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Le Covid pendant la période de suractivité à la maternité de Kahani

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Première maternité de France, Mayotte regroupe quatre maternités périphériques en plus de Mamoudzou sur son île. Celle de Kahani recense un nombre de naissances bien supérieur aux autres de par sa position géographique sur le territoire. Et alors que les sages-femmes connaissent une suractivité à cette période de l’année, elles doivent également s’adapter au Covid-19.

“Madame, le masque c’est au-dessus du nez. Vous aussi Madame, je vous ai vue dans le reflet de la fenêtre”, adresse malicieusement Cloé, coordinatrice sage-femme à la maternité de Kahani, à deux femmes enceintes assises à l’entrée de l’établissement vendredi matin. Ici, comme partout ailleurs, les mesures d’hygiène règnent. À peine un pied dans le couloir orangé d’hospitalisation pour rejoindre son bureau que les cris des nouveau-nés bourdonnent puis s’intensifient. Installée derrière son ordinateur, la jeune femme reçoit un coup de fil de sa coordinatrice en maïeutique gynécologie-obstétrique, Zabibo Moendandze, pour faire un point logistique sur le matériel. Une série de chiffres s’ensuit dans l’échange avant que la communication ne s’interrompe, faute de réseau. Les aléas de la brousse… Café à la main, elle reprend et termine la conversation avant de partir, téléphone autour du cou, prendre des nouvelles de son équipe.

Au loin, Mariame nettoie minutieusement, munie de ses gants roses, les lits des bébés qui sortent de leur bain, tandis que Manon, lunettes sur le nez, tapote les dernières données sur le clavier de l’ordinateur. L’auxiliaire de puériculture et la sage-femme échographiste gardent à l’œil pas moins de vingt lits de suites de couches. Et elles peuvent compter six jours par semaine sur le soutien de Matthias, pédiatre de maternité, qui jongle avec les autres structures de Grande-Terre (Mramadoudou et Dzoumogné, en plus de Kahani) et apporte une touche masculine dans cet univers si souvent féminin. “La prise en charge est optimale tant pour la mère que l’enfant”, certifie Cloé. De l’autre côté du bâtiment, Roukia, Madi et Coralie gèrent ce jour-là la salle de naissance dans la zone du bloc obstétrical. La sage-femme en poste y assure les accouchements de grossesses physiologiques. En cas de complication, celle-ci peut procéder à une réanimation néonatale avant que la maman et le nouveau-né ne soient conduits par Saïd dit Laurent vers l’établissement de la ville chef-lieu, avec une ambulance spécialement dédiée, avec la présence d’Anne, la sage-femme en charge des transferts. Et dans une autre aile, Claire et Bibi s’occupent des consultations pour le suivi de grossesse et l’échographie, mais aussi des pesées, des soins de cordon et des suivis d’allaitement lors du premier mois de vie. “Un médecin spécialisé vient une fois par semaine pour apporter son avis et son expertise sur certaines pathologies”, précise Cloé.

117 naissances au mois de mars

Si Mamoudzou réalise près de 70 % des accouchements sur le territoire, Kahani représente la deuxième maternité de l’île, avec pas moins de 962 naissances en 2019. Preuve de cette envolée, le mois de mars 2020 recense le plus fort taux d’accouchements du centre périphérique depuis les cinq dernières années (117). Un chiffre record qui s’explique en raison de la densité de la population et du flux migratoire des personnes en situation irrégulière vers le nord de l’île. “Sur le pôle gynéco-obstétrique, nous sommes en plein rush, c’est-à-dire en suractivité. C’est un phénomène chronique à cette période de l’année qui coïncide avec la saison des mariages, mais surtout qui se cumule avec le covid et la dengue”, souligne la coordinatrice sage-femme. En effet, ces deux épidémies poussent l’équipe soignante à revoir son mode de fonctionnement, notamment pour s’assurer que les patients ne soient pas risques à contamination. “Nous n’avons jamais eu de femmes en cours de grossesse testées au Covid+ à Kahani [selon le point épidémiologique du 14 mai de Santé Publique France, 54 femmes enceintes ont contracté le Coronavirus à Mayotte, ndlr]. Les deux cas que nous avons rencontrés sont des dames qui ont accouché à Mamoudzou et qui nous ont été envoyées pour réaliser leur séjour en suites de couches. Elles ont présenté des symptômes au bout de 24 heures et ont bénéficié d’un dépistage. Dès les premiers signes, nous les avions placées en chambre d’isolement, mais elles n’ont pas nécessité d’oxygénothérapie”, développe Cloé. Et en cas d’accouchement imminent d’une patiente positive, la maternité possède une salle spécifique pour la prendre en charge et ainsi protéger le personnel soignant et les autres futures mamans.

Des sorties à éviter et des séjours réduits

Autres restrictions liées à la propagation du virus ? Le confinement des mères dans leur chambre, alors que celles-ci avaient pris pour habitude de profiter d’un bol d’air sur la terrasse après la période des soins du matin… “À l’heure actuelle, ce n’est plus permis pour éviter au maximum les échanges et les contacts.” Seul lot de consolation durant cette attente qui peut paraître interminable, la durée des séjours, de trois jours initialement pour un accouchement par voie basse, a été raccourcie à deux en raison de la période de suractivité. “Mais elles continuent d’être suivies par des sages-femmes libérales en sortant”, sourit Cloé. Quid alors des visites ? Celles-ci sont tout simplement interdites depuis le déclenchement du plan blanc le 15 mars dernier. Idem pour les accompagnants au moment de l’accouchement. Face à ce constat, l’équipe de sages-femmes a sollicité la direction au sujet de cette absence, qui allait selon elles à l’encontre des recommandations nationales. Verdict : l’administration est revenue sur sa position et a de nouveau autorisé la présence du père depuis peu. Une “petite” victoire certes, mais ô combien importante durant crise sanitaire, qui “n’empêche pas les naissances”.

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