Élections européennes : l’abstention et le Rassemblement national largement en tête à Mayotte

Comme en 2019 et au niveau national, le Rassemblement national s’impose largement au cours de ces élections européennes (52,4%) à Mayotte. Mais c’est surtout l’abstention record qui aura marqué ce scrutin avec une participation qui ne dépasse pas les 20% (19,9%) à Mayotte, ce dimanche. Le président de la République, Emmanuel Macron, a tiré les conséquences de ce désamour à l’échelle nationale en annonçant dans la soirée la dissolution de l’Assemblée nationale (voir encadré), remettant en jeu les mandats d’Estelle Youssouffa et Mansour Kamardine dès la fin du mois du juin.

En ce mois de juin 2024, Mayotte fait place nette à l’abstention. Le 101e département français n’a compté que 19.556 votants sur 98.087 électeurs pour ces élections européennes (soit 19,9% de participation), ce dimanche. Un score qui établit un record en raison de sa faiblesse et qui paraît symbolique d’un département où les enjeux européens paraissent si lointains et peu en phase avec la réalité locale. Car, à quelques mois des barrages pendant lesquels les Mahorais ont rappelé leur ras-le-bol vis-à-vis de l’insécurité et de l’immigration clandestine, le sort des instances européennes est passé complètement à la trappe.

La présentation de trois candidates mahoraises, Hélène Pollozec (Besoin d’Europe, Modem), Anzimiya Houmadi (Les Républicains) et Afidati Mkadara (Rassemblement national), a montré l’intérêt des grands partis pour le territoire mahorais et ses multiples enjeux, mais sans qu’on puisse voir une réelle contrepartie.

Le Rassemblement national à 52,4%

Daniel Zaïdani, vif soutien du parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen, espérait que le Rassemblement national atteindrait les 60%. Il reste encore en-dessous, mais le parti d’extrême-droite continue de montrer que son discours anti-immigration et sécuritaire plaît à Mayotte, au moins lorsqu’il s’agit d’un scrutin national. François Bellamy (Les Républicains), seule tête de liste venue à Mayotte, aura beau essayé, l’archipel porte encore aux nues Marine « Tata Mariama » Le Pen, qui était dans l’océan Indien en avril et qui se trouvait à la 80e place sur la liste portée par Jordan Bardella. Le record dans le département revient une nouvelle fois à Bouéni et ses 69,1% de voix en faveur du RN. En outre, la commune comptait sur une candidate locale, Afidati Mkadara, à la 58e place sur la liste arrivée largement en tête à l’échelle de la France entière. Elle demeure cependant à une place non éligible.

A l’inverse des autres communes, Mamoudzou reste celle où le RN s’implante plus difficilement (36,3%) et où les LR gardent encore une certaine assise (20,7%). Sur l’ensemble du département, le parti est deuxième avec 13,3% des suffrages. La France insoumise (LFI), qui n’a pas fait campagne du tout à Mayotte, montre que l’Outremer lui réussit plutôt bien. Le parti de Jean-Luc Mélenchon obtient 10,1% des voix localement, devançant le camp présidentiel de Besoin d’Europe réduit à 6,4%, Reconquête de Marion Maréchal-Le Pen à 5% ou encore la coalition Réveiller l’Europe (Parti socialiste, Place publique) à 2,5%.

Maintenant, et davantage que les groupes qui se formeront au Parlement européen, ce sont plutôt les conséquences de la dissolution de l’Assemblée nationale qui importeront les Mahorais. Car le double projet de loi Mayotte promis par le gouvernement va ainsi se retrouver au milieu d’une énième bataille politique (voir encadré).

Les dix premières listes à Mayotte

La France revient (Rassemblement national) : 52,4% ; La droite pour faire entendre la voix de la France en Europe (Les Républicains) : 13,3% ; La France insoumise-Union populaire : 10,1% ; Besoin d’Europe (Renaissance, Horizons, Modem) : 6,4% ; La France fière (Reconquête) : 5% ; Réveiller l’Europe (Parti socialiste, Place publique) : 2,5% ; Europe écologie : 2,2% ; L’Europe, ça suffit (Les Patriotes) : 1,5% ; Liste Asselineau-Frexit (UPR) : 1,3% ; Alliance rurale : 1,2%.

Un retour aux urnes à la fin du mois

Sans attendre les résultats définitifs, Emmanuel Macron a décidé de s’adresser à la Nation dans la soirée de dimanche, en prenant acte de la nouvelle victoire du Rassemblement national. « Je ne saurai donc, à l’issue de cette journée, faire comme si de rien n’était. A cette situation, s’ajoute une fièvre qui s’est emparée ces dernières années du débat public et parlementaire dans notre pays », a constaté le président de la République. Celui-ci fait donc appel à l’article 12 de la Constitution, ce qui entraîne la dissolution de l’Assemblée nationale et de nouvelles élections à la fin du mois de juin.

A minuit, les estimations promettaient des sièges à sept listes différentes :  Rassemblement national (31 sièges), Besoin d’Europe (Renaissance, Horizons et Modem, 14), Parti socialiste-Place publique (13), La France insoumise (8), Les Républicains (6), Europe écologie (5) et Reconquête (4).

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

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