La multiple championne de France et médaillée olympique Patricia Girard est à Mayotte durant une dizaine de jours pour découvrir l’île et aller à la rencontre de sa jeunesse. Elle est accompagnée de la locale de l’étape, Nasrane Bacar, championne et recordwoman de France sur 60 mètres en salle.

Si, à côté d’elle, Patricia Girard reconnaît que Nasrane Bacar lui « ressemble parfaitement, dans l’attitude, le caractère », le palmarès de la Guadeloupéenne est d’un tout autre acabit. Spécialiste du 100 mètres haies et du relais, elle cumule quatre olympiades, dont une médialle de bronze aux JO d’Atlanta en 1996, un titre de championne du monde, et plusieurs d’Europe et de France – une vingtaine. « Je n’aimais pas le sport plus jeune », déclare pourtant celle qui fut championne de France de handball avec l’US Créteil. Et sa motivation vient lors d’une rencontre pour le moins hors du commun, avec la légende du sprint Carl Lewis : « Un jour, je vois Gail Devers à la télé, et je dis à ma mère : un jour je vais battre cette femme, Papa m’en est témoin. Aux Jeux Olympiques de 1996, je ne cesse de répéter aux journalistes que je veux juste faire plaisir à mon papa. La veille de la course, je vais voir Marie-José Pérec [double championne olympique en 1996, NDLR] pour me booster. Et le lendemain, je tombe sur Gail Devers, je la bats et je finis troisième, c’était ma fête.
L’athlétisme à Mayotte, « un chantier »
Après quelques questions des jeunes et moins jeunes sur la gestion de l’échec, de l’alimentation ou de la concurrence, le sujet de l’athlétisme à Mayotte est naturellement mis sur la table. « Je découvre Mayotte, et ça me plaît bien, l’ambiance ressemble à celle des Antilles », affirme Patricia Girard, qui aura l’occasion de visiter l’île durant quelques jours. « Je m’attendais à voir beaucoup plus de monde », avoue-t-elle néanmoins. Une déception partagée par sa jeune voisine, qui définit l’athlétisme à Mayotte comme « un chantier ». « Il n’y a pas assez de clubs, d’entraîneurs, de secrétaires, de juges, de quoi faire des compétitions, continue Nasrane Bacar. Il faut que le Conseil départemental mette des choses en place. Je viens de Chirongui, il faut plus de pistes hors de Mamoudzou, plus d’infrastructures. Et puis il y a la question de la sécurité. En tant que femme, je ne pourrais pas prendre mon sac et aller m’entraîner seule après 18 heures. »
Si les deux athlètes reconnaissent volontiers que les sportives et sportifs d’outre-mer doivent partir en métropole pour progresser, la Mahoraise n’exclut pas de revenir sur son île pour y développer la pratique de l’athlétisme. « Je me donne encore un ou deux ans pour finir ma carrière, déclare-t-elle. Mais j’aime Mayotte, et ça me fait plaisir de faire découvrir l’athlé. » Gageons que d’ici son retour, les autorités locales auront agi en ce sens.
Rencontre avec les jeunes de Petite Terre et Cavani






































