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Les solutions contre l’érosion poussent à Doujani

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Pluies tropicales, extension de l’urbanisation, déforestation ou encore monoculture, l’érosion a de nombreuses causes et des conséquences dramatiques sur l’île aux parfums et son lagon. Pour tenter d’endiguer ce phénomène, le projet LESELAM 3, lancé en 2021, a créé un laboratoire grandeur nature sur un coteau agricole dans le quartier de Doujani.

Processus de dégradation et de transformation des reliefs, l’érosion est favorisée par les pluies tropicales et accentuée par l’urbanisation ou encore l’existence de parcelles agricoles cultivées sur des pentes, souvent en monoculture mais aussi sans couverture végétale ou paillage au sol. Chaque année, ce sont “20.000 tonnes de terre qui finissent dans le lagon de Mayotte et participent à son envasement”, détaille Germain Rolland, chargé de mission LESELAM au sein de l’association les Naturalistes de Mayotte. Afin de proposer des solutions à ce problème majeur, le troisième volet du projet LESELAM (lutte contre l’érosion des sols et l’envasement du lagon à Mayotte) a mis en place dans le quartier de Doujani une expérimentation sur un coteau agricole.

“Notre objectif est de créer une zone d’aménagement concerté (ZAC)”, explique Élise Guilloux, responsable d’opération aménagement urbain à l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM). Sur 1.5 hectares s’étend alors la parcelle choisie pour mener à bien ce projet. “Nous avons choisi le quartier de Doujani car il a une topographie accentuée typique des reliefs mahorais avec des coteaux et une rivière encaissée”, poursuit la géographe urbaniste.

Deux bassins versants, deux objectifs

“À droite, nous avons laissé la parcelle en l’état actuel et à gauche, nous avons aménagé des intercepteurs hydriques et végétalisés”, expose savamment Élise Guilloux. Au bas des deux terrains : des ruissellomètres. Outils indispensables dont le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) assure le suivi et quantifie les sédiments qui dévalent les pentes à chaque épisode pluvieux. “Cette expérience a déjà été menée à échelle réduite. Ici, nous voulons mettre en avant les bonnes pratiques et obtenir sur deux ou trois ans des données pertinentes pour étendre le modèle”, argumente Germain Rolland.

Mais alors en quoi consistent ces techniques ? Création de petits fossés destinés à canaliser l’eau et la conduire vers la ravine, pose de géotextile pour retenir les sols, revégétalisation et plantation d’espèces disposant d’un système racinaire dense. L’objectif ? Lutter par tous les moyens contre l’érosion en retenant la terre sur les flancs de la colline.

La communication comme arme principale

Aidés par les associations Mlézi Maoré et Espoir et réussite dans la réalisation des travaux, les équipes de l’EPFAM, des Naturalistes de Mayotte et du BRGM n’ont aujourd’hui qu’un seul but : pérenniser les aménagements. “Ce que nous avons mis en place ici, ce sont des choses qui peuvent être reproduites facilement et nécessitant peu de moyens”, affirme l’employée de l’EPFAM. Le but à terme ? “Que la population puisse se l’approprier.” Pour cela, Sandati et Arsalann parcourent au quotidien les quartiers à la rencontre des habitants afin de les sensibiliser. “Nous venons pour discuter et non pour moraliser”, s’exclame Arsalann, employé depuis août 2021 par les Naturalistes de Mayotte. “Nous les accompagnons, faisons un bilan, un suivi, et parfois nous les dirigeons vers des associations”, précise sa collègue Sandati. En shimaoré, en kibushi et parfois même en arabe, le courant passe mieux et tous les riverains peuvent être formés aux risques naturels. Dans une démarche pédagogique, le projet LESELAM 3 a également développé divers supports de communication destiné à tous. Car préserver les sols c’est aussi gagner en productivité agricole, préserver le lagon et ses poissons, mais surtout la santé de l’île et ses habitants.

 

Tereo, l’application aux services de la terre

L’érosion vous inquiète et vous souhaitez agir ? Pour aider les équipes à informer au plus près la population vous pouvez signaler sur l’application Tereo toute pratique vous paraissant dommageable pour l’environnement et les sols mahorais. Auto-construction, brûlis, talus… L’application vous permet de géolocaliser le lieu présentant un risque d’érosion. Rendez-vous sur https://tereo-naturalistesmayotte.sirap.fr/.

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