À l’occasion du 80ᵉ sommet de l’Assemblée générale de l’ONU, nous avons décidé de vous proposer un numéro spécial consacré aux pratiques de l’État comorien dirigé par Azali Assoumani, qui devrait, une fois encore, prendre la parole à la tribune pour revendiquer l’appartenance de Mayotte aux Comores.
Derrière ce discours récurrent sur la souveraineté se cache toutefois une réalité bien plus troublante : le pavillon maritime comorien est devenu l’un des instruments clés d’un vaste système de contournement des sanctions internationales.
Dans notre enquête, nous révélons comment les Comores d’Azali, grâce à leur registre maritime opaque, se sont hissées en 2025 au rang de premier pourvoyeur de pétroliers de la flotte fantôme russe, permettant ainsi au régime de Vladimir Poutine de financer sa guerre en Ukraine en exportant du pétrole malgré les embargos.
Avec leur pavillon maritime, les Comores sont devenus en 2025 le premier pourvoyeur de pétroliers de la flotte fantôme de la Russie, permettant au régime de Poutine de vendre du pétrole malgré les sanctions internationales décrétées au lendemain de l’invasion de l’Ukraine. Enquête sur le pavillon comorien qui navigue en eux troubles.
Le 23 juillet dernier, le pétrolier Yanhu, long de 252 mètres, arrivait en baie de Kola, près de ville russe de Mourmansk, après avoir navigué dans les mers de Norvège et de Barents. Il venait rejoindre dans la baie une des unités de transbordement où il chargera le brut extrait dans un champ de pétrole de l’Arctique russe. Quelle est la spécificité de ce pétrolier ? Il bat pavillon comorien. C’est l’un des navires de la flotte fantôme (« shadow fleet ») russe qui sert à contourner les sanctions internationales dont la Russie fait l’objet depuis le début de sa guerre d’agression de l’Ukraine, en janvier 2022.
Comptant au nombre des tankers qui participent à l’exportation de pétrole arctique russe, le pétrolier aux couleurs comoriennes Yanhu, qui a changé de nom à plusieurs reprises au cours des derniers mois, est l’un des 104 navires ayant fait l’objet de sanctions lors de l’adoption le 18 juillet 2025 du 18e paquet de sanctions par l’Union européenne. Il est également sous sanction des autorités des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la Suisse. Au total, 444 navires de la flotte fantôme de Vladimir Poutine figurent désormais sur la liste des sanctions de l’Union européenne. Parmi ceux-ci figurent 110 navires battant pavillon des Comores, dont 86 pétroliers convoyant du brut (crude oil tankers), 17 navires de transport de produits pétroliers raffinés (oil products tankers) et 3 de gaz naturel liquéfié (LNG tankers), selon le détail que donnent les analystes de War Sanctions. L’Union européenne, dans sa liste de sanctions, recense pour sa part 118 navires comoriens.
Derrière l’appellation de flotte fantôme se cache un vaste réseau de tankers et de navires-citernes qui, par des pratiques opaques et des manœuvres d’immatriculation, rendent difficile l’identification de l’origine, de la destination et du contenu des cargaisons transportées. Et permettent de contrecarrer les mesures restrictives imposées à la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine. La flotte fantôme n’est pas à proprement parler un groupe homogène ni une armée organisée, mais une…
Soidiki Mohamed El Mounir, connu sous le nom de "Soldat", est une figure du journalisme mahorais. Après ses débuts à la fin des années 1980 au sein du magazine Jana na Léo, il participe à l’aventure du Journal de Mayotte, premier hebdomadaire de l’île, avant de rejoindre le Journal Kwezi. En 2000, il cofonde la Somapresse, société éditrice de Mayotte Hebdo et Flash Infos, contribuant ainsi à structurer et enrichir le paysage médiatique de Mayotte.