L’Insee a organisé une conférence de presse, ce mardi 20 mai, pour présenter les choix d’orientation et les mobilités post-bac à Mayotte.
Les néo-bacheliers de Mayotte s’orientent davantage vers des BTS
Pour mener son étude, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) La Réunion- Mayotte s’est appuyé sur les résultats du bac 2022. Cette année-là, 3.980 élèves obtiennent le bac et parmi eux, 3.160 acceptent la proposition d’admission de la plateforme Parcours sup. Ils sont 30 % à s’orienter vers un BTS (brevet de technicien supérieur) contre 19 % dans l’Hexagone. Des résultats qui s’expliquent parce que les lycéens sont plus souvent issus d’un bac technologique ou professionnel. À Mayotte, 30 % s’orientent vers un bac techno contre 20 % en métropole et 20 % vers un bac pro contre 12 % en métropole. L’étude observe que le niveau de formation des parents est corrélé à l’orientation choisie par les enfants. “Les élèves dont les parents n’ont pas d’emploi ont tendance à s’orienter vers des formations plus courtes. À Mayotte comme ailleurs, les jeunes d’origine sociale défavorisée passent moins souvent un bac général.”
Moins d’orientation vers les filières “sélectives”
Les néo-bacheliers de Mayotte s’orientent moins vers des cursus sélectifs que ceux de métropole; tels que bachelor universitaire de technologie (BUT), médecine, classes prépa ou écoles d’ingénieur ou de commerce. “Seulement 7 % des 3.160 élèves acceptent une proposition d’admission [dans une filière sélective, NDLR] sur Parcoursup, soit quatre fois moins que dans l’Hexagone (30 %)”, notent les statisticiens. En particulier, 3 % acceptent une proposition d’inscription en BUT contre 10 % dans l’Hexagone, et 3 % en classes prépas ou écoles d’ingénieur et de commerce contre 15 % en métropole. L’accès aux études de médecine est lui aussi moins fréquent; 1 % des élèves acceptent une proposition d’admission en licence PASS (parcours d’accès spécifique santé), contre 5 % dans l’Hexagone. “Pour autant, les élèves de Mayotte ne sont pas prioritaires pour intégrer cette licence dans une autre académie.” indique l’étude. Ces filières recrutent sur dossier et sont donc plus accessibles aux élèves ayant les meilleurs résultats au bac. “Or à Mayotte, 62 % des élèves ayant accepté une proposition d’admission sur Parcoursup en 2022 n’ont pas obtenu de mention au bac contre 29 % dans l’Hexagone.” Ce niveau scolaire moins élevé est notamment lié à l’origine sociale, la part des élèves défavorisés socialement est plus importante à Mayotte qu’en métropole (65 %) en lien avec un taux de pauvreté plus élevé. Par ailleurs, le français est la langue de l’école, mais pas celle du quotidien pour la majorité contrairement au kibushi et shimaoré. Par conséquent, les difficultés en français sont donc plus nombreuses.
Une majorité des néo-bacheliers quittent Mayotte
Les élèves de Mayotte acceptent très souvent une proposition d’admission hors de l’île, c’est le cas de 68 % d’entre eux.“Mayotte est la région de France où les souhaits de départs des élèves sont les plus importants”, analyse l’Insee. Une part bien supérieure à la Corse (35 %), la Guyane (33 %), la Martinique (29 %), la Guadeloupe (27 %) ou La Réunion (19 %). En 2022, sur les 3.160 élèves de Mayotte qui acceptent une proposition d’admission sur Parcoursup, 1 640 le font pour une formation dans l’Hexagone (principalement en Occitanie, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Nouvelle-Aquitaine et en Bretagne) et 500 pour une formation à La Réunion. La raison de ces départs ? L’offre de places en première année dans l’enseignement supérieur reste insuffisante sur l’île malgré une nette progression depuis les années 2010. Il existe 1 500 places toutes filières confondues en 2022 pour 3 790 élèves qui formulent des demandes dans Parcoursup et 3 160 qui acceptent une proposition d’admission. Les départs sont donc nécessaires, alors que toutes les filières ne sont pas proposées sur l’île.
Les élèves de nationalité étrangère restent davantage étudier à Mayotte
À Mayotte, les élèves de nationalité étrangère doivent être en possession d’un titre de séjour et d’un visa pour poursuivre des études dans une autre académie. Ceux de nationalité étrangère s’orientent peu vers la licence que ce soit à l’Université de Mayotte ou dans une autre université. “En effet, chaque année, faute de titre de séjour valide ou de renouvellement intervenu dans les temps, certains d’entre eux ne parviennent pas à confirmer leur inscription au sein de l’Université de Mayotte”, indique le rapport. De fait, en 2022, 80 élèves de nationalité étrangère se sont orientés vers une licence à l’université de Mayotte et 150 dans une université hors de l’archipel. Ainsi, ces néo-bacheliers se tournent davantage vers des BTS qui n’imposent pas de titre de séjour. Ainsi en 2022 “200 élèves de nationalité étrangère souhaitent s’inscrire dans un BTS à Mayotte, un effectif proche de celui des élèves de nationalité française (220)”.
Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.