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Décasage à M’tsamudu : « Si on prend la crise de l’eau comme prétexte, on sera en échec »

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Une trentaine de cases illégales, où onze familles étaient recensées, ont été détruites au lieu-dit Nabawane, à M’tsamudu, ce mardi matin. Le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, défend cette neuvième opération de la loi Elan pour l’année 2023 alors que Mayotte souffre de la pénurie d’eau, et même si le chiffre de 1.000 destructions ne sera pas atteint avant la fin de l’année (644 actuellement). Un autre décasage d’une soixantaine de cases prévu encore dans le village du sud de Mayotte en décembre.

Flash Infos : Sur quelle dynamique êtes-vous aujourd’hui avec ce décasage ? Est-ce qu’on s’oriente vers un Wuambushu 2 malgré la crise de l’eau ?

Thierry Suquet : C’est la suite de Wuambushu. On est là sur des secteurs qui ont été proposés par les mairies, quand on a préparé les démolitions au début de l’année. On avait 1.000 cases comme objectif de destruction d’ici la fin 2023. Elles ont été identifiées, et au fur et à mesure, on avance. Aujourd’hui, cette dynamique se poursuit. Après, les objectifs reposent sur l’idée de grandeur de ce qu’on veut faire. L’idée est de détruire plus de 1.000 cases par an et d’empêcher l’extension des bidonvilles. Ici, si on ne fait rien, le bidonville continue de s’étendre. Le projet de la mairie de Bandrélé est de permettre à la nature de reprendre ses droits, de maîtriser l’urbanisation sur les abords du stade avec un projet d’aménagement et ne pas laisser un développement anarchique de l’urbanisme.

F.I. : On s’interroge sur l’intérêt d’une telle opération en pleine crise de l’eau. Deux familles (sur les onze enquêtées) ont accepté d’être relogées, les autres se retrouvent donc dans la nature, sans logement et sans eau.

T.S. : Neuf ont refusé les propositions qu’on avait faites. De toute façon, sur une bonne partie de ce secteur-là, il n’y avait pas d’eau ni électricité.

F.I. : (on coupe) Mais il y avait une borne-fontaine pas loin. Là, ça va être plus compliqué.

T.S. : De toute façon, entre les rampes, les bornes magnétiques, les citernes et la distribution d’eau au robinet, on assure la distribution de l’eau potable. Pour les plus vulnérables, même indépendamment des situations qu’on peut avoir, les gens ont accès aux distributions d’eau, quand il s’agit de femmes enceintes, pour ceux qui ont des enfants de moins de deux ans. Et vous savez qu’on a élargi le public aux scolaires. Ça veut dire que les enfants qui étaient scolarisés et qui continuent à l’être, si leurs écoles ne sont pas sur le chemin, ils ont accès à une bouteille d’eau dans le cadre de l’extension de la distribution. La crise de l’eau, c’est une réalité. On se bat tous les jours pour amener de l’eau potable partout où c’est nécessaire. Mais tous les Mahorais le savent. Si on prend la crise de l’eau comme prétexte pour arrêter de bosser pour lutter contre la délinquance, contre l’immigration irrégulière, pour détruire l’habitat illégal, parce que c’est la partie qui nous réussit aujourd’hui, on sera en échec. Et on ne veut pas que Mayotte soit en échec. On a une vraie volonté, affirmée par le ministre de l’Intérieur et des Outremer (N.D.L.R. Gérald Darmanin), de dire : on lutte contre la violence et les bandes violentes, on lutte contre l’habitat insalubre et illégal parce que ce sont des foyers de délinquance. On lutte contre l’immigration illégale parce que les gens qui vivent dans ces conditions-là sont victimes de passeurs et vivent dans des conditions déplorables. Mayotte ne peut pas accueillir des milliers et des milliers de personnes. Il faut absolument ramener les gens dans leur pays d’origine. Et on voit bien la difficulté que ça représente avec les Africains (N.D.L.R. l’expulsion ne peut se faire sans l’accord des pays concernés). Ces politiques-là ne peuvent pas s’arrêter. C’est le cas ici, ce ne sont pas des gros secteurs, mais c’est important pour l’équilibre des villes dans lesquelles on est.

F.I. : Pour revenir sur l’objectif de 1.000 cases démolies, on est avec ce décasage à 644, est-ce qu’on peut acter qu’il ne sera pas atteint à la fin de l’année ?

T.S. : Non, on n’acte pas ça. On ne compte pas ça comme ça. Les 1.000 cases sont identifiées depuis un moment. Qu’elles soient démolies en décembre ou en janvier, cela n’a aucune importance. Ce qui est important, c’est que le mouvement lancé soit irréversible. La disparition des bidonvilles se fera au rythme où il se fera. Je comprends qu’humainement ça puisse discuter sur la situation d’une famille. C’est ce qu’on fait avec les travailleurs sociaux et le tribunal. Si on est à 900 à la fin de l’année, ce n’est pas un échec, parce qu’on sera à 1.000 la semaine suivante. On a en tête l’objectif suivant, 1.500 démolitions fin juin 2024.

F.I. : Vous parlez de passer du bidonville au logement. Il y a neuf familles dans la nature, est-ce qu’elles ne passeront pas du bidonville au bidonville, tant qu’il n’y aura pas de logements construits ?

T.S. : On a résolu le problème ici, parce qu’on a bloqué l’extension du bidonville. Collectivement, on a besoin de démolir pour dégager du foncier, construire du logement, faire de l’aménagement.

 


F.I. : (on coupe) Ce n’est pas toujours le cas. Sur les neuf opérations Élan, cette année, seules trois comportaient des opérations immobilières (Hamouro, Doujani et Talus 2).

T.S. : L’objectif collectif est d’aménager les villes. Et individuellement, il y a le sujet des familles. D’abord, très souvent, elles nous disent qu’elles ne veulent pas des hébergements parce qu’elles ont des solutions alternatives. Deuxièmement, on les retrouvera à un moment donné et on fera des propositions qui sont nécessaires. On les accompagne avec une proposition de mise à l’abri, d’hébergement ou d’accès aux logements. Et pour ceux qui n’ont pas le droit d’être là, il y a une proposition, voire plus qu’une proposition, de retour dans leur pays d’origine. Et ces départs peuvent se faire volontairement. Je rappelle qu’on a 15% de gens qui partent aux Comores tous les jours de manière volontaire.

F.I. : Il y a souvent des opérations de lutte contre l’immigration illégale en amont du décasage. Est-ce que vous savez combien de personnes ont été appréhendées dans ce cadre ?

T.S. : C’est le principe sur les secteurs identifiés, on a des opérations de lutte contre la délinquance et contre l’immigration clandestine. Vous avez vu les délais, ça se passe longtemps à l’avance. Aujourd’hui, on ne tient pas de décompte sur le lien direct. Mais ces opérations sont menées de façon systématique bien évidemment dans ces secteurs parce qu’ils sont identifiés comme insalubres et parce que c’est indigne de vivre dans ces conditions-là.

Un décasage qui en appelle un autre en décembre

Onze familles ont été recensées par l’enquête sociale, mais elles pourraient être une vingtaine à vivre dans les 34 cases en tôle détruites, ce mardi matin, sur des terrains appartenant au onseil départemental de Mayotte et deux autres à des propriétaires privés. Deux familles ont accepté un relogement dans des communes limitrophes, permettant de scolariser les enfants dans la même école. Afin d’empêcher le retour des occupants, la municipalité de Bandrélé pourrait avoir recours à la flagrance pour cesser toute nouvelle construction.

Aux abords du stade, les habitants regardent avec un air inquiet le balai de camions de l’entreprise de BTP et de gendarmerie. Une deuxième zone, un peu plus grande avec une soixantaine de cases, est en effet concernée par un arrêté. En prévision de recours, la préfecture de Mayotte prévoit l’opération de démolition en décembre.

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