Un agent de sécurité a été mortellement agressé ce mardi, alors qu’il sécurisait un concert à Ntsoudjini. Un événement qui a déclenché de vives tensions entre cette ville et sa voisine Hantsambu, dont était originaire la victime. Des actes de violence qui surviennent peu après un autre décès, survenu, lui, sur fond de rivalité lors d’un match de football.
L’Union des Comores est le théâtre de plusieurs actes de violence dramatiques ces sept derniers jours. Ce mercredi 28 août, un jeune homme de 21 ans, connu sous le nom de Raïm Ali Hassane, a rendu l’âme à l’hôpital El-Maarouf, après avoir reçu un coup de couteau la veille, qui lui a été fatal. Originaire de Hantsambu, une localité située à moins de cinq minutes de la capitale Moroni, la victime était un agent de sécurité. Il sécurisait un concert qui était organisé à Ntsoudjini, ville voisine de la sienne, quand il a été poignardé, selon les premiers éléments divulgués par des habitants. À en croire une source de la gendarmerie nationale des Comores, le principal suspect se trouvait déjà dans les locaux de la brigade des recherches, pour les besoins de l’enquête. « Une plainte pour blessures ayant entraîné la mort a été déposée. Les personnes impliquées seront arrêtées ou livrées par les autorités locales, dès que les médiations prendront fin. La sensibilisation des deux localités se poursuit« , a ajouté la source de la gendarmerie. À l’heure où nous écrivons ces quelques lignes, les tensions étaient encore vives entre les deux localités. On a relevé plusieurs biens incendiés, notamment des voitures. Toutefois, il est trop tôt pour s’avancer sur le nombre de voitures ravagées, et encore moins pour une évaluation sur l’étendue des dégâts. Nous ne sommes pas non plus en mesure de faire un bilan, même si des sources villageoises ont mentionné la blessure d’une personne présentant des troubles psychiatriques native de Ntsoudjini.
Un suspect arrêté
Si l’enterrement de la victime s’est déroulé ce mardi, les détails de son agression n’ont pas été confirmés. « Le principal suspect aurait voulu rentrer de force dans le concert alors que celui-ci était payant. Rahim ne s’est pas laissé faire et a exigé un billet. Pendant cette première tentative de forcing, l’agresseur a été maîtrisé par les gens qui étaient autour. Il est rentré avant de revenir avec son arme blanche. C’est à ce moment-là qu’il aurait porté un coup de couteau sur le cou avant de prendre la fuite« , a-t-on appris. Une version qui doit être confirmée ou infirmée par les autorités judiciaires après l’audition préliminaire. Des informations précisent également que le jeune n’était pas censé être en service ce soir-là. Ce drame s’est produit malgré la volonté des organisateurs qui, par prévention, ont fait appel à une société de sécurité bien connue. Celle-ci appartient à l’un des fils du chef de l’Etat comorien, Loukman Azali, devenu, depuis août 2023, commandant du groupement de Gendarmerie de la Grande Comore. « Ils ont fait l’effort de ne pas confier la sécurité à des jeunes amis mais à une équipe de professionnels dont faisait partie la victime. C’est dire à quel point l’organisation a fait preuve de sériosité, hélas« , regrette Cheikh Mc.
“Je n’ai plus les mots”
L’artiste comorien, qui faisait partie de ceux qui se produisaient à Ntsoudjini, n’est pas resté indifférent après ce qui s’est passé. « Depuis que j’ai appris le drame ce matin, je n’arrive pas à me l’expliquer parce que je suis rentré très tard avec le sentiment d’avoir procuré de la joie à mes fans et ce qui arrive par la suite est inimaginable. Pourquoi. Je ne sais pas, car je n’ai plus les mots. D’abord j’adresse mes condoléances les plus attristées aux familles éplorées. La victime était très appréciée dans les deux localités et était proche de tous notamment, Asam avec qui j’ai partagé la scène qui est lui aussi de Ntsoudjini. Je prie Dieu pour qu’il leur offre la force de dépasser ce drame”, a tristement réagi le rappeur Cheikh Mc, contacté par notre journal, ce mercredi après-midi. L’interprète de Kavu (“il n’y a rien”), appelle à un élan de solidarité pour que l’auteur de cet acte « criminel » soit puni et que justice soit faite.
L’artiste engagé comorien a souligné qu’il ne s’agissait pas d’un match de football opposant deux villages, mais d’un concert réunissant des jeunes de la région. »Essayons de dépasser nos émotions pour ne pas amplifier la violence« , a insisté Abdéremane Cheikh, qui a pointé du doigt cette délinquance qui se généralise dans le pays selon lui. « Il faut décentraliser la sécurité publique. À Moroni, il y a plus de délinquance mais la présence des forces de l’ordre joue un effet dissuasif, cela aide à limiter les dégâts« , a-t-il énuméré. Un cri du cœur qui semble justifié, étant donné que, pas plus tard que dans la nuit du 21 août, un autre jeune de 20 ans a perdu la vie au nord de la Grande Comore, en tentant de s’interposer pour mettre fin à une rixe opposant deux groupes de jeunes. Le drame s’est produit pendant un twarab (concert où l’on chante des chansons traditionnelles). À la différence de l’agression fatale de ce mardi, la mort de Housni Massoundi, qui a reçu il y a une semaine un coup de bâton, prend ses origines sur une histoire remontant à 2023. Des rancunes nées après une altercation à l’issue d’un match de football entre des jeunes des deux localités.
Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
, 1er journal des ?? / @Reuters @el_Pais @mayottehebdo ??