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RSMA : Les formés visent d’abord la confiance avant d’apprendre un métier

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Direction le régiment du service militaire adapté (RSMA), à Combani, où une section de jeunes en formation militaire initiale apprend ou révise du français et des mathématiques, ce jeudi 21 mars. S’ils se destinent à intégrer une formation professionnelle, une prise de confiance en eux et en les autres sont aussi à la clé.

« Tu as bien refait ta phrase ? », questionne le caporal Frédérique. « Oui, j’ai remplacé « ils sont vêtus » par « il est vêtu » », répond, souriant, le jeune homme assis à côté de lui, stylo en main et un polycopié d’exercices de français placé devant lui. Comme sa trentaine de camarades âgés entre 18 et 25 ans, il fait partie d’une des quatre sections – mixtes -en formation militaire initiale (FMI) que compte le régiment du service militaire adapté (RSMA), basé à Combani. Ce jeudi 21 mars, une partie de leur journée est dédiée à un cours de français et de mathématiques. Il est encadré par un volontaire technicien répétiteur (personne diplômée en contrat d’un an au RSMA, renouvelable quatre fois), faute de professeurs en nombre suffisant (six mis à disposition par le rectorat). Les niveaux se mélangent et des duos d’entraide se forment. « Y en a qui sont bons, d’autres qui ont des oublis ou qui n’ont pas pu terminer le lycée. Mais tous ensemble, on peut y arriver », maintient le caporal. Sur les deux mois de FMI à effectuer, il ne leur reste qu’environ un mois de théorie avant d’intégrer la filière professionnelle choisie.

« Les plus à l’aise peuvent aider les autres », explique le sergent Cédric. Si ces remises à niveau pourront leur être utiles pour trouver un travail à l’issue, c’est aussi et surtout cette « cohésion » qui est visée au RSMA. Ce sous-officier adjoint de la section les suit depuis leur arrivée, au quotidien. Il la voit déjà à l’œuvre. « Souvent la première semaine, ils ont une petite appréhension. Mais ils arrivent ensemble à un endroit qu’ils ne connaissent pas, doivent marcher au pas au même rythme… » Et il y a le partage d’un même cadre de vie pour les former au « savoir vivre » et « vivre-ensemble » : en internat la semaine, une dizaine par chambrée, sans téléphone portable.

« Dès la deuxième semaine, on commence à voir les résultats. On voit une certaine rigueur », reprend le sergent, qui cherche à les responsabiliser. Le planning, comme les lits, sont au carré. Levé à 4 heures, puis rasage de la barbe, mise en tenue et rassemblement à 6 heures devant le commandant de la troisième compagnie en charge des sections pour connaître les activités de la journée. Sport de 6 heures à 8 heures. Et déroule des activités, jusqu’à 17 heures, comme ce cours de français et de mathématiques, ou encore le suivi d’une intervention pour interroger les rapports hommes-femmes. Puis dîner, chants, révisions, douches… « Et extinction des feux à 21 heures. »

« Je suis fier de moi »

« Ça fait du bien », lâche Abdou, 20 ans, en train d’aider son camarade Houmadi à poser des calculs d’opérations sur sa feuille. « On nous donne des ordres. On nous dit « fais ceci, fais cela ». Et puis on a fait « ceci » ou « cela ». Plus on écoute, plus ça rentre dans la tête. Je me sens actif », détaille celui qui intègrera bientôt la nouvelle formation de poseur de fibre optique, pensée pour répondre aux besoins du département. « La dernière fois que je suis rentré voir ma famille pour le week-end, mes parents m’ont dit qu’ils étaient fiers de moi. Avant, je ne m’entendais pas avec eux », décrit celui qui dit avoir pris conscience en Première qu’il n’écoutait pas à l’école. « J’ai réalisé que je dois faire ma vie, être responsable, trouver un travail. » Il « s’accroche » pour obtenir son bac professionnel logistique avant d’intégrer le RSMA. « Aujourd’hui, je suis fier de moi. »

« Moi, ça fait longtemps que je veux venir ici », évoque son voisin de table, 22 ans. Quatre ans au lycée de Coconi, quelques mois de travail en tant qu’agent d’espaces verts à Bandraboua, puis une inscription à la mission locale… Et deux ans d’attente, dit-il, pour entrer au RSMA. « Quand je ne foutais rien, je ne me voyais pas heureux. Je voyais des jeunes de mon âge travailler, avoir le permis de conduire. Et pourquoi pas moi ? Je veux faire tous les efforts pour leur montrer qu’il n’y a pas qu’eux à pouvoir le passer. » Un défi auquel il pourra se confronter, directement au régiment durant les six à huit mois de formation professionnelle.

« Une claque salvatrice »

« Avant, je restais enfermée chez moi. Quand je parlais à une personne, je tremblais », confie Nasra, avec une voix à peine audible, timide, mais qui dit avoir déjà fait des progrès. Et pouvoir compter sur le soutien des autres jeunes filles de sa section avec qui elle partage sa chambre. « Ici, je sors de ma zone de confort. » Elle pourra, si elle le souhaite, parler librement à un psychologue qu’elle peut, comme tous ceux de sa promotion, solliciter à tout moment. Idem pour les assistants sociaux qui peuvent aider à réaliser des démarches administratives et pallier l’illectronisme de certains.

Pour le capitaine Arnaud qui cumule plusieurs casquettes, dont chargé de formation professionnelle, ce souci de confiance en soi que peuvent ressentir les jeunes s’explique aussi par leur difficulté à s’exprimer « face à quelqu’un qui maîtrise les mots ». « On veut qu’ils s’entraînent à parler français et en confiance », appuie-t-il. En cours de français et y compris sur des interventions socioculturelles qu’essaient de programmer le RSMA : lors des sessions de découverte de jeux vidéo, ateliers de sculpture au bambou, de danse hip-hop, ou de fresque collaborative dès lundi 25 mars, avec l’association Mihono, pour les peintres en formation. Le RSMA envisage même de trouver des intervenants pour les initier au théâtre, voire de mettre en place un concours d’éloquence. L’occasion aussi de leur faire « découvrir autre chose ».

« On ne forme pas des soldats ici. C’est une claque salvatrice. Le but est de les insérer professionnellement et socialement », résume le capitaine, ouvert à toute proposition d’intervention de l’extérieur pour proposer des activités. « Ils ne sont pas nuls comme ils peuvent le penser à leur arrivée. On est tous bons quelque part. Il faut juste trouver où. »

68 % des nouvelles recrues atteints d’illettrisme

Additions, soustractions à poser sur le papier, puis décomposition de nombres décimaux… Si pour certains, lors de ce cours, ce sont des révisions de connaissances déjà acquises, beaucoup présentent des lacunes scolaires. Selon les chiffres du RSMA, 68 % des nouvelles recrues sont atteints d’illettrisme lourd à très lourd, selon les tests réalisés à leur entrée, en plus de ceux réalisés au moment de la sélection. « On rattrape difficilement », admet le capitaine Arnaud. « Il faut essayer de les intéresser en utilisant le vocabulaire du métier pour les exercices. L’idée n’est pas de travailler sur le COD (complément d’objet direct). »

En interne, ces savoirs de base permettront de valider l’un des quatre modules : le certificat de formation générale. Les apprenants devront ensuite encore obtenir l’attestation de formation citoyenne, le certificat de sauvetage et secourisme ainsi que l’attestation de formation à l’emploi, qui permettront, à la fin du cursus au RSMA, de délivrer le certificat d’aptitude personnelle à la formation (Capi).

À leur sortie, au moins 70 % des jeunes perdent au moins un degré d’illettrisme selon le cadre de référence de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (Anci), informe le capitaine. Et 85 % trouvent à l’issue un contrat à durée indéterminée (CDI) ou déterminée (CDD) de six mois.

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