Toitures bâchées, maisons abîmées, entreprises à l’arrêt, familles sans réponse. Six mois après le cyclone Chido, la vie est loin d’avoir repris normalement pour beaucoup. Les Mahorais attendent encore les aides, les assurances, ou simplement un coup de main pour rebâtir. Malgré les situations compliquées, la solidarité continue. Mais la population s’impatiente : Mayotte a besoin qu’on l’écoute et qu’on l’aide.
À Doujani, Halima vit depuis six mois dans une maison à moitié détruite. « On a rempli les papiers, on a attendu l’expert… mais depuis, plus rien », raconte-t-elle. Sa famille dort dans une seule pièce, protégée par une bâche en plastique. L’assurance a accusé réception du dossier, mais aucune somme n’a encore été versée. « Sans argent, on ne peut rien réparer. On vit comme on peut », dit-elle.
Cette situation est loin d’être isolée. Partout sur l’île, des familles attendent encore la visite d’un expert, la validation d’un devis ou simplement une réponse à leur dossier. Chez certains, c’est l’incertitude qui domine : les documents sont-ils complets ? Le contrat couvre-t-il vraiment les dégâts ? Dans l’urgence, beaucoup ont signé des contrats d’assurance sans bien en comprendre les conditions.
« Il y a un vrai manque d’accompagnement », regrette Djibril, un travailleur social au sein du Centre communal d’action sociale (CCAS) de Koungou. « Les démarches sont compliquées, souvent numériques, alors que beaucoup de sinistrés n’ont pas accès à internet ou ne savent pas comment constituer un dossier solide. »
« Certains experts n’ont pas pu se déplacer »
Du côté des assureurs, on reconnaît la complexité de la situation. À la GMF de Mamoudzou, un conseiller, qui préfère rester anonyme, confirme : « La catastrophe a touché énormément d’assurés en même temps. On a été submergés de déclarations, souvent incomplètes ou avec des justificatifs difficiles à obtenir localement. Certains experts n’ont pas pu se déplacer dans les temps à cause des routes coupées. Et parfois, les clients ne savaient pas qu’ils n’étaient pas couverts pour certains types de dommages. »
Les artisans, eux aussi, subissent les conséquences de cette lenteur. Toiture, plomberie, maçonnerie… les demandes de travaux sont nombreuses, mais les paiements tardent. « Les clients n’ont pas l’argent, alors les chantiers ne démarrent pas », explique Youssouf, un artisan de Mamoudzou. « Et nous, on ne peut pas avancer les frais. »
À ces blocages s’ajoute la difficulté à obtenir des matériaux, acheminés avec retard ou devenus plus chers depuis la catastrophe. Le manque de coordination entre les compagnies d’assurance, les services de l’État et les collectivités ralentit davantage le processus.
En stage à Mayotte, je poursuis mes études de journalisme à Toulouse, les yeux grands ouverts sur les magnifiques paysages et les réalités de l'océan Indien.