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« On a vu des étoiles de mer, mais aussi beaucoup de canettes »

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Si à Mayotte, il y a les déchets qu’on voit, il y a aussi ceux qu’on ne voit pas. En effet, un nombre incalculable, au sens propre, de bouteilles, de canettes et autres détritus reposent au fond de la mer. C’est dans l’espoir de contribuer à inverser cette tendance que la Réserve naturelle nationale de l’îlot M’bouzi organise chaque année une collecte des déchets sous-marins. Pendant une matinée, nous avons suivi les plongeurs bénévoles au large de Mamoudzou.

Des coraux ayant élu domicile sur des bouteilles en plastique. C’est le triste spectacle qu’ont pu constater les plongeurs qui ont ratissé le récif de l’îlot M’bouzi, la semaine dernière. Chaque année, la Réserve naturelle nationale de l’îlot M’bouzi, gérée par les Naturalistes, organise un ramassage des déchets sous-marins dans cette aire protégée au large de Mamoudzou. Une trentaine de bénévoles ont embarqué, accompagnés par les clubs de plongée Nyamba Club, Nautilus, Jolly Roger, et par le Parc naturel marin, afin de collecter les bouteilles, canettes, couches et autres intrus dissimulés dans la vase des fonds marins. La zone de l’îlot est particulièrement touchée par cette problématique, en raison de sa position géographique. À proximité de Dembéni, Mamoudzou et Koungou, elle est victime du déversement des déchets d’une grosse partie de la population de l’île.

“Des coraux accrochés aux bouteilles”

« On a vu des étoiles de mer, des nudibranches (N.D.L.R. limaces de mer), pas mal de poissons finalement, mais aussi beaucoup de canettes et de bouteilles en verre », déplore David Lorieux à bord du bateau du Nyamba club, après avoir passé une heure et demie sous l’eau et remonté quatre sacs de déchets. Chacun est tristement surpris par la rapidité à laquelle ils se remplissent lors de cette collecte.

« Ça m’a fait de la peine quand j’ai vu des coraux accrochés à des bouteilles », déplore une des plongeuses, encore dans l’eau. « En dehors de nettoyer le lagon, l’idée c’est aussi de sensibiliser en amenant les gens sous l’eau pour leur montrer, à la fois, qu’il reste de la vie dans la réserve de l’îlot M’bouzi, et que l’envasement du lagon et l’envahissement des déchets est indéniable », défend le conservateur de la Réserve naturelle nationale de l’îlot M’bouzi, Louis Maigné.

Une goutte d’eau dans l’océan

Daniel Budet, co-gérant du Nyamba club, qui a accompagné six plongeurs cette journée, en est à sa dixième participation à l’événement. En quinze ans, ce dernier regrette que les comportements vis-à-vis des déchets ne changent pas au fil du temps. Il ne peut pas se débarrasser de l’impression que ce ramassage ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan. « Même si on n’est pas sûrs que cela serve à grand-chose, il faut quand même montrer l’exemple », dit-il, en tentant de se convaincre.

« C’est vrai que, pour certains, ce n’est pas grand-chose par rapport à la quantité de déchets qu’il y a sur l’îlot, on devrait en faire beaucoup plus. Mais c’est pour cela qu’on compte passer à deux ramassages par an », déclare Louis Maigné. L’opération devrait donc se répéter en mars 2024 et peut-être bénéficier d’un dispositif plus important. En attendant, en 2023, cette action a été plus efficace que l’année dernière. Si en 2022, les bénévoles avaient collecté 36 sacs pour 300 kilos de déchets, cette fois-ci, ce sont 40 sacs pour 390 kilos qui ont été cueillis parmi les coraux.

Des déchets à traiter

Après avoir passé la matinée en mer à récupérer les trouvailles des différentes embarcations, le bateau de la réserve les ramène à terre, où les bénévoles et une benne les attendent. C’est l’heure du tri. Les différentes catégories de déchets et le poids de chaque sac sont soigneusement pris en note. Une fois la benne remplie, c’est au tour de la Communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou (Cadema), d’intervenir. En effet, à cause de la vase et des sédiments, ces déchets doivent être traités avant de pouvoir rejoindre les détritus restés à terre. Les uns comme les autres ne devraient pas être aussi nombreux pour Louis Maigné, qui insiste sur la nécessité d’agir en amont : « La première solution pour réduire la quantité de déchets, c’est de ne pas les produire ».

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