Comores : les délestages de retour après deux mois de répit

Trois mois après l’arrivée d’un nouveau directeur à la tête de la Sonelec, les délestages s’intensifient en Grande Comore. Malgré l’inauguration d’une centrale solaire et l’achat récent de groupes électrogènes pour 4 milliards de francs, de nombreuses régions restent plongées dans le noir. Les habitants dénoncent des coupures imprévisibles, tandis que l’entreprise peine à rassurer.

Depuis le 12 février 2025, la société nationale de l’électricité des Comores (Sonelec) est dirigée par un nouveau directeur, dénommé Soilahoudine Moumini. Ce dernier a été fraîchement nommé après un appel à candidatures lancé en novembre dernier par le gouvernement comorien à un moment où le pays avait replongé dans les délestages. Il se trouvait également que la venue d’une nouvelle équipe à la tête de la Sonelec coïncidait avec l’approche du mois sacré de ramadan. Comme à son habitude, l’Etat a acquis des groupes pour stabiliser le courant durant cette période. Mais voilà que trois mois plus tard, des régions, notamment à la Grande Comore se plaignent des coupures intempestives du courant. La seule nouveauté à retenir avec l’actuelle direction, sa page Facebook, est souvent alimentée des programmes de distribution de l’électricité. Des horaires qui n’ont plus d’importance pour les habitants de certaines régions comme le Oichili, au nord-est de l’île de la Grande Comore, très frappée par rapport à Moheli. « Pendant le ramadan, nous étions alimentés de 17h à 21h voire 22h. Ces deux dernières semaines en revanche, c’est le calvaire. Il arrivait de se réveiller vers 1h ou 2h et de trouver du courant. Ils coupaient dans la matinée. Mais globalement nous n’avons pas de programme depuis la fin du mois sacré alors qu’ils ont récemment inauguré une centrale solaire dans la région », dénonçait Ismael, habitant d’Itsinkundi, dans la région de Oichili.

Groupes en panne

Si le Dimani (nord) a retrouvé une stabilité depuis mardi dernier, la région a, selon Ahmed, vécu la même situation que le Oichili. « Alors qu’ailleurs on évoquait les intempéries de la semaine du 4 mai pour expliquer les délestages, chez nous, on a passé 5 jours sans électricité. Et on ne peut pas accuser le mauvais temps car nous avons été épargnés par les pluies observées au sud de l’île », a poursuivi Ahmed. A Itsandzeni dans le Hamahame, là-bas aussi, des témoignages obtenus indiquent un calvaire de quatre jours successifs, sans être alimentés. »Seulement depuis le mardi 13 mai, à jeudi, le courant est revenu le soir pendant quelques heures », a confié Imrane. Dans un communiqué en date du 14 avril, la Sonelec avait attribué la responsabilité de ces délestages au nombre élevé d’arrêts de la centrale de Mitsamihuli. Il n’y a pas que les zones éloignées de la capitale qui aujourd’hui sont touchées par l’absence d’une stabilité énergétique. L’Itsandra, l’une des régions limitrophes de Moroni est aussi touchée. « Depuis Samba Mbodoni jusqu’à Tsidje ou encore Bahani, il n’y a plus d’horaires précis. Parfois, on passe des nuits entières sans électricité. Pourtant avant, durant la journée, la Sonelec nous alimentait. De temps en temps, le courant revenait de 16h jusqu’au lendemain, vers 6h du matin », a déclaré un habitant. Un peu plus au sud de l’île, dans la commune de Hambu Djoumoinga, située à 20km de la capitale, depuis plus d’une semaine les localités ne sont alimentées le soir que tous les troisièmes jours. Flash Infos a essayé d’avoir des explications auprès du service de communication de la Sonelec, mais son responsable n’était pas disponible, ce jeudi. Toutefois une source interne a reconnu que trois groupes ont lâché dont deux à la Grande Comore. « On a un souci de puissance dans la thermique. Parallèlement dans le solaire, Innovent rencontre également des problèmes de stockage au nord. Cette chute de production impacte même Moroni, alimentée par les moteurs. Normalement des techniciens de Tec International devraient être au pays pour ça « , a glissé notre source.

4 milliards de francs en janvier

En tous cas, l’entreprise comorienne chargée de la fourniture de l’électricité essaie d’annoncer tant bien que mal sur sa page les zones qui risquent d’être coupées du circuit. Mais cela ne fait pas taire pour autant les critiques. En effet, le retour de ces délestages passe mal dans la mesure où l’Etat a acquis, en janvier dernier, quatre groupes chez Tec International pour près de 4 milliards de francs (plus de 8 millions d’euros). Inutile de rappeler qu’aucun appel d’offres n’a été lancé vu l’urgence, s’est défendu le pouvoir. Sur ces quatre moteurs, que rien n’indique qu’ils soient neufs, 2 ont été transportés à Moheli et Anjouan. Aussi, si à la Grande Comore le retour des coupures, notamment dans la région du Oichili, met en colère ses habitants, c’est parce qu’on vient à peine d’y inaugurer une centrale photovoltaïque, de 6.3Mw. Il s’agit de la troisième centrale solaire implantée en Grande Comore, depuis le retour d’Azali Assoumani. Bien qu’il ait pris l’engagement depuis sa réélection, en 2016, d’offrir une stabilité énergétique à ses concitoyens, les milliards injectés jusqu’à lors dans l’achat de groupes ne semblent pas apporter leurs fruits. Selon un rapport sur les dépenses publiques en énergie, rendu en 2023, par la Bad, les Comores sont pénalisées par les choix de la Sonelec qui achète « des moteurs se caractérisant par une usure rapide, une fréquence élevée de la maintenance préventive ».

Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
, 1er journal des ?? / @Reuters @el_Pais @mayottehebdo ??

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