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Violente agression du réceptionniste de l’hôtel Sakouli en 2016 : six ans ferme pour trois prévenus

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Rendue ce jeudi en appel devant la chambre d’instruction de La Réunion, la décision de placer les quatre hommes mis en cause dans l’affaire du rapt de Petite-Terre n’est pas sans soulever de questions selon leur avocat. Me Nadjim Ahamada dénonce notamment une violation des droits de la défense et une motivation politique à l’endroit des divers collectifs contre l’insécurité qui affichent un soutien farouche à ses clients.

Ils avaient violemment menacé et séquestré un employé de l’établissement lors d’un vol en 2016. Trois des prévenus ont écopé de peines de six ans de prison ferme. Un quatrième, évaporé, a pris sept ans avec mandat d’arrêt.

Dans la bande, il y a Bandumuni, les épaules voûtées sous son t-shirt vert. L’Infirmier, avec ses bras massifs résolument croisés et son air revêche. Et un troisième, que l’on nommera ici “17”, pour le numéro floqué sur son maillot de foot aux couleurs du FC Barcelone. Absents à l’audience, deux autres prévenus se sont évaporés dans la nature : l’un a disparu quand son contrôle judiciaire a pris le relai de la détention provisoire, l’autre n’a jamais été retrouvé…

Ce mercredi, ces cinq individus étaient renvoyés devant le tribunal correctionnel, pour répondre d’une violente attaque à l’hôtel Sakouli en 2016. On leur reproche notamment des faits de vol avec violence en réunion ayant entraîné une incapacité totale de travail de cinq jours, et de séquestration avec libération volontaire. Leur victime : le réceptionniste de l’établissement, entre autres, lequel s’est constitué partie civile pour ce procès.

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Un épisode traumatisant pour l’employé

Pour cause, c’est en effet une vraie nuit d’angoisse que l’employé aura vécu ce 16 juin 2016 à Bandrélé. Il est aux alentours de minuit quand il aperçoit deux silhouettes qui se rapprochent de l’hôtel. Comprenant leurs intentions, l’homme court en direction du bungalow du directeur pour l’avertir. “J’ai crié”, se souvient-il à la barre, dans un témoignage à peine audible, qu’il entrecoupe de silences encore chargés d’émotion. Après cette nuit-là, qui a ravivé des épisodes de violence de son enfance, le réceptionniste a perdu le sommeil pendant deux ans, et ne peut plus exercer son métier à cause de son traumatisme.

Arrivé sur le parking, il est rattrapé par ses agresseurs. L’un pose un couteau sous sa gorge, et l’emmène vers la piscine. Et là, horreur ! Ce ne sont pas deux, mais au moins huit voleurs que l’agent d’accueil a devant lui, occupés à fouiller les lieux. Sous la menace, son téléphone déjà entre leurs mains, il est contraint de leur indiquer où se trouvent les objets de valeur et l’argent, avant d’être ligoté. L’équipe peut alors tranquillement poursuivre son méfait. Avec un joli butin à la clé : un ordinateur, des enceintes, de l’argent – 4.100 euros en numéraire, d’après les comptes de la directrice de l’hôtel le lendemain -, une caisse, et les clés d’un scooter et d’une voiture Peugeot. C’est dans cette voiture qu’ils fileront, en embarquant à bord leur victime, encore ligotée. Avant que l’un d’eux finisse par la relâcher aux abords de l’antenne en forme de palmier.

“Des faits criminels”

Malgré ces faits d’une extrême gravité, les juges se retrouvent face à un mur obstiné de mensonges et de déni. “Ce sont des faits de vol avec arme, correctionnalisés en opportunité, mais ce sont des faits criminels”, insiste d’ailleurs la procureure dans son réquisitoire. “Au moment où j’étais en garde à vue, on me mettait sous pression, même si je disais la vérité, il me disait qu’il allait me taser, mais il y a des faits dans ce que vous avez dit que je n’ai pas commis”, soutient mordicus Bandumuni, pourtant confondu par son ADN et ses empreintes retrouvées dans la voiture.

Le prévenu n’aura de cesse de revenir sur ses déclarations pendant sa garde à vue, comme pendant l’instruction. Poussant même la magistrate du parquet à intervenir une fois de manière intempestive, visiblement agacée : “Mais c’est vous, qui avez dit que vous étiez le chauffeur !” Même attitude pour ses comparses, qui iront jusqu’à imaginer la présence d’une autre bande sur les lieux avant eux. “J’ai dit qu’il était là, mais en détention, je me suis rendu compte qu’il n’était pas là”, marmonne le numéro 17 en désignant L’Infirmier. “Le gardien, je ne sais pas, je l’ai pas vu, après je ne sais pas s’il s’est passé des choses avant qu’on arrive sur les lieux.” Clou du spectacle avec L’Infirmier : “Il y a une personne qui ment dans ces faits-là, soit c’est les gendarmes, soit c’est la justice.” “Mais pas vous ?”, raille la présidente.

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Un “Jamel Comedy Club

Cet entêtement fada serait presque comique s’il ne s’agissait de faits aussi graves. “Ces gens-là jouent bien leur rôle de comiques, on les voit bien jouer dans un Jamel Comedy Club”, salue ainsi, ironique, l’avocat de la partie civile Maître Abdel Latuf Ibrahim. Mais le conseil du réceptionniste n’est pas dupe. “Ils se présentent comme des gens simples qui n’ont jamais rien fait alors qu’ils ont été défendus par la plupart des avocats de Mayotte, moi-même j’en ai défendus pour certains des autres faits que vous avez exposés, et ce ne sont pas des enfants de chœur », dénonce-t-il. Passés en 2017 devant la cour d’Assises pour mineurs, les trois gaillards écoulent des peines pour des faits criminels, notamment de vol en bande organisée, prise d’otage, ou encore agression sexuelle.

Face à leur personnalité “à tendance psychopathique”, et leur acharnement à ne pas se remettre en question, le parquet requiert six ans de prison pour les trois prévenus présents, des mandats d’arrêt pour les deux autres et sept ans de prison pour celui accusé de surcroît de récidive. “Vous vous êtes moqués du tribunal”, lâche la magistrate. Les juges iront dans son sens. Seule surprise : la relaxe d’un des prévenus non comparants. L’autre, en récidive, écope de sept ans de prison avec mandat d’arrêt. Les trois comparants de six ans de prison ferme, interdiction de porter une arme pendant dix ans, et interdiction de territoire français de dix ans pour l’un d’eux. Les quatre coupables devront par ailleurs verser la somme de 6.000 euros à la victime pour son préjudice moral, et 171,53 euros pour son téléphone portable, volé dans la foulée.

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