Après la visite du pôle universitaire de Kawéni, le ministre Thani Mohamed-Soilihi et le ministre kenyan se sont rendus au conseil départemental pour rencontrer les élus et le préfet de Mayotte. Au terme de cet échange, plusieurs conventions ont été signées entre notre île et le Kenya pour faciliter leur partenariat en tant que territoires voisin.
« Ce à quoi vous avez assisté s’appelle de la diplomatie en actes », a affirmé Thani Mohamed-Soilihi, le ministre délégué à la Francophonie et aux Partenariats Internationaux, lors de l’interview qui a suivi les signatures des différentes conventions destinées à faciliter les échanges entre Mayotte et le Kenya. « Lorsque je suis venu il y a un mois, je m’étais engagé sur un certain nombre de choses dans le cadre de mon portefeuille de partenariats internationaux. J’ai notamment tenu à réserver une place importante à l’insertion de nos collectivités d’outre-mer dans leur environnement géographique. C’est pour cela que nous sommes entrés en discussion avec le Kenya, un pays voisin du département d’outre-mer de Mayotte », a déclaré le ministre.
Après s’être rendu au Kenya de jeudi à vendredi, il est arrivé à Mayotte dans l’après-midi de ce même jour en compagnie du ministre kenyan détaché aux Affaires Etrangères ainsi que d’une délégation de 14 acteurs du monde économique kenyan. Au cours de la matinée de ce samedi, ils se sont rendus au conseil départemental de Mayotte afin d’y rencontrer les élus et le préfet. Plusieurs conventions ont ensuite été signées dans le but de faciliter les échanges entre Mayotte et le Kenya. « Le Kenya respecte le libre choix de Mayotte d’avoir voulu appartenir à la France et a accepté de nouer des partenariats avec le 101ème département », a expliqué le ministre Thani Mohamed-Soilihi.
Un arrêté préfectoral pour faciliter l’import de produits alimentaires kenyan
Un arrêté préfectoral a tout d’abord été signé par le préfet de Mayotte pour faciliter l’import de produits alimentaires kenyans sur le territoire. « Les normes européennes pour l’importation des aliments ont été allégées pour le territoire de Mayotte via ce décret. Cela nous permettra d’importer plus facilement des aliments en provenance du Kenya plutôt que de les faire venir de l’autre bout de la planète. Les distances seront ainsi réduites et donc le coût pour les consommateurs », a expliqué le ministre des partenariats internationaux.
Le ministre souhaite « être concret »
L’ADIM (Agence pour le Développement et l’Innovation de Mayotte) a également signé deux conventions avec les acteurs économiques du Kenya pour faciliter les relations économiques entre nos deux pays. « Mayotte peut devenir une passerelle entre l’Afrique de l’Est et l’Europe et l’ADIM est pleinement mobilisée pour que cela se fasse », a déclaré Rosette Vitta, la présidente de l’ADIM. « Mayotte est la première porte d’entrée de l’Afrique vers l’Europe et vice-versa », a quant à lui précisé le ministre Thani Mohamed-Soilihi. L’une de ces conventions a notamment été signée avec Kenya Airways pour réduire le temps de l’escale à Nairobi pour les passagers mahorais à destination de Paris, ainsi que le coût du billet d’avion. « Un cargo sera affrété pour le transport aérien entre Mayotte et Paris », a précisé le ministre kenyan.
« Nous voulons être concrets », a martelé quant à lui Thani Mohamed-Soilihi. « Après Chido, vous avez vu dans quel état est Mayotte. Dans les domaines de l’alimentation, de la reconstruction ou encore de l’informatique, nous aurons besoin du Kenya et je suis persuadé que ce pays saura nous accompagner », a-t-il déclaré. « Ces signatures reflètent l’importance que le Kenya accorde à ses relations avec la France avec l’ensemble de ses territoires », a quant à lui déclaré le ministre kenyan détaché aux Affaires Etrangères.
Le Kenya voit en Mayotte de nombreuses opportunités
« Mayotte n’est qu’à 2h30 d’avion de Nairobi et nous sommes prêts à aider l’île à se reconstruire après le cyclone qui l’a dévastée. Pour le Kenya, c’est une grande opportunité de nouer des partenariats avec la France via Mayotte. Les ports de Longoni et de Mombassa sont proches et le Kenya produit beaucoup de choses. Il est compliqué de répondre aux normes européennes exigées pour l’exportation sur le marché européen, mais grâce à la signature de ce décret par les autorités de Mayotte et celles de Paris, nous allons pouvoir désormais exporter bien plus de produits alimentaires à Mayotte que nous le faisons à Paris », a-t-il continué en précisant qu’il avait demandé aux 14 acteurs du monde économique kenyan de l’accompagner sur l’île afin de se rendre compte par eux-mêmes des opportunités économiques qu’elle recèle pour le Kenya.
Le ministre kenyan et la délégation ont notamment visité le Data Center au cours de leur séjour et y ont vu de nombreuses opportunités dans les domaines de la tech et de l’innovation. « En dernier lieu, mais c’est pour moi la chose la plus importante, nous avons vu à Mayotte une forte connexion culturelle. La population de Mayotte est très proche culturellement de celle du Kenya, en particulier de celle des villes côtières de notre pays. Il y a donc une possibilité réelle de construire ensemble une profonde interconnexion », a-t-il conclu.
Nora Godeau est journaliste indépendante à Mayotte. Elle couvre les enjeux sociaux, culturels et environnementaux du territoire, avec une attention particulière portée aux voix locales et aux initiatives de terrain.