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Ce que j’en pense… Un tas de cendres… ou un espoir pour la région

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Sans réaction, il faut bientôt faire appel aux pompiers, les dégâts grandissent, les moyens nécessaires pour le circonscrire aussi. Si personne n’agit, le drame s’étend, comme au Canada récemment. Le feu devient un grand danger, il peut ravager des quartiers, des pans entiers de forêts. Il faut mobiliser l’armée, faire venir des hydravions. Il faut des décisions à un haut niveau et cela coûte cher, pour l’éteindre et reconstruire, avec des drames.

Mayotte a été longtemps oubliée. Il a fallu l’acharnement, l’intelligence, la clairvoyance de quelques dirigeants pour réussir à devenir département. Certains osent dire que Mayotte n’était pas prête !… Mais c’est justement parce que les besoins étaient importants que les outils apportés par ce statut permettront d’engager un développement économique et social tant attendu. Enfin, si les élus locaux et les dirigeants nationaux décident d’agir avec une réelle envie d’améliorer le sort de cette île.

Le 19 mars 1946, en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane et à la Réunion, tous ne devaient pas avoir accès à l’eau, l’électricité, l’assainissement, à des maisons en dur et autres infrastructures construites depuis. Tous les enfants ne devaient pas aller à l’école, à l’université; la mortalité infantile devait être importante, tout comme les femmes mortes en couche.

Permettez aux Français de Mayotte de pouvoir accéder à ces progrès, et respectez leur choix, comme ils respectent les vôtres !

Mayotte est en train d’essayer de rattraper en quelques années, ce que des territoires ont mis des décennies, des siècles à construire.

Et comme pour le feu de l’allumette, des problèmes sont apparus mais bien peu les ont signalés, et encore moins les ont entendus et ont réagi. Le résultat est la situation à laquelle nous assistons aujourd’hui. Les autorités locales et nationales ont à faire face à de nombreuses urgences, de nombreuses priorités.

L’explosion démographique suite aux progrès de la médecine avait pu être « tenue » notamment grâce à une prise de conscience des familles et d’importantes campagnes de sensibilisation du planning familial sur le terrain ou avec « Un, deux, trois bass ! ». Il faut les reprendre d’urgence dans les bidonvilles !

L’immigration clandestine a atteint un niveau qu’aucun autre territoire sur la terre n’a à affronter. Attirés par « l’eldorado », ces habitants représentent plus de 50% de la population dans certaines communes. Des dizaines de milliers de personnes vivent sans travail, sans revenu pour se loger, obligées de squatter des terrains, de vivre dans des conditions indignes, sans moyens pour se nourrir, obligées de raser des forêts pour faire du charbon de bois, pour planter des bananes et du manioc, amenées à piller les champs, le lagon, les plages de leurs paisibles tortues. Sans revenu, ces populations n’ont pas les moyens d’élever leurs enfants correctement. Et en marge, des milliers de jeunes sombrent dans la délinquance, chaque jour plus violente.

Faute de réaction sérieuse depuis 10 à 20 ans, le feu s’est propagé, il consume l’île. Les moyens pour le circonscrire doivent être à la mesure de la situation. Les dégâts sont considérables, mais il faut agir, fermement, fortement, rapidement. Faute de quoi, il ne restera que des cendres… Les enseignants, les médecins, les entrepreneurs, les forces vives partent progressivement. Le désert médical s’installe. Le niveau scolaire s’effondre. Très peu osent encore investir pour créer de l’activité ou de l’emploi. Les rues se vident à la tombée de la nuit. Chacun s’enferme chez soi, cloitré, cadenassé, terrorisé par des voyous qui tiennent les quartiers, les ronds-points, les routes. Les forces de l’ordre sont débordées, épuisées, à bout, face à des gamins qui n’ont rien à perdre, rien à gagner sinon un peu de « prestige » devant leurs congénères.

Si le rapport sans complaisance de la Cour des comptes, si les pétitions, les marches et autres manifestations de colère et de dépit de la population, si les chiffres de l’explosion de la délinquance et de la violence ne provoquent pas une réaction forte de nos dirigeants, il ne restera que des cendres de cette belle île…

Il me semble qu’un changement est toutefois en train de s’opérer. La feuille de route présentée par le nouveau préfet et les efforts et actions qu’il a engagés dès son arrivée redonnent de l’espoir. La justice, dans ses nouveaux locaux, semble être plus… ferme et rapide devant la situation et les assauts répétés des mineurs. Il faudra alors de réels renforts de forces de l’ordre pour appuyer ces volontés, pas des annonces d’arrivées ne parlant pas des départs…

Et maintenant que le problème est enfin reconnu, il faudra je pense pouvoir se pencher sur des solutions et il doit y en avoir de nombreuses. Toutefois, vu l’ampleur du feu, il faudra que les efforts soient menés conjointement, sur tous les fronts en même temps, sous peine d’être inutiles.

Il faut interpeller et condamner les voyous qui terrorisent la population. Il faut construire des centres éducatifs fermés, mettre en place des travaux d’intérêts généraux par les mairies, les associations. Il faut renvoyer chez eux tous ceux qui sont sur l’île clandestinement et ne disposent pas de moyens de vivre, nourrir et éduquer leur famille dignement. Il faut déloger, en suivant les voies de la justice, tous ceux qui squattent des terrains des particuliers, mais aussi du département, des mairies. En parallèle, il faut que les maires ouvrent en urgence les 47 MJC qui sont encore aujourd’hui quasiment toutes fermées pour accueillir tous les jours des milliers de jeunes, pour leur offrir une activité, une animation, des cours de soutien scolaire. Des citoyens bénévoles pourront certainement y consacrer une heure par semaine, des jeunes et des vieux, des étudiants et des retraités, des mzungus et des Mahorais, des Malgaches et des Indiens, et tous les autres, participant à renouer les liens sociaux qui se sont délités. Des cours de shimaoré, de malgache, de français, des cours de musiques et danses traditionnelles, de tressage, de broderie, des ateliers d’initiation à l’informatique, des cours de hip-hop, des ateliers d’écriture, de théâtre, des ballades, des opérations de nettoyage… Des milliers d’activités pourraient être proposées à tous et détourner des milliers d’enfants des chemins de la délinquance. Beaucoup ne demandent qu’à ce qu’on s’occupe d’eux. Il faut dans le même temps engager des discussions sérieuses avec les autorités comoriennes. Le cadre de la COI pourrait s’y prêter. La région et les Comores en particulier ont tout intérêt à pouvoir compter, s’appuyer sur une Mayotte prospère, faute de quoi le feu pourrait se propager.

Mayotte prospère rejaillirait en revanche obligatoirement sur nos voisins. Des échanges commerciaux, des touristes, des investissements, des transferts d’argent, des constructions de maisons, des échanges sportifs et culturels permettraient évidemment de générer du travail, des richesses aux Comores et à Madagascar. En cas d’emplois qui ne trouveraient pas preneur ici, il pourrait être fait appel aux compétences de la région, avec des visas accordés sur la base d’un contrat de travail à durée déterminée, payé aux normes en vigueur, « en euros », avec un logement décent dans un foyer de travailleurs migrants.

La Dominique, située à quelques kilomètres entre la Guadeloupe et la Martinique, a su passer en quelques décennies du statut d’un des plus pauvres territoires du monde à un Indice de développement humain (IDH) qui la situe en 2012 au-dessus du Liban, du Pérou ou de l’Île Maurice. Une coopération active existe avec les deux départements français voisins et pourrait servir d’exemple. Il y a avec les Comores de nombreux points à négocier, de la fermeture de « l’usine à kwassas » d’Anjouan, à l’immatriculation des barques et à l’interdiction du départ de ces kwassas de Domoni. Il y a la possibilité que les condamnés comoriens à Mayotte puissent effectuer leur peine aux Comores… Il y a aussi la possibilité d’engager une coopération efficace, concrète, pour (re)mettre sur pied le système éducatif et de santé, mais aussi d’accueillir à Mayotte des centaines de fonctionnaires en formation, dans les mairies, les administrations diverses, chez les pompiers, à l’école d’infirmières (IFSI), à l’École maritime, aux Cemea, pour la gestion de l’eau, de l’électricité, de l’assainissement, des déchets, la protection de l’environnement…

Je pense que si l’île est « pacifiée », et cela peut être rapide avec l’appui de l’armée, comme en Métropole en cette période d’état d’urgence, si les relations avec les Comores redeviennent sereines, dans l’intérêt bien compris de chacun, il faudra dans le même temps relancer l’attractivité de Mayotte. Et pour cela, il y a un moyen à mon avis indiscutable et très rapide à mettre en oeuvre : placer Mayotte en zone franche globale pour 10 ans. L’exonération de charges sociales (salariales et patronales), d’impôts sur les revenus et sur les sociétés constituera un message qui sera entendu immédiatement. Les investissements, les projets, l’activité redémarrera à mon avis très vite vu les besoins et les potentiels, avec la région qui nous entoure. L’effort que cela représentera pour l’État sera largement compensé par le rayonnement de l’île, de la francophonie et les richesses créées ici. Et au vu de l’étendue du feu qui ravage l’île actuellement, il faut vite débloquer les moyens, qui n’y ont pas été consacrés depuis des années.

Laurent Canavate

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