communauté des immigrés contre la communauté mahoraise est un piège très dangereux qui peut avoir des conséquences assez dramatiques.

FI : Vous semblez pointer du doigt un certain désengagement de l’État français, terme qui irrite les autorités mahoraises telles que le préfet. Emploieriez-vous malgré tout ce mot ?

Y.A. : Bien sûr ! Nous sommes Français depuis 1841. Trouvez-vous normal que, jusqu’à ce jour, nous n’ayons même pas d’université digne de ce nom ? Comment un territoire peut-il se développer si l’on n’investit pas dans son capital humain ? C’est pourtant ce qu’il se passe ici. Le Mahorais n’est pas vraiment pris en compte, ce sont juste les intérêts géostratégiques qui sont mis en avant. L’État français sait très bien que l’ouverture des frontières provoque une surpopulation du territoire, un manque de logement… Aujourd’hui, on peut dire qu’il y a une question sociale mahoraise, des zones d’extrême pauvreté et de non-droit qui se sont développées, où la drogue et l’alcool sévissent. On ne peut pas faire porter le chapeau qu’à ceux qui ne sont arrivés il y a un ou deux ans.

FI : Vous êtes enseignante, et savez donc que des demi-journées sont mises en place, que le territoire souffre d’un manque d’établissements et de personnel… Comment une députée peut-elle engager le chantier éducatif mahorais à l’Assemblée nationale ?

Y.A. : Au niveau national, il y a environ un lycée par quartier. Ici, on n’a même pas un lycée par commune. On a donc une surpopulation scolaire sur notre territoire, une situation qui entraîne des tensions entre élèves mais aussi vis-à-vis du personnel, puisqu’elle demande beaucoup de travail. Moi qui suis affectée à Kahani, un lycée professionnel, technologique et général, je vois que nous recevons des jeunes issus de toute l’île. Quand ils ont des conflits, ils les règlent donc là-bas. Il faut un lycée pour chaque commune, mais ça ne suffit pas. Il faut également être au plus près de la jeunesse, l’accompagner, la sensibiliser, pour lutter contre les violences qui font des ravages et parfois des morts parmi nos élèves.

FI : À propos de sécurité justement, les Mahoraises et Mahorais n’aspirent qu’à vivre leur vie paisiblement, comme c’était le cas auparavant. Aujourd’hui, la population s’empêche de sortir dans certaines zones après 18 heures, ou du moins avec la peur au ventre. Quelles sont vos solutions pour rétablir la paix ?

Y.A. : Tant qu’il y aura des zones échappant au contrôle des autorités, elles nous exposeront à une insécurité, qu’on le veuille ou non. Il nous faut lutter contre le développement des bidonvilles, qui sont des zones de non-droit et de production d’individus potentiellement violents. La promiscuité, le manque d’eau et d’électricité, ce ne sont pas des conditions propices à l’émergence d’individus aptes à évoluer convenablement dans notre société. Même pour la dignité humaine, notre État ne doit pas accepter que des conditions de vie pareilles subsistent ici à Mayotte. L’insécurité est le résultat d’une anarchie dans l’occupation de notre territoire, mais aussi de moyens insuffisants en termes de police et de gendarmerie. On nous dit que, sous le quinquennat Macron, il y a eu une hausse de 40% de forces de l’ordre, mais quand bien même le chiffre est vrai, n’aurait-il pas fallu qu’il soit plus haut ?

FI : C’est un discours de droite que vous tenez là.

Y.A. : Je sais (rires). Mais, malheureusement, c’est la réalité de Mayotte. C’est compliqué de parler des bidonvilles ici, car j’ai vu beaucoup d’élèves qui en étaient issus et qui ont eu un parcours formidable, comme dans les quartiers Nord de Marseille, mais ce sont malheureusement des exceptions. La règle, c’est qu’il y ait peu d’espoirs de réussite lorsque l’on vient de ces endroits, rien qu’avec les démarches administratives.

FI : Mayotte est l’un des plus arides déserts médicaux de France, avec notamment un manque de praticiens et un second hôpital dont le chantier ne débutera qu’en 2025. Que pourrez-vous faire, sur les bancs de l’Assemblée, pour aider les Mahorais qui souffrent maintenant ?

Y.A. : Pour avoir expérimenté personnellement notre système de santé, je pense qu’il y a effectivement beaucoup à faire. Lorsqu’on souffre d’une grave maladie, c’est la double peine : on doit d’abord subir la maladie, mais aussi partir en exil, soit en métropole, soit à La Réunion. Si on est chanceux, on est évasané. Si on l’est moins, on doit partir par ses propres moyens. Cela doit cesser. Il faut que, sur notre territoire, les malades de cancers puissent avoir accès à la radiothérapie, et sur le long terme, pourquoi ne pas envisager que les chirurgies puissent se faire directement sur place ? Mon combat en matière de santé, c’est que notre île soit suffisamment bien dotée pour qu’un Mahorais malade puisse bénéficier de ces soins, mais entouré de ses proches, comme cela se passe chez nos compatriotes de France et de Navarre. Je trouve complètement injuste le fait que nous ne puissions pas bénéficier de la même chose. Comme la plupart de nos services publics, celui de santé est complètement surchargé. C’est le résultat direct de l’immigration clandestine, puisque l’on sait qu’au sein de cette dernière, une proportion importante de personnes viennent pour bénéficier de soins qui n’existent pas chez elles, ou qui leur sont inaccessibles. Une politique de coopération régionale serait donc à envisager sur ce volet également, puisqu’elle permettrait à nos voisins comoriens d’accéder à une offre de soins de qualité, ce qui contribuera forcément à désengorger nos hôpitaux.

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