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Claude Hartmann, DG d’EDM : vers une meilleure électrification de Mamoudzou… et de Mayotte ?

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La mairie de Mamoudzou et Electricité de Mayotte (EDM) se sont rendues ensemble à Kawéni ce lundi, afin de communiquer sur leur nouveau travail partenarial pour “le développement du territoire communal”. Claude Hartmann, directeur général d’EDM, revient sur les enjeux de cette opération, et, plus généralement, sur les stratégies du fournisseur d’électricité pour atteindre l’objectif d’autonomie énergétique de Mayotte d’ici 2030.

Flash Infos : Vous étiez ce lundi matin avec les services de la mairie de Mamoudzou pour une visite à Kawéni. Quel était l’objectif de cette opération ?

Claude Hartmann : C’était un choix des deux parties, la mairie de Mamoudzou et nous, pour illustrer une nouvelle manière de travailler. Tout cela avait bien sûr déjà été conclu en amont dans nos bureaux, mais nous souhaitions concrétiser la démarche aux yeux de tous. L’idée est simple : que l’opérateur EDM soit au service de la collectivité, à savoir ici la ville de Mamoudzou, en étant associé le plus en amont possible à tous les projets, de rénovation urbaine comme de développement. Avec un mot d’ordre : faire bien du premier coup ! Tout cela en se basant sur des plans, pour moderniser le réseau en même temps que la ville se modernise. Cela paraît basique dit comme ça… Et pourtant, ce n’est pas ce qui avait été privilégié jusqu’à présent. Ce matin, nous nous sommes donc rendus ensemble sur le terrain pour visualiser la zone, arpenter les lieux, dans la boue parfois, il faut le dire ! Mais avec les habitants, pour montrer que nous avons changé de braquet sur la manière de travailler, électricien et ville. Il s’agit qui plus est d’un projet phare, entre le lycée de Kawéni et la MJC, avec tout un tas de fonctionnalités, des salles de sport et des complexes dédiés à la scolarité mais aussi de l’habitat neuf, qui va venir supplanter de l’habitat existant. Bref, c’est une vraie restructuration de quartier que prévoit là la commune chef-lieu.

FI : Très concrètement, cela veut dire poser les câbles avant le béton, en somme ?

C. H. : C’est déjà une bonne solution, oui ! (rires) Concrètement, le réseau est imaginé, préparé, en même temps que l’on dessine les plans de l’urbanisme. Tout cela, pour amener la puissance électrique aux bons endroits et ne pas se laisser surprendre par les raccordements. Nous avons parfois tendance à mettre d’abord les consommateurs, et, ensuite, à tirer les rallonges, parfois jusqu’à un réseau éloigné, ce qui tisse aussi des toiles d’araignées inefficaces. Là, grâce à cette action en amont, nous allons poser les autoroutes de l’électricité souterraine, de sorte qu’aux endroits des futures constructions, il n’y ait plus qu’à faire les branchements.

FI : Tout cela a-t-il aussi pour but de sécuriser le réseau, en prévenant les raccordements sauvages ? Et aussi d’une manière plus générale à éviter les coupures ou désagréments pour le consommateur ?

C. H. : J’ai bien sûr cet aspect en tête. Ce matin, pour ne rien vous cacher, nous avons vu des endroits dans des zones plus informelles. Dans certaines, la commune ne peut pas laisser l’habitat se développer, la pente est raide, il s’agit de zones à risques, etc. Donc ce n’est pas l’objet de ce partenariat. En revanche, il y en a d’autres en terrain plat, où les voitures accèdent déjà tant bien que mal sur des semblants de route, où vous avez déjà des postes électriques… Là, l’urbanisme peut suivre en quelque sorte l’extension anarchique. Finalement, il devient possible de viabiliser a posteriori l’habitat, quand il est installé sur une zone non critique, parfois depuis dix ou quinze ans. Reste que les branchements sauvages sont une vraie préoccupation, car ils peuvent être dangereux et il faut effectivement remettre tout cela aux normes. Et c’est aussi le sens de notre action : quand la commune choisit de grignoter de l’informel pour en faire du formel, nous sommes prêts à l’accompagner dans ces choix.

Pour l’autre partie de la question, certes, un câble neuf vaut toujours mieux qu’un vieux câble. Mais à Mamoudzou, la qualité n’est pas mauvaise en termes de distribution. Les coupures qui surviennent sont plus liées à l’arrachement de gros câbles ou à des problèmes techniques.

FI : Cette nouvelle manière de travailler concerne-t-elle uniquement Mamoudzou ou les autres communes de l’île vont-elles aussi se mettre au diapason ?

C. H. : Historiquement, Mamoudzou est la seule commune de Mayotte qui est en lien direct avec l’opérateur. EDM assure la maîtrise d’ouvrage, de par la loi, sur le réseau d’extension et de raccordement, mais ce n’est pas le cas sur tout le périmètre de l’île, où le conseil départemental a aussi un rôle à jouer. Pour la leçon d’histoire, l’électrification dite rurale – une vieille dame, elle date des années 1950 – est toujours confiée à un syndicat d’électrification. Ici, c’est le Département. Normalement, à partir de plus de 2.000 habitants, les zones sont toutefois considérées comme urbaines… D’après la loi, l’intégralité de l’île devrait donc être en zone urbaine, et directement placée sous l’opérateur EDM. Je dirais que la loi s’applique à un rythme local… ce qui fait qu’aujourd’hui seule Mamoudzou est concernée. Mais je rêve d’avoir la même relation avec les 17 communes !

FI : À Mayotte, la croissance de consommation d’environ 5% par an, suit une démographie galopante… Et 5% c’est encore aujourd’hui la part, infime, des énergies non-fossiles utilisées dans le département. Une étude de l’Ademe rendue publique récemment analyse d’ailleurs plusieurs scénarios pour atteindre l’objectif d’autonomie énergétique d’ici 2030. Lequel favorisez-vous ?

C. H. : Le solaire, c’est l’atout principal de Mayotte. Devant le vent, qui n’est pas assez régulier, ou la biomasse, car il faudrait davantage de capacité de ramassage des déchets et d’usines. Malheureusement, la production photovoltaïque reste assez faible : nous atteignons 5% en énergie, 15% en puissance, mais je pense que nous pouvons tripler ces ordres de grandeur en quelques années. Je ne l’invente pas, tout cela est le fruit des travaux entamés avec les partenaires, l’Ademe, les associations, les industriels, la sphère politique… Et c’est donc le chemin que nous empruntons pour les quatre années à venir, selon la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Deux difficultés restent à surmonter : le foncier, qui, comme chacun sait, n’est pas infini ici. Et aussi l’intermittence, car il faut prévoir des solutions en cas de gros orages, ou même la nuit. Pour l’instant, nous nous orientons vers une logique de batterie, pour restituer l’énergie au client à la nuit tombée.

FI : De quoi atteindre l’objectif fixé en 2030 ?

C. H. : Nous ne pouvons pas imaginer un réseau qui ne marche qu’avec le solaire, pour des questions un peu techniques. Pour stabiliser le réseau insulaire, nous allons conserver des machines tournantes. Mais nous allons quand même pouvoir monter à un niveau important d’énergies renouvelables, à 40-50%. Faisons déjà cela ! Pour le reste, j’ai proposé dans le cadre du PPE, et je pense que cela sera accepté, de ne plus utiliser de gasoil sur la centrale technique mais du bioliquide. Certes, il ne sera pas local – il nous vient du nord de la France – mais il est bio, et répond en partie à l’équation. Une expérimentation est prévue en avril sur la centrale des Badamiers. Si elle est concluante, nous ferons passer les deux centrales de Longoni et des Badamiers sur cette huile de colza bio. Je pense que c’est de cette façon que nous pourrons atteindre l’objectif de 100% d’énergies renouvelables.

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