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Le fret, un casse-tête chinois qui se gère en flux tendu à Mayotte

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Jérémie Gallon, comme des dizaines de membres du corps médical a pris la décision de venir prêter main-forte au CHM. Mais comme des dizaines de ses confrères ou collègues, il a d’abord dû, avant de partir “au front” contre la crise sanitaire, affronter “ce que l’administration peut faire de pire”. Récit d’un voyage en absurdie.

 

Depuis le début de la crise, l’agence régionale de santé se charge du fret médical pour éviter les ruptures de stock au centre hospitalier de Mayotte et dans les pharmacies, mais aussi des va-et-vient de personnels soignants et de professionnels de santé libéraux. Une logistique lourde qui demande de l’anticipation et de l’adaptation pour qu’aucun maillon de la chaîne ne se désarticule. 

Assis autour d’une table de la cafétéria de l’agence régionale de santé, Philippe Lemoine, venu en renfort comme responsable de la plateforme logistique durant la crise, ne quitte jamais du regard son téléphone. Son rôle ? S’assurer du bon déroulement des allées et venues des professionnels de santé, que ce soient les libéraux du territoire ou le personnel soignant du centre hospitalier de Mayotte. Et surtout jongler entre les fins de contrat des uns et les prises de poste des autres. Sachant qu’il faut prendre en compte la question du logement dans le cadre de ce turn-over. “Il faut tout coordonner pour qu’il n’y ait pas de manque ou d’étranglement”, glisse celui qui est directeur du comité régional olympique et sportif (Cros) en temps normal. 

Entre le 7 avril et le 31 mai, il dénombre 323 arrivées – 122 pour le compte de l’ARS (31 professionnels de santé et 91 issus de la réserve sanitaire) et 201 au CHM – et 238 départs – 106 de l’ARS et 132 du CHM. Soit la gestion de 561 personnes en un peu moins de deux mois. Indépendamment des plannings, rentre en ligne de compte l’épineux dossier du pont aérien. Un schmilblick à moitié résolu avec la mise en place de deux vols hebdomadaires en provenance de Paris… pour un seul retour depuis Mayotte ! “Nous avons été obligés d’affréter des avions militaires pour faire repartir le personnel. Mais sur un Casa, nous ne pouvions faire monter que neuf personnes. Heureusement, nous avons bénéficié de vols en A400M”, précise Philippe Lemoine, pris de court dans son explication par un appel de la plus haute importance. 

Toute la coordination logistique 

Et face à l’urgence sanitaire sur le territoire, les avions dits “commerciaux” ne débarquent évidemment pas les mains vides. En soute, entre 4 et 5 tonnes de fret sanitaire, notamment des équipements de protection et des médicaments, sur les 8 tonnes transportées au total. C’est là qu’intervient Florine Clavier, pharmacienne de profession, en renfort à l’ARS depuis début avril, pour prioriser les besoins de l’île aux parfums. Pour cette partie-là, la jeune femme se charge des remontées du terrain, “qui sont plus ou moins volumineuses et urgentes”, des acteurs locaux et du CHM ainsi que des envois décidés à l’échelle nationale, en fonction des décrets, des demandes de la direction générale de la santé et de la stratégie appliquée sur le territoire. Mais son job ne s’arrête pas là. Elle suit l’acheminement de A à Z : du suivi jusqu’à l’aéroport Charles de Gaulle au transport aérien en lien avec la préfecture, en passant par la livraison des transitaires… “Si un seul maillon de cette chaîne se désarticule, nous avons très rapidement des ruptures.” Une autre particularité se dessine en cette période de crise : pour éviter que les pharmacies libérales ne traitent individuellement avec les laboratoires de leur choix, l’ARS préfère, pour un souci logistique, que les deux grossistes répartiteurs, à savoir Copharmay et Ubipharm, prennent les demandes en médicaments de chacun et les délivrent directement. 

Ruptures et flux tendu 

Si l’organisation semble réglée comme du papier à musique, plusieurs complications peuvent enrayer la mécanique. À l’instar d’une pénurie de certains produits, qui de facto n’existent plus ou se retrouvent limités sur le marché. C’est actuellement le cas avec les équipements de protection 

individuel, tels que les surblouses. Pour cela, l’ARS “essaie d’avoir le plus de stock possible dans la mesure du raisonnable”, tout en gardant en tête que “ce n’est pas non plus la peine de nous asseoir sur une montagne de matériel que nous n’allons pas utiliser”. Toujours est-il que Florine Clavier concède “des ruptures de réactif au laboratoire privé” et “de grosses menaces de rupture pour le CHM” à un certain moment de la crise. Idem pour les masques, pour lesquels “nous avons été en flux tendu”. Concernant les médicaments, la donne est sensiblement similaire : “les difficultés sont que les formes fournies par l’État ne sont pas adaptées à la prise en charge des patients. Actuellement, nous travaillons plus avec des petites doses, ce qui est très embêtant pour le personnel de santé.” 

Avec le retour annoncé des liaisons aériennes commerciales entre la métropole et l’île aux parfums, la pharmacienne de profession souligne que toutes ces problématiques ne seront plus qu’un lointain souvenir. Toutefois, un autre souci risque bien de prendre la relève : l’augmentation du prix du fret. “Et à ce moment-là, c’est celui qui met le plus d’argent sur la table qui va transporter ses kilos. Or, il n’est pas envisageable pour la sécurité de l’île, surtout en période épidémique, que cela se passe de cette manière. Nous pensons souhaitable de pouvoir argumenter qu’une palette de médicaments sauve plus de vies qu’une palette de fromages !” Alors que la “guerre” contre le Covid-19 n’est pas encore terminée, une autre se prépare déjà…

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