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Haro sur les bons alimentaires à Tsingoni

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À Tsingoni, la distribution des bons alimentaires commandés grâce aux fonds du conseil départemental n’a pas encore commencé. En cause : des dissensions entre les acteurs de la commune. Avec un risque pour les plus démunis, toujours en attente des précieuses denrées. 

Mais que se passe-t-il à Tsingoni ? Alors que les besoins alimentaires sur l’île se font de plus en plus sentir, de nombreuses familles ont rapporté ne pas avoir bénéficié des précieuses aides, bons ou colis qui doivent leur permettre de supporter ces semaines de confinement. Un collectif citoyen anonyme s’en est fait le relai par courrier, mercredi. Et il ne passe pas par quatre chemins : “Nous vous écrivons pour dénoncer le détournement plus que probable de milliers d’euros de fonds publics en bons alimentaires attribués au CCAS (centre communal d’action sociale) de Tsingoni par les élus locaux”, écrivent ses auteurs. L’accusation de détournement de fonds publics est peut-être, à ce stade, un peu prématurée, mais cette réaction pointe en tout cas un problème réel. “Nous sommes allés à la rencontre de plusieurs familles sur le terrain, pour les recenser et faire remonter les situations critiques au CCAS. Nous leur avons garanti que des aides étaient en train de s’organiser sur le territoire. Une semaine, deux semaines, trois semaines plus tard, force est de constater qu’elles n’ont toujours rien”, déplore l’un des auteurs du courrier, qui préfère garder l’anonymat. 

Pour comprendre cette situation, il faut revenir sur l’organisation des aides alimentaires depuis le 17 mars. Car tout n’est pas simple : les sources de financement, qui proviennent soit de l’État et donc de la préfecture, soit du département et des communes, doivent permettre aux associations ou aux CCAS de se fournir en bons ou en colis, pour ensuite assurer eux-mêmes les distributions. Or cette multiplication d’acteurs peut rapidement devenir source de tensions. “Nous avons constaté parfois des dysfonctionnements avec les CCAS, ou dans la concertation entre les différents acteurs”, confirme Ali Nizary, le président de l’union départementale des associations familiales (UDAF). Les CCAS, spécialisés dans l’action sociale, doivent normalement se charger d’établir, de mettre à jour et de centraliser les listes de bénéficiaires. Or, sans concertation entre tous les acteurs, les conséquences peuvent être très dommageables pour les plus modestes. “Des élus ont effectué des distributions sur la base de leur propre liste, résultat, il y a eu des doublons : certaines personnes sont reparties avec 200 euros quand d’autres n’ont rien eu”, développe Enrafati Djihadi, la directrice de l’UDAF. 

Les élus ont récupéré les bons 

Mais revenons-en à Tsingoni. Là-bas, c’est justement l’aide du département qui n’a pas encore réussi à se frayer un chemin jusqu’aux familles précaires de la commune. Le conseil départemental a en effet annoncé le 3 avril dernier avoir débloqué deux millions d’euros pour 6.000 familles. Ces fonds doivent être versés en deux temps, une partie en avril, et l’autre en mai, aux associations, à la Croix Rouge, et aux CCAS, pour les transformer en aides alimentaires. À Tsingoni, c’est donc un premier virement de 27.830 euros qu’a reçu le CCAS le mois dernier. Une commande de 27.000 euros a alors été passée auprès de Bourbon Distribution Mayotte, pour des bons alimentaires utilisables dans les Douka Bé. Et depuis, plus rien. “Lors d’une réunion, les élus ont décidé de récupérer les bons, et d’utiliser des listes qu’ils ont établies sans le CCAS”, raconte une source présente au moment des faits. “Ils ont établi leurs propres listes, en allant recenser des gens dans leurs quartiers”, poursuit-elle. Or le risque est grand de voir certaines familles oubliées, ou de créer des doublons. “Sans parler des personnes en situation irrégulière, particulièrement dans le besoin ces temps-ci et qui ne sont déjà pas souvent prises en compte dans les dispositifs d’aide…”, s’inquiète l’un des auteurs du collectif citoyen. 

Une affaire de listes 

Du côté de la mairie de Tsingoni, la version diffère légèrement. Certes, les bons sont actuellement entreposés à la mairie, en attente d’une distribution, nous explique-t-on. “Mais c’est parce que nous n’avions reçu que la moitié !”, s’exclame Fatima Ali Tamou, conseillère municipale (LR) et vice-présidente du CCAS. “Nous attendions les 830 euros manquants pour lancer la distribution”, qui devrait avoir lieu ce jeudi, avec des agents du CCAS, assure-t-elle. Mais visiblement, lesdits agents, prévenus à la dernière minute — ce mercredi après-midi —, ne pourront pas se rendre disponibles… “Depuis le début, le CCAS refuse de travailler avec nous”, s’agace Fatima Ali Tamou. D’après elle, face à l’absence de cohésion entre le CCAS et la mairie, les élus ont dû reprendre le flambeau. “Nous avons dû travailler tout un dimanche pour remettre à jour la liste, où il y avait des personnes décédées, ou avec plusieurs occurrences”, poursuit-elle. “C’est une façon de ruser, ils travaillaient sur leurs listes avant même d’avoir vu les nôtres”, peste-t-on dans le camp adverse. Difficile de démêler le vrai du faux, ces listes ne pouvant, bien sûr, être diffusées largement. Mais d’après l’association Horizon, qui a organisé aux côtés du CCAS des distributions de colis solidaires sur la commune, la liste du CCAS correspondait assez bien à ses propres recensements, établis grâce à ses relais communautaires au sein des quartiers.ww 

Contacté, le maire sortant (LR) de Tsingoni Mohamed Bacar n’a pas souhaité faire de commentaire. Pourtant, il en va de la subsistance de nombreuses familles qui, elles, attendent toujours les aides promises… Heureusement, la plupart peut quand même compter sur les bons issus des fonds de la préfecture, qui sont distribués à Tsingoni par l’association Man OI (Mouvement pour une alternative non violente – océan Indien), mandatée par l’État. “On est sur le pont, trois fois par semaine depuis un mois”, souffle Christine Raharijaona, la présidente bénévole de l’organisation. Elle se base sur les listes des associations, qu’elle va comparer régulièrement à celles du CCAS pour éviter les erreurs. “On fait du mieux qu’on peut, je vous assure qu’on donne, même si ce n’est jamais assez”, insiste la responsable. D’après la préfecture qui a fait un point étape le 30 avril, ce sont près de 9.500 familles qui ont été aidées par les associations pendant le confinement. Soit environ 4.000 de plus que le nombre officiel de familles recensées par les 17 CCAS du département.

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