Les fidèles accueillent avec peu d’enthousiasme les nouvelles restrictions pour lutter contre la propagation du variant de Covid-19 à Mayotte. Surtout au vu des moyens déployés pour respecter les protocoles sanitaires dans les mosquées.
15h45. Le soleil darde enfin ses rayons sur les toitures encore ruisselantes après deux jours de pluies torrentielles. Au même moment, les premières notes du muezzin s’élèvent d’un minaret gris tendu vers le ciel clairsemé. Devant la mosquée de Passamaïnty, une dizaine de paires de savates traînent déjà à côté des flaques d’eau. Un groupe de quatre hommes, chaussures aux pieds, kofias sur le crâne chauve et masques sur le nez, profite tranquillement de la fin d’après-midi… et de leurs dernières heures de répit avant le couvre-feu. La petite équipe vient tout juste de finir la prière collective. La prochaine ? Ils la feront seuls sur leur tapis personnel, à la maison.

“La barge à 21h ?”
Alors que l’arrêté préfectoral instaurant un couvre-feu à Mayotte, de 18h à 4h du matin et pour une durée de 15 jours, est en vigueur depuis jeudi soir, la bande partage un même sentiment d’injustice teinté d’incompréhension. “Si on arrête la barge à 21h, pourquoi ne laisse-t-on pas les fidèles se rendre à la mosquée ?”, demande par trois fois Abdallah Mohamadi, le plus virulent des quatre. Qui n’hésite pas à fustiger le premier concerné : “dites à votre préfet que Mayotte s’est construite avec les Mahorais. Lui part dans deux ans, et il calque ce qui se fait en métropole sur notre île. Il ne prend même pas en compte le décalage horaire !”, dégobille cet ancien enseignant et directeur d’école à la retraite. En agitant sa carte d’identité pour bien montrer qu’il ne se démontera pas. “Dites-lui bien que c’est Abdallah Mohamadi qui dit ça. Je n’ai peur de personne, seulement de Dieu !”
Moquette et distanciation sociale

Le conseil cadial veille au grain
“Jusqu’à ce jour, ce sont les fidèles qui ont contribué à financer le gel ou les masques”, confirme Anouoiri Chanfi. Certaines ont même investi dans des nouveaux tapis pour faciliter le nettoyage, voire ont eu recours à des vacataires pour apporter un maximum de garanties sanitaires. “La plupart, la grande majorité, ont toujours respecté les consignes, et pour le peu qui refusaient, le dialogue a permis de régler le problème”, déroule le responsable. Gage de cette bonne tenue : le conseil cadial, qui a d’ailleurs communiqué ce mercredi par la voix du Grand Cadi pour rappeler à tous les risques en cas de non-respect des consignes. Quiconque refuse de se plier au couvre-feu ou aux protocoles risque de devoir fermer ses portes jusqu’à nouvel ordre. “Nous sommes aussi engagés dans une démarche de lobbying auprès des élus pour fournir le matériel nécessaire, car il ne s’agit pas là de religieux, mais bien de santé publique”, argumente encore Anouoiri Chanfi. Et pour convaincre les plus réfractaires, le membre du conseil connaît déjà la parade : “l’Islam a pour fondement de sauver des vies”, rappelle-t-il.





































