Mayotte pleure l’une de ses chatouilleuses. Coco Djoumoi, l’une des personnalités qui s’est battue pour Mayotte Française dans les années 1960-1970 s’est éteinte ce mercredi. La classe politique mahoraise a rendu hommage à son engagement pour le territoire.
Agée de 88 ans, la chatouilleuse Coco Djoumoi est décédée ce mercredi. Dans les années 1960-70, l’habitante de Labattoir s’était donnée corps et âme dans le combat pour Mayotte Française notamment aux côtés de Zéna M’déré et Zaïna Méresse. En 2021, dans Mayotte Hebdo, elle racontait : “ On a commencé à s’occuper de politique parce que les hommes qui réclamaient, n’obtenaient jamais rien. C’était la misère, tout le monde souffrait, les femmes, les enfants, les hommes. Mayotte régressait.”. Elle aussi payé cher pour son combat, sur Mayotte la 1ere, elle confiait avoir “même fait de la prison pour cela. On a beaucoup souffert, l’une d’entre nous a été tuée.”
“J’ai le sentiment que plus rien ne va”
Ces dernières années, elle regardait avec beaucoup de peine l’évolution de Mayotte. “J’ai le sentiment que plus rien ne va, je ne comprends plus rien. Ceux qui se sont réellement battus sont tous décédés et nous qui sommes encore vivants, personne ne se préoccupe de nos situations, j’ai l’impression d’être vraiment abandonnée.” Elle a fait l’une de ses dernières apparitions publiques lors du maoulida chengué en l’honneur de Zéna M’déré en octobre 2024.
“L’une des pionnières de l’histoire moderne de notre île”
De nombreuses personnes ont participé à ses obsèques ce jeudi et tout au long de la journée, des personnalités politiques ont rendu hommage à l’une des dernières chatouilleuses encore vivantes de Mayotte. Ben Issa Ousséni, le président du conseil déparlemental a salué une femme “engagée, courageuse et déterminée, elle restera à jamais dans notre mémoire collective comme l’une des pionnières de l’histoire moderne de notre île.” La députée Estelle Youssouffa a également exprimé sa peine : “ J’ai eu la chance et l’honneur de la rencontrer en 2021. C’est une femme qui était très très impressionnante, d’une grande intelligence. Elle était déjà très âgée mais n’avait pas perdu une once de sa combativité”.
Safina Soula, la présidente du collectif des citoyens pour Mayotte 2018 a aussi réagi. “Coco Djoumoi s’est sentie délaissée. Elle comme d’autres qui sont encore vivantes aujourd’hui, pensent qu’elles ont été oubliées par nos élus. Nos regards sont tournés vers autre chose plutôt que vers ces femmes qui ont été fortes à un moment de notre histoire, (…) se sont battues, unies, pour Mayotte. On doit s’unir et réfléchir de quelle manière on va retrouver notre île qui est en train de disparaître. Par rapport à sa disparition, il faut qu’on se ressaisisse« .
Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.