C’est l’enseignement de ce premier tour de l’élection présidentielle, le Rassemblement national progresse partout et réalise ses plus gros scores dans le sud de l’île et sur la côte nord. Seul département d’Outre-mer a voté massivement pour la candidate de l’extrême-droite, Mayotte a placé également Jean-Luc Mélenchon en deuxième, voire en tête à Mamoudzou. La droite est clairement perdante sur ce premier tour avec 8% des suffrages pour Valérie Pécresse.
Une vague bleue marine a emporté Mayotte, ce dimanche. « La bombe à retardement a explosé », constate le sénateur Thani Mohamed Soilihi (La République en marche). Son candidat, Emmanuel Macron (LREM), connaît un léger recul au terme de son mandat. En 2017, il était arrivé troisième avec 19.21% des voix. Cette fois-ci, il garde sa place, mais avec environ 400 votes de moins (16.9%). La lettre et la vidéo destinées aux Mahorais, ou encore la mobilisation des élus, n’ont semble-t-il pas suffi.

Au contraire de son opposante au deuxième tour, qui a clairement fait le plein sur l’île. Plusieurs communes ont même dépassé les 50% de suffrages portant le nom de Marine Le Pen (Rassemblement national). C’est le cas à Bouéni (62.5%), Kani-Kéli (61.3%), Acoua (53.2%) et Bandraboua (55.3%). Et dans d’autres, elle s’en rapproche fortement. Il n’y a que Mamoudzou passée à gauche et Dzaoudzi (où le président sortant est en tête) qui lui échappent.
Une gauche rassemblée derrière Mélenchon
Surprise de ce premier tour, Jean-Luc Mélenchon prend la deuxième place (24%) à Mayotte. Majoritaire dans beaucoup de départements ultramarins (Guyane, Guadeloupe, Martinique ou La Réunion), le candidat de l’Union populaire n’avait pas réussi jusque-là à faire son trou. Il enjambe cette fois son score au niveau national (22%), chose qu’il n’avait jamais pu réaliser ici. A Mamoudzou, plus grande commune de l’île, il arrive même en tête avec 32.1% des voix. En outre, il dépasse les 30% dans les communes de Pamandzi, Koungou et Tsingoni.
Les très faibles scores des autres formations de gauche confortent l’idée d’un vote utile prônée ces derniers jours, déjà sur le plan national, mais c’est encore plus vrai à Mayotte. Par exemple, dans le camp de gauche et de l’extrême gauche, c’est la représentante de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud (1.2%) qui fait le score le plus haut derrière Jean-Luc Mélenchon.
La droite se délite fortement
Habitués à leur première place au premier tour de chaque élection présidentielle, Les Républicains font une chute vertigineuse, cette année. A la fois débordé à sa gauche par Emmanuel Macron et à sa droite par Marine Le Pen, la formation a perdu petit à petit sa base. Coordinateur de la campagne à Mayotte, Abdoul Doukaini réfute l’idée que le président sortant puisse devenir une alternative pour les électeurs de droite. « Ce n’est pas un candidat de droite qui aurait mis le pays à genoux, distribué des chèques à tout va ou fait du matraquage fiscal », s’emporte-il.
En 2017, François Fillon atteignait les 32.6%. Cinq ans plus tard, Valérie Pécresse est à 8%. Même les communes ayant un maire Les Républicains, comme Mamoudzou ou Tsingoni, ne sont pas épargnées. La présidente de la région Ile-de-France termine quatrième dans ces deux villes avec respectivement 7.1% et 8.2% des voix. Maigre consolation, elle est deuxième à M’Tsangamouji, grâce toutefois à l’éclatement des voix (17.8%).
Les réactions :
Daniel Zaïdani (soutien Marine Le Pen, Rassemblement national)

Le sénateur Thani Mohamed Soilihi (soutien d’Emmanuel Macron, La République en marche)
« Globalement, c’est plutôt une satisfaction. Je tiens d’ailleurs à remercier les citoyens. Certains prédisaient une plus mauvaise participation. Sur le plan national, Emmanuel Macron a réussi à augmenter son socle d’électeurs. Mais il faut rester vigilant parce que Marine Le Pen n’a jamais été aussi proche du pouvoir. La mobilisation doit être de mise. A Mayotte, il faut inverser cette tendance (N.D.L.R. la montée du Rassemblement national). C’est étonnant même de voir un score aussi important pour Marine Le Pen dont le parti tient des propos insultants sur les musulmans. Mais je rappelle que Mayotte est le département est le plus pauvre de France et la préoccupation majeure est l’immigration, malgré les efforts durant ce mandat. Il y a sans doute un décalage entre ce que tout ce qui est fait pour Mayotte et le ressenti de la population qui ne voit pas forcément ces changements dans leur quotidien. »
Omar Simba (soutien de Jean-Luc Mélenchon, l’Union populaire)

Je n’ai pas de consignes de vote. Notre comité de soutien va se réunir cette semaine pour en discuter. Je rappelle qu’il y a plusieurs partis qui le compose. On a entendu ce qu’a dit Jean-Luc Mélenchon. Aucune voix ne doit aller à Marine Le Pen, mais il n’a rien dit pour Emmanuel Macron. Il avait déjà fait ça en 2017. »
Abdoul Doukaini (soutien de Valérie Pécresse, Les Républicains)

Il nous manque aussi un leadership. Le système de la primaire ne colle pas à notre formation. Le candidat fait des compromis, cela entraine des divisions. Il nous faut davantage une ligne claire sur les questions telles que l’environnement, le pouvoir d’achat ou l’éducation. »



































