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Des projections climatiques pointent la vulnérabilité de Mayotte

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Risque de submersion accrue, intensification des feux de forêts, hausse de la température de 3,5 ou 4 degrés… Le projet Brio, mené notamment par Météo France, analyse les effets du dérèglement climatique à Mayotte.

A Mayotte, l’effet combiné de la hausse du niveau de la mer, de l’érosion côtière, des fortes houles et du risque cyclonique accrue renforcerait la fréquence des inondations côtières. C’est notamment ce que met en exergue le projet Brio, porté par Météo France, l’Agence française de développement (AFD) et la Commission de l’océan Indien. Mené pendant quatre années, il établit des projections climatiques dans le sud-ouest de la région avec une précision d’une dizaine de kilomètres.

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Avec l’affaissement connue ces dernières années en raison de la formation d’un volcan sous-marin au large, le territoire a perdu près de vingt centimètres en Petite-Terre, quinze sur l’autre île.

« Nous nous sommes basés sur les rapports du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), qui émettent des projections à grande échelle. L’idée de ce projet était de faire des simulations climatiques adaptés à nos régions », précise François Bonnardot, responsable du service études et climatologie de MétéoFrance pour l’océan Indien. Grâce à ce support, qui s’est concentré sur La Réunion, Mayotte, Madagascar, Maurice, les Seychelles et les Comores, l’objectif est de permettre aux autorités locales de mettre en place des politiques adéquates.

+ 3,5 à 4 degrés d’ici 2100

Le projet s’est notamment intéressé à la hausse des températures, selon différents scénarios. Le plus optimiste, qui nécessiterait que tous les pays de la région se mettent d’accord pour limiter de manière drastique les émissions de gaz à effet de serre, projette une augmentation de 1 à 1,5 degrés de la température d’ici 2100, par rapport à la période 1981-2010. « Pour le moment, nous sommes loin de ce scénario », souligne le responsable du service études et climatologie de MétéoFrance pour l’océan Indien. Dans le cas où les émissions seraient stables, la température sur l’île de Mayotte augmenterait de 3,5 à 4 degrés. A Madagacar, la hausse est encore plus élevée avec une prévision de cinq degrés. « L’océan joue un rôle de tampon, Madagascar a une configuration davantage continentale », indique François Bonnardot.

Concernant le niveau de pluviométrie, le rapport projette une diminution des précipitations qui serait de l’ordre de 10 % annuel sur l’île aux parfums. Mais avec de fortes disparités. « Le deuxième semestre de l’année serait le plus impacté. C’est déjà une période où il pleut peu et la diminution serait de l’ordre de 20 à 30 % », indique le représentant de Météo France. La gestion des ressources en eau deviendrait donc encore plus problématique, avec des périodes de sécheresse intensifiées et plus longues.

« Des murs grignotés par la mer »

Au-delà de ces projections, les événements climatiques extrêmes pourraient également être amenés à augmenter. Si l’activité cyclonique est très faible sur l’île, les cyclones pourraient se faire de plus en plus puissants avec des pluies intenses et des vents violents. « Le climat devrait être encore plus contrasté, avec des événements extrêmes qui pourraient être dévastateurs », projette François Bonnardot. Le tout dans un contexte déjà marqué par la hausse du niveau de la mer et de fortes houles, qui engendreraient des submersions plus fréquentes.

« Avec l’affaissement de l’île ces dernières années en raison de la formation d’un volcan sous-marin au large, nous avons perdu près de vingt centimètres au niveau de Petite-Terre et environ quinze centimètres de l’autre côté du territoire », indique Floriane Ben-Hassen, responsable du centre météorologique de Mayotte. Un phénomène qui accentue l’érosion côtière et rend submersibles de nombreux quartiers qui ne l’étaient pas. « La commune de Bandrélé est désormais inondée en période de grandes marées et certains bâtiments, dans le sud, commencent à voir leurs murs se faire grignoter par la mer. C’est le cas notamment de l’école Kani Bé à Kani-Kéli », poursuit la responsable.

Outre les ressources en eau, le dérèglement climatique aurait de lourdes conséquences sur l’agriculture et la biodiversité. L’augmentation de la salinité dans les sols et le stress hydrique pourraient mettre à mal certaines cultures. « La hausse du taux de sel sur les plages impacterait également la ponte des tortues », explique la scientifique. Sans compter les effets sur le blanchiment des coraux et l’augmentation des feux de forêts liés à l’assèchement des sols.

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