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Au musée de Mayotte, 98% du patrimoine sous l’eau s’en est sorti

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Abdul-Karim Ben Saïd est le directeur du musée de Mayotte.

Abdul-Karim Ben Saïd, directeur du musée de Mayotte, témoigne des dégâts subis par les monuments historiques après le passage du cyclone Chido et de la tempête tropicale Dikeledi.

Flash Infos : Le cyclone Chido, puis la tempête tropicale Dikeledi, ont frappé Mayotte en moins d’un mois. Quel est l’état actuel du musée et des infrastructures qui l’entourent ?

Abdul-Karim Ben Saïd : Sur la question des infrastructures, il y a deux choses à évoquer. Deux bâtiments classés monuments historiques sont mobilisés pour le projet musée, l’ancienne caserne de Dzaoudzi et la résidence des gouverneurs. Ensuite, deux bâtis nous accueillent administrativement et accueillent nos conservations. Les deux monuments historiques ont perdu leurs toits comme bon nombre à Mayotte. Il s’agit de bâtiments anciens qui n’étaient sans doute pas conçus pour affronter ces deux tempêtes. La perte de ces toits fragilise les deux bâtiments qui sont anciens, l’un datant de 1844 pour la résidence des gouverneurs et l’autre de 1845 pour l’ancienne caserne.

FI. : Le bâtiment principal a été fragilisé par les tremblements de terre liés au volcan Fani Maoré il y a plusieurs années. L’a-t-il été davantage après le cyclone

A.-K. B. S. : Les bâtiments n’étaient pas construits pour recevoir autant d’intempéries. Il y a fort à parier qu’il y a des effets, mais je ne saurais dire à quel point. Une expertise, qui se fera prochainement, nous dira ce qu’il en est de la caserne et de la résidence des gouverneurs à Dzaoudzi. Pour la caserne, des travaux de mise aux normes devaient commencer ce mois de janvier, pour rouvrir d’ici un an. Mais suite au cyclone Chido, on doit attendre une expertise. Le toit, qui n’était pas concerné par les travaux, s’est envolé. Le bâtiment est soumis à la pluie. Ce sont des bâtiments faits de chaux. Nous sommes donc en train de le couvrir d’une bâche. Malheureusement, la bâche n’a pas tenu lors de Dikeledi. L’entreprise choisie pour couvrir les monuments de bâche travaille encore là-dessus, au moins pour éviter que les bâtiments historiques ne soient exposés à l’eau. En attendant une expertise qui doit arriver la semaine prochaine, eux aussi sont bloqués à La Réunion du fait du contexte actuel. Ce n’est qu’à partir de cette expertise que nous saurons comment prendre en compte ces éléments nouveaux.

F.I. : Comment ces bâtiments ont pu tenir face à ces deux tempêtes cycloniques ?

A.-K. B. S. : Disons que ce sont des bâtiments “costauds” parce qu’ils ont pu résister à deux phénomènes auxquels ils n’étaient pas du tout habitués. Je pense qu’ils ont plutôt bien résisté. Maintenant, il faudrait ne pas laisser ces bâtiments à découvert

F.I. : Y a-t-il des parties du patrimoine culturel qui sont définitivement perdues ?

A.-K. B. S. : Pour le patrimoine du musée, le lendemain de la tempête Chido, j’étais à Dzaoudzi pour constater l’état des collections. Tout de suite, nous avons enclenché une opération de sauvetage de ces dernières. Une partie était dans l’eau, pas entièrement, mais en partie. Nous avons donc effectué une opération de mise hors d’eau. Il reste deux opérations pour finaliser l’ensemble du sauvetage. Mais 98% du patrimoine qui était sous l’eau s’en est sorti. Dans la caserne, une partie de notre réserve a été victime de Chido. Sauvées et transportées dans nos bureaux. Aujourd’hui, tous nos bureaux sont transformés en réserves. On n’a plus de bureaux aujourd’hui. C’est ce choix qu’on a effectué pour sauver nos collections. Actuellement, nous avons aussi le Bouclier Bleu, une association qui notifie les dégâts et qui aide les collectivités à sauver leur patrimoine. Ils sont venus nous prêter main-forte pour la mise hors d’eau. Nous procédons maintenant à la phase de sauvegarde.

F.I. : Est-ce que des fonds spécifiques vont être débloqués pour soutenir la reconstruction du musée et protéger son patrimoine ?

A.-K. B. S. : Il n’y a pas de fonds particuliers qui ont été débloqués. Des missions de l’UNICEF vont aussi venir observer l’état du bâtiment et peut-être nous aider. Je l’espère en tout cas. En tout état de cause, il y a déjà une convention qui existe entre nous et l’État. J’espère aussi que la Fondation de France pourra nous soutenir. Mais pour l’instant, on sait qu’ils ont récolté 34 millions d’euros. Je ne sais pas non plus comment le département va répartir ces aides. Mais j’ose espérer qu’on puisse nous aider à restaurer la résidence des gouverneurs, par exemple. Mais j’attends que le département se positionne. J’en ai fait la demande, mais on verra bien par rapport aussi aux urgences du territoire.

F.I. : Au vu de ce que vous observez, pensez-vous qu’une date de réouverture du musée soit envisageable ?

A.-K. B. S. : Je ne serais pas en mesure de le dire parce que ça dépend du maître d’œuvre. À l’issue des expertises, il y aura sans doute des observations. Une mise aux normes est déjà en cours, mais avec l’absence de toit, le chantier doit être totalement ré-évalué. Aujourd’hui, on ne peut plus construire sans prendre en compte les normes anticycloniques et antisismiques. On a connu Feliksa en 1995, Chido va nous pousser à penser autrement.

Propos recueillis par Nadhuir Mohamady

Manque d’eau potable : “Tout le monde est vulnérable”

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Le mardi 7 janvier, avait lieu la quatrième distribution de bouteilles d’eau dans le village de Chirongui depuis le cyclone Chido.

Depuis le passage du cyclone Chido, trouver de l’eau en bouteille dans les magasins est devenu compliqué, comme dans la commune de Chirongui, où la semaine dernière, les habitants se sont rendus au nouveau bâtiment de la police municipale pour une distribution de bouteilles. La population déplore une quantité d’eau distribuée insuffisante.

 

Tribune : « Des réponses à la hauteur » souhaite le maire de Mamoudzou

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Au premier jour de l’examen du projet de loi d’urgence en commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, ce lundi, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, fait « une demande solennelle de réponses à la hauteur du rendez-vous historique».

« Mesdames et Messieurs les président(e)s,

C’est avec gravité et un sens de responsabilité élevé que je m’adresse à vous par cette présente, en qualité de maire de Mamoudzou, ville chef-lieu de Mayotte, et témoin privilégié d’une réalité humaine et sociale qui interpelle notre conscience collective.
Mayotte n’est pas seulement le plus GRAND BIDONVILLE de France et d’Europe; elle est aujourd’hui devenue, sous nos yeux impuissants, avec un nombre de décès cruellement sous-estimé, le plus GRAND CIMETIERE à ciel ouvert (N.D.L.R. la préfecture de Mayotte fait état d’une quarantaine de morts et des dizaines de disparus). Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido a balayé notre territoire, arrachant des vies, pulvérisant des foyers et laissant derrière lui un paysage de désolation. Ce désastre climatique, par sa violence inouïe, a révélé dans toute leur cruauté les failles structurelles de notre territoire. Face à cette tragédie sans précédent et aux risques multiples de déstabilisation de la société, l’urgence est totale et pour ne plus jamais revivre cela, les Mahorais attendent des actes concrets, pas des promesses. Comme l’a dit Albert Einstein, « la folie, c’est de refaire toujours la même chose, et s’attendre à ce que les résultats soient différents ». Cette maxime résonne particulièrement ici. Nous ne pouvons plus nous contenter des mêmes solutions partielles et insuffisantes face à des défis d’une telle ampleur.

“Une opportunité unique”

Vous allez prochainement examiner le projet de loi d’urgence pour Mayotte. Ce texte doit être bien plus qu’une réponse législative à la crise sans précédent que nous traversons. lI est un rendez-vous avec l’Histoire, une opportunité unique de transformer durablement le territoire, une occasion de redonner espoir et dignité au peuple mahorais, à ses enfants et aux générations futures. lI doit réconforter Mayotte au cœur de La République, réparer l’errance du passé et prévenir les crises qui s’annoncent, notamment sanitaire. Or ce projet de texte né incomplet est certes un premier pas important, mais je le dis sans détours : il est loin d’être à la hauteur de nos besoins réels et urgents. Si nous voulons sauver des vies, (re)construire l’île, et offrir un avenir à la population, il faut inscrire dans ce projet de loi des mesures fortes. Vouloir « Mayotte debout », c’est rompre enfin avec des décennies de demi-mesures et oser des amendements ambitieux fondés sur des décisions politiques courageuses.

Aussi, au nom d’une île meurtrie mais pas vaincue, je vous communique les mesures essentielles que nous vous demandons d’intégrer au texte à l’occasion de son examen au Parlement :
1. Sécuriser les habitants et sauver des vies : une priorité absolue
Mayotte, déjà fragilisée, ne peut plus supporter l’insupportable. lI faut des mesures immédiates pour sécuriser les habitants : des abris solides, des infrastructures adaptées aux risques climatiques, et des moyens accrus pour les secours. L’urgence, c’est maintenant. Chaque retard coûte des vies.
2. Assurer un habitat digne pour une île debout
Comme le rappelle la motion adoptée par le conseil municipal de Mamoudzou le 23 décembre dernier, il est grand temps de sortir de l’illusion que les bidonvilles seraient des abris et d’ouvrir les yeux sur ce qu’ils sont en réalité : des pièges mortels. Laisser le cercle vicieux des reconstructions précaires se perpétuer serait CONDAMNER A MORT les milliers de familles qui s’y installeront. Ce projet de loi doit interdire strictement et surtout empêcher avec des moyens humains dédiés, leur reconstruction. L’État français a le devoir de ne pas rebâtir son 101eme département sur des fondations en tôles et d’engager un grand chantier pour des logements durables, adaptés au changement climatique.
3. Investir dans l’éducation, pierre angulaire de la reconstruction
À Mamoudzou, des milliers d’élèves n’ont plus de salle de classe. Si l’éducation est bel et bien l’avenir de Mayotte, alors cet avenir est aujourd’hui purement et simplement compromis. Nous demandons la mise en place d’un fonds d’urgence pour réhabiliter les écoles et en construire de nouvelles, ainsi qu’un soutien actif pour inventer des solutions temporaires, innovantes et efficaces. Un enfant sans école, c’est une République qui vacille.
4. Relancer une économie en ruines
Nos entreprises, déjà fragiles, ne peuvent se relever seules. Le texte doit inclure des dispositifs concrets pour alléger la dette et relancer l’activité économique. Sans cela, Mayotte risque de devenir un désert économique, au détriment de la résilience locale. Donnons à notre territoire les moyens de réussir et de s’affirmer dans notre zone sud de l’océan Indien où les enjeux géopolitiques hautement stratégiques sont nombreux et divers.
5. Favoriser une gouvernance locale ancrée dans le réel
L’établissement public chargé de la (re)construction doit inclure des élus locaux (les maires, les présidents des intercommunalités – en plus des conseillers départementaux) – et des représentants de la société civile mahoraise qui connaissent les besoins et les réalités du territoire. On ne reconstruit pas Mayotte depuis des bureaux parisiens. C’est sur le terrain, avec ceux qui vivent et travaillent ici que se bâtira une île debout.
6. Un cadre législatif clair et agile
L’efficacité et la simplification doivent primer sur la lourdeur administrative. Ce projet de loi doit inclure des dérogations pour accélérer les projets essentiels et permettre des réponses rapides et adaptées. L’heure n’est pas à la bureaucratie, mais à l’action.
7. Un soutien financier exceptionnel aux collectivités locales
Placées en première ligne au plus près des sinistrés, et devant elles-mêmes faire face aux nombreux dégâts causés par Chido, nos collectivités ont besoin d’être accompagnées par l’Étatsous la forme de dotations exceptionnelles afin de participer immédiatement à la (re)construction et à la (re)mise en l’état de nos territoires respectifs.

“Des moyens à la hauteur des attentes”

L’urgence est humaine, le courage est politique.Mesdames, Messieurs, vous avez entre vos mains un texte de loi qui peut changer le destin de Mayotte et contribuer à bâtir un nouvel avenir pour la République au-delà de l’Hexagone. Mais pour cela, il faut du courage, de l’audace, une ambition et des moyens à la hauteur des attentes.
Céder aux compromis tièdes, c’est laisser Mayotte sombrer et enfermer une partie de la République dans l’insoutenable. Oser des mesures d’envergure, c’est relever Mayotte et redonner de la dignité à sa population.
Mesdames et Messieurs les président(e)s, au moment d’engager le débat parlementaire, souvenez-vous que derrière chaque chiffre il y a des vies humaines et que derrière chaque décision, il y a des destins. Les regards de toute la population mahoraise, mais aussi de l’ensemble de nos concitoyens, sont tournés vers vous. Nous
ne demandons pas l’impossible, encore moins un passe-droit. Nous exigeons l’essentiel : des toits pour s’abriter, des écoles pour apprendre, des lois pour protéger, une République pour vivre.
Soyez au rendez-vous de l’Histoire, transformez l’urgence en espoir, sauvez des vies, et devenez les bâtisseurs d’un avenir résilient et durable pour Mayotte et ses enfants. Car sauver Mayotte, c’est sauver la République.
Avec toute la solennité qu’exige cette heure, je vous adresse, Mesdames et Messieurs les président(e)s, l’expression de ma haute considération.”

Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou

Loi d’urgence : Le sujet de l’immigration prend le pas sur la reconstruction de Mayotte

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Estelle Youssouffa, députée de la première circonscription de Mayotte, est rapporteure du texte. Ici avec Manuel Valls, le ministre de l’Outremer, le 1er janvier, au port de M’tsapéré.

Abordée en commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, ce lundi, la loi d’urgence, censée répondre aux conséquences du cyclone Chido, a vite tourné au débat d’idées sur l’immigration.

Dès le départ, le gouvernement avait laissé entendre que le texte pourrait être amendé sur le sujet de l’immigration qui lui était alors complétement étranger. Car la loi d’urgence, rouage du plan “Mayotte debout” dévoilé par François Bayrou le 30 décembre, porte en grande majorité sur les règles assouplies pour accélérer les constructions sur un territoire traversé par le cyclone Chido, le 14 décembre, et avant la tempête tropicale Dikeledi qui a frappé plus durement le sud, dimanche 12 janvier. Mais, ce lundi, c’est davantage le thème qui passionne, ces derniers jours, la politique qui est vite remonté. Aux côtés de Manuel Valls, ministre de l’Outremer, Estelle Youssouffa a été la première à regretter un texte “muet” sur l’immigration. Notre île n’est pas en capacité d’assurer les besoins vitaux et les droits fondamentaux de tous les ressortissants français de Mayotte. Elle ne peut pas non plus accueillir davantage d’étrangers”, considère la députée de la première circonscription de Mayotte, qui a rappelé quelques minutes plus tôtl’extrême dénouement et la précarité dans laquelle est plongée la quasi-totalité des foyers à Mayotte”.“Le plan “Mayotte Debout” ne résout pas à résoudre l’équation ancienne des populations installées illégalement”, renchérit sa collègue de la deuxième circonscription, AnchyaBamana. L’immigration illégale pèse sur tous les aspects de la vie quotidienne de nos compatriotes mahorais”, convient Manuel Valls. Outre la question migratoire en elle-même, l’absence des mesures pour empêcher la reconstruction de bidonvilles (qui s’est effectuée rapidement) a aussi été pointée.Philippe Gosselin, député Les Républicains de la Manche, regrettait aussi qu’il n’y ait rien contre la construction de cases en tôles.

A gauche, Aurélien Taché (La France insoumise) a évoqué le rapport avec les Comores d’où la majorité des immigrés à Mayotte. C’est en mettant en place des voies d’immigration légales vers l’Hexagone, une vraie politique d’aide au développement pour les Comores que nous pouvons aborder la question migratoire”, déclare-t-il, provoquant la colère d’Estelle Youssouffa. On n’a pas d’eau, pas d’électricité, rien à bouffer, et vous trouvez le moyen de justifier l’immigration clandestine”, lui répond la parlementaire mahoraise.

Un bilan annuel de l’Établissement public

Mais il a été aussi question de construction au cours de l’audition. Suscitant la méfiance des élus locaux, plusieurs amendements ont visé la création de l’Établissement public chargé de la reconstruction de Mayotte. Le premier qui a été adopté, déposé par le gouvernement, entérine d’ailleurs le fait qu’il s’agisse d’une nouvelle entité qui, outre les missions aujourd’hui exercées par l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM), se verra investie d’une mission globale de coordination et de réalisation des travaux de reconstruction de Mayotte”. Un autre déposé par la rapporteure instaure la publication annuelle d’un rapport d’activité qui rend compte de la nature, du coût et des modalités de financement des opérations réalisées dans le cadre de ses missions. Une autre disposition instaure une parité dans la représentation entre le gouvernement et les collectivités mahoraises.

Concernant les écoles mahoraises, Dominique Voynet, l’ancienne directrice de l’Agence régionale de santé de Mayotte, a fait passer un amendement visant àconstruire mieux : plus solide certes, mais également plus durable et résilient face au réchauffement climatique et aux catastrophes à venir qui se répèteront”. Et si les règles de construction sont simplifiées, un amendement à l’article 4 prévoit toutefois que la gestion parcellaire des eaux de pluie est intégrée aux nouvelles règles techniques auxquelles sont soumis les nouvelles constructions et travaux pour répondre à la crise de l’eau. Alors que sept articles (sur 22) ont été discutés, lundi, la commission devait reprendre son travail, ce mardi soir.

Après son examen en commission, le texte sera débattu dans l’hémicycle dès le lundi 20 janvier. Ce sera dès le 3 février au Sénat.

Dans ses vœux, ce mardi matin, le groupe de La France insoumise (LFI) a fait part de son intention de demander une commission d’enquête sur “l’impréparation de Mayotte face aux risques naturels majeurs et aux conséquences du délaissement de ce département par l’État pour non seulement le bilan réel du cyclone Chido, pas seulement humain, mais aussi matériel”. Celle-ci pourrait aussi s’attacher à analyser les réponses apportées par l’État. “Tirer des leçons de ce qui se passe à Mayotte est évidemment très important pour les Mahorais, mais c’est très important pour les territoires dits d’“outremer””, justifie Mathilde Panot, la présidente du groupe.

Le 27 décembre, le sénateur mahorais Saïd Omar Oili avait également souhaité la création d’une commission similaire.

Après le report de « Huka 2 », un spectacle de jeunes danseurs pour animer Chirongui

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En raison des contraintes et des dégâts causés par le cyclone Chido et la tempête tropicale Dikeledi, le concert « Huka 2 » de Loya, prévu initialement le samedi 18 janvier 2025 au Pôle Culturel de Chirongui, est reporté à avril 2025.
Pour compenser ce report, une semaine cinéma et un nouvel événement culturel sont proposés. Le Street Dancers Show, organisé par l’association Hip Hop Evolution, se tiendra le dimanche 19 janvier 2025 à 14h au Pôle Culturel de Chirongui. Ce spectacle, dédié à la danse sous toutes ses formes, réunira une centaine de jeunes amateurs pour des performances chorégraphiques de 3 à 5 minutes, évaluées par un jury de professionnels.

L’événement, gratuit sur réservation, encourage la créativité et soutient les jeunes talents artistiques. Hip Hop Evolution propose des parcours d’accompagnement en lien avec le centre de développement artistique « Le Paradis des Makis » à Iloni. Soutenu par la direction des affaires culturelles de Mayotte, la direction régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (Drajes), la Politique de la Ville et le pôle culturel de Chirongui, ce projet reflète le dynamisme culturel local.
Lien de réservation : https://billetterie-poleculturel-chirongui.mapado.com/event/475095-street-dancers-show-hip-hop-evolution.

Les barges ont repris depuis le quai Ballou à Dzaoudzi

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Comme à l’aéroport de Pamandzi, l’activité a repris pour les liaisons maritimes entre Petite-Terre et Grande-Terre, ce mardi. Il y a cependant un changement de lieu de départ à Dzaoudzi puisque le quai Issoufali est bloqué par le déplacement de l’ancienne barge Salama. “Le départ et l’arrivée des barges en Petite Terre se font quai Ballou jusqu’à nouvel ordre”, confirme la préfecture de Mayotte, qui rappelle que la circulation et le stationnement sont interdits sur le Rocher, “à l’exception des résidents. Les passagers et les véhicules autorisés à emprunter la barge doivent patienter quai Issoufali : ils seront invités par un agent de la DTM (ex-STM) à se rendre quai Ballou à chaque arrivée de la barge pour ne pas bloquer les axes routiers”, expliquent les services de l’État. Pour fluidifier la circulation, les autorisations de se déplacer se limitent aux piétons, véhicules des forces de secours, de sécurité et d’intervention, des services publics ou des opérateurs des fluides et télécommunications, ainsi que pour le transport alimentaire ou la collecte des déchets.

L’Agence régionale de santé défend son bilan pendant la crise

 Dès le 12 décembre 2024, l’Agence de régionale de Santé, en lien avec le centre de crises sanitaires du ministère de la Santé, a ouvert sa cellule de crise et mis en place une stratégie opérationnelle et coordonnée avec l’ensemble des acteurs pour organiser la résilience du système de santé mahorais”, indique l’ARS de Mayotte, un mois après le passage du cyclone Chido. Outre la réorganisation du centre hospitalier de Mayotte (CMR), et des centres médicaux de référence (CMR) pour accueillir les premiers blessés, celle-ci vante l’envoi de “400 renforts dès le 16 décembre pour soulager le travail des équipes qui avaient connu le passage du cyclone”, puis le déploiement de la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP), trois jours après. Si elle tait les conditions dégradées liées aux dégâts sur le CHM ou sur les domiciles des soignants, l’agence rappelle qu’elle a sollicité de manière “immédiate” le déploiement du l’hôpital civilo-militaire de Cavani. “Opérationnel dès le 24 décembre, il aura permis de soulager significativement l’activité aux urgences du CHM avec plus de 3.000 passages”, poursuit-elle.

Concernant le matériel, il est indiqué que 100 tonnes de matériel médical et/ou nécessaire au rétablissement du fonctionnement du système de santé (dont une unité sanitaire mobile et de nombreuses malles de postes sanitaires mobiles), ainsi que l’acheminement de moyens nécessaires au soutien électrique, en eau, en alimentation, en moyen de communication, en médicament ont été livrés au sein des établissements de santé. Même si sur le terrain, les habitants ont fait part de leur déception de voir peu les secours dans les quartiers dans les jours qui ont suivi le cyclone, l’ARS défend un dispositif d’aller-vers qui aura permis de rencontrer plus de 24.000 personnes, dont 10.000 qui auront pu bénéficier de soins et consultations”, ainsi que de distribuer 4,7 millions de comprimés de chloration pour garantir l’accès à une eau potable.

Cette stratégie opérationnelle et reposant sur une coordination étroite entre les autorités préfectorales, sanitaires locale et nationale et la Sécurité civile aura permis depuis un mois de limiter fortement les pertes de chance des habitants de Mayotte. Les équipes de l’ARS, des établissements de santé de Mayotte et du centre de crises sanitaires du ministère de la Santé resteront pleinement mobilisées dans les semaines à venir pour poursuivre le rétablissement de système de santé local”, se félicite-elle.

La Fedom appelle à un renforcement des dispositifs de la loi d’urgence pour Mayotte

Après un premier projet de loi d’urgence pour Mayotte présenté le 8 janvier en conseil des ministres, la fédération des entreprises d’outre-mer (Fedom) appelle à un renforcement des dispositifs prévu par le texte, notamment de la suspension des cotisations sociales. Selon l’organisation, l’article 18 du texte, tel qu’il est rédigé, ne suffira pas à protéger le tissu économique et l’emploi à Mayotte, lourdement touchée par le cyclone Chido.

Pour y remédier, la fédération a travaillé avec les parlementaires sur un amendement visant à étendre la suspension des cotisations sociales jusqu’au 31 décembre 2025, avec une possible prorogation jusqu’en 2026, selon l’état économique des entreprises. L’amendement propose également la possibilité de régler les dettes sociales sur cinqans, avec l’abandon des pénalités, ainsi qu’une réduction, voire une annulation, des cotisations patronales pour les rémunérations versées entre le 14 décembre 2024 et le 31 décembre 2025. Des propositions qui s’inspirent des mesures d’urgence prises après l’ouragan Irma et la crise du Covid-19.

 

Une enquête pour soutenir les étudiants après les cyclones

Après le passage des cyclones Chido et Dikeledi, l’Association pour les étudiants et les jeunes de Mayotte (AEJM) intensifie son action pour soutenir les jeunes, étudiants et apprenants durement affectés. Une enquête sociale est en cours pour identifier les besoins urgents des étudiants, apprentis et stagiaires impactés par ces catastrophes naturelles. L’AEJM invite tous les jeunes concernés à se faire connaître auprès de son service social en contactant le 06 39 68 69 39, par téléphone, SMS ou WhatsApp. L’association réaffirme son engagement à apporter des solutions concrètes et adaptées pour aider la jeunesse mahoraise à surmonter cette épreuve.

 

Il faudra attendre une semaine de plus pour reprendre le chemin de l’école

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L’école maternelle de Cavani sud avait été dévastée, puis pillée, à la suite du cyclone Chido.

La tempête tropicale Dikeledi, en plus de conséquences du cyclone Chido, un mois plus tôt, ont entériné les espoirs d’une rentrée des élèves au lundi 20 janvier. Avec le décalage d’une semaine de la rentrée administrative, celle-ci pourrait “sans doute” intervenir le 27 janvier, a estimé Manuel Valls, le ministre de l’Outremer.

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Le ministre de l’Outremer, Manuel Valls, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, et le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, au collège K2 à Kawéni, le lundi 30 décembre.

Initialement prévue le lundi 13 janvier, la rentrée des enseignants et du personnel administratif de l’académie de Mayotte est à nouveau reportée à cause de la tempête tropicale Dikeledi, qui a touché particulièrement le sud de Grande-Terre, ce dimanche. D’abord au lendemain, elle a été confirmée pour le 20 janvier, par un courrier de la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, au personnel de l’académie.Face à cette situation exceptionnelle, nous avons pris, avec le Premier ministre, la décision de reporter la rentrée administrative. Celle-ci ne pourra intervenir, dans le meilleur des cas, avant la semaine prochaine. Cette mesure vise à vous accorder le temps nécessaire pour faire face aux conséquences personnelles de cet événement climatique et pour préparer au mieux un premier accueil dans les écoles et les établissements”, écrit-elle. Déjà endommagés par le cyclone Chido, un mois plus tôt, les établissements scolairesdevaient être remis en état au moins en partie, cette semaine. “A l’heure actuelle, on est à peu près à 71% des établissements disponibles, soit 1.123 classes capables d’accueillir des élèves. Il y a 448 classes où on a des difficultés, dont 178 pourront être nettoyées cette semaine”, précisait Yannick Tenne, inspecteur général de l’Éducation nationale, le jeudi 9 janvier. Mais avec la tempête de dimanche, une nouvelle évaluation minutieuse est déjà promise par la ministre. Votre sécurité et celle de nos élèves restent notre priorité absolue, adresse-t-elle à l’attention des enseignants.

“Étudier le décalage au 27 janvier”

Concernant les élèves, Élisabeth Borne n’a pas souhaité s’avancer sur une date, indiquant simplement que le calendrier des opérations de rentrée vous sera communiqué dans les jours à venir. Celle-ci devrait revenir dans les semaines à venir à Mayotte. C’est Manuel Valls, ministre de l’Outremer, qui a été plus disert au cours de l’audience de la commission des affaires économiques, ce lundi, en lien avec les débats sur le projet de loi d’urgence. La décision n’est pas prise, mais nous sommes en train d’étudier le décalage de la rentrée scolaire au 27 janvier”, a déclaré l’ancien Premier ministre.

« Les services de l’État font beaucoup », maintient Yaël Braun-Pivet

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La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est rendue à Acoua ce vendredi, à la rencontre des habitants.

Présente depuis ce jeudi à Mayotte et jusqu’à samedi, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est rendue dans le nord de Grande-Terre, ce vendredi. Confrontée à la détresse des habitants, pour la plupart toujours sans électricité et réseau un mois après le passage du cyclone Chido, elle a cherché à se montrer compréhensive tout en défendant les actions mises en place par les services de l’État.

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est rendue ce vendredi matin dans le nord de Mayotte, à la rencontre des habitants. Elle est d’abord allée à Acoua, où elle a été confrontée à la colère de certains citoyens. On reçoit de l’eau, mais ça n’a jamais suffi. Les gens pleurent, ils n’ont pas d’eau, insiste auprès d’elle un habitant de la commune, sur le parvis de la mairie. La municipalité indique alors recevoir trois palettes d’eau par jour, soit soixante packs d’eau ou 360 bouteilles, pour une population de plus de 5.000 habitants. C’est quoi l’objectif de votre visite à Acoua ?, l’interpelle une autre habitante. Face à ces observations, la présidente de l’Assemblée nationale oscille entre empathie et défense de l’action de l’État. C’est important pour moi de venir me rendre compte de la réalité de ce qu’il s’est passé, de constater par moi même l’étendue des dégâts et d’échanger avec vous, défend-elle.

Le rôle du Parlement est de s’assurer que l’exécutif fait bien son job, de voir si la réponse est juste. Il y a des textes de lois qui arrivent bientôt. Cela permettra de voir si les textes du gouvernement sont adaptés”, ajoute-t-elle pour justifier sa présence. Concernant les moyens mis en place pour répondre à la détresse des habitants qui, dans la commune, manquent encore en grande partie d’électricité et de réseau, elle estime qu’il y a des choses très bien, d’autres moins bien. Les services de l’État font beaucoup. Mais je comprends que pour vous c’est lent, vous avez raison d’être exaspérés”. Si l’électricité tarde à revenir, elle explique à ceux qui l’interpelle que c’est parce que les câbles sont en train d’être mis sous terre et que cela demande plus de temps.

À la rencontre des habitants

Nous avons besoin de réponses concrètes !”, lui lance l’habitant qui avait évoqué l’eau, un peu plus tôt. À cela, elle répond que la présence d’eau au robinet ou encore l’hôpital de campagne Escrim (élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale) installé à Cavani, dans la commune de Mamoudzou (soit à 34 kilomètres d’Acoua, ou une heure de route), sont des réponses concrètes de la part de l’État. Après ces échanges, Yaël Braun-Pivet est allée à la rencontre d’autres habitants dans le village. Sur son chemin, elle croise une dame âgée lui indiquant que depuis le cyclone et la destruction de sa case en tôle, des personnes sont venues occuper illégalement son terrain. La présidente de l’Assemblée nationale, n’ayant aucun pouvoir décisionnaire concernant l’aide qui peut être apportée à Mayotte, souhaite alors se rendre utile en transmettant les coordonnées de la famille de cette femme spoliée aux gendarmes présents, pour qu’ils puissent intervenir.

Elle a ensuite poursuivi sa pérégrination dans le Nord, du côté de Bandraboua, où elle a rencontré le maire, Ahamada Fahardine. Ce dernier lui a alors raconté comment il s’est senti isolé des services de l’État jusqu’au mercredi suivant le passage du cyclone Chido. Le secrétaire général de la préfecture de Mayotte, Daniel Fermon, met en avant la difficulté d’accès à la commune par la route avant cette date. On pouvait circuler dans ma commune dès le samedi, rétorque calmement le premier édile. Ce dernier a ensuite fait un exposé des difficultés rencontrées, notamment concernant la nourriture. Il n’y a plus de fruits à vendre sur les bords de la route, regrette-t-il. Face à cette détresse, Yaël Braun-Piveta tenté de se montrer compréhensive, tout en maintenant que les services de l’État faisaient leur maximum.

“Une phase de sauvegarde cyclonique” dès la fin de l’alerte rouge

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Le sud de Mayotte, comme ici à Chirongui, a été le plus touché par le passage de la tempête tropicale Dikeledi, le dimanche 12 janvier.

Malgré l’éloignement de la tempête tropicale Dikeledi, les habitants de l’archipel ont dû continuer à se confiner une bonne partie de la journée de lundi. Par mesure de précaution, et parce que la pluie pourrait s’avérer dangereuse sur un sol gorgé d’eau, la préfecture de Mayotte a attendu 15h pour lever l’alerte rouge et annoncé “une phase de sauvegarde cyclonique”.

Au vu de l’amélioration des conditions météorologiques, la préfecture de Mayotte a pu lever l’alerte rouge à 15 h, ce lundi. Celle-ci avait été décidée jusqu’au “lundi soir” en raison des précipitations et du vent initialement prévus au cours d’un épisode de kashkazi (le département restait en vigilance orange pour les fortes pluies, en vigilance jaune à la fois pour les vents forts et les risques de submersion marine). Le dégagement des routes, notamment dans le sud de Mayotte particulièrement touché par la tempête tropicale Dikeledi, étant encore en cours, la préfecture a instauré donc une “phase de sauvegarde cyclonique”. “Le préfet de Mayotte appelle la population à réserver les axes de circulation aux forces de l’ordre, de secours et aux opérateurs d’intérêts vitaux. Leurs interventions sont essentielles. Évitez tout contact avec les fils électriques tombés après les vents forts et signalez-les immédiatement aux autorités pour votre sécurité”, ont insisté les services de l’État. Dans les autres consignes, les habitants sont autorisés à sortir pour consolider et réparer ce qui peut l’être, sans prendre de risque ou à “rester éloignés des cours d’eau”.

Concernant le rétablissement des réseaux électrique et d’eau, Électricité de Mayotte (EDM) et la Société mahoraise des eaux (SMAE) ont dû établir un diagnostic, ce lundi. Pour le deuxième, qui a promis un retour des tours d’eau mardi (voir encadré), il est indiqué que les usines de production d’eau sont en cours de redémarrage : les intempéries ont généré des dégâts que la SMAE expertise, notamment des casses ou des arrachages de canalisation, dans la communication de la préfecture. Le chemin de l’eau a été toutefois rétabli, ce lundi, et une partie des villages a pu être réalimentés (voir le communiqué).

Niveau santé, les urgences du centre hospitalier de Mayotte (CHM) sont ouvertes, tout comme le centre hospitalier de Petite-Terre et les centres médicaux de référence (CMR). L’hôpital de campagne de Cavani le sera à nouveau, ce mardi. Les stations-services demeurent fermées, ce lundi, tandis que les barges circuleront dans les meilleurs délais”, après des travaux de sécurisation sur les quais.

Un sud dévasté par Dikeledi

La tempête tropicale Dikeledi, qui est passée à 90 kilomètres au sud du département, dimanche midi, a particulièrement touché les villages du sud de Grande-Terre, provoquant inondations et glissements de terrains (voir par ailleurs). M’bouini par exemple, seule localité épargnée par le cyclone Chido, un mois plus tôt, a vu sa plage disparaître sous l’effet de la marée et des torrents d’eau qui partaient vers la mer. 180 millimètres d’eau sont aussi tombés à Bandrélé, entre 7h et 19h, dimanche. Des dégâts sur les routes ont également été constatés.

Outre les dégâts matériels et les bâches envolées, le bilan humain ne faisait état d’“aucune victime à ce stade”, selon les autorités. Celles-ci ont déployé 1.200 gendarmes, 800 policiers et 800 pompiers en prévision de l’arrivée de la tempête tropicale. Dans les 79 centres d’hébergement d’urgence ouverts, 14.500 personnes ont été recensées, indique la préfecture de Mayotte. Environ 5.000 auraient été mises à l’abri dans les mosquées. Quant à la rentrée administrative dans les établissements scolaires, prévue initialement ce lundi, elle a été reportée à ce mardi.

Concernant le rétablissement des réseaux électrique et d’eau, Électricité de Mayotte (EDM) et la Société mahoraise des eaux (SMAE) ont dû établir un diagnostic, ce lundi. Pour le deuxième, qui a promis un retour des tours d’eau mardi (voir encadré), il est indiqué que “les usines de production d’eau sont en cours de redémarrage : les intempéries ont généré des dégâts que la SMAE expertise, notamment des casses ou des arrachages de canalisation”, dans la communication de la préfecture. Le chemin de l’eau a été toutefois rétabli, ce lundi, et une partie des villages a pu être réalimentés (voir le communiqué).
Niveau santé, les urgences du centre hospitalier de Mayotte (CHM) sont ouvertes, tout comme le centre hospitalier de Petite-Terre et les centres médicaux de référence (CMR). L’hôpital de campagne de Cavani le sera à nouveau, ce mardi. Les stations-services demeurent fermées, ce lundi, tandis que les barges circuleront “dans les meilleurs délais”, après des travaux de sécurisation sur les quais.
Un sud dévasté par Dikeledi
La tempête tropicale Dikeledi, qui est passée à 90 kilomètres au sud du département, dimanche midi, a particulièrement touché les villages du sud de Grande-Terre, provoquant inondations et glissements de terrains (voir par ailleurs). M’bouini par exemple, seule localité épargnée par le cyclone Chido, un mois plus tôt, a vu sa plage disparaître sous l’effet de la marée et des torrents d’eau qui partaient vers la mer. 180 millimètres d’eau sont aussi tombés à Bandrélé, entre 7h et 19h, dimanche. Des dégâts sur les routes ont également été constatés.
Outre les dégâts matériels et les bâches envolées, le bilan humain ne faisait état d’“aucune victime à ce stade”, selon les autorités. Celles-ci ont déployé 1.200 gendarmes, 800 policiers et 800 pompiers en prévision de l’arrivée de la tempête tropicale. Dans les 79 centres d’hébergement d’urgence ouverts, 14.500 personnes ont été recensées, indique la préfecture de Mayotte. Environ 5.000 auraient été mises à l’abri dans les mosquées. Quant à la rentrée administrative dans les établissements scolaires, prévue initialement ce lundi, elle a été reportée à ce mardi.

Les tours d’eau reprennent ce mardi

Excepté pour le secteur 1, l’eau est de retour dans les foyers mahorais ce mardi, en suivant le planning des tours d’eau. Il suit le même modèle que la semaine précédente avec trois jours différents : une ouverture de 6h à 18h, puis une autre le lendemain de 14h à 8h, et une troisième sans eau pendant 22 heures (de 8h à 6h le lendemain). Normalement, les secteurs 2 et 4 (la zone industrielle de Kawéni) sont les premiers ouverts, respectivement à 6h et 8h. Le troisième devra attendre à 14h.

Pour le secteur 1, le diagnostic en cours ne permettait pas de savoir si les villages pouvaient être réalimentés avant 8h, ce mardi. Pareil pour les localités du sud dont les canalisations ont été frappées par les inondations et les glissements de terrain liés à la tempête tropicale Dikeledi.

Ben Issa Ousseni réaffirme son soutien et sa proximité

« Nos pensées accompagnent les familles et les personnes touchées par les crues et inondations. Nous partageons leur douleur, tout en réaffirmant notre soutien et notre proximité dans cette épreuve », déclare Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental de Mayotte, dans son message et solidarité aux habitants touchés par les conséquences du passage de la tempête tropicale Dikeledi, ce dimanche à Mayotte.

Sa collectivité ajoute qu’elle reste pleinement mobilisée aux côtés des autorités locales pour accompagner et soutenir les populations impactées.

Les barges ont repris depuis le quai Ballou à Dzaoudzi ce mardi

Comme à l’aéroport de Pamandzi, l’activité a repris pour les liaisons maritimes entre Petite-Terre et Grande-Terre, ce mardi. Il y a cependant un changement de lieu de départ à Dzaoudzi puisque le quai Issoufali est bloqué par le déplacement de l’ancienne barge Salama. “Le départ et l’arrivée des barges en Petite-Terre se font quai Ballou jusqu’à nouvel ordre”, confirme la préfecture de Mayotte, qui rappelle que la circulation et le stationnement sont interdits sur le Rocher, “à l’exception des résidents. Les passagers et les véhicules autorisés à emprunter la barge doivent patienter quai Issoufali : ils seront invités par un agent de la DTM (ex-STM) à se rendre quai Ballou à chaque arrivée de la barge pour ne pas bloquer les axes routiers”, expliquent les services de l’État.

Pour fluidifier la circulation, les autorisations de se déplacer se limitent aux piétons, véhicules des forces de secours, de sécurité et d’intervention, des services publics ou des opérateurs des fluides et télécommunications, ainsi que pour le transport alimentaire ou la collecte des déchets.

Au lendemain de Dikeledi, le Sud s’active pour enlever les débris

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FI - Reportage photo Dikeledi 1
À Chirongui, au lendemain de la tempête tropicale Dikeledi, les habitants sont à pied d'œuvre pour déblayer leurs rivières.

Ce lundi matin, malgré l’alerte rouge toujours en cours, les habitants de Chirongui étaient en train de déblayer leurs rivières, par peur qu’elles soient obstruées et débordent à nouveau en cas de nouvelles pluies. La population a été effrayée par la tempête tropicale, et plusieurs maisons ont été inondées. Si des personnes ont dû être évacuées de leurs voitures par les pompiers ce dimanche, les agents de la commune n’ont pas recensé de blessés pour l’heure. 

L’alerte rouge levée à 15h, ce lundi, au profit de “la phase de sauvegarde cyclonique”

Le sud de Grande-Terre a été particulièrement touché par le passage de la tempête tropicale Dikeledi, comme ici le plateau sportif de M'bouanatsa.

Au vu de l’amélioration des conditions météorologiques, la préfecture de Mayotte avance la levée de l’alerte rouge à 15 h, ce lundi. Celle-ci avait été décidée jusqu’au “lundi soir” en raison des précipitations et du vent initialement prévus au cours d’un épisode de kashkazi. D’ailleurs, Mayotte reste en vigilance orange pour les fortes pluies, en vigilance jaune à la fois pour les vents forts et les risques de submersion marine.

Le dégagement des routes, notamment dans le sud de Mayotte particulièrement touché par la tempête tropicale Dikeledi, étant encore en cours, la préfecture instaure donc une “phase de sauvegarde cyclonique”. “Le préfet de Mayotte appelle la population à réserver les axes de circulation aux forces de l’ordre, de secours et aux opérateurs d’intérêts vitaux. Leurs interventions sont essentielles. Évitez tout contact avec les fils électriques tombés après les vents forts et signalez-les immédiatement aux autorités pour votre sécurité”, insiste la préfecture. Dans les autres consignes, les habitants sont autorisés à sortir pour “consolider et réparer ce qui peut l’être, sans prendre de risque” ou à “rester éloignés des cours d’eau”.

Concernant le rétablissement des réseaux électrique et d’eau, Électricité de Mayotte (EDM) et la Société mahoraise des eaux (SMAE) font actuellement un diagnostic, ce lundi. Pour le deuxième, qui a promis un retour des tours d’eau mardi, il est indiqué que “les usines de production d’eau sont en cours de redémarrage : les intempéries ont généré des dégâts que la SMAE expertise, notamment des casses ou des arrachages de canalisation”. Le chemin de l’eau a été toutefois rétabli, ce lundi, et une partie des villages a pu être réalimentés (voir le communiqué).

Niveau santé, les urgences du centre hospitalier de Mayotte (CHM) sont ouvertes, tout comme le centre hospitalier de Petite-Terre et les centres médicaux de référence (CMR). L’hôpital de campagne de Cavani le sera à nouveau mardi. Les stations-services demeurent fermées, ce lundi, tandis que les barges circuleront “dans les meilleurs délais”, après des travaux de sécurisation sur les quais.

Le département de Mayotte reste en alerte rouge jusqu’à ce lundi soir

A Chirongui, ce lundi matin, les habitants constatent les dégâts, au lendemain du passage de la tempête tropicale Dikeledi.

Malgré l’éloignement de la tempête tropicale Dikeledi, les habitants de l’archipel sont invités à continuer leur confinement, ce lundi. Par mesure de précaution, et parce que la pluie prévue pourrait s’avérer dangereuse sur un sol gorgé d’eau, la préfecture de Mayotte ne souhaite pas lever l’alerte rouge enclenchée depuis samedi, 22h.

L’épisode de kashkazi de ce lundi force l’archipel mahorais à vivre une nouvelle journée à l’arrêt. Depuis samedi, 22h, l’alerte rouge de la préfecture de Mayotte est toujours en vigueur. La tempête tropicale Dikeledi, qui est passée à 90 kilomètres au sud du département, dimanche midi, a particulièrement touché les villages du sud de Grande-Terre, provoquant inondations et glissements de terrains. M’bouini par exemple, seule localité épargnée par le cyclone Chido, un mois plus tôt, a vu sa plage disparaître sous l’effet de la marée et des torrents d’eau qui partaient vers la mer. 180 millimètres d’eau sont aussi tombés à Bandrélé, entre 7h et 19h, dimanche, tandis que les rafales de vent ont atteint 70-80 km/h. Des dégâts sur les routes ont également été constatés.

La pluie, dont l’intensité a été variable de part et d’autre du territoire, a fragilisé une végétation déjà éprouvée par le précédent événement climatique. D’où la mesure des autorités de prolonger l’alerte rouge, autorisant uniquement les secours à pouvoir sortir. “On a toujours des vents extrêmement forts et des pluies qui le sont tout autant”, a justifié le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, au micro de nos confrères de Mayotte la 1ère, dimanche après-midi. A cela s’ajoute le risque de submersion marine lors des marées hautes. Selon Météo-France, la météo de ce lundi comprend “des passages d’averses pluvio-orageuses entrecoupées d’accalmies, associées à du vent durant la journée”.

Aucune victime selon les autorités

Outre les dégâts matériels et les bâches envolées, le bilan humain ne fait état d’“aucune victime à ce stade”, selon les autorités. Celles-ci ont déployé 1.200 gendarmes, 800 policiers et 800 pompiers en prévision de l’arrivée de la tempête tropicale. Dans les 79 centres d’hébergement d’urgence ouverts, 14.500 personnes ont été recensées, indique la préfecture de Mayotte. Environ 5.000 auraient été mises à l’abri dans les mosquées. Quant à la rentrée administrative dans les établissements scolaires, prévue initialement ce lundi, elle a été reportée à ce mardi.

Tempête Dikeledi : les tours d’eau reprendront à partir de mardi

Le planning des tours d'eau reprend, ce mardi, à 6h.

Excepté pour le secteur 1 (pour lequel le flou existe en raison de l’état des unités de production), l’eau sera de retour dans les foyers mahorais, ce mardi. Le planning suit le même modèle que la semaine précédente avec trois jours différents : une ouverture de 6h à 18h, puis une autre le lendemain de 14h à 8h, et une troisième journée sans eau pendant 22 heures (de 8h à 6h le lendemain). Normalement, les secteurs 2 et 4 (la zone industrielle de Kawéni) seront les premiers ouverts, respectivement à 6h et 8h. Le troisième devra attendre à 14h.

Pour le secteur 1, si une fermeture est prévue à 8h, ce mardi, sur le planning, l’incertitude demeure s’il y aura bien de l’eau en amont. Joint par téléphone, Ibrahim Aboubacar, le directeur général des services du syndicat Les Eaux de Mayotte, indique que son syndicat et son délégataire, la Société mahoraise des eaux (SMAE), font actuellement un état des lieux du réseau et notamment des moyens de production, ce lundi. Il n’est donc pas garanti que ce secteur ait donc de l’eau avant mercredi, 6h. Pareil pour la remise en eau dans les villages touchés par les inondations et les glissements de terrain. “Je ne suis pas en mesure de vous dire dans quel état sont les canalisations dans le sud”, concède le directeur du syndicat des eaux.

Cyclone Dikeledi : Mayotte placée en alerte rouge à partir de 22h ce samedi

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La préfecture place Mayotte en alerte rouge cyclonique dès ce soir, 22h, alors que le cyclone Dikeledi se situe actuellement à 510 km de Mayotte. Après avoir perdu de la puissance avec sa traversée à Madagascar, il devrait passer à 100 km de la pointe Sud de Mayotte. La population doit donc rester confinée jusqu’à nouvel ordre. La circulation est interdite et les commerces, bars, restaurants doivent être fermés.

De très fortes pluies, pouvant générer des crues soudaines, des inondations et des glissements de terrain sont attendus à partir de la fin de la nuit de samedi à dimanche et sur une bonne partie de la journée de dimanche. Des rafales de vent importantes sont attendues au plus fort en milieu de journée dimanche et durant l’après-midi. Les côtes sont également à risque de submersion marine. 

Plusieurs centres d’hébergement sont ouverts pour les personnes en situation de vulnérabilité, sans condition : https://tinyurl.com/jsjse7rk

Suivez toutes les consignes pour bien vous préparez : https://tinyurl.com/mtd8cab3

Cyclone Dikeledi : Mayotte en alerte orange cyclonique

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La préfecture de Mayotte a déclenché l’alerte orange cyclonique ce samedi à 8h, à l’approche du cyclone Dikeledi. Actuellement à moins de 800 km à l’Est de l’île, il va traverser Madagascar cette nuit et perdre en puissance avant de passer à 75 km au Sud de Mayotte dans la journée de dimanche, au stade fort de tempête tropicale.

Des vents de 50 à 60 km/h sont attendus à Mayotte ainsi que des rafales pouvant atteindre 100 à 120 km/h. De samedi soir à lundi matin, de fortes précipitations sont attendues ainsi qu’un risque de submersion notamment sur les côtes Ouest et Sud de l’île.

Compte tenu de la vulnérabilité du territoire, la préfecture met en garde contre les glissements de terrain. « Il faut se préparer sérieusement à l’éventualité d’un passage du cyclone au plus près et au déclenchement de l’alerte rouge », avertit la préfecture. Il est ainsi demandé à la population de faire des stocks et de sécuriser son habitation en conséquence.

Tribune. Un temps d’échange « stérile et inquiétant » estiment les maires suite à leur rencontre avec Yaël Braun-Pivet

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Alors que la présidente de l’Assemblée nationale a échangé avec les élus locaux ce jeudi au conseil départemental, le président de l’association des maires de Mayotte, Madi Madi Souf, a souhaité réagir à un échange que les édiles jugent décevant.

Madame la Présidente,

Nous avions accueilli l’annonce de l’arrivée à Mayotte du 4ème personnage de l’État avec espoir, en particulier dans le contexte que vous connaissez et qui de l’aveu même du Gouvernement, place le Parlement et donc notamment l’Assemblée Nationale que vous présidez, dans une position déterminante pour enrichir le projet de loi d’urgence pour Mayotte.

Au moment de votre départ, force est finalement pour nous, élus Mahorais, de vous partager le goût amer et la déception que votre visite sur notre territoire dévasté nous laisse.

Nous faisons en particulier référence à la séquence de travail qui a été organisée ce jeudi 9 janvier 2025 à 14h30 à l’hémicycle Bamana et qui avait pour vocation de vous permettre d’échanger avec les élus de Mayotte sur le plan Mayotte Debout et sur le projet de loi d’urgence.

Ce temps d’échange qui aurait dû être fructueux et rassurant, s’est finalement avéré stérile et inquiétant.

En effet, lors de cette rencontre, vous avez souligné que le projet de loi d’urgence était bon pour Mayotte. Devons-nous vous rappeler que ce projet de texte, tout comme le plan, a fait l’objet de nombreuses demandes d’amendements et de compléments de la part des élus de Mayotte, conseillers départementaux, maires et parlementaires, qui n’ont visiblement pas été pris en compte par le gouvernement ?

Ce qui a d’ailleurs conduit le Conseil Départemental réuni en séance plénière le 8 janvier, le jour même de son examen en conseil des ministres, à formuler un avis réservé sur ce projet de loi.

A l’heure où le Gouvernement lui-même reconnait le caractère incomplet de ce texte, nous ne pouvons que dénoncer votre position déconcertante et vous alerter sur les manquements qu’elle traduit, tant en termes de connaissance de la réalité et de l’ampleur des enjeux locaux qu’en termes de mesure du caractère inédit et historique du moment que nous traversons.

Poursuivant sur votre lancée, vous avez déclaré être opposée à la suppression pure et simple du droit du sol à Mayotte convoquant à l’appui de vos propos le sacro-saint principe d’une République « une et indivisible » et indiquant qu’il ne faut pas, selon vous, faire des différences sur les territoires sur des points essentiels tels que la nationalité. Ce serait même selon vous une entaille au contrat républicain et à l’unité de la République.

Madame la Présidente, vos propos auraient peut-être pu faire sens dans l’Hexagone, dans un département à part entier avec une situation socio-économique proche de la nationale. Mais à Mayotte, qui est le département de toutes les différences, ils sont vides de sens et résonnent même comme une offense.

Avez-vous oublié, vous qui êtes pourtant à la tête d’une Assemblée qui vote les lois, le traitement inégalitaire infligé dans de nombreux textes à Mayotte et à sa population ? Est-il nécessaire de vous rappeler les réalités vécues depuis des décennies dans ce 101ème département de France laissé en marge de ce contrat républicain et de cette unité que vous sacralisez aujourd’hui ? Est-il nécessaire, malgré vos visites sur place, de vous faire remarquer qu’avant ou après Chido, Mayotte reste à ce stade « un département entièrement à part » ? La République est-elle véritablement une et indivisible quand elle maintient les familles mahoraises en difficultés à un niveau de prestations et des minimas sociaux moitié inférieur au reste de la France ? La République est-elle véritablement une et indivisible quand elle laisse partir des agents du service public après des décennies de bons et loyaux services avec moins de 300€ de retraite par mois ? Le sportif mahorais est-il véritablement un Français à part entière quand il ne peut même pas chanter la Marseillaise lors des Jeux des îles de l’Océan Indien ?

Nos quartiers populaires classés QPV sont-ils des quartiers comme les autres quand ils ne sont accompagnés qu’à hauteur de 8€/habitant dans le cadre de la politique de la ville, quand ailleurs les QPV bénéficient de 75€/habitant.

Le département de Mayotte fait-il pleinement partie de cette République une et indivisible quand des milliers de titres de séjour y sont délivrés par an et qu’ils ne sont valables que sur le territoire mahorais ?

Vous faites incontestablement fausse route sur l’ensemble de ces questions qu’on pourrait démultiplier davantage si l’heure n’était pas aussi grave plaçant le curseur de l’urgence sur l’action constructive et la réaction salutaire…

Madame la Présidente, il n’est jamais trop tard pour faire mieux, mais il est plus que jamais indispensable de changer de posture.

Nous vous recommandons ni plus ni moins que l’écoute attentive de la voix des élus de Mayotte, porte-voix de la population locale et fins connaisseurs des forces et faiblesses du territoire.

Comme l’a si justement écrit Jacques Salomé : « écouter, c’est accueillir l’autre avec reconnaissance tel qu’il se définit lui-même sans se substituer à lui pour lui dire ce qu’il doit être ».

Qui mieux que nous, qui sommes nés ici, avons grandi ici, et exerçons ici des responsabilités, pour vous dire ce qui est bon pour nous ? Plutôt que vous inscrire à rebours de nos revendications unanimes, accompagnez-nous dans leur concrétisation.

Sur la question de la suppression du droit du sol et de la fin du visa territorialisé, qui étaient des priorités du projet de loi Mayotte enterré après la dissolution de l’Assemblée nationale au mois de juillet dernier : écoutez-nous et accompagnez les initiatives législatives qui permettront de traiter enfin cette problématique d’immigration irrégulière à l’origine de nombreux maux qui frappent notre île depuis trop longtemps.

Il est illusoire de croire que Mayotte peut se relever sans un traitement d’urgence et radical de cette question et c’est la raison pour laquelle les élus du territoire souhaitent le voir figurer en bonne place dans le projet de loi d’urgence Mayotte.

Il en est de même sur les questions sociales : écoutez-nous et prenez appui sur votre attachement à l’unité et l’indivisibilité de la République pour inscrire dans les textes l’alignement des prestations et des minimas sociaux. Et nous n’oublions pas la question de l’alignement des dotations aux collectivités locales, sujet majeur pour la reconstruction de nos villes…

Écoutez-nous et faites résonner la promesse républicaine d’égalité dans chacune de nos communes et dans chacun de nos villages.

Ensemble, cessons de faire la même chose et nous aurons enfin des résultats différents.

Au nom des Maires de Mayotte, Madi Madi Souf, le président de l’Association des Maires de Mayotte.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes