Un collectif juge l’itinéraire actuel imposé par la compagnie Air Austral entre La Réunion et l’Union des Comores épuisante, mais également à des prix exorbitants, à cause des charges engendrées par l’escale à Mayotte. Les manifestants ont même sollicité l’aide du préfet de la Réunion.
C’est un cri de cœur, un ras-le-bol de la communauté comorienne résidant sur l’île de la Réunion. Ce mercredi, ils étaient nombreux à avoir répondu à l’appel, lancé par le collectif des usagers de la ligne Réunion-Comores. Selon les organisateurs, près de 600 personnes ont marché à Saint-Denis, pour à la fois dénoncer la cherté des billets et exiger par ailleurs, le retour d’un vol direct, entre l’île Bourbon et l’Union des Comores. « Depuis la fin du covid-19, on n’a plus de vols directs, ce qui engendre une hausse des prix. A cela s’ajoutent les escales longues, avec des conditions inhumaines, car il n’y a aucune prise en charge. Parfois tu es obligé d’attendre 24h. Puis, on constate de temps en temps aucun respect de la personne humaine« , a expliqué, Kassim M’bae, contacté par Flash Infos. A l’en croire, avant cette manifestation qu’il qualifie de « réussite », le collectif a entrepris pas mal d’actions. Après une rencontre qu’elle a eue avec des membres du collectif, en février dernier, la compagnie est restée silencieuse, dénonce Kassim. « Nous avons également saisi la région Réunion, qui est actionnaire majoritaire au sein d’Air Austral mais on est resté sans réponse. Ainsi, à l’approche des vacances, on a décidé de se faire entendre, d’où cette manifestation« , a complété Kassim, qui dénonce les taxes sur les devises (euros) imposées aux voyageurs comoriens en escale à Mayotte.
Escale à Mayotte
Dans un communiqué transmis aux médias, mardi, le collectif a demandé le rétablissement urgent de la liaison aérienne directe entre les deux territoires, sans escale à Mayotte. « Cette escale imposée rallonge les trajets, augmente les coûts et pénalise des milliers de passagers chaque année. Nous dénonçons les pratiques abusives des services douaniers de Mayotte à l’encontre des passagers comoriens, systématiquement suspectés sans fondement. Nous demandons que l’État fasse respecter les droits des voyageurs dans le cadre légal« , exhorte le communiqué. Présente lors de la marche, El Hadad Kaoutharia exige qu’on ouvre la desserte à d’autres compagnies. « Air Austral nous sort l’argument d’une interdiction qui les empêcherait de desservir les Comores. Mais personne ne parvient à nous montrer la circulaire ou la décision. S’ils ne sont pas capables de nous offrir une ligne directe, qu’ils laissent d’autres concurrents rentrer sur le marché, à l’instar de Cors’air« , insiste-t-elle. La cherté des billets qui suscite des crispations a aussi été au cœur des revendications portées ce mercredi. Pendant la période des vols directs, le trajet Saint-Denis – Moroni, qui dure seulement 2h30, coûtait, en haute saison, 700 euros maximum. Aujourd’hui, il atteint les 1400 euros. « C’est nous qui avons le trajet le plus cher, si l’on compare aux tarifs des voyageurs qui se rendent dans les autres territoires de l’Océan Indien » a pointé M Kassim Kaoutharia, qui appelle aussi les autorités comoriennes à s’impliquer. « Elles devraient penser à nous. En 10 ans, le prix du billet a doublé. Avant, on pouvait l’avoir à 400 euros. Maintenant, ça commence à 900 euros. Vous imaginez si l’un de nous perd un proche. Il est obligé de rapatrier le corps via la France parfois avant d’arriver aux Comores. Certains finissent par jeter l’éponge. C’est malheureux« , se désole la manifestante. Selon cette dernière, après la marche, des représentants du collectif ont été reçus à la préfecture, où Ils y ont exposé leurs doléances. « Ils leur ont fait comprendre que nous avons le droit d’être traités avec équité et égalité. Car Air Austral est une compagnie publique, financée par les impôts que nous payons. On ne peut pas rester là à subir des discriminations« , a raconté Kassim.
Insuffisance de la flotte
Au cours de l’entrevue du mois de février avec des membres du collectif, en février, le patron de la compagnie aérienne réunionnaise aurait justifié la suppression de la ligne par l’insuffisance de leur flotte. Mais, dans un communiqué publié, mercredi après-midi, en réponse à la manifestation, Air Austral a ajouté sur la liste l’état de la piste de l’aéroport de Moroni. « La suspension actuelle des vols directs entre La Réunion et Moroni est liée à des contraintes techniques, indépendantes de la volonté de la compagnie, en particulier l’état de la piste à l’aéroport de Moroni, jugé jusqu’à présent incompatible avec les exigences opérationnelles de la flotte d’Air Austral« , a réagi, mercredi, la compagnie qui dit suivre avec attention la situation de l’aéroport tout en affirmant avoir déjà souhaité envoyer un auditeur sur place afin de procéder à un audit technique complet. Toutefois, Moroni aurait exprimé son indisponibilité à recevoir une telle mission. Peut-être parce qu’en ce moment l’État est en train de finaliser le transfert final des infrastructures à une Holding émiratie, à qui on a cédé l’aéroport pour 30 ans. Au sujet des tarifs, que paient les voyageurs qui se rendent à Moroni, Air Austral s’est engagé à mettre place un groupe de travail conjoint avec sa filiale Ewa Air, qui assure actuellement la liaison entre Mayotte et Moroni, « afin d’explorer les marges de manœuvre tarifaires possibles pour la prochaine saison IATA, qui débutera en octobre 2025« . La communauté comorienne réclame également la mise en place d’un observatoire des prix pour les vols dans l’océan Indien, afin de garantir plus de transparence sur les tarifs appliqués.
Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
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