Les grévistes réclament entre autres la régularisation des mois d’impayés et un recrutement dans la fonction publique. Ils dénoncent aussi un manque d’équipement qui amènent les salariés à se mettre en danger.
Six mois après leurs collègues d’El-maarouf, à la Grande Comore, les contractuels du centre hospitalier de référence insulaire de Hombo, situé sur l’île d’Anjouan, ont à leur tour entamé une grève illimitée depuis ce mercredi. Dès la matinée, ils battaient le pavé, pancarte à la main, devant l’hôpital public. » Pharmacie incomplète, danger du patient« , » réclamation des 8 mois de salaires non payés, indemnités et prime de gardes« , pouvait-on lire dans les affiches tenues par les manifestants, habillés en blouses blanches et bleues. Les causes de cette grève illimitée sont nombreuses. Mais leur principale revendication est la pléthore de salaires impayés. Des employés compteraient jusqu’à huit mois d’arriérés non versés, même si certains en comptabilisent moins, à en croire des témoignages recueillis mercredi.
L’autre pierre d’achoppement qui met en colère les contractuels est le nouveau format de contrats que propose la direction du centre hospitalier dans la commune de Mutsamudu, chef-lieu d’Anjouan. Selon le personnel hospitalier, la hiérarchie veut leur faire signer des contrats de vacation. Ce qui impliquerait une baisse des salaires, déjà maigres, que touchaient habituellement les paramédicaux. « Ils nous paieront seulement des primes de garde de 5.000 francs comoriens (10euros) par jour. Ainsi par mois, le salaire sera de 60 euros au lieu de 120. C’est la moitié. Je me demande comment on va vivre avec une telle somme. On risque de voler« , alerte un manifestant, indiquant que jusqu’ici, les contrats étaient automatiquement renouvelés tous les six mois.
Moins de recettes selon la direction
A l’entendre, tous les collègues qui refusent de signer les contrats de vacation sont priés de partir et subiraient des intimidations de la part de la direction. Dans un communiqué publié sur Facebook, le Directeur de l’hôpital a exprimé sa compréhension par rapport aux revendications du personnel soignant. » Retards de paiement, conditions de travail, et reconnaissance salariale. Ces sujets sont sérieux et plusieurs démarches ont déjà été engagées auprès des autorités compétentes pour y répondre« , a rassuré le docteur Ibrahim Salim Mari. Ce dernier, a dans une déclaration faite à la presse, mercredi, avancé les raisons pour lesquelles l’hôpital se retrouve avec des mois impayés. « A ma nomination en 2021, l’hôpital employait 60 contractuels et une quarantaine de fonctionnaires. Dans les services, beaucoup de stagiaires diplômés étaient employés. J’ai dans un premier temps intégré des primes de garde afin de leur permettre de payer les frais de transport. Puis, j’ai signé les contrats de 157 personnes car pour moi, il ne peut y avoir de recettes sans travail », a déclaré, le chef du centre hospitalier de Hombo, qui a souligné qu’après cette réorganisation, les recettes ont augmenté tout comme la masse salariale qui avoisinait les 24 000 euros. Mais les difficultés ont commencé depuis 2023 avec la panne qui a frappé le matériel du service de radiologie. » La fréquentation de l’hôpital a chuté, donc moins de recettes. Pour faire face aux charges, étant donné que je payais toujours les employés à chaque 25 du mois, j’ai proposé un plan de licenciement technique. Mais les contractuels m’ont demandé de trouver une alternative au lieu de les congédier. J’ai supprimé la prime de 3.000 francs. N’ayant pas obtenu les faits escomptés après la mise en place de cette mesure, on a décidé de bloquer les contrats. Puis est venue l’idée des contrats de vacation », a listé le docteur qui a précisé que la grève n’a pas perturbé le fonctionnement des services. Ces derniers ne sont pas toujours équipés selon les paramédicaux.
“ Une paire de gants à utiliser durant toute la journée”
» Dans le service de radiologie, nous n’avons aucun moyen de nous protéger contre des rayons X qui, à la longue peuvent causer des cancers. Les congés auxquels nous avons droit pour notre exposition à ces rayons ne sont pas non plus respectés », taclait une contractuelle. Travaillant au service de laboratoire, une biologiste a cité le manque d’équipements. » Parfois on nous donne une paire de gants à utiliser durant toute la journée sachant que nous sommes exposés à de multiples infections. Tous ces problèmes structurels qui touchent tous les services ont déjà été exposés. Ils nous promettent toujours une amélioration, puis rien« , assure notre source. Les grévistes dénoncent surtout la résiliation de leurs contrats sans préavis. » Donc on reste inflexible. Nous attendons d’abord le renouvellement de nos contrats sans baisse de salaires à défaut d’une augmentation, puis un recrutement dans la fonction publique et enfin le retour de nos collègues licenciés. Voilà les conditions de toute reprise et nous n’avons pas peur d’être mis dehors car nous ne faisons que réclamer nos droits« , a martelé la biologiste, recrutée depuis 2023 qui conteste la version de la direction selon laquelle les recettes seraient actuellement en baisse.
Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
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