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Mayotte Agri’Coop : un engrais local, 100% naturel… grâce aux fientes de poules

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Créée officiellement en 2021, une nouvelle coopérative veut revaloriser, dans un premier temps, les déjections des milliers de poules pondeuses de ses adhérents, grâce à une station de séchage. AVIMA a investi plus d’un million d’euro pour ce projet, qui entend bien séduire les agriculteurs de l’île, contraints par les prix élevés des fertilisants importés.

On arrive à l’entrepôt par une petite route terreuse qui serpente la colline depuis les locaux d’Avima-Ovoma, la société mahoraise de production d’œufs locale. Sur les hauteurs, une fois n’est pas coutume, pas de vue imprenable sur le lagon ni d’effluves d’air marin, les deux souvent à couper le souffle. Mais il y a bien une chose qui prend le nez, là-haut. “Ça, c’est l’odeur de l’élevage !”, glisse avec un clin d’œil Baptiste Judek, le coordinateur de Mayotte Agri’Coop. En contrebas, trois bâtisses alignées abritent en effet quelque 50.000 poules pondeuses à l’ouvrage, dont les émanations s’échappent par d’imposants ventilateurs, en direction de la brousse.

Comme les rails des montagnes russes, de drôles de structures métalliques relient ces bâtiments à l’entrepôt de séchage, où s’achemine chaque jour l’autre fruit du dur labeur avicole : près d’1,8 tonne de fientes fraîches ! Soit un beau stock de 650 tonnes chaque année au total, à écouler où c’est possible. Or, la réglementation qui entoure l’épandage de ces excréments pour les besoins de l’agriculture est justement très stricte. “C’est un maximum de 40 tonnes par hectare, autant dire qu’il n’y a pas de champ assez spacieux à Mayotte”, explique le président de cette société coopérative d’intérêt commercial (SCIC), créée officiellement en 2021 sous l’impulsion d’Avima-Ovoma. “80% des agriculteurs de l’île travaillent encore avec le coupe-coupe”, évoque le patron.

Du diméthoate retrouvé sur des tomates

C’est donc pour cette raison qu’est née la coopérative Mayotte Agri’Coop, autour d’une poignée d’éleveurs. Son objectif ? Retraiter les matières organiques agricoles (MOA), effluents d’élevages et autres déchets compostables, dans une visée de revalorisation. En l’occurrence, transformer les fientes des poules d’Avima-Ovoma et des autres adhérents en engrais. Le bonus : le produit fini est 100% naturel et local. “Aujourd’hui, il n’y a pas de production d’engrais locale à Mayotte. Or pour un agriculteur, s’acheter un sac de fertilisant importé représente une vraie fortune !”, présente Baptiste Judek, qui chapeaute le projet. “Comme beaucoup d’agriculteurs font l’élevage et le maraîchage, ils vont épandre des fientes sur leurs cultures, mais sans maîtrise concrète du procédé, parfois avec le risque de stériliser leur sol ou de détruire un écosystème.” Sans compter les éventuels pesticides plus ou moins illégaux qui se retrouvent parfois sur les fruits et légumes écoulés en bord de route… En 2019, un contrôle de la Daaf (Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la Forêt) avait révélé la présence sur les tomates de diméthoate, un insecticide dangereux interdit en France depuis 2016, à un taux 17 fois supérieur à la norme autorisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

1,4 million d’euros d’investissement

Pour éviter un empoisonnement malheureux, Mayotte Agri’Coop entend donc proposer cette nouvelle solution, fiable et bon marché, et qui respecte un cahier des charges strict, aux agriculteurs de l’île aux parfums “désireux d’avoir cette approche responsable”, développe le coordinateur. Concrètement, les déjections transitent par un séchoir, composé de plusieurs niveaux. Le procédé permet d’évacuer l’ammoniac et l’humidité des fientes, qui passent cinq jours étalées sur un tamis au premier étage de l’entrepôt, avant d’atterrir quelques tapis plus tard dans des big bag de 600 kilos. Un produit qui a l’avantage de pouvoir être déversé facilement, à la main ou au seau, par les agriculteurs. “La poudre contient aussi une bonne quantité de calcium, un élément très important pour les sols et plutôt absent ici, en raison de la terre volcanique de Mayotte”, ajoute Baptiste Judek.

Lancé en 2019, l’entrepôt de séchage a nécessité un premier investissement d’1,4 million d’euros, à la charge d’AVIMA. Pour l’instant, la coopérative, qui souhaite aussi accompagner ses adhérents dans le développement de leur activité par du conseil technique, offre les sacs en échange de leurs propres déchets organiques. Mais à terme, la société espère bien tirer un petit pécule de ses déjections en poudre, notamment en favorisant un modèle de consigne. De quoi éviter que les gros sacs en résine de plastique ne finissent leur course dans l’estomac d’une tortue ! “On pourra garder les sacs chez nous, et vendre l’engrais au seau consigné par exemple”, imagine le coordinateur. Le produit lui-même est appelé à évoluer : aujourd’hui sous forme de poudre, il sera à terme proposé en granulé, plus facile à épandre au pied des bananiers. Et la société compte s’équiper d’un hygiéniseur, pour garantir une qualité optimale. “On veut vraiment s’inscrire dans une démarche responsable.” De la poule à la fiente !

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