Vendredi, Sergio Albarello, le directeur de l’ARS, s’est fait vacciner contre le chikungunya afin de relancer la campagne de vaccination, qui avait été suspendue suite aux problèmes survenus à La Réunion. L’enquête étant close, la campagne reprend pour inciter les personnes de 18 à 64 ans présentant des comorbidités à se faire vacciner.
Le chikungunya circule plus que jamais à Mayotte avec près de 500 cas recensés la semaine dernière dont une majorité de cas autochtones. Selon Sergio Albarello, directeur de l’ARS, ce chiffre serait même sous-évalué et il pense que, cette semaine, Mayotte dépassera le cap des mille cas. « Nous sommes actuellement au niveau 2 du plan Orsec et je déclencherai le niveau 3 dès ce lundi 26 mai étant donné la situation. Cela signifie que l’ARS passe la main au préfet afin qu’il mobilise tous les services de l’Etat pour faire face à l’épidémie », révèle Sergio Albarello.
Face à cette situation, le directeur de l’ARS a lancé la campagne de vaccination pour les personnes de 18 à 64 ans présentant des comorbidités. Lors de sa visite officielle sur l’île aux parfums, le président Emmanuel Macron était arrivé avec 1.300 doses de vaccins, mais la campagne avait dû être suspendue suite aux trois événements indésirables graves, dont un décès, survenus à La Réunion. L’enquête étant désormais close, la campagne peut reprendre et Sergio Albarello a tenu à montrer lui-même l’exemple en se faisant vacciner ce vendredi 23 mai au centre de vaccination situé juste à côté du dispensaire Jacaranda, en face de l’entrée des urgences du CHM. Le préfet François-Xavier Bieuville devait lui aussi se faire vacciner ce même jour, mais il a dû repousser pour des problèmes d’agenda. Mais ce n’est que partie remise, assure la préfecture.
Le chikungunya : une maladie susceptible de provoquer de graves complications
Les principaux foyers de l’épidémie se situent actuellement à Mamoudzou et en Petite-Terre, mais le virus est également présent dans d’autres régions de l’île et se propage rapidement. L’ARS poursuit sa lutte antivectorielle en pulvérisant des insecticides dans les zones impactées afin de détruire les gîtes larvaires. Ce produit détruit également les moustiques tigre adultes, agents propagateurs du virus. Pour le moment, les personnes malades sur le territoire ne présentent pas de formes graves, mais trois enfants sont d’ores et déjà hospitalisés en pédiatrie. « Ils ne présentent pas de forme grave, mais on préfère hospitaliser les enfants pour surveiller l’évolution de leur maladie. C’est d’ailleurs une mesure spécifique à Mayotte », précise Sergio Albarello.
Les formes graves du chikungunya peuvent engendrer des problèmes neurologiques comme des encéphalites, d’où l’importance de se faire vacciner. Il s’agit également d’anticiper la montée en puissance de la maladie. « En cette fin de saison des pluies, les cas vont se multiplier et nous atteindrons le pic vers la mi-juin. Une deuxième vague encore plus forte surviendra toutefois en décembre prochain, d’où la nécessité d’anticiper en se faisant vacciner », insiste Sergio Albarello.
Comme tout vaccin, celui contre le chikungunya peut engendrer des effets secondaires chez certaines personnes. Il existe tout d’abord un risque d’allergie, mais les cas sont rares et les personnels de santé présents dans le centre de vaccination veilleront à endiguer ce phénomène si jamais il se présente. Certaines personnes peuvent également présenter quelques symptômes atténués de la maladie, puisque la vaccination consiste à injecter une forme atténuée du virus afin de stimuler la production d’anticorps dans le corps. « Mais ces symptômes n’apparaissent pas chez tout le monde et restent minimes comparés à ceux provoqués par la maladie elle-même, qui peut dans certains cas dégénérer en formes graves avec des problèmes neurologiques », insiste le directeur de l’ARS, soutenue dans ses propos par le Docteur Anna Montera, responsable de la campagne de vaccination.
Comment avoir accès au vaccin ?
Les personnes souhaitant se faire vacciner peuvent se rendre directement dans le centre de vaccination. Une prise de rendez-vous est possible afin de limiter le temps d’attente en appelant le 02 69 61 86 69. Il est également possible de se rendre chez un médecin libéral qui estimera la nécessité ou non de la vaccination. Munies de leur prescription médicale, les personnes devant être vaccinées devront acheter le vaccin en pharmacie puis retourner chez le médecin afin qu’il procède à l’injection.
Pour le moment, 1.344 doses de vaccin sont présentes sur le territoire et Sergio Albarello assure qu’en cas d’afflux massif de personnes souhaitant se faire vacciner, 50.000 doses supplémentaires sont d’ores et déjà prêtes à être acheminées sur le territoire.
Nora Godeau est journaliste indépendante à Mayotte. Elle couvre les enjeux sociaux, culturels et environnementaux du territoire, avec une attention particulière portée aux voix locales et aux initiatives de terrain.