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Octobre 2007 – Produits éclaircissants – Des visages en papier cigarette !

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

Pandalao, Diproson, Rico, GG, Bio claire… Ces produits se vendent comme des petits pains sur notre île. "Ils seraient très efficaces pour lutter contre les boutons", informent certaines consommatrices. A Mayotte, nous avons pourtant les produits traditionnels ? "Oui mais ça ne suffit plus vraiment. Pour avoir un teint uni, une peau sans tache, comme les noirs qu'on voit à la télé, il faut se servir d'autres produits", explique une femme rencontrée au marché de Mamoudzou. Elle achète des tubes de Diproson, à l'étalage des vendeurs à la sauvette. Le tube de 30 g coûte 2 euros au marché de Mamoudzou, il est à la portée de toutes.

"Attention, le Diproson n'est en aucun cas un produit cosmétique. Il s'agit d'un dermo-corticoïde. Il peut être prescrit par un médecin contre l'eczéma et il est accessible uniquement par ordonnance. Les produits que l'on trouve au marché peuvent être des contrefaçons. Attention donc aux charlatans", met en garde Alain Daniel le directeur du CHM.
Du coté des pharmaciens, le raisonnement est le même que celui d'Alain Daniel : "nous ne procurons pas le Diproson à la demande. Mal utilisé, ce médicament peut avoir des effets secondaires multiples. Il affine la peau, la pigmente. Elle devient comme un papier de cigarette. Et ainsi augmente les infections. La personne qui utilise régulièrement ce produit, à long terme, ne peut même plus s'exposer au soleil", rapportent inquiets des pharmaciens qui ne comprennent pas que, malgré les mises en garde, certaines femmes noires continuent à utiliser ces produits.

 

La peau noire la plus foncée est sujette à beaucoup de mépris

En pharmacie, le tube de 30 g est vendu 3 euros de plus qu'au marché. Les bénéfices ne sont pas négligeables pour les commerçants. Sur la facette du tube de Diproson vendu au marché de Mamoudzou, une publicité vante les mérites de ce produit miracle : "pour une peau saine". La photographie d'une belle métisse indienne appuie la pochette. "Tu vois mademoiselle, si tu appliques le produit tous les jours sur ton visage, tu seras aussi belle que cette jeune femme", flattent les vendeurs à la sauvette.
"Madame, vous y croyez vous ?" "Je ne sais pas", répond timidement l'acheteuse. "Ce n'est pas la première fois que vous en achetez ?" Aucune réponse. La jeune femme dénie les questions. Sur l'achat et l'utilisation de ces produits, même prises la main dans le sac, les femmes n'admettent pas s'en servir. "Elles achètent pour des copines…" Mais les visages dépigmentés témoignent d'eux-mêmes.
Des chansons en dénoncent pourtant les méfaits : "plus tu appliques le Pandalao, le Diproson, le Rico sur ton visage, plus tu agresses ta peau, toi jolie femme couleur d'ébène. Le noir source d'Amour", chantent de nombreux groupes de Mayotte et des îles voisines. Le but des femmes qui utilisent ces produits est avant tout esthétique : "j'ai des boutons noirs sur le visage, je veux les enlever et avoir une peau saine et belle", déclarent les femmes interrogées.
Derrière ces affirmations, il est connu que dans la diaspora noire la peau la plus foncée est sujette à beaucoup de mépris. Les femmes noires de couleur très foncée sont souvent tournées en ridicule. Elles sont même souvent traitées de laides : "tu ne vois pas comment tu es toute noire. C'est moche. Va acheter du Pandalao et mets en sur ton visage", conseillent les critiqueuses. A Mayotte, tout comme sur les îles voisines ou encore en Afrique et dans toutes les communautés noires, on chante ici comme là-bas l'éloge de la femme noire à la peau plus claire.

 

Les femmes noires, claires de peau, attirent plus les regards

Symboles de métissage, mais surtout dans la zone signe d'un mélange avec un sang arabe jugé pur, les femmes noires, claires de peau, attirent plus les regards dans la communauté noire. Celles à la peau plus foncée finissent-elles par rentrer dans un système de dévalorisation de soi ? "Durant longtemps j'ai résisté pour ne pas appliquer ce genre de produit, mais quand je suis avec des copines plus claires de peau, je vois bien que les hommes s'intéressent plus à elles qu'à moi. Même les belles-mères respectent plus celles qui sont claires de peau que nous autres", explique Fatima, une jeune femme rencontrée dans une boutique de cosmétique spécialisée pour la peau noire. Elle achète à 5 euros une boite de 30 ml de produit Bio clair. 5 euros une boite de 30 ml, 8 euros la boite moyenne. 10 euros la plus grande boite.
Aujourd'hui, les magasins ne proposent plus un seul produit, mais toute une gamme. Crèmes, savons, lotions… Et ce ne sont pas les marques qui manquent. Certains laits éclaircissants peuvent coûter jusqu'à 30 euros. C'est cher ? "Oui, mais il faut souffrir pour être belle", rigole-t-elle insouciante face aux risques.
A base d'hydroquinone, de cortisone, de corticoïdes, de stéroïdes… ces produits sont un véritable danger pour la peau. Un médecin qui a préféré garder l'anonymat nous informe sur la menace : "nous assistons à une véritable compétition entre les dermo-cosmétiques et les dermo-corticoïdes. C’est-à-dire que vous avez d’une part des produits destinés à soigner une peau normale et d’autre part des médicaments destinés à traiter des maladies de la peau".
En utilisant certains produits, ces femmes harponnent surtout le côté "dermo-corticoïdes avec leur cohorte d’effets secondaires. Parmi ces effets secondaires, il existe un effet indésirable devenu effet désirable : l’éclaircissement de la peau", interpelle le médecin.

 

Ces jeunes femmes, si elles continuent, c'est au cancer de la peau qu'elles s'exposent

Le blanchiment ou l’éclaircissement de la peau est l’effet indésirable pour lequel ces produits sont utilisés. C'est pourtant l'effet recherché par les utilisatrices. Et malgré les mises en garde, leur emploi ne cesse de s'accentuer. Sous le m'sidzano se camoufle une belle couche de pommade Rico à base d'hydroquinine "pour être encore plus belle", précise la publicité. Ces femmes ignorent que les risques encourus peuvent être encore plus néfastes pour leur santé.
"Au niveau de l’épiderme, ces produits provoquent une atrophie cutanée, c’est-à-dire que la peau devient fine, on la compare au papier de cigarette et, à travers cette peau, se dessinent les vaisseaux sanguins. Cette situation est très dangereuse. En effet, cet amincissement de la peau conjugué à la diminution de la couche d’ozone et à la restriction de son action filtrante augmentent la vulnérabilité d’une personne aux rayons nocifs ultraviolets A et B du soleil", précise notre médecin.
Des produits comme le bio éclaircissant, considéré comme le "number one" par ces femmes, affichent nettement une contre-indication : "attention à l'exposition solaire". "Ces jeunes femmes, si elles continuent, c'est au cancer de la peau qu'elles s'exposent. Mais aussi à la cataracte, à l'inflammation de la cornée, à la conjonctivite, sans compter le vieillissement prématuré… Les dermo-corticoïdes sont pro-infectieux. Ceux qui les utilisent sont exposés aux infections au niveau de la peau. Ces produits favorisent la gale, les mycoses, les abcès et l’infection sévère qu’on appelle l’érysipèle de la peau", énumère le spécialiste.
Ainsi donc, la peau étant devenue fragile, au moindre traumatisme la plaie constitue une porte d’entrée pour un microbe donné. "Ce microbe va migrer au niveau de la peau et provoque cette infection grave appelée l’érysipèle de la jambe. Sans compter que les dermo-corticoïdes provoquent l’allergie aux corticoïdes."

 

Diabète, hypertension, ulcère de l’estomac

Et comme si on n'en finissait pas avec la liste des inconvénients de l'usage de produits éclaircissants, le médecin rajoute : "Ces produits pénétrant dans le corps provoquent aussi, en plus d’effets secondaires locaux, des effets systémiques qui favorisent le diabète, l’hypertension, l’ulcère d’estomac et surtout provoquent une freignation hypotalamo-hypofuso-surrénalienne. C’est-à-dire que cela provoque des problèmes au niveau des glandes surrénales qui ne vont plus sécréter les hormones. Sachez que quand une glande ne sécrète plus, c’est sa mort, et la mort de celle-ci entraîne la mort de l’individu".
Ces risques périlleux auxquels sont exposées les pratiquantes du blanchiment de la peau sont bien trop souvent ignorés d’elles, consciemment ou inconsciemment. La situation est loin de s'estomper. Chaque jour de nouvelles boutiques poussent un peu partout sur cette île. Les commerçants du marché qui reviennent de leurs florissants voyages des pays asiatiques ou arabophones sortent de leurs bagages, à chaque arrivage, une nouvelle boite de Pandore. Reste à savoir le danger qu'elle contient pour toutes ces femmes ?

Denise Marie Harouna

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