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La surpopulation carcérale à Mayotte inquiète le secrétaire général de Force Ouvrière justice

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Emmanuel Baudin, le secrétaire général de Force Ouvrière justice était en déplacement dans le 101ème département en ce début de semaine, lundi et mardi. Il est venu pour rencontrer ses collègues de la prison de Majicavo et se rendre compte de la réalité de la situation carcérale à Mayotte. Après avoir passé une journée entière au centre pénitentiaire, le constat est sans appel : l’établissement est au maximum de sa capacité d’accueil, les conditions ne sont pas réunies pour permettre aux employés de faire le travail en sécurité et les détenus se marchent sur les pieds. Seule solution au problème, la construction d’un nouveau centre de détention.

Flash Infos : Vous avez passé la majorité de votre séjour à Mayotte au centre pénitentiaire de Majicavo. Qu’avez-vous constaté sur place ?

Emmanuel Baudin : Un problème que j’avais déjà constaté lors de ma dernière visite en 2018 : la surpopulation carcérale. Il y a plus de 110 matelas au sol ! Les conditions de détention sont difficiles pour les détenus, mais aussi pour les personnels. C’est toujours problématique quand vous ouvrez une cellule qui devrait accueillir une personne et que vous en avez quatre face à vous. C’est dangereux parce que vous êtes seul et eux sont nombreux à l’intérieur.

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Le centre pénitentiaire de Majicavo est sous dimensionné. Je l’avais déjà dit à la précédente mi-nistre de la Justice, Nicole Belloubet, et je vais faire la même chose avec le ministre actuel, Éric DuponD-Moretti. Je vais lui écrire pour lui rappeler l’absolue nécessité de construire une deuxième prison à Mayotte, idéalement dans le sud de l’île parce qu’il n’y a plus de foncier disponible à Mamoudzou. Cet établissement devrait avoir 500 à 600 places pour anticiper l’augmentation des incarcération.

Dans l’idéal, il faudrait que ce soit un centre de détention. L’avantage est qu’il accueille des gens condamnés à plusieurs années d’emprisonnement. Et cela doit permettre de réinsérer davantage les détenus : ils sortiraient alors de prison avec un diplôme, ils pourront trouver un travail et ainsi s’éloigner de la délinquance.

FI : Le « Plan 15.000 places » voulu par le président de la République est déjà acté. Il annonce des constructions de prisons en France, mais aucun projet n’est prévu pour Mayotte… Pensez-vous réellement pouvoir changer la donne et être entendu cette fois-ci ?

E. B. : Effectivement, dans le « Plan 15.000 places », rien n’est prévu pour Mayotte et c’est bien dommage. À mon sens, la situation est très grave… Et il n’y a pas d’autres solutions qu’un autre établissement. À l’époque, je n’avais pas été entendu par Nicole Belloubet ! Désormais, il y a cette volonté de construire des établissements en France. Sachant cela, je vais de nouveau interpeller le ministre de la Justice pour réitérer ma demande.

Quand nous sommes à 200% d’occupation il y a un vrai problème. Le centre pénitentiaire de Majicavo est fait pour accueillir 275 personnes. Aujourd’hui, nous recensons 475 détenus… Même si nous essayons de limiter les incarcérations, les juges font leur travail. Je vais défendre ce projet et faire en sorte d’être entendu, avec le soutien du directeur du centre pénitentiaire de Majicavo. Il faut que nous fassions front commun, c’est la seule solution viable pour les personnels, pour les détenus et pour Mayotte. Et le temps presse : entre le moment où cela va se décider et celui où la prison sera construite, il va se passer quelques années. ! Donc soit nous anticipons dès maintenant, soit nous serons confronté à un vrai souci de gestion dans un avenir proche.

FI : La surpopulation carcérale touche l’ensemble du territoire français. À Mayotte parfois, la solution est de transférer les détenus à La Réunion. Est-ce une bonne alternative selon vous ?

E. B. : C’est complètement stupide ! Non seulement cela coûte énormément d’argent, mais en plus cela créé des problèmes de saturation à La Réunion. Et puis, ce n’est pas une bonne solution : c’est toujours mieux pour le détenu de rester dans son environnement pour lui évite de casser des liens familiaux.

FI : Vous êtes aussi sur le territoire pour discuter avec les représentants de votre syndicat, que vous disent-ils ?

E. B. : Ils sentent que la population pénale évolue comme la société, qui est de plus en plus violente. À Mayotte, nous avons en plus un problème qui n’existait pas auparavant : celui des gangs ! Conséquence, les collègues se retrouvent en première ligne face à ces affrontements. Il faut absolument séparer ces individus… Or, ce n’est pas toujours possible à cause de la surpopulation carcérale.

L’autre problématique rencontrée est le manque d’effectifs. Quand nous construisons une prison, nous avons a un organigramme de référence. Je milite pour que celui-ci soit amendé pour les établissements situés en Outre-mer, c’est-à-dire qu’il faut rajouter 10% de personnel pour anticiper les mouvements sociaux, les arrêts maladies ou encore les pandémies comme la crise Covid. En métropole, vous ne rencontrez pas ce genre de souci : lorsqu’il vous manque quelqu’un, vous appelez la prison d’à côté en renfort, ce qui n’est pas possible ici !

FI : Comment donner envie aux jeunes de s’engager dans ces métiers très difficiles de manière générale et plus particulièrement à Mayotte ?

E. B. : Nous travaillons sur la reconnaissance du métier ! Pour nous, c’est le but des États généraux de la Justice qui se tiennent en juin prochain. Nous voulons revoir notre statut. Pour l’instant, nous sommes référencés dans la catégorie C de la fonction publique d’État, c’est-à-dire que nous sommes recrutés à un niveau brevet des collèges. Nous voulons l’élever pour la simple et bonne raison que nous exerçons les rôles de psychologue, d’infirmier, de surveillant… En passant dans la catégorie B, le recrutement se ferait à partir d’un niveau Bac : cela ferait évoluer notre statut, mais aussi notre salaire. Il faut savoir que malgré l’enveloppe allouée par Bercy, nous n’arrivons pas à recruter, pire encore nous perdons des postes.

Il faut aussi revoir le rythme de travail des agents. La plupart d’entre eux n’ont qu’un week-end de repos sur sept. Certains travaillent le matin, l’après-midi et la nuit… Ce qui n’est tout simplement pas tenable pour l’organisme. Donc il faut repenser le rythme de travail pour qu’il corresponde à la société et à la vie de tous les jours. Si nous valorisons le surveillant pénitentiaire, nous pourrons de nouveau attirer du monde !

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