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Deux décès en 24h liés aux barrages, selon un médecin

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Mayotte dans le spectre d’une pénurie alimentaire

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Le coronavirus a fait son entrée au CRA de Mayotte

Alors qu’associations et syndicats de police s’inquiétaient le mois dernier des conséquences sanitaires qu’impliquait la réouverture du centre de rétention administrative, les derniers ours viennent leur donner raison. Plusieurs cas de coronavirus y ont en effet été détectés, sans que les mesures nécessaires à contenir la propagation du Covid-19 ne soient prises.

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Jérémie Gallon, comme des dizaines de membres du corps médical a pris la décision de venir prêter main-forte au CHM. Mais comme des dizaines de ses confrères ou collègues, il a d’abord dû, avant de partir “au front” contre la crise sanitaire, affronter “ce que l’administration peut faire de pire”. Récit d’un voyage en absurdie.

 

Mayotte s’enfonce dans la crise sanitaire. En 24h, un nourrisson de quatre mois est mort des suites d’une bronchiolite et un homme d’un AV C. Ces deux décès auraient pu être évités si l’île n’était pas paralysée, selon un médecin. Le personnel du SMUR est par ailleurs en droit de retrait mais “il fonctionne”.

La liste des décès suspectés d’être causés par la paralysie de l’île s’allonge. Dans la nuit de lundi à mardi, un enfant est décédé des suites d’une bronchiolite à l’hôpital périphérique de Dzoumogné. “La maman a dit que ça faisait plusieurs jours qu’elle n’osait pas venir au dispensaire car elle risquait d’être refoulée au barrage […] Elle avait peur de se faire molester”, du fait de sa présence en situation irrégulière à Mayotte, rapporte le docteur Durasnel, du centre hospitalier de Mayotte. Vice-président de la commission médicale d’établissement, il s’exprime “à titre personnel” dans nos colonnes. La mort de l’enfant serait ainsi “en rapport avec un retard de prise en charge”. Une autre source médicale confirme anonymement le décès du nourrisson, âgé de quatre mois, “en raison de l’impossibilité de le ramener aux urgences de Mamoudzou à cause des barrages”.

“À Koungou ce [lundi] matin, une ambulance du service départemental d’incendie et de secours a été retardée plusieurs minutes sur un barrage. Cette ambulance transportait une personne victime d’un accident vasculaire cérébral. Cette personne est décédée à son arrivée aux urgences”, indique de son côté la préfecture, par voie de communiqué. Elle ne fait pas de lien de cause à effet entre ces deux événements, tout en déplorant ces “difficultés sanitaires liées aux barrages”. Pour le docteur Durasnel, il n’y a “pas de doute […] Le décès est en rapport avec le retard de prise en charge”. De son côté, l’intersyndicale “refuse cette responsabilité”. D’après elle et plusieurs témoignages d’infirmiers sur place qu’elle aurait recueillis, cette personne n’était “pas récupérable” et “est décédée chez elle”. Elle aurait été “transférée à l’hôpital pour le geste”, a déclaré le syndicaliste Salim Nahouda. “L’ambulance a passé le barrage très rapidement (…) Je n’accepte pas cette désinformation et ces accusations”, ajoute-t-il encore.

Calme suspect en pédiatrie

“Depuis le début du mouvement, quatre décès sont en rapport avec la situation” de la grève générale, affirme le docteur Durasnel. Le médecin avait développé les circonstances des deux autres décès lors d’une conférence de presse, le 14 mars dernier. Un enfant était mort suite à “des problèmes respiratoires […] à domicile. Les parents n’avaient jamais fait appel au Samu. [Ils] nous ont expliqué avoir essayé d’aller au dispensaire et ne pas avoir pu […] à cause des barrages. Il y a un autre enfant qui est décédé à domicile, qu’on n’aurait pas pu aller chercher parce que le chemin était bloqué. Il était décédé au moment de l’appel des parents.” A l’époque, un responsable des pompiers confirmait dans nos colonnes le décès d’un nourrisson de deux mois, à Koungou. Les soldats du feu avaient été ralentis dans leur intervention par un barrage, sans que l’on puisse faire de lien entre la mort de l’enfant et cet élément.

“La crainte qu’on a, c’est qu’il y ait un certain nombre de décès dont on n’est pas informé ou dont on ne sera jamais informé”, indique désormais le docteur Durasnel. “On n’a rien pour l’étayer. À titre d’exemple, il y a une épidémie de bronchiolite” et un service dédié a été mis en place pour la prise en charge de ces jeunes malades, au centre hospitalier. Or, “on est surpris de ne pas recevoir ces enfants qu’on recevait en grand nombre […] Il n’y a plus d’enfants admis pour bronchiolite depuis que les barrages ont commencé à être vraiment hermétiques. On se demande où sont les enfants. On suppose qu’il y a des enfants dans la nature qui vont mal, ou qui sont enterrés en toute discrétion. Un clandestin qui habite dans un “banga” quelque part en brousse, je ne pense pas qu’il aille en mairie” déclarer le décès, ajoute le docteur Durasnel.

Il évoque également “un bébé en réanimation dans un état catastrophique”, placé sous “ventilation artificielle. La famille avait tenté de passer seule les barrages”, sans succès. La prise en charge du nourrisson a été retardée. “Il va peut-être mourir”.

“On soupçonne que le bilan est probablement déjà plus lourd que ce qu’on sait. On ne le saura peut-être jamais. On a des doutes au regard de l’activité actuelle du centre hospitalier, anormalement basse”, s’alarme le médecin. Il précise qu’une “dizaine de fois”, des femmes sur le point d’accoucher “ont été bloquées à des barrages […] Une femme, qui faisait une hémorragie, n’a pas pu être acheminée à la maternité de Mamoudzou” après un “double blocage” de l’ambulance puis du Samu arrivé en renfort. “Elle a accouché dans des conditions périlleuses à Dzoumogné. Elle n’est pas morte […] Elle a eu de la chance.” Le site n’est “pas équipé pour faire des accouchements comme ça […] On est passé près du drame”.

Et d’ajouter : des soins prévus “ne peuvent pas se faire ou [se font] avec beaucoup de retard”, citant en exemple les chimiothérapies et dialyses, du fait de ce manque d’accès aux soins. L’acheminement de produits est compliqué par les barrages. “Des patients qui sont sous oxygène à domicile ont dû arrêter temporairement leur traitement”.

Leptospirose et droits de retrait du SAMU

Pour l’heure, « on ne peut pas faire de lien de causalité entre les retards [de prise en charge] et les décès », réagit François Chièze, le directeur de la veille sécurité sanitaire à l’Agence régionale de santé. Le médecin promet une analyse précise des cas suspects. Le responsable de l’ARS confirme également que le “couloir sanitaire” menant au nord de l’île était non-effectif mardi matin. L’hélicoptère utilisé pour porter secours à la population ne pourra réaliser plus que “10 heures de vol avant révision” selon un document de l’ARS porté à notre connaissance. Le directeur de la veille sanitaire évoque des « réunions interministérielles » pour son « remplacement dans les plus brefs délais ». Selon le document consulté, un patient devant être dialysé était récemment bloqué à Miréréni par des arbres abattus, en situation de “haut risque vital”. Le docteur Chièze indique que ce dernier a pu finalement être pris en charge. Il évoque par ailleurs deux cas de dengue ainsi que des patients atteints de leptospirose.

Selon le document de l’ARS cité, le SMUR est en droit de retrait, suite à un incident récent. Le centre hospitalier de Mayotte (CHM) confirme. “La sécurité des équipes n’est plus assurée dans certaines portions de l’île et le temps d’intervention est allongé. Mais [le SAMU 976] fonctionne”, rassure-t-on du côté du CHM. “Les interventions seront assurées dans tout Mayotte (avec une escorte de gendarmerie et s’il y a atteinte à l’intégrité physique des personnels, les équipes feront demi-tour)”, précise-t-on du côté du centre hospitalier. A noter la mobilisation dès ce mercredi de la réserve sanitaire au CHM , « essentiellement au bloc opératoire », précise François Chièze. Neuf agents sont attendus ce jour. Un nombre qui devrait rapidement être porté à une trentaine, avec d’autres arrivées de personnels soignants dès ce jeudi.

 

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