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Tribune libre : Érosion marine : « Pourquoi Mayotte rate les trains règlementaires ? »

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Comme beaucoup de départements français disposant d’un littoral, Mayotte est touchée par l’érosion. Un phénomène qui se couple en plus avec l’activité du volcan sous-marin. Présidente de Maoré Solidaire, Anchya Bamana alerte sur les risques locaux, regrettant que les communes mahoraises soient absentes d’un décret sur la question.

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Anchya Bamana, fille de l’ex-président du conseil général de Mayotte, Younoussa Bamana, est la présidente de Maoré Solidaire.

Lors de son dernier séjour dans l’île au lagon, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, s’est rendu dans les communes de Bouéni et de Kani-Kéli, afin de parler des thèmes de l’environnement et du développement économique. Ce déplacement dans le sud de l’île avait pour but de parler écologie…

Justement, parlons-en ! Le ministre a eu raison de s’intéresser à cette question de l’écologie eu égard des effets du réchauffement climatique sur le territoire national de manière générale, et sur nos territoires iliens en particulier.

En effet, la loi « climat et résilience » du 22 août 2021 a mis en place des outils pour s’adapter au phénomène du changement climatique. Dans le chapitre consacré à l’érosion côtière, elle prévoit l’identification des communes exposées à ce phénomène sur le territoire national et dans les départements d’Outre-mer. C’est désormais chose faite avec la parution du décret n° 2022-750 du 29 avril 2022 qui établit concrètement la liste de 126 communes concernées par ce phénomène d’érosion et de retrait de côte. Dans ces communes, l’action en matière d’urbanisme et la politique d’aménagement doit être adaptée aux phénomènes hydrosédimentaires entraînant l’érosion du littoral, en application de l’article L. 321-15 du code de l’environnement.

Des interdictions de construire à prévoir

En conséquence, les maires concernés devront réaliser des cartes du risque du littoral à trente ans et cent ans. Ces éléments serviront de base à de nouvelles règles d’aménagement du territoire, allant jusqu’à des interdictions de construire dans certains endroits. Car, l’érosion côtière, processus naturel, est responsable de l’abaissement des plages, du recul des dunes et des falaises. Les risques sont tels que cette érosion peut submerger une maison ou un bâtiment situé(e) trop près d’une côte.

Force est de constater que les communes de Mayotte ne sont pas identifiées dans ce décret. Encore une anomalie, un oubli ?…ou plutôt une injustice de plus qui mérite d’être relevée, alors que 16 communes sur 17 sont concernées par ce texte. Il est affligeant de constater que les communes de Mayotte ont encore une fois raté ce train règlementaire, face à un sujet hyper important qui impacte fortement la politique d’aménagement du territoire à venir.

Le volcan sous-marin lui aussi fautif

Pour cause, entre mai et septembre 2018, Mayotte a vécu au rythme des tremblements de terre. Durant cinq mois, le département a connu des dizaines de secousses qui ont entrainé des dégâts et inquiété la population. A ce sujet, les scientifiques sont très clairs, à l’image de Nathalie Feuillet, physicienne, qui a participé aux investigations du volcan en août 2019 et qui soutient : « Si le volcan sous-marin continue de grossir, Mayotte continue elle de s’enfoncer et de se déplacer. L’île de Mayotte est posée sur une poche de magma qui se vide. C’est comme quand on appuie sur un tube de dentifrice, cela s’affaisse d’un côté et cela sort de l’autre ». Par conséquent, le phénomène de grande marée est aggravé par cet affaissement de l’île, avec un fort risque de submersion marine des côtes.

Le rappel mérite d’être fait aux autorités locales, car gouverner c’est prévoir ! Il est donc urgent et primordial d’intégrer les seize communes de Mayotte dans ce décret, car il n’est jamais tard pour mieux faire…

En effet, l’article L321-15 du code de l’environnement précise que « …. la liste des communes peut à tout moment être complétée à la demande d’une commune souhaitant adapter son action en matière d’urbanisme et sa politique d’aménagement … sous réserve de l’avis favorable de l’autorité compétente… », c’est-à-dire le maire.

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