Comores : attribution des fréquences de la 5G

L’Autorité nationale des télécoms a octroyé aux deux seuls opérateurs implantés dans le pays les fréquences pour déployer cette nouvelle technologie. Les usagers eux se demandent si la priorité n’aurait pas été de stabiliser la 4G d’abord avant de passer à une vitesse supérieure.

Dernier pays de l’Océan indien à en bénéficier, les Comores vont d’ici quelques mois entrer dans l’ère de la 5G. Jeudi dernier, l’Autorité nationale de régulation des Technologies de l’information des Comores (Anrtic) a officiellement octroyé pour les fréquences d’exploitation. Seuls les deux opérateurs exerçant au pays à savoir Comores Telecom et Yas Comores, filiale du groupe Axian, ont reçu l’aval du régulateur pour déployer la nouvelle technologie, réputée plus rapide et efficace. « Cette étape importante ouvre la voie au déploiement futur de la technologie 5G aux Comores, pour des connexions plus rapides, plus fiables et une meilleure expérience numérique pour tous« , s’est félicitée l’autorité de régulation. Dans un premier temps, seule une partie de la capitale capte la 5G de Yas Comores, mais elle rame selon des utilisateurs interrogés. Est-ce parce qu’il est en phase de test ? Possible. En tout cas dans un communiqué en date du 16 mai, le second opérateur de téléphonie a indiqué que pour l’heure, c’est le centre-ville de Moroni qui bénéficiera de cette nouvelle technologie avant une extension progressive sur l’ensemble de la capitale d’ici fin juillet 2025 et puis Mutsamudu et Fomboni ultérieurement. « Le lancement de la 5G marque le début d’une ère nouvelle pour les particuliers, les entreprises, les institutions, et pour toute l’économie comorienne. Grâce à des vitesses de connexion jusqu’à 50 fois supérieures à la 4G, une latence imperceptible et une capacité de réseau largement améliorée, la 5G ouvre la voie à de nouveaux usages concrets« , a souligné Yas Comores, qui précédemment portait le nom de Telco.

Que dans Moroni

Quant à Comores Télécom, l’opérateur historique, il envisagerait d’offrir à ses clients cette nouvelle technologie vers la fin de ce mois de mai. Mais pas toute sa clientèle selon nos informations. La 5G, sera disponible que dans une zone restreinte au sud de la capitale, près de l’assemblée nationale de l’Union des Comores. Si le pays se lance, comme prévu, ne serait-ce que dans la capitale, il ne sera pas pour autant le premier de l’Océan indien à le déployer. Maurice, Seychelles, ont déjà offert à leurs habitants la 5G. A Mayotte, c’est Orange qui, depuis 2023, propose cette 5ème génération mais seulement aux professionnels. Le mois dernier, tous les clients de l’opérateur français peuvent l’utiliser. Réputée plus rapide grâce à son très haut débit, la 5G est présente en Afrique depuis un moment et s’étend progressivement. Ses avantages sont nombreux. Téléchargements rapides, participation à des réunions en ligne sans interruption, sécurité, la liste est longue. Sur le plan sanitaire, on dit que la 5G peut faciliter des interventions chirurgicales à distance. Ainsi, aux Comores, les utilisateurs s’en réjouissent mais expriment en même temps leurs frustrations. Président de l’association comorienne des consommateurs des Tic, Hamidou Mhoma, a salué l’innovation annoncée la semaine dernière par les deux opérateurs. Mais pour lui, la priorité aurait été de stabiliser les générations disponibles avant toute chose.  Jusqu’à nos jours, il y a des zones dans la capitale, Moroni, où se connecter via le réseau de Comores Telecom et Yas relève du travail de combattant. En 2023, dans un rapport d’enquête issue d’un travail de terrain réalisé par le régulateur sur l’ensemble des îles, il est apparu qu’aucun des deux opérateurs ne respectait les termes de son cahier de charges.

Des compétences nécessaires

« Les opérateurs veulent hisser le pays sur le toit du monde en matière d’infrastructures réseau. La 5G est le summum. Toutefois, cette ambition interpelle les usagers que nous sommes. Les technologies 2G, 3G et 4G ne sont pas encore maîtrisées. A ce jour, subsistent des zones non couvertes par ces technologies. Au lieu d’améliorer l’existant, les opérateurs nous servent une autre technologie. Nous disons merci aux opérateurs pour cette initiative d’innover. Mais ont-ils les moyens de leurs ambitions ?« , questionne le patron de l’association des consommateurs des Tic qui appelle le régulateur à veiller au respect des cahiers de charge, à la qualité des services et à la protection des consommateurs. S’il voit en cette arrivée de la 5G une opportunité stratégique, et un enjeu de transformation numérique, le directeur de l’Institut universitaires des technologies (Iut), Ahmed Bacar, pense pour sa part qu’il y a quelques défis à relever. « D’abord il faut des infrastructures. On entend par là, la couverture réseau, les data center, et l’énergie stable, qui pour l’heure sont des éléments encore limités. Ensuite, il y a la formation et les compétences locales, car une telle technologie demande des techniciens, des experts en cyber sécurité. Enfin, le dernier défi à relever reste à mon sens la sensibilisation de la population« , a énuméré, le Directeur de l’IUT.  Hamidou Mhoma de l’association des consommateurs, s’inquiète de constater que Huawei reste le fournisseur de la 5G pour les deux opérateurs, ce qui risque de fragiliser les usagers en cas de panne. « Et puis à quoi sert la technologie si c’est pour cliquer sur Tik Tok sans des usages sur la santé, l’éducation, ou l’agriculture« , conclut-il.

Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
, 1er journal des ?? / @Reuters @el_Pais @mayottehebdo ??

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