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Geneviève Dennetière, médecin à l’ARS de Mayotte : “Ne pas consulter n’est pas la bonne stratégie

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Dans l’ombre de l’épidémie de Covid-19, celle de la dengue avance à un rythme effréné depuis plusieurs mois. Mais alors, quels sont leurs symptômes respectifs ? Les personnes à risque sont-elles les mêmes ? Et surtout, quels sont les gestes à adopter et ceux à proscrire dès les premiers signes de contamination ? Médecin responsable de la cellule de veille de l’agence régionale de santé, Geneviève Dennetière répond.

Flash Infos : Comment différencier la dengue du Covid-19 ?

Geneviève Dennetière : Les deux pathologies peuvent parfois se ressembler, car elles partagent des signes communs comme la fièvre, les maux de tête ou une fatigue anormale. Néanmoins, pour la dengue – dont la période d’incubation s’étend sur deux à sept jours, parfois jusqu’à dix -, on observe plus de douleurs, articulaires notamment ou derrière les yeux, ainsi qu’une éruption. Pour le Covid, bien que ce ne soit pas systématique, il y a quelques signes respiratoires, de la toux, des symptômes qui se rapprochent plus de la grippe. Là, on parle seulement des formes mineures. Pour les cas plus graves de Coronavirus, on note des difficultés à respirer. Mais globalement, on remarque que les personnes atteintes de la dengue sont plus malades que celles atteintes par le Covid.

FI : Les personnes à risque sont-elles les mêmes ?

G. D. : Oui, on retrouve le même type de profil : les personnes souffrant de comorbidité, c’est-à-dire fragilisées par d’autres pathologies, ainsi que les personnes âgées. Il y a officiellement quatre décès à Mayotte liés à l’épidémie de Coronavirus et 15 décès liés à la dengue depuis le début de l’année et ce sont généralement dans les deux cas des personnes âgées avec un état de santé fragile.

FI : Quels sont les risques pour les porteurs des deux maladies ?

G. D. : On a quelques cas documentés de co-infection depuis l’apparition du Covid sur le territoire. Ce sont deux maladies qui ont des effets sur le corps, donc forcément, contracter les deux en même temps n’améliore pas les choses. Maintenant, on n’a pas encore observé de surmortalité associée à l’existence de ces deux épidémies. Mais évidemment, il faut être en bonne santé pour pouvoir s’en défendre.

FI : Comment réagir lorsque l’un de ces symptômes apparaît ? Quand faut-il se tourner vers un professionnel de santé ?

G. D. : Vu le contexte actuel, il faut appeler un médecin en cas de fièvre ou de troubles respiratoires pour les personnes âgées. Il y a aussi un petit signe qu’on retrouve régulièrement en cas de Covid, c’est la perte soudaine d’odorat. Là, la consigne, c’est d’appeler le 15 qui enverra une équipe faire des prélèvements à domicile. Pour la dengue, il y a aussi des patients asymptomatiques, mais ils sont minoritaires. Pour les autres, c’est surtout une fatigue brutale qui peut durer une semaine voire dix jours qui donne l’alerte. Dans ce cas, il faut appeler un médecin ou un dispensaire. Tous les centres de référence sont équipés de tests rapides et c’est très important de les réaliser, car il peut aussi s’agir d’autres pathologies présentes sur le territoire comme la fièvre typhoïde.

FI : Le ministre de la Santé a rappelé que la prise d’anti-inflammatoires pouvait représenter un facteur d’aggravation en cas de Covid+. Qu’en est-il de la dengue ? D’autres conduites sont-elles à éviter ?

G. D. : Là, c’est simple : les anti-inflammatoires sont interdits et pour le Covid-19 et pour la dengue, pour laquelle ils peuvent favoriser des saignements. Beaucoup de personnes prennent de l’Ibuprofène contre la fièvre, il ne faut absolument pas le faire en ce moment et préférer le paracétamol, qui peut être également utilisé en cas de douleur, pour la dengue comme pour le Covid. Concernant le traitement à la chloroquine, il est très important de rappeler à ceux qui en auraient déjà à la maison qu’il ne faut pas s’auto-médiquer. Les doses thérapeutiques sont très porches des doses mortelles, il ne faut donc en aucun cas en prendre sans l’avis d’un médecin.

FI : Pourtant, par crainte de contaminer les autres ou de s’exposer soi-même à des risques supplémentaires, certaines personnes renoncent à consulter un médecin depuis le début de la crise sanitaire…

G. D. : Ce n’est pas du tout une bonne stratégie ! Au niveau de chaque établissement, il y a des filières qui ont été mises en place pour que les porteurs potentiels de Covid-19 ne soient pas mélangés avec les autres patients. C’est impératif d’aller se faire soigner. Pour ceux qui auraient peur de contaminer les autres, tous les points de consultation mettent des masques à disposition. Et pour les personnes atteintes de maladies chroniques, comme l’hypertension, ce n’est vraiment pas le moment d’arrêter son traitement parce qu’on n’a pas fait renouveler son ordonnance. Aussi, le Covid est une nouvelle maladie, mais ce n’est pas une maladie honteuse. On observe que beaucoup de gens se cachent lorsqu’ils ont des symptômes : il ne faut pas que les voisins soient au courant, certains propriétaires ont même mis des locataires à la rue lorsqu’ils ont appris qu’ils étaient atteints de Coronavirus… Personne ne doit être stigmatisé, c’est un réel danger pour l’ensemble de la communauté.

FI : Une communauté qui est donc déjà particulièrement exposée à la dengue, puisque le nombre de cas bondit depuis plusieurs mois consécutifs. Comment l’expliquer ?

G. D. : On a effectivement une tendance observée depuis le début de l’année : 3.000 cas en 2020, et c’est énorme. La dernière épidémie, en 2014, avait fait un peu plus de 500 cas. Maintenant, on nous en signale plus de 200 par semaine, et ce ne sont que les malades qui consultent, donc il y en a bien plus que nous ne recensons pas. Cette hausse du nombre de cas n’a pas d’explication particulière autre que les déchets, les carcasses de voitures, les pneus, tout ce qui peut être source de collection d’eau… Si on veut en venir à bout, la seule chose à faire c’est de se retrousser les manches, nettoyer chez soi pour débarrasser tous les gîtes potentiels.

FI : Qu’en est-il du nombre de cas de dengue hémorragique, forme aggravée de la pathologie ?

G. D. : Elle n’est pas très rependue à Mayotte, puisqu’environ 8 % des personnes atteintes de la dengue sont hospitalisées, et pas forcément pour des formes graves ou sévères. Elles sont plus fréquentes lorsque la dengue est contractée par une personne qui l’avait déjà eue sous la forme d’un autre sérotype*. Pour la dengue, il en existe quatre et celle qui circule actuellement à Mayotte est de type 1 et de type 2 pour celle de La Réunion. Si quelqu’un contracte deux formes différentes (au cours de sa vie, ndlr), il peut y avoir un risque plus important d’aggravation, comme la forme hémorragique. C’est aussi la raison pour laquelle le laboratoire vérifie à chaque fois les tests, afin de s’assurer que c’est toujours le même sérotype qui circule à Mayotte, et c’est le cas aujourd’hui.

* Un sérotype désigne une catégorie dans laquelle certains virus sont classés en fonction de leurs impacts sur les anticorps.

 

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