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À la rencontre de … Zaïnaliambidina Nizari Andinani, avocat

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« Je suis fier de ce que Mayotte m’a apporté, aujourd’hui je veux transmettre à ma façon »

Docteur en droit,  titulaire de deux Masters 2, dont l’un en Droit bancaire et financier, ancien conseiller bancaire, et désormais avocat au barreau de Mayotte : à 39 ans, Zaïnaliambidina Nizari Andinani a déjà eu 1001 vies. Toujours en quête de mieux, le Mtsapérois ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

S’il y a des personnes qui mettent des années à trouver leur vocation, ce n’est pas le cas de  Zaïnaliambidina Nizari Andinani. À 7 ans déjà, l’homme savait qu’il deviendrait avocat. À 14 ans, il voulait être avocat, mais aussi, en plus, docteur en droit. Une ambition nourrie et encouragée dès le début par sa famille : « Ma mère est originaire de M’tsapéré M’balamanga. Mon père est de Tsingoni.  Nous étions 10. Mes parents voulaient que l’on réussisse. Mon père n’avait pas fait d’études, mais il était dans l’armée, avant. Il était âgé et fatigué, donc il ne travaillait plus, mais on allait souvent au champ ensemble. Il m’a inculqué des valeurs. »

Le premier déclic lui viendra de sa sœur, Sania Youssouf. Un nom loin d’être inconnu puisqu’il s’agit de « la première Mahoraise à avoir ouvert un cabinet de conseil sur le territoire », explique-t-il. “Elle faisait des études de droit à Bordeaux. À l’époque, c’était compliqué pour une femme de faire de longues études. Elle a dû rentrer. Mais c’est elle qui m’a donné le gout, l’envie d’aller jusqu’au bout ». 

Cette ambition a été renforcée dès son arrivée au collège de Mamoudzou, après avoir redoublé son CM2, à l’école primaire de Doujani. “J’ai été en CP1 et en CP2, puisque les écoles maternelles n’existaient pas. Enfin, il y en avait deux, je crois, mais elles étaient privées. Tout s’est bien passé jusqu’à ce que je rate mon examen d’entrée en 6ème. Je me rappelle que cela avait choqué mon instituteur, Monsieur Alexandre Dumas. Il s’était renseigné et avait découvert qu’on m’avait fait redoubler parce qu’il y avait des enfants beaucoup plus âgés que moi, et qu’il fallait les faire entrer au collège en priorité. Ce jour-là, je me suis dit que plus jamais je ne redoublerai ». 

La deuxième rencontre déterminante de sa future vie professionnelle, Maitre Nizari Andinani la fera des années plus tard, à l’ancien palais de   justice de Mayotte : « J’étais au lycée, et j’aimais bien entrer, de temps en temps, au palais de justice. Ce jour-là, je suis tombé sur un avocat qui plaidait. C’était Mansour Kamardine. J’étais admiratif devant son éloquence et sa technique. Des années plus tard, nos chemins se sont croisés. Aujourd’hui, je travaille dans son cabinet ». Sa détermination à être docteur lui vient du soutien inconditionnel de ses proches dans sa quête de réussite. Elle lui vient également d’une rencontre qui a eu lieu après avoir obtenu sa Maîtrise. « Un jour, à l’aéroport, je rencontre Mahamoud Azihary, docteur en économie, seul docteur à M’balamanga. C’est comme ça qu’on me l’a présenté. Il m’a encouragé à aller jusqu’au bout, et m’a dit qu’il espérait que je devienne le premier docteur en Droit à M’tsapéré. Je le voulais aussi et j’y suis parvenu ». Malgré son Bac littéraire, le docteur s’intéressera de près à la finance durant ses études. La thèse qu’il a soutenue en 2009 s’intitule d’ailleurs « Le financement du développement économique et durable par les systèmes financiers informels, dont le microcrédit et la tontine à Mayotte ». Une thèse qu’il a soutenue et pour laquelle il obtient une mention très honorable avec félicitations et applaudissements du jury, ainsi que le droit de publier en l’état ses recherches. Chose qu’il compte bien faire, après avoir effectué quelques mises à jour.

Son mémoire de recherche, lui, s’intitulait « Essai d’introduction d’un phénomène traditionnel dans un système bancaire moderne : la tontine – “le chicowa ” –  à Mayotte ». Cette envie de faire de la finance lui vient d’un autre homme : Ahmed Ali Mondroha. « Je ne le connaissais pas. On m’en parlait parce que c’était quelqu’un de ma famille. Il faisait des études dans la finance, et c’était le premier Mahorais à faire des études longues dans ce domaine. Il était ambitieux. Cela m’a donné envie de le faire aussi. » 

Entre temps, il passera le concours pour entrer à l’école des avocats  et sera accepté. “Je me suis dit que je n’allais pas passer le grand oral, parce que je voulais continuer mes études, et je voulais travailler. L’entreprise où j’avais effectué mon stage voulait me garder, mais finalement j’ai été débauché par la Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées. J’y ai travaillé cinq ans, et ce, sans abandonner mes études. Son deuxième Master 2 a pour intitulé Contrats et Responsabilités des Professionnels.

Si le parcours universitaire a été couronné de succès, tout ne s’est pas fait sans mal. « À 19 ans, je partais en métropole pour la première fois, sans ma famille. Mes frères et mes sœurs m’avaient raconté comment c’était. Mais entre ce qu’on nous dit et ce qu’on vit réellement, ce n’est pas pareil. C’était un choc culturel. J’ai pu surmonter cette rupture parce que j’étais curieux de nature. Je voulais voir, découvrir cette France métropolitaine. » 

La première année se passe sans encombre : « Même si le parcours de Droit est compliqué, je voulais prouver qu’on pouvait valider son année du premier coup. Après, il y a eu le contrecoup. La deuxième année, je me suis relâché. C’était compliqué. J’ai redoublé et ça m’a fait un choc. Je n’avais jamais redoublé depuis le CM2. Je me suis remis au travail, je suis parti en 3ème année, puis je me suis relâché. Au final, j’ai mis 5 ans à valider ma licence, mais le plus important, c’est que la motivation était toujours là. J’étais arrivé en métropole avec un objectif et je voulais repartir avec cet objectif atteint. « 

Parti en 1998, l’avocat reviendra finalement s’installer définitivement à Mayotte en décembre 2015. « On se dit toujours qu’on va rentrer, mais pas tout de suite. La France, c’est ma patrie. Toulouse, c’est ma ville d’adoption. Mayotte, c’est chez moi. C’est mes entrailles. J’avais des propositions d’emploi aussi bien en Métropole qu’à l’étranger. J’ai travaillé dans le secteur bancaire, dans des cabinets de conseils aussi. Mais je me suis dit que ça serait dommage de rester en métropole alors que je pourrai transmettre tout cela chez moi. Et je voulais aussi me rapprocher de ma famille ». 

Depuis, Zaïnaliambidina Nizari Andinani est inscrit  au barreau de Mayotte. Il intervient également au Centre universitaire de Dembéni et auprès d’organismes de formation, dans l’objectif de transmettre ces connaissances que d’autres lui ont donné envie d’ acquérir.   

PORTRAIT CHINOIS

  • Si vous étiez une personnalité : Nelson Mandela
  • Si vous étiez un animal: un phénix. Je renais toujours de mes cendres.
  • Si vous étiez une couleur : le rouge, bien sûr! Je pense au FCM ( Football Club de Mtsapéré), à Tsingoni, à Monaco, etc. 
  • Si vous étiez une qualité : la persévérance. 
  • Si vous étiez un défaut: je ne suis pas modeste, car il n’y a que de la fausse modestie, et les choses fausses ne me conviennent pas. 
  • Si vous étiez une citation: c’est l’extérieur qui m’attire, mais c’est l’intérieur qui m’inspire. C’est de moi,   dans un livre pas encore publié.

 

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Mayotte hebdo n°1085

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