Pôle Emploi/CRESS de Mayotte : un partenariat pour formaliser l’entrepreneuriat social

Ce mardi 1er décembre, Pôle Emploi et la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire ont signé une convention de partenariat pour formaliser le développement de l’entrepreneuriat social sur l’île aux parfums auprès des demandeurs d’emploi. Il s’agira de leur donner les moyens nécessaires pour créer leur propre emploi et ainsi lutter contre la précarité. Rencontre avec Jean-Christophe Baklouti, directeur régional de Pôle Emploi, et Kadafi Attoumani, président de la CRESS, pour évoquer leurs objectifs communs. 

Flash Infos : Si Mayotte se caractérise par le plus fort taux de chômage de France, qui s’élève à 35% de la population active, l’économie sociale et solidaire dans le 101ème département devient une référence à l’échelle nationale. Votre partenariat semble donc couler de source sur le papier. 

Kadafi Attoumani : La Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire s’attache à représenter tous les opérateurs et professionnels qui interviennent dans le champs de l’ESS. Dans ce cadre, nous avons mis en place ce laboratoire d’accompagnement appelé Fanya Lab à destination des porteurs de projet. Il nous semblait tout naturel de pouvoir travailler avec Pôle Emploi pour que les demandeurs d’emploi ayant des souhaits, des envies et des idées de création d’entreprises puissent tester leur projet et in fine, créer leur activité.

Jean-Christophe Baklouti : Au-delà de la signature de la convention, le but est de favoriser l’insertion professionnelle et la création d’entreprises, d’orienter les demandeurs d’emploi et d’être au plus près d’eux, mais aussi de formaliser ce partenariat auprès de nos équipes. De part la configuration du territoire, Mayotte favorise l’entrepreunariat : environ deux tiers des entreprises créées continuent à fonctionner trois ans plus tard. Il est aujourd’hui plus facile de créer sa propre structure que d’être embauché par un employeur. Il existe donc des opportunités.

FI : Comment expliquez-vous que ce partenariat n’intervienne qu’ajourd’hui alors que Mayotte a reçu le 2 octobre 2019 le label « Territoire French Impact » en présence de Christophe Itier, haut-commissaire à l’ESS ?

J-C. B. : L’établissement Pôle Emploi à Mayotte continue à se structurer puisqu’il est devenu une direction régionale le 30 mars 2019. À l’exception des services opérationnels qui existaient déjà, nous déployons au fur et à mesure toute l’offre métropolitaine. Pour cela, nous avons augmenté notre effectif de plus de 50% au cours des 18 derniers mois. Même si certains partenariats étaient déjà « officialisés », il faut continuer à aller dans ce sens. Nous sommes sur une bonne lancée : nous recensons des résultats plus qu’encourageants en termes de formation, de retour à l’emploi et de développement de compétences !

K. A. : Il ne s’agit ni plus ni moins que de formaliser tout le travail entrepris ! Sur les 168 personnes que nous accompagnons depuis le début de l’année, nombre d’entre eux sont des demandeurs d’emploi. C’est important d’utiliser les outils des uns et des autres et de s’appuyer sur les points relais de Pôle Emploi pour épauler un maximum d’habitants dans le but de les amener vers notre structure. L’objectif est de généraliser ce que nous faisions déjà ensemble de manière informelle.

FI : Dans le cadre de cette convention, il est prévu que vous fassiez un point d’étape dans six mois pour tirer les enseignements de ce partenariat. Quels objectifs vous êtes-vous fixés d’ici là ? Et comment êtes-vous amenés à évoluer par la suite ? 

J-C. B. : Le mot d’ordre est de ne laisser personne sur le bord de la route ! Après, il est toujours délicat de se fixer des objectifs chiffrés, car il faut aussi trouver les bons candidats. Nous allons peut-être accompagner 150 personnes sur les six premiers mois, puis seulement 100 l’année suivante… Mais cela ne voudra pas dire que les équipes n’ont pas bossé et qu’elles ne sont pas démenées.

K. A. : Nous démarrons, nous n’allons pas nous mettre la rate au court bouillon ! Nous verrons dans six mois ou dans un an, si nous fixons des chiffres derrière cette expérimentation afin d’aller encore plus loin.

J-C. B. : Nous sommes plutôt optimistes. Les conseillers de Pôle Emploi ont un portefeuille de demandeurs d’emploi et mettent leur cœur à l’ouvrage pour leur trouver un job ou une formation. Toutes les pistes sont bonnes à prendre. Ces partenariats, comme celui signé aujourd’hui, ont le mérite d’exister. Dorénavant, nous pouvons l’afficher publiquement. Tout cela aide à développer le territoire et à franchir les portes. Naturellement, l’idée est de trouver la voie la plus adaptée au profil de chacun pour qu’il soit le plus employable possible.

K. A. : Le dispositif Fanya Lab est financé par le fonds social européen. Tous les moyens sont mobilisés pour accompagner les salariés et les demandeurs d’emploi : l’Europe, les services de l’État et le Département nous soutiennent derrière notre dispositif !

 

 

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