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À Miréréni, les masques ne protègent pas contre la dengue ou la faim

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Alors qu’associations et syndicats de police s’inquiétaient le mois dernier des conséquences sanitaires qu’impliquait la réouverture du centre de rétention administrative, les derniers ours viennent leur donner raison. Plusieurs cas de coronavirus y ont en effet été détectés, sans que les mesures nécessaires à contenir la propagation du Covid-19 ne soient prises.

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Le CCAS de Tsingoni a entrepris de distribuer les masques de la préfecture aux familles du village de Miréréni, en prévision du déconfinement. Mais dans ces quartiers où les gens connaissent mieux la faim et la dengue, il est parfois difficile de faire entendre l’utilité de ces nouvelles protections. 

Il est neuf heures, ce jeudi, au CCAS de Tsingoni. Une foule s’agite à l’ombre, à une dizaine de mètres de l’entrée du local. Un grand homme assez fin apparaît de derrière un poteau : on lui a dit qu’il pouvait obtenir une aide avec la CAF. “C’est bien ici ?” demande-t-il autour de lui. “Oui, attendez de ce côté-ci”, lui répond Soumaila Soula M’madi, le directeur du CCAS. Entre les demandes pour la CAF et les inscriptions sur les listes pour bénéficier des aides, ici, c’est chaque jour la même rengaine. “Ils viennent tous les matins, parfois ce sont des familles que l’on connaît, que l’on a déjà inscrites, et qui reviennent, parce qu’elles n’ont rien eu”, rapporte le directeur. 

Et pour cause : une partie des bons alimentaires censés apporter un peu de répit aux foyers démunis depuis le début du confinement n’a pas été distribuée, ou du moins pas d’après la liste établie par le CCAS. Les élus de la mairie ont récupéré cette mission, et certains foyers sont donc toujours sans nouvelle, alors même que le déconfinement approche. Face à ces familles aux bourses vides et aux estomacs creux, les agents n’ont parfois plus de réponse. “Souvent, on doit leur expliquer que l’aide va arriver, que cela ne sert à rien de venir tous les jours se réinscrire, mais à force, les gens ne nous croient plus”, soupire Soumaila Soula M’madi, derrière son masque en tissu. 

Une journée pour distribuer 500 masques 

Mais pour cet ancien chargé de mission aux politiques de la ville, qui travaille depuis au moins onze ans à Miréréni et ses alentours, pas question pour autant de rester les bras croisés. Lassé par les lenteurs administratives, il s’appuie désormais essentiellement sur les associations, comme le Man-Oi ou Horizon, qui continuent d’effectuer des distributions alimentaires, entre autres missions. “Horizon a fait un très important travail de sensibilisation des populations. Pendant les deux premières semaines, ils n’ont pas arrêté de venir rappeler les gestes barrières, et l’importance de se protéger contre ce nouveau virus”, salue-t-il. Ce matin, il a décidé de se rendre lui-même sur le terrain, pour la deuxième journée consécutive, avec l’aide de deux associations locales. Objectif : distribuer près de 500 masques aux familles des bangas environnants, qui n’ont pas toujours de boîte aux lettres. Au détour du stade qui sépare le centre communal d’action sociale du quartier de “Chajou”, aussi appelé “Petite-Terre” ou “Petite France”, l’équipe se prépare. Sac sur le dos et masques sur le nez, elle entame alors sa mission dans le dédale terreux du bidonville, qui s’étale à perte de vue sur les flancs de la colline et près du lit de la rivière. 

Un quartier insalubre en pleine expansion 

“Hier, j’y ai passé la matinée, et j’ai à peine fait 1/4 des maisons”, raconte le responsable, un sac de 200 masques pendu au bras. Il faut dire que le travailleur social est plus qu’un simple livreur. À chaque maison en tôle, celui qui a aussi une formation de psychologue prend le temps d’expliquer comment mettre le masque, l’importance de se protéger et de protéger les enfants quand ils iront à l’école. Mais si ces distributions au porte-à-porte prennent du temps, c’est aussi parce que le quartier est en pleine expansion. “Ça a changé depuis la dernière fois que je suis venue”, souffle Faika, de l’association Waparo, ébahie devant les maisons de tôle qui se succèdent sous ses yeux. Des hommes, le casque de chantier vissé sur la tête, en construisent de nouvelles, à côté de la rivière ou dans un champ de bananiers. D’après le dernier recensement, Tsingoni, la commune qui administre le village de Miréréni, a connu l’une des plus fortes croissances de population : +5,9 % entre 2012 et 2017. Et à Chajou, beaucoup de personnes se concentrent autour de la rivière dans des conditions insalubres. 

Masques VS. bons 

Résultat, la dengue fait déjà des ravages dans ces quartiers enfouis au fond de la jungle, d’après Soumaïla Soula Madi. Difficile d’ailleurs, de le contredire, quand on voit les déchets qui jonchent ici et là les différents points d’eau du village. Un caddie renversé, des emballages plastiques… autant de potentiels gîtes larvaires dans lesquels le moustique tigre peut se reproduire. Au détour d’un chemin, un malade se repose justement au fond de sa case en tôle. “Odi, odi ?”. La réponse, en shimaoré, vient de loin. “Encore une victime de la dengue.” Il est déjà 10h30 passé, et la petite troupe poursuit sa tournée. Malgré le travail de sensibilisation, les familles jettent souvent un regard interrogateur sur ces visiteurs masqués. Mais acceptent quand même le colis de cinq masques en tissus. “Tu le mettras pour être jolie ?”, sourit le directeur à une petite fille, qui s’enfuit en riant. “Moi j’ai déjà eu les masques, je veux les bons !”, s’exclame une jeune femme en train de faire sa lessive en contrebas. À Chajou comme dans beaucoup d’autres quartiers sur l’île, le Covid-19 inquiète moins que la faim…

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