Le préfet a signé ce vendredi en fin d’après-midi l’arrêté d’attribution de la subvention d’Etat au titre de la reconstruction post-Chido en faveur de la Communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema). Cette dernière va donc enfin pouvoir payer les entreprises qui ont contribué à déblayer les routes suite au passage du cyclone Chido.
Cela faisait environ deux mois qu’une poignée de chefs d’entreprises tenaient un sit-in devant le siège de la Cadema à Mamoudzou. Ils n’avaient en effet pas été payés par la structure pour avoir contribué à dégager et nettoyer les routes après le passage du cyclone Chido. 120 entreprises avaient été mises à contribution pour ce travail dont une vingtaine dans les jours immédiats suivant la catastrophe. « Toutes les entreprises qui possédaient une camionnette ont été appelées », précise Madame Ali, la patronne de l’entreprise de nettoyage Amélia Services. Une réunion avec le préfet, la Cadema et les chefs d’entreprises s’est tenue trois jours après le passage du cyclone. « Ils nous ont demandé de mettre à disposition tous nos moyens matériels et humains pour une durée de six mois. Nous avons terminé le travail en seulement deux mois et nous n’avons toujours pas été payés alors même que le préfet nous avait dit que l’argent était là », nous a expliqué la cheffe d’entreprise ce vendredi matin, alors même que les manifestants attendaient une réponse de la préfecture.
Car, si c’est la Cadema qui devait les payer, cette dernière était tributaire du versement par l’Etat de la subvention pour la reconstruction de Mayotte post-Chido. Et cette dernière ne pouvait être débloquée que par le préfet via la signature d’un arrêté. Mais cet arrêté ne pouvait être signé qu’une fois la vérification des comptes effectuée. Bref, une série de lenteurs administratives est venue retarder le versement de leurs dus aux entreprises concernées, créant un sérieux « trou » dans leur comptabilité. Il aura fallu deux mois de manifestations pour que la situation se débloque enfin. Le préfet a en effet signé le fameux arrêté ce vendredi 6 juin en fin d’après-midi. « Le problème devrait donc être résolu dès la semaine prochaine », a déclaré Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou et vice-président de la Cadema qui évoque vaguement « les arbitrages financiers depuis Paris » pour expliquer ce retard.
L’absence de contrôleur budgétaire
Mais c’est une toute autre explication que nous ont donné les chefs d’entreprises ce vendredi matin, alors qu’ils tenaient encore leur sit-in devant la Cadema. « La SGAR nous a reçu la semaine dernière. Elle nous a dit attendre l’émission des factures par la Cadema pour qu’elles puissent être envoyées auprès du contrôleur budgétaire de La Réunion pour vérification », nous a expliqué Madame Ali qui s’est insurgée, comme les autres chefs d’entreprises concernés, de l’absence de contrôleur budgétaire à Mayotte. « Pourquoi faut-il que cela passe par La Réunion ? Beaucoup de Mahorais font des études à notre époque et certains veulent revenir travailler sur leur île ! Ils devraient pouvoir trouver quelqu’un pour assurer ce poste à Mayotte ! », a lancé monsieur Anzizi, chef de l’entreprise d’électricité EGP. Toujours est-il que pour le moment, il n’y en a pas.
Le contrôleur budgétaire de La Réunion a trouvé une différence de 1.000 euros entre les factures et le budget voté, il a donc encore fallu un délai supplémentaire pour chercher l’erreur. Enfin, cette dernière a été trouvée ce jeudi et ce vendredi, les entrepreneurs étaient en attente d’une réponse de la préfecture. Cette dernière n’est arrivée qu’en toute fin d’après-midi puisque le préfet n’a signé l’arrêté qu’aux alentours de 17h. Un soulagement pour les entrepreneurs qui ont pu célébrer ce samedi la fête de l’Aïd-el-Kebir l’esprit enfin libéré de ce souci majeur.
Nora Godeau est journaliste indépendante à Mayotte. Elle couvre les enjeux sociaux, culturels et environnementaux du territoire, avec une attention particulière portée aux voix locales et aux initiatives de terrain.