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« On pensait que le mot « urgence » avait été entendu »

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Les agriculteurs mahorais ont subi de plein fouet la sécheresse cette année. En octobre dernier, l’État leur a promis des aides d’urgence pour faire face à cette crise, mais en décembre, Soumaïla « Anwar » Moeva, président des Jeunes Agriculteurs de Mayotte, constate que ces aides ne sont pas encore arrivées.

Flash Infos : Quelles sont les conséquences de la sécheresse de cette année sur l’agriculture ?

Anwar Soumaila Moeva : Les conséquences sont assez terribles. Avec la crise de l’eau, on nous a interdit d’utiliser l’eau dans les rivières et on a eu des restrictions au niveau des forages. On s’est donc retrouver sans eau pour nos exploitations et pour nos bêtes. On peut le voir ne serait-ce qu’au niveau des fruits, des letchis, des mangues, des bananes. Il n’y en a pas en fait. On sort d’une période de presque huit mois où il n’y a pas eu d’eau. On voit bien quau moment où la saison est sensée porter ses fruits, et bien, il n’y a pas de fruit, il n’y a pas de légumes. Sur les deux, trois mois à venir, on aura une pénurie sur ces produits de saison. Pour les animaux, utiliser l’eau de certaines rivières était autorisé, mais il fallait une pompe, un réservoir, un véhicule pour aller chercher cette eau et la ramener. Or, la plupart des agriculteurs n’en ont pas. Sinon, il y avait aussi des livraisons d’eau par le conseil départemental de Mayotte, à raison de cinquante euros par livraison. Pour les éleveurs, ça a été compliqué car le lait et la viande se vendent beaucoup pour les manzarakas, or, ils ont été interdits. On a été vraiment pénalisé de tous les côtés.

F. I. : En octobre, les agriculteurs mahorais ont obtenu des accords de principe pour plusieurs aides d’urgence face à la sécheresse. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

A.S.M. : C’est un peu compliqué, comme vous l’avez dit, ce sont des aides d’urgence que nous avons demandées. Et on ne s’est pas contenté de les demander ici à Mayotte, mais on est monté à Paris, où on a été reçu au cabinet du président de la République, par son conseiller aux Outre-mer, puis par le ministre de l’Agriculture lui-même* (N.D.L.R. Marc Fesneau). Il y a eu des accords de principe. On en était très contents, pensant que le mot « urgence » avait été entendu. Sauf que là, on est en décembre, et toujours rien, alors que les discussions ont lieu depuis septembre. Concrètement, ce qu’on a demandé au niveau des aides, c’est un coup de pouce au niveau de cotisations sociales, une année complète, parce que ça représente un coût pour les agriculteurs. On a demandé qu’on décrète l’état de calamité agricole. On a aussi demandé des aides au niveau de l’irrigation. Et enfin, une aide forfaitaire de 1.000 euros par agriculteur.

F. I. : Décréter la calamité agricole pourrait permettre aux agriculteurs de toucher des indemnités ?

A.S.M. : Au niveau de la calamité agricole, il y a ce qu’on appelle un fond de secours solidarité outre-mer, qui fonctionne sur présentation de dossier. C’est un mécanisme complexe à mettre en place à Mayotte parce que justement, la plupart des exploitations agricoles ne sont pas structurées, il n’y a pas toujours une bonne comptabilité. La plupart des exploitations agricoles sont tenues par des personnes d’un certain âge. 41 % des agriculteurs ont plus de 65 ans. Cette tranche d’âge, ce sont souvent des personnes qui ne savent pas lire, qui ne tienne pas vraiment une comptabilité. Pour la calamité agricole, avec les dossiers qu’on doit monter, ça sous-entend que l’agriculteur est à même de présenter ses comptes et ce qu’il a perdu. C’est vrai que chez nous, à Mayotte, c’est encore tout nouveau. Donc on ne peut pas attendre des agriculteurs que, du jour au lendemain, ils fassent les choses bien comme il faut, alors qu’il n’y a pas beaucoup d’accompagnement. Il y aura peut-être, avec beaucoup de chance, 200 agriculteurs qui vont pouvoir bénéficier des indemnités liées à la calamité agricole, sur 1.400 agriculteurs. C’est pour cela que nous avons demandé une aide forfaitaire de 1.000 euros. Cela permettrait à tous les agriculteurs de l’avoir avec des démarches moins compliquées. Cela représente à peu près 1,4 million d’euros au total. Ce n‘est absolument rien du tout par rapport aux aides d’urgence dont les autres départements de France bénéficient en fonction des aléas climatiques. Et on parle de venir en aide à toute l’agriculture mahoraise. 

F. I. : Pourquoi pensez-vous que ces aides tardent à arriver ?

A.S. M. : Il y a de quoi se questionner. Est-ce quon compte ? Estce qu’on est pris en considération ? Est-ce que l’État s’intéresse vraiment à l’agriculture mahoraise ou à ce qu’il se passe à Mayotte ? Je me pose la question, étant donné qu’on est allés jusqu’à l’Élysée et au ministère de l’Agriculture, accompagné du président du conseil départemental (N.D.L.R. Ben Issa Ousseni), pour plaider notre cause. Cela fait deux mois que le ministre de l’Agriculture nous dit qu’il est favorable, mais nous ce qu’on veut ce sont des actes. 

*Sollicité, le ministère de l’Agriculture n’avait pas encore répondu, ce mercredi soir.

Un plan régional d’agriculture durable 2023-2029

La direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Daaf), en partenariat étroit avec le conseil départemental et la Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (Capam), annonce la mise à disposition du public du plan régional d’agriculture durable 2023-2029. Ce document stratégique, prévu par le code rural et de la pêche maritime, est un outil fédérateur pour tous les acteurs du monde agricole mahorais. Il définit 78 actions issues de plusieurs réflexions nourries engagées sur le territoire depuis 2019-2020. Son ambition est celle de « faire du secteur primaire un moteur majeur du développement endogène et durable ». Les actions ont été élaborées en respectant quatre maîtres mots qui sont : adaptation, simplification, pragmatisme et accompagnement. Elles s’organisent autour de cinq thématiques ou enjeux principaux : améliorer l’accès au foncier, soutenir la professionnalisation de l’agriculture et améliorer les conditions d’exploitation, soutenir la structuration des filières et la montée en gamme des produits de l’agriculture et valoriser les modèles agricoles mahorais, promouvoir l’agriculture mahoraise et accompagner les acteurs agricoles dans leurs démarches financières.

Le plan régional d’agriculture durable 2023-2029 est consultable jusqu’au 24 janvier 2024 sur le site internet de la Daaf : https://daaf.mayotte.agriculture.gouv.fr

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