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La pêche mahoraise, un serpent qui s’est mordu la queue

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En état critique, la pêche mahoraise réussira-t-elle à renaître de ses cendres tel le mythique phénix ? Règlementations inadaptées aux réalités locales et féroces appétits de certains opérateurs de la filière font que le secteur de la pêche à Mayotte est un concentré de petites luttes intestines et de contradictions de toutes sortes. Quant à l’aquaculture marine, jadis fleuron d’un avenir économique hypothétique de Mayotte, elle est devenue le serpent qui s’est mordu la queue, victime trop rapide de sa renommée naissante.

Il y a de cela quelques mois, la presse locale fut conviée à couvrir un évènement important, une formation au profit des pêcheurs de la communauté de communes du sud, diligentée par le centre de formation maritime à Dzaoudzi, sous l’impulsion des services de l’État. Le vocable alors employé était « accompagnement des pêcheurs mahorais vers la modernisation de la flotte de pêche ». Il s’est avéré pour beaucoup de participants que cette formation sifflait la fin de la partie pour bon nombre des capitaines de navires de pêche opérant sur le territoire. Précision importante, ceux-ci sont presque tous étrangers, Comoriens en situation régulière à Mayotte depuis des décennies, disposant de qualifications faisant défaut aux « armateurs mahorais ». En d’autres mots, les sommes très importantes englouties depuis des décennies dans la formation des jeunes Mahorais aux différents métiers de la mer n’auraient débouché sur rien de concret, si ce n’est de tromper les statistiques locales sur l’emploi et le chômage. Et visiblement, le mot d’ordre actuel est de mettre fin à cette réalité en s’appuyant sur les nouvelles réglementations nationales et européennes, malheureusement sans dérogation aucune pour se coller aux réalités locales.

De Charybde à Sylla

Ce changement de paradigme pourrait ainsi coûter très cher aux pêcheurs mahorais dans un avenir proche, s’ils n’y prennent garde. La politique sélective de quotas de licences de pêche qui va leur être imposée est destinée à faire la part belle à d’autres pêcheurs, réunionnais pour l’essentiel et probablement nationaux ensuite, avec au final des conséquences évidentes sur le marché de l’emploi, mais aussi dans l’assiette du consommateur mahorais. Une assiette qui pourrait se remplir davantage de poissons surgelés – ce qui est déjà en partie le cas – que de produits halieutiques frais pêchés dans et hors du lagon. Cette sélection entamée pour désigner lesquels de nos pêcheurs auront le droit de pratiquer le métier s’opère sur fond de rivalités entre les petits pêcheurs traditionnels et les quelques patrons pêcheurs de taille moyenne. Coutumiers de stratagèmes divers pour conserver la représentation officielle de la filière, ces derniers ambitionneraient de capter encore plus de subventions publiques, d’après des acteurs du secteur.

« C’est après tout plus rentable que de pêcher réellement du poisson pour nourrir le Mahorais », observe le candide sur le marché aux poissons de Four-à-chaux, à Dzaoudzi-Labattoir. Et avec l’accroissement des aides européennes à Mayotte, le phénomène ne pourra que s’amplifier, sous le regard passif d’élus locaux de tous bords incapables de proposer des alternatives au drame qui se profile à l’horizon. Même si, dans un entretien fleuve accordé à notre journal, le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousseni, a expliqué avoir pris ce dossier à bras le corps, et guerroyer avec Bruxelles pour faire prendre en compte les besoins réels de notre département. Mais le naufrage de la pêche mahoraise est avant tout l’histoire du « serpent qui se mord la queue », l’histoire d’une filière trop longtemps laissée en léthargie parce que son développement optimal pourrait faire le bonheur d’un grand nombre d’acteurs locaux. Ce qui, visiblement, n’est malheureusement pas le désir d’un petit groupe au bras long.

Aquaculture marine, du mirage au naufrage

D’ici que des jeunes Mahorais soient réellement formés et s’installent durablement dans ce secteur, il y aura plus d’une étape à franchir. Il faudra, en plus de se montrer patient, une volonté politique très forte pour réussir à franchir le passage qui mène de Charybde à Sylla. En effet, la pêche mahoraise paie le prix d’une absence de politique publique en la matière, notamment s’agissant de formations professionnelles diplômantes et qualifiantes, de l’incompétence de ceux ou celles qui ont la charge de veiller sur son développement dans les chambres consulaires, et du manque d’implication des collectivités locales dans un domaine pourtant crucial de la vie de tout habitant de l’île. Une île qui connaît l’ubuesque paradoxe d’être entouré d’un immense lagon en plein océan Indien, mais où le poisson est une denrée rare dans les assiettes, parce que l’offre n’arrive pas à satisfaire la demande.

Les pêcheurs eux-mêmes ne sont pas exempts de tout reproche dans le naufrage de leur profession. Minés par des oppositions complexes, ils n’ont jamais su s’organiser véritablement, se mettant très souvent des bâtons dans les roues. Des accusations graves de corruption sont portées ici et là à l’encontre de personnes constituant des maillons essentiels de la profession. Et pour couronner le tout, le gâteau serait trop gros et trop bon pour que certains ne veuillent le partager avec des acteurs de longue date de la filière pêche. Plus dramatique encore est le sort funeste de l’aquaculture marine, présentée des années durant, à grand renfort de subventions publiques, comme l’une des bases du développement économique de Mayotte et de son rayonnement en Europe et ailleurs. Qu’est devenue la nurserie à poissons de Trévani financée par l’Europe ? Comment le matériel qu’elle contenait a-t-il disparu dans la nature sans faire réagir personne ? Y a-t-il encore une possibilité réelle de renaissance de ce secteur à court ou moyen terme ? Autant de questions auxquelles ce dossier entend contribuer à y apporter des réponses, ou du moins un éclairage.

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