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Violences conjugales à Mayotte : “le confinement a fait exploser les chiffres”

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

Les chiffres n’ont cessé de grimper pendant le confinement, au grand dam des associations qui luttent contre les violences conjugales. Les signalements de violences ont augmenté de 36 % durant cette période, au niveau national. Mayotte ne fait pas exception, l’association pour la condition féminine et aide aux victimes (ACFAV) a été très sollicitée durant ces deux derniers mois par des femmes qui n’avaient plus d’échappatoire. 

Dès le début de la crise, les professionnels de l’ACFAV appréhendaient les conséquences du confinement sur les personnes victimes de violences conjugales. Malheureusement, leurs craintes ont été avérées puisque le nombre de signalements pour violences est en forte hausse à Mayotte et à l’échelle nationale. “Le confinement a fait exploser nos chiffres, le nombre de violences conjugales constatées a triplé par rapport à l’année dernière (les derniers chiffres évoquent plus de 81 victimes de violence dans les hébergements)”, affirme Djamael Djalalaine, président de l’ACFAV. L’accueil du jour étant fermé durant cette période, l’accueil téléphonique a particulièrement été prisé. Un dispositif a été également mis en place dans les pharmacies pour que les victimes puissent se signaler en toute discrétion sans prendre de risques. Il a été d’une grande aide selon Djamael Djalalaine. “Le dispositif d’alerte avec les pharmacies s’est très bien passé. Beaucoup de femmes victimes se sont orientées vers nous grâce à cela, son maintien est donc nécessaire au-delà du confinement.” Le signalement est une chose, mais la prise en charge en est une autre. Certaines femmes ont dû être mises à l‘abri en urgence avec leurs enfants, une quarantaine ces trois derniers mois. Ce chiffre ne colle pas avec les capacités réelles de l’association qui ne dispose que de 14 places d’hébergements pour les victimes de violences conjugales. 

Celles qui ont dû rester chez elles avec leurs bourreaux ont subi le confinement avec beaucoup de stress et une peur constante. “Cela a été particulièrement compliqué moralement, car elles n’avaient pas d’échappatoire. Elles ne pouvaient pas sortir de la maison, et supportaient leurs conjoints qui étaient tout le temps présents. En temps normal, ils vont au travail et ça permet aux femmes de respirer un peu”, explique le président de l’ACFAV. Selon les témoignages récoltés par les professionnels de l’association, ces femmes ont ressenti le confinement comme une forme de soumission puisqu’elles n’avaient pas d’autres choix que d’exécuter les volontés de leurs maris. La plupart ont été victimes de violences physiques, mais également de viol conjugal et de harcèlement moral, selon l’association. 

Un suivi difficile à mettre en place 

Les professionnels de l’ACFAV sont restés en contact avec une grande partie des victimes, mais le suivi n’a pas été de tout repos puisque le téléphone était leur seul lien. “Lorsqu’on les appelait, elles étaient obligées de mettre le haut-parleur ou des fois elles ne répondaient pas. Maintenant qu’elles sont de retour dans nos locaux, elles nous expliquent qu’elles ne pouvaient pas parler parce que le mari était à côté”, indique Djamael Djalalaine. Très souvent, ces femmes dépendent financièrement de leurs conjoints, et dans ces cas-là l’éloignement est d’autant plus difficile. “La question de l’aide alimentaire a été un frein et très dur à gérer. La priorité de ces femmes est de nourrir leurs enfants et elles ne pensaient pas à elles. Nous ne sommes pas habilités à donner des colis alimentaires, mais nous avons travaillé avec les associations qui s’en occupent”, révèle Malika Bouti, conseillère conjugale à l’ACFAV. Cette dernière affirme avoir appelé ces femmes tous les deux jours. Elle ne cache pas que le confinement a compliqué son travail, mais il lui a également permis de le repenser. “J’ai appris à écouter différemment, je suis plus perceptive. C’était nécessaire pour les appels téléphoniques. J’ai également apporté des outils à ces femmes pour qu’elles soient plus vigilantes et qu’elles osent appeler la police ou simplement parler.” 

Sensibiliser et protéger encore plus 

La secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes a annoncé ce mardi de nombreuses mesures qui aideront à lutter contre les violences conjugales et familiales. Parmi elles, un fonds d’un million d’euros sera attribué aux structures qui soutiennent les victimes. Le directeur de l’ACFAV s’en réjouit, car cela leur permettra d’adopter de nouvelles méthodes de travail. “Nous voulons avoir un camion mobile qui sillonnera les coins les plus reculés de Mayotte avec des psychologues, des conseillers conjugaux, des conseillers juridiques, etc. Cela nous permettra aussi de mieux sensibiliser et en même temps de récolter plus d’informations. Nous ne devons plus attendre que les victimes viennent vers nous.”

Rappel : Si vous êtes victimes de violences conjugales ou familiales ou si vous connaissez une personne dans cette situation, veuillez contacter le 55 55. Ce numéro est gratuit.

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